TROISIÈME - La Cité de Demain : Partie 2
Une folie meurtrière rôde dans la plus grande et décadente des cités. Un par Un, la masse s'individualise, la personne renaît de sa mue et cherche à faire le mal, à faire couler le sang. Tous les sosies deviennent quelqu'un, tous ces clones changent de visage. Mais la renaissance de l'individu n'est qu'un passage, car la masse ne fait que changer de rôle, ne fait que changer de tendance. Elle est soudainement passée de l'agglomération de travailleurs ayant fait le deuil de leur vie à cette bête affamée et irrassasiable, assoiffée de liberté. La bête sourde qui tue pour se libérer, la bête aveugle qui dépasse la loi pour se sentir exister, la bête muette qui ne cherche qu'à détruire.
Les bureaux s'effondrent, les classes supérieures sont torturées, tuées, tout ce qui n'est pas la Bête doit mourir et disparaître dans le sang. Pas de pitié, pas d'espoir, le peuple a décidé que l'enfer devait régner. Ceux qui dormaient dans la rue, sur le trottoir, ceux qui n'avaient que l'eau de la pluie à boire et le pain mouillé à manger, ceux qui ont vu leur destin les abandonner, ceux-là ne sont pas épargnés par le monstre qui courait les rues. Impuissants, ils ont vu cette créature ivre de sang et de libre arbitre se déchaîner contre tout. La première partie de la révolution n'est pas la négociation, la discussion, l'entente. Non, c'est l'hémorragie.
Cela fait cinq jours et six nuits que l'essaim court les rues, semant chaos, mort et destruction. Les véhicules sont en feu, les poubelles aussi, les magasins, les stands et les bureaux sont vandalisés, saccagés, détruits. Et c'est alors que la terreur commença à disparaître lentement. Les cris se firent moins entendre, les feux s'éteignirent, le peuple se sentait victorieux et s'en allait au repos.
Mais les forces armées arrivent enfin pour purger la bête de sa soif et de sa faim, lui redonner raison. Des chars, des groupes armés, des camions pleins de matériel militaire, une immense opération de répression. Rien de mieux pour remettre le feu aux poudres. La bête s'est soulevée une nouvelle fois, et en pleine forme, infatigable, comme si ces derniers jours n'étaient qu'un moindre effort, de nouveau la masse a déferlé tel un tsunami sur la ville, et cette fois-ci, elle a tout détruit. Tout ce que l'autorité aura tenté contre la vague de pure violence échoua. Pour chaque mort au sein du monstre, ce dernier redoublait de force et de sauvagerie. Il était tout bonnement impossible d'endiguer la révolution.
C'est au seizième matin que tout fut terminé. L'individu reprit définitivement vie. Chaque personne se mit à réfléchir en tant qu'un seul, et non en tant que tous. Maintenant que l'ancien monde fut rasé, il allait falloir en bâtir un nouveau, sur de nouvelles valeurs, avec de nouveaux idéaux. Le sang versé devait devenir un souvenir unanime, une mémoire que tous devront honorer, en souvenir du droit le plus fondamental de l'humanité : celui de se soulever.
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