Chapitre 12 ( nouvelle version )

Engy


— Salut ma belle, souffle la voix de Jonas derrière moi.

Je sursaute en renversant mon assiette et quelques personnes se retournent pour constater le dégât au sol avant de m'ignorer. Je m'apprête à ramasser l'assiette, mais je sens la main de Jonas qui serre mon bras pour m'empêcher de bouger d'un centimètre. Il reste dos à moi et, pour sauver les apparences, il caresse mon bras juste après. Mes yeux restent au loin, derrière la femme du maire, là où Jaylen me lorgne sans aucune émotion déchiffrable. Je me concentre sur lui, car d'une certaine manière, c'est lui qui contrôle son frère. Je sens l'index de Jonas dégager une mèche de mes cheveux et dès que je décèle son souffle effleurer ma nuque, comme s'il allait y déposer un baiser, je lui envoie un coup de coude dans le nez !

Il se plie en deux sous l'impact, mais reprend vite sa posture pour éviter d'alerter les quelques personnes qui ne s'intéressent pas à nous. Je pourrais hurler, demander de l'aide, courir, les dénoncer sur-le-champ, devant tout le monde, mais il y a quelque chose dans le regard de Jaylen qui me promet que si je fais un seul faux pas, il arrivera quelque chose.

— OK, ma jolie, on est tous les deux excités de se revoir. Tu m'as manqué.

Son nez est tout rouge, mais ne saigne pas. Beverly porte son attention sur nous. Tout ce qu'elle doit voir, c'est un type qui me colle un peu trop et elle me sourit.

— Tu croyais qu'une petite fête sympa chez le maire te mettrait hors d'atteinte ? Détrompe-toi, chuchote Jonas contre mon oreille.

Mon corps est si collé contre le sien que je sens chacune de ses respirations puissantes.

— Tu sais qu'il y a un flic ici ? dis-je tout en m'efforçant de sourire à Beverly au loin alors que je vois qu'elle se pose des questions.

— Justement, c'est pour ça qu'on est là... Parce que t'as prévu de parler à un flic. J'ai entendu Dustin le dire avant de te laisser. On te suit partout... On sait tout, on voit tout. On savait que tu finirais par parler. Jaylen ne nous croyait pas... Oh, tu viens de le décevoir à... un... tel... point...

Je frémis et mes membres commencent à trembler. Où est Dustin ? Les gens un peu plus loin discutent avec entrain ou rigolent entre deux gorgées de champagne. Jonas effleure ma main où ses doigts s'enroulent autour de mon poignet, en guise de menace silencieuse : me faisant savoir que si je tente de fuir, il m'en empêchera. Je lui fais toujours dos et je sens son souffle près de mon oreille.

— Voilà le plan, Engy, poursuit-il.

Bev me sourit et des étoiles naissent dans ses yeux, comme si elle trouvait le mec derrière moi hyper canon. Elle se demande clairement d'où il sort et pourquoi il est si tactile avec moi. Je voudrais qu'elle lise dans mes yeux la terreur qui m'habite, mais avant même que j'essaie de la lui communiquer, Ethan l'appelle et elle disparaît dans le manoir.

Même Jaylen a disparu, ne se souciant plus de mon sort. Il m'avait prévenue que si je parlais à un flic ou si j'en avais l'intention, ses frères s'occuperaient de moi.

— Tu vas marcher tout bonnement vers l'intérieur du manoir, me somme Jonas. Tu vas prendre le premier couloir sur ta gauche, monter le premier escalier en marbre et tu te dirigeras vers la porte du fond. C'est une chambre d'invités. On ne se fera pas déranger là. On a à se parler, toi et moi.

— C'est hors de question, protesté-je sèchement.

— Oh si, tu le feras, riposte-t-il en déposant un baiser délicat et humide contre ma joue. Dans le cas contraire, Jaylen mettra la main sur Dustin, lui plantera un couteau dans le cœur et pendra son corps dans le garage pour que les invités le découvrent. Oh et... Joshua aussi, tu ne le vois pas, hein ? C'est peut-être parce qu'il est en train de suivre ta douce maman qui a repris la route. Il m'a envoyé un message me confirmant qu'elle est arrivée au boulot. Il peut l'attendre dans le parking souterrain de l'hôpital et la percuter avec le fourgon. La laisser pour morte... C'est ça que tu veux, ma belle ?

Je secoue rapidement la tête. J'ai les jambes qui tremblent et j'ai soudainement froid.

— Alors, tu fais tout ce que je te dis, sinon tu sais ce qui arrivera à Dustin et ta mère.

Il me lâche, sûr que je ferai le bon choix. Sa main remonte le long de mon bras pour caresser ma peau.

J'avale avec difficulté ma salive et me dirige vers les portes vitrées du manoir. Il veut que j'entre, alors je le ferai. Je n'ai pas d'autres solutions.

Je me faufile entre les quelques personnes à l'intérieur. Je traverse les pièces et bifurque sur ma gauche. Je n'ai croisé Dustin nulle part. La main sur la rampe, je grimpe une à une les marches de marbre qui mènent tout en haut. Comme Jonas l'a mentionné, un long couloir mène à une dernière porte. Je me rends compte que d'ici, on peut entendre la musique très forte. C'est dans cette pièce que le maire a placé les haut-parleurs près de la fenêtre pour diffuser le son à l'extérieur.

J'ouvre la porte et découvre un lit à baldaquin en bois avec une couette noire. Je remarque que, dû au volume sonore, il est impossible de discuter dans cette pièce. Soudain, une chaleur vive me brûle la poitrine et je réalise ce qui va réellement se passer.

En me retournant, Jonas apparaît et me pousse violemment. Alors que je m'écroule au sol dans la pièce, il referme la porte derrière lui et la verrouille. Je ne peux pas hurler, personne ne va m'entendre. Je reconnais la chanson qui passe, Trust de Boy Epic.

https://youtu.be/Bg_ve12F6dA

Jonas enjambe mon corps avec ses longues jambes et sa botte noire atterrit près de mon visage. Il se penche et me relève de force. Je frémis, je tremble, je pleure, je le frappe. Une fois que je suis sur mes jambes, il me fait reculer jusqu'à ce que mon dos heurte le mur. J'agrippe le veston qu'il a enfilé pour se fondre dans la masse, tout en repliant mon genou sous lui pour éviter que son corps ne se colle contre le mien. Sa main se resserre contre ma nuque. D'emblée, je me penche pour tenter de l'enlever. Mais il en profite pour me tirer par les cheveux et me projette contre la moquette. Jonas grimpe sur moi en s'assoyant sur mon ventre et un coup vient heurter mon visage. Assez violemment pour me sonner et faire gicler du sang au niveau de ma lèvre. Alors qu'il me frappe à nouveau, je tente tant bien que mal de protéger ma figure avec mes bras tout en suppliant :

— Arrête ! Jonas ! Je n'ai pas parlé !

Ses mains se resserrent autour de mon cou, et plus il serre, plus j'ai du mal à respirer. Sa tignasse blonde humide tombe sur son front, ses yeux se noient dans l'obscurité tout en se délectant de ma souffrance.

Mes doigts s'enfoncent dans ses avant-bras. J'use de toute ma force pour retirer ses mains sauvagement agrippées à ma gorge. Quand je commence à manquer d'air et que je sens que je vais m'évanouir, je commence à le frapper.

Il finit par me libérer la gorge tout en s'écartant et en lâchant un soupir d'extase, alors que moi je m'étouffe dans une quinte de toux.

Mon visage se plisse de douleur, je roule sur le ventre, rampant contre la moquette pour m'éloigner de lui, même si je sais que je ne peux pas lui échapper.

Je sens son corps se coucher sur mon dos, sa main retrouve mon cou, mais cette fois, il ne serre pas. Son haleine chaude vient caresser mon oreille.

— Je n'ai pas fini de te donner une bonne leçon, mais t'étrangler m'a excité. Là, j'ai envie de toi, alors arrête de gigoter. Plus tu me résistes, plus ce sera douloureux pour toi.

Sa main se faufile sous ma robe. Il écarte ma culotte avec empressement et laisse glisser ses doigts sur ma chair sensible.

Je ne peux retenir mes larmes. Elles coulent une à une sur mes joues rougies, et maintenant, mes sanglots sont écorchés par la douleur qui oppresse ma gorge. Après l'étranglement, la peau est sensible, comme si on m'avait brûlée.

Il insère son majeur en moi, suivi de son index, et j'échappe un cri qu'il étouffe d'une main.

La musique s'arrête, comme si le CD était terminé, laissant un silence absolu régner dans la pièce. Ceci m'offre l'opportunité de me faire entendre, mais ne sachant pas si Dustin est en sécurité, ou même ma mère, je reste tétanisée.

On toque à la porte et Jonas retire ses doigts. En me retournant, je le surprends à lécher ses phalanges recouvertes de sang... Non, pas du sang d'une blessure.

Mes règles ont débuté...

Il sourit alors que je suis choquée.

— Allez, viens par-là ! s'empresse-t-il de dire en me tirant par les cheveux. Le chef te réclame, il croit que je t'ai assez fait souffrir. Malheureusement pour moi, j'ai pas eu le temps de t'empaler.

Il déverrouille la poignée et ouvre la porte. De l'autre côté se trouve Jaylen avec son regard sombre posé d'abord sur moi, puis sur son frère qui a un peu de sang au bord de la lèvre.

Mon sang.

— Voilà, Jay ! Tout amochée, comme tu les aimes. Elle est à toi maintenant.





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