Chapitre 24 ( nouvelle version )
Engy
J'ai l'impression que tout s'est passé à la vitesse de l'éclair. J'étais en train de vomir dans la cuvette des toilettes, puis Joshua, furieux, a rapidement sorti Jonas d'ici. J'ai entendu le fourgon dans lequel Joshua est arrivé partir en trombe, laissant la Jeep de Jonas sur place. Jaylen a remis l'entrave à ma cheville et a quitté les lieux en claquant la porte derrière lui. Le moteur de sa Challenger a rugi et il a filé avec une telle rage.
À présent, je suis seule.
La cabane est maintenant vide et silencieuse.
Je déteste Jonas, mais ce à quoi je viens d'assister me choque. Jaylen qui charcute son propre frère... c'est... je... Il n'est pas dangereux que pour ses victimes, mais même envers sa propre famille, il n'hésite pas. Je n'aurais pas cru cela possible. D'un côté, sa motivation a été de me venger.
Pour que son frère n'ose plus jamais songer à me toucher.
Devant l'évier de la salle de bain, je lave mon visage avec un torchon et de l'eau, rince ma bouche plusieurs fois et décolle le sperme dans mes cheveux. J'ai à nouveau un haut-le-cœur. Mon estomac remonte.
Maintenant qu'il n'y a plus personne, je fonds en larmes. Même si je tente de me contrôler, j'ai besoin de pleurer un coup. Juste pour libérer ma rage et mon sentiment d'impuissance.
C'est un cauchemar et je veux que ça s'arrête.
Du coin de l'œil, je vois le sang sur la table de cuisine qui coule sur le plancher. Seulement, ce n'est pas vraiment ça qui capte mon attention, mais le couteau... Celui que Jaylen a clairement oublié en partant subitement.
Oh mince...
Je reste de marbre. Une voix me dit de sauter sur l'occasion d'avoir enfin quelque chose pour me défendre. Une autre me dit de le laisser là, pour éviter d'envenimer la situation. Je ne vais pas me leurrer : chaque fois que j'ai essayé quelque chose, j'ai empiré mon cas.
Tout de même... ma voix la plus déterminée réagit en premier. C'est pourquoi je m'approche de la lame ensanglantée et... la récupère. Je tiens le manche du bout des doigts, pour aller le rincer dans l'évier de la cuisine.
OK, donc mon plan qui était de le manipuler doucement pour obtenir des faveurs et sa confiance, pour ensuite fuir, est bidon. Je dois passer au plan B : le poignarder. Ça fait un moment qu'il n'a pas dormi une nuit complète, donc une fois qu'il sera ici et qu'il se reposera, il ne s'attendra pas à ce que je sois armée. Je n'ai qu'à le planter dans la jugulaire. Si je trouve cette artère principale, ça lui laisse peu de chances de riposter et, finalement, de survivre. Et je ne crains pas qu'il le cherche. Car il est parti tellement vite et dans tous ses états que je parie qu'il n'y songera pas. Ou sinon il se demandera s'il ne l'a pas échappé dans sa voiture ou ailleurs. Il ne se doutera pas de me l'avoir laissé.
Je veux juste commencer par trouver une bonne cachette, alors je fouille un peu partout. L'idée d'une latte de bois décollée du plancher où je pourrais planquer le couteau en dessous me traverse l'esprit. En regardant à nouveau la table, je constate une chose : le doigt coupé de Jonas n'est nulle part. Ce qui m'indique qu'il est reparti avec... Comme mes parents bossent aux urgences et ne vivent que pour la médecine, j'ai appris quelques trucs au fil du temps. Jonas a une chance de se faire recoudre. Mais dans un certain laps de temps et, idéalement, si sa phalange reste au frais. Sinon, les tissus cicatriciels vont s'endommager, les nerfs aussi. Si son doigt commence à nécroser, ce ne sera plus possible.
Et puis d'ailleurs, pourquoi je me soucie de ça ? Je n'en ai réellement rien à faire qu'il perde définitivement son doigt, en fait. Je crois juste que c'est la scène qui m'a scandalisée, mais certainement pas son malheur.
Je me concentre à nouveau sur une cachette. Dans la chambre, j'observe le plafond, le sol, les meubles. Il y a aucun endroit intéressant. Puis, mes yeux s'intéressent au matelas.
Un matelas, c'est trop évident... S'il vient chercher son couteau partout dans la cabane, il va virer les meubles sens dessus dessous et le dessous d'un matelas est le premier endroit qu'on regarde. Du moins, dans une prison, c'est comme ça, et comme il y a peu de choses ici, c'est comme être en détention.
Cependant... une idée me vient : j'approche du matelas, relève un peu le drap sur un coin et plante la lame dedans...
Je coupe.
Assez pour faire une infime ouverture pour ensuite rétracter la lame et venir glisser le manche dans la housse. Je replace hâtivement le drap. Comme ça, même s'il retourne le matelas, il ne le trouvera pas.
Enfin, j'espère.
À ce moment-là, Box jappe sans arrêt. Puis... j'entends la porte d'entrée s'ouvrir très lentement.
La panique me gagne.
Je reste pétrifiée dans l'encadrement de la porte de la chambre, ne provocant aucun bruit avec ma chaîne, et observe l'ombre qui grandit au sol. Cette personne qui entre n'est absolument pas Jaylen, Jonas ou Joshua. Et je vois à la forme de sa silhouette qu'il tient un revolver à la main. D'après les sons, il entre avec précaution, comme pour éviter de se faire coincer. C'est quelqu'un avec peu d'assurance... Mon souffle se bloque.
Les mots de Joshua dans l'oreille de Jaylen, indiquant que quelqu'un attendait qu'il parte pour venir ici, prennent tout leur sens.
Orlando est ici ?!
Il m'a trouvée ?!
Jaylen n'est pas là pour me protéger comme il l'avait dit ! C'est mon heure, je vais mourir ! Mais pourquoi il marche furtivement ?!
À la seconde où la personne passe devant le seuil de la porte, j'échappe un cri de terreur !
Oh putain ! C'est... !
— Engy ?!
Dustin fonce vers moi et me serre dans ses bras. J'éclate en sanglots. Cette fois, pas de colère, mais d'apaisement de revoir enfin quelqu'un de sécurisant.
— J'y crois pas ! Je t'ai trouvée ! J'aurais pu venir avant, mais j'attendais depuis longtemps à distance qu'il n'y ait plus personne !
Je n'arrive pas à parler, j'ai seulement le visage enfoui dans son épaule et je pleure comme jamais j'ai pleuré. Je crois même qu'il ne m'a jamais vue aussi paumée, sensible et ébranlée.
Il me serre tellement fort que je ne sais pas si c'est lui qui me bloque la respiration ou si ce sont mes sanglots qui m'étranglent.
— C'est grâce à ton dessin, Engy ! J'ai compris... j'ai tout capté ! Ce mec et les jumeaux sont tes voisins. Et tu sais quoi ? Ces malades, ils te surveillent depuis un moment. J'ai trouvé une caméra dissimulée dans ta chambre ! Mais dis-moi, comment tu vas ? T'es blessée ? T'as mal quelque part ? Bordel ! T'as été étranglée ! T'as des marques au cou !
Je m'écarte un peu, essuyant mes larmes, le corps tremblant.
— Ils savent que t'es dans le coin, bafouillé-je.
— Je sais, faut partir et tout de suite.
Dustin me prend par la main, mais dès qu'il m'oblige à faire un pas, il entend le son de mon entrave. Trop heureux de me voir, il n'avait pas fait attention à ce détail pourtant pas si subtil.
— Eh merde ! Ce sont de grands malades !
Il attrape mes joues en coupe avec ses mains.
— Engy, ils t'ont fait quoi ?! Raconte-moi ! Je dois savoir ! — Je...
Mon sang chute brutalement dans mon corps lorsque j'entends au loin le bruit d'un moteur familier. Jaylen a fait exprès. C'était une tactique pour que Dustin vienne ici. Joshua l'avait prévenu.
Dustin ne semble pas le remarquer, mais moi je peux le déceler même à une bonne distance.
— Engy, t'as pas l'air bien... !
— Tu dois partir.
Devant ces mots, il a un mouvement de recul.
— Quoi ?! Ça va pas ?! Je te laisse pas ici, Engy ! Qu'est-ce qui te prend ?!
— Il arrive...
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