PDV Error:

Aujourd'hui je suis venu en avance au lycée, j'attends Nightmare devant le portail, je suis venu plus tôt pour être sûr de ne pas le louper, mais il est en retard, alors je patiente. Je me demande pourquoi il met autant de temps, il est toujours à l'heure d'habitude, bof, il doit juste traîner en route... j'espère.
Tiens, le voilà qui arrive.

- T'es en retard.

- Hein ? Oh heu oui pardon, je.. enfin j'ai... heum.. j-je m'étais rendormi, ouais, c'est ça, je m'étais rendormi. Désolé.

Il a dit ça d'un ton plutôt gêné, je vois bien qu'il ment, il a l'air d'avoir pleuré. Des élèves passent à côté de nous et Nightmare tourne le regard en tremblant un peu.

- La prochaine fois ce sera pire.

J'ai tout de suite compris pourquoi il était en retard, il s'est fait frapper en route.

- Allez viens, je te rappelle qu'on doit toujours faire connaissance. Lui dis-je avec un petit sourire qui se veut rassurant.

Il hoche la tête et me suit jusque derrière le lycée. Ici je pourrais lui parler tranquillement, sans les autres autour de nous, autour de lui. Je veux vraiment l'aider, je ne trouve pas ça juste la manière dont les autres le traitent, même en passant seulement une journée avec lui, j'ai vu qu'il n'était pas comme les élèves le décrivent. En fait, je n'ai jamais trouvé juste que des personnes se fassent agresser, surtout pour de fausses accusations, peut-être que je n'aime pas beaucoup les gens, mais j'estime que tout le monde a le droit de vivre paisiblement. D'ailleurs c'est bien la première fois que je veux autant aider quelqu'un, d'habitude je me contente de tourner le regard en me disant que quelqu'un d'autre allait les aider, mais pas là, avec lui, je veux que ce soit moi qui lui vienne en aide. Je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais mon être tout entier me crie de l'aider. Et bizarrement, sa présence ne me dérange pas. Peut-être que je m'attacherai plus facilement à lui qu'avec les autres personnes ?

- Comment tu vas ?

- Pourquoi tu veux savoir ? Tu ne devrais même pas t'en soucier...

- Arrête de dire ça, biens sûr que je m'en soucis, alors comment tu vas ?

Il reste silencieux un moment, il semble chercher ses mots, comme si ça faisait longtemps qu'il n'avait pas répondu à cette question, qu'il n'avait pas dit comment il allait.

- Je... je suppose que ça va...

- Tu supposes que ça va ?

- O-oui ?

- Dis moi la vérité, dis moi comment tu te sens maintenant, pas comment tu aimerais te sentir.

Ça se voit rien que dans son regard qu'il ne va pas bien.

- Je...

Il a l'air un peu perdu, il réfléchi sûrement à ce qu'il va répondre, ou si il va me répondre. Il ne me fait pas confiance, ça, j'en suis sûr, mais je ne lui en veux pas, c'est tout à fait normal et je ferai la même chose à sa place.

- j'en ai marre... j'en ai marre de me faire frapper tout le temps... je ne leur ai rien fait... alors pourquoi... ? Enfin si... je sais pourquoi...

- Et selon toi, quel est la raison ?

Il soupir.

- Tu ne sais vraiment pas qui je suis... ?

- Heum, non ? C'est pour ça qu'on fait connaissance, pourquoi ?

Je ne suis pas sûr de suivre, pourquoi il me demande ça comme si c'était une évidence que tout le monde sache qui il est ? Il soupir à nouveau.

- Je ne sais pas si je dois te le dire... tu risques de me blesser ou de partir...

- Je te promet que je ne ferai rien. D'accord ?

- ... D'accord, mais tu es sûr ?

- Oui, alors, qui es-tu ?

Il se tait un moment il réfléchi à comment formuler sa phrase, il ferme les yeux un instant, sûrement pour ce concentrer, puis les ré-ouvre et me fixe dans les orbites. C'est seulement maintenant que je remarque que sa seule pupille visible à un mélange de plusieurs teintes bleutées avec un peu de violet, vraiment splendide. Il prend une inspiration puis souffle.

- Je suis Nightmare, gardien et maître des sentiments négatifs, incarnation de la negativité pure et le prince des cauchemars. La cause des malheurs du monde selon la plupart des gens. Maintenant que tu le sais... libre à toi de partir...

Et bien... je ne m'attendais vraiment pas à ça. Mais j'aime bien, et puis j'ai beaucoup de questions à lui poser maintenant ! Attends... qu'est-ce qu'il a dit... ?

- Prince ?! Oh mon dieu je suis désolé je me suis pas incliné ! Dis-je en m'inclinant vite. Votre majesté.

- N-non ! N-ne fais pas ça, r-redresse toi ç-ça n'en vaut pas la peine !

Je me redresse et je m'aperçois qu'il a une jolie couleur bleue sur les pommettes. Bien sûr je rigolais, je me doute très bien qu'il n'aime pas son rôle, je le taquinais juste un peu.

- Mais votre altesse, c'est la moindre des choses !

- M-m'appelle pas comme ça ! C-c'est embarrassant... Dit-il en bleuiessant.

Je ris un peu, je trouve la situation assez marrante, ça change de notre quotidien en quelques sortes, et ça lui montre peut-être aussi que je ne le déteste pas pour son rôle.

- T'inquiète pas je rigole, je compte pas t'appeler comme ça. C'était juste pour te taquiner un peu.

- C-c'est pas drôle.

- En fait, si, c'est assez marrant.

- N-non, e-et toi tu... T-tu... hmph !

Il... me tire la langue... et à les joues toutes bleues... C'est marrant. On entend la sonnerie.

- Désolé Night, tu me pardonnes ?

Il hoche la tête après une petite seconde d'hésitation.

- On doit y aller.

- Ouais.

On se dirige vers notre cour, je me place à côté de lui, comme la dernière fois, et la journée se passe assez bien.

Quand Nightmare part pour rentrer chez lui j'en profite pour écouter ce que disent les élèves qui sont encore ici pour attendre leur bus, ce ne sont pas les mêmes qu'hier, je me demande si ils ont un point de vue différent ?

- Pourquoi Error traîne avec le cauchemar de service ?
- Il ne devrait pas...
- Un jour il risque de le regretter, ce connard de cauchemar va le poignarder dans le dos j'en suis sûr.
- On ne peut pas faire confiance à un être comme lui.
- Je vois même pas pourquoi il lui parle.
- En plus il semble le protéger.
- C'est vrai ça.
- peut-être qu'Error veut gagner sa confiance pour le tuer plus facilement ?
- Peut-être, c'est une bonne idée. J'espère qu'il va y arriver.
- Moi aussi.
- Pareil.

Apparament non... ils sont tous débiles, vraiment. Ils ne voient pas que Nightmare est sans doute l'être le plus gentil et le plus inoffensif ? Sérieusement il ne ferait pas de mal à une mouche ! Et c'est vrai, quand il y en a une qui se pose à côté de lui il se contente juste de la faire partir. C'est eux qui méritent de se faire frapper. J'aimerais tellement leur faire subir tout ce qu'ils ont fait subir à Night, rien que pour leur montrer qui est le monstre dans l'histoire. Je préfère m'en aller avant de faire une bêtise.

PDV Nightmare:

Je rentre chez moi, du moins j'essaye, il y a plusieurs élèves qui m'attendent pour se défouler sur moi, comme ils ne peuvent plus me faire du mal au lycée, ils le font à la sortie. J'ai évité quelques groupes mais il y en a un qui a réussi à me bloquer dans une ruelle.

- Ne pense pas que tu allais m'échapper le cauchemar.

Il est tout seul mais plus grand et plus fort que moi, je ne peux rien faire face à lui. Il me donne un coup de poing dans les côtes et me plaque au mur, suite à ça suivent plusieurs coups dans mes jambes le bassin et ma cage thoracique. Quand enfin il en a terminé avec moi, je peux partir, je décide de prendre un chemin différent pour éviter de croiser quelqu'un d'autre, je rentre en boitant, comme beaucoup de fois. J'ai mal, mais j'ai l'habitude.

Je vais dans ce qui me sert de salle de bain et commence à me soigner comme je peux, il n'y est pas allé de main morte. Quand j'ai fini je descends et ouvre les placards pour voir ce qu'il me reste à manger. Pas grand chose, une boîte de cookies et une bouteille de lait, les deux sont presque vides, je les prends et les pose par terre pour fermer la porte... qui tombe sur le sol... bon bah j'ai une porte de placard en moins. Je récupère les cookies et le lait et les pose sur la table, je mange en buvant directement à la bouteille, comme je n'ai pas de verres. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, j'appelle cet endroit "maison"... mais est-ce qu'on peut vraiment y considérer comme tel ? C'est juste quatre murs et un toit qui tiennent difficilement debout, certes il y a quelques meubles, mais sans doute pas assez pour un logis convenable. Enfin bref, je mets les emballages vides à la poubelle et monte dans ma "chambre", je n'ai pas de devoirs alors je me couche directement sur mon matelas et m'endort assez rapidement... pour faire un cauchemar... ce cauchemar... toujours le même...

Je suis enfant, à l'orphelinat, je m'amuse avec mon frère quand une personne vient nous voir, c'est un homme, il est grand et je ne vois pas son visage. Il prend Dream par le bras et l'emmène de force malgré ses protestations, je suis figé, je ne peux pas bouger, je regarde juste mon frère disparaître. D'un coup, tout devient noir, et je réapparaîs dans une salle sombre et humide, devant moi il y a une table, et dessus, des photos de Dream blessé, mutilé, couvert de sang, attaché avec des chaînes à un mur. Je peux entendre ses cris, ses cris de douleur, de détresse, il appelle à l'aide. Ça devient de plus en plus fort et de plus en plus aiguë, je mets mes mains là où devrait se trouver mes oreilles en hurlant d'arrêter, je ne veux pas l'entendre souffrir. Les cris se stoppent, et une voix grave retentit. "C'est de ta faute. Ton cher frère subit tout le mal que tu répends." Non.. non... NON ! Ce n'est pas de ma faute ! Je n'ai rien fais de mal ! Laissez le ! "C'est de ta faute" Non ! "C'est de ta faute" Arrêtez ! "Il souffre à cause de toi" Ce n'est pas vrai ! Stop ! "Tu es mauvais" Non... stop... s'il-vous-plaît... une lumière blanche apparaît, m'aveuglant, quand elle disparaît, il y a Dream en face de moi, il me sourit, me tend ses bras. Je fonce vers lui pour lui faire un câlin mais dès que je le touche, il se met à saigner, je tremble, j'ai peur. Il commence à partir en poussière, juste avant qu'il ne disparaisse complètement, je l'entend dire quelque chose, un murmure. "C'est de ta faute".

Je me réveille d'un coup, la respiration sifflante et les larmes qui dévalent mes joues, mon âme bat à mille à l'heure. Je pleure et me mets en boule sur mon lit, j'aimerais tant avoir quelqu'un avec moi... quelqu'un pour me réconforter... me rassurer... sécher mes larmes jusqu'à ce que je me rendorme... mais il n'y a personne. Comme d'habitude. Je n'arrive pas à dormir, quand mon réveil sonne je l'éteinds et me lève, je vais à la salle de bain et me lave avec l'eau que j'ai récupéré et réussi à filtrer, j'ai difficilement accès à l'eau potable, alors je dois la filtrer moi même. Quand j'ai fini je descends et regarde l'heure, j'ai encore un peu de temps, mais je n'ai rien à faire en attendant, alors je prends mes affaires et pars au lycée, en empruntant un autre chemin, je n'ai pas envie de me faire frapper ce matin. 

J'arrive devant le portail, Error m'attend, je me demande toujours pourquoi il reste avec moi d'ailleurs, moi qui pensais qu'il restait tout le temps seul. Je lui fais peut-être pitié ? C'est vrai que je suis plutôt misérable, surtout ce matin, je n'ai presque pas dormi et je dois sûrement faire une tête d'enterrement à cause de mon cauchemar en plus.

- Salut, ça va ?

Je hoche juste la tête, je n'ai pas envie de parler.

- T'es sûr ? T'as pas l'air bien..

Je hoche une nouvelle fois la tête et pars vers la cour, je lui fais signe de me suivre, ce qu'il fait, on va directement derrière le lycée.

- Nightmare, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu peux me le dire tu sais.

Je hausse les épaules et me laisse glisser au sol, contre le mur, les mains dans les poches.

- Night... Il y a un problème ? Dit-il en s'asseyant à côté de moi.

Un problème ? Je dirais plutôt des problèmes. Si seulement tu savais tout, vraiment tout. Mais ce serait trop difficile à expliquer. Alors autant ne rien dire.

- J'ai fait quelque chose qui fallait pas ? Dit quelque chose de mal ?

Je secoue la tête pour lui dire que non, il n'a rien fait de mal, vu que c'est de ma faute. Une petite larme apparaît que coin de mon orbite en repensant à ça. Ce que Error à tout de suite remarqué.

- Night, sérieusement, qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien... Répondis-je faiblement.

- Dis pas rien, qu'est-ce qu'il y a ? Je vois bien que tu as un problème.

- C'est rien je te dis.

Tu ne pourrais pas comprendre de toute façon... tu ne me connais pas... pas assez du moins, et je ne sais pas encore si je peux te faire confiance.

Voyant qu'il n'aura pas de réponse il arrête de me poser cette question, suite à ça commence le début d'un long silence entre nous deux. Au bout d'un moment il décide de dire quelque chose.

- Pourquoi tu ne veux pas m'en parler ?

- ... Tu ne comprendrais pas...

- Tu peux toujours me le dire, ça te changerait les idées.

- ...

Je ne réponds rien, on entend la sonnerie et on va en cours, la journée s'est passée normalement, il ne m'a pas reparlé de ça, je suppose qu'il a abandonné. Tant mieux. Je rentre chez moi et me couche directement, épuisé.