Chapitre 42 - Un fin joueur

Est-ce que tu es tombée de ta tour ? Lorsqu'elle reprit connaissance, cette drôle de question flotta dans l'esprit d'Eleanor.

Sa tête semblait prisonnière d'une horrible migraine, qui l'enserrait comme un casse-noisette. Chacun de ses muscles brûlait de douleur, si bien que son corps paraissait avoir entrepris l'ascension d'une montagne. Une montagne dont elle serait arrivée au sommet, avant de dégringoler tout ce qu'elle avait escaladé. Tu es forcément tombée de ta tour.

Pourtant, lorsqu'elle entrouvrit les paupières, elle réalisa qu'elle se trouvait... Précisément dans sa tour.

Une fenêtre laissait entrer les rayons du soleil, qui éclairaient une salle circulaire. Celle-ci ressemblait comme deux gouttes d'eau à la pièce où elle avait passé les six dernières années et... Non. Non, non, non. Elle ne pouvait pas être revenue ici. Elle ne pouvait pas de nouveau être enfermée, ni recommencer son entraînement, ni...

— Ma petite marmotte s'est enfin réveillée ! se réjouit une voix reconnaissable entre toutes. J'ai eu peur d'avoir mal dosé les somnifères, mais il est vrai qu'une fois que tu es endormie, un tremblement de terre ne pourrait pas te réveiller.

Eleanor tenta de se redresser, or ses membres semblaient comme... entravés. Elle ne put que s'assoir péniblement sur le parquet, où elle était restée allongée beaucoup trop longtemps. En voyant des brins de paille pendre dans ses cheveux, elle voulut faire un geste pour les enlever. En levant les mains, elle se rendit compte que des menottes lui enserraient les poignets. Elle agita ses bras, mais ne réussit qu'à se faire mal. Elle ne tarda pas à sentir une lourde chaîne autour de ses chevilles, qui empêchait le moindre mouvement.

— Simple précaution pour éviter que tu me sautes dessus. Tu sais bien qu'avec les animaux sauvages, il faut parfois prendre quelques mesures...

Elle tourna la tête vers Manik, qui s'affairait près du coin cuisine. Il tournait distraitement une cuillère dans une casserole, tout en jetant de petits coups d'oeil narquois à la jeune fille.

— Espèce de sale immonde chacal, persifla-t-elle en tirant sur ses entraves.

Elle sentit aussitôt quelque chose la retenir, et vit que la chaîne autour de ses chevilles était reliée au mur, juste à côté d'elle. Autrement dit, impossible de faire un pas, ou ne serait-ce que se mettre debout. Sa gorge était aussi beaucoup trop sèche, rendant sa voix légèrement éraillée.

— Toujours des insultes de très haut niveau, se navra son frère. Si je gagnais une pièce d'or chaque fois que tu me traites de "chacal", de "vermine", ou de que sais-je encore, je serais l'homme le plus riche de la Terre du Rubis.

Après une courte pause théâtrale, il ajouta :

— Oh, mais j'oubliais ! Je le suis déjà...

Eleanor ne répondit rien, préférant se concentrer sur ce qui l'entourait. Même si sa vision était un peu trouble, elle semblait seule avec Manik. Personne ne se cachait derrière les rideaux pourpres, ni en haut des escaliers gris. Les escaliers gris ? s'étonna-t-elle en levant la tête vers les marches qui menaient à sa chambre. Ainsi, ils avaient été changés ? Et ses rideaux beiges également ? Sans parler des murs qui n'étaient plus en pierre et de l'espace cuisine qui n'était pas du bon côté... Et où était passé son tapis violet ?

— Où est-ce que tu nous as emmenés ?

Maintenant qu'elle y regardait plus attentivement, une chose était à peu près sûre : ils ne se trouvaient pas dans sa tour. Elle ne pouvait pas discerner la vue derrière la fenêtre, mais elle était certaine qu'elle ne donnait pas sur une forêt.

— Dans l'une des anciennes tours d'observation de la Terre du Rubis. J'avais hésité à t'enfermer ici, la première fois.

— La première fois ? répéta-t-elle. Qu'as-tu donc prévu ? Me garder ici jusqu'à la fin de ma vie ?

Elle s'efforçait de s'exprimer avec un certain détachement, mais au fond d'elle, la panique primait. Combien de temps avait-elle dormi ? Où se situait cette tour, exactement ? Clark et les autres auraient-ils une chance de la retrouver ? Est-ce que Manik avait osé faire du mal à Marcus ?

— Oh non, j'en ai fini avec ça, répondit son frère d'un ton léger. Tu ne veux pas te faire oublier dans une tour, tant pis pour toi. Nous ne sommes ici que de façon provisoire.

La louve hésita entre se sentir soulagée ou s'affoler davantage. L'assurance affichée par Manik la fit pencher pour la deuxième option...

— Et qu'est-ce que tu as prévu, au juste ? Me tuer ? Pourquoi ne pas m'avoir mis du poison dans mon verre, plutôt que de t'embêter à me traîner ici ?

Vu la paille dont elle était parsemée, elle en déduisit qu'elle avait été cachée sous du foin. Les soldats de l'alpha du Rubis l'avaient sûrement fait tomber dans une charrette, avant de la conduire en toute discrétion jusque-là.

— Parce que ce serait moins amusant, répondit-il sans la regarder. Même si l'idée d'imaginer ton cher Carl trouver ton cadavre aurait été assez tentante...

Tandis qu'il prononçait tranquillement ces horreurs, il éteignit le feu sous la casserole. C'était bien la première fois qu'Eleanor voyait Monsieur Manik du Rubis, futur alpha de la Terre des Loups du Rubis, en train de cuisiner.

— Je nous prépare un délicieux repas pour ce midi. Toi et moi allons devoir vivre ensemble pendant quelques jours, alors j'espère que tu apprécieras ma cuisine.

Cette annonce la surprit autant qu'elle la répugna.

— Toi et moi ? Quelques jours ? Pourquoi ne pas demander à l'un de tes maudits soldats de me surveiller ? Je t'ai manquée à ce point ?

Elle savait que le provoquer n'était pas idéal, mais cela constituait son unique moyen de faire bonne figure. Elle se félicita toutefois de ne pas trembler. Pour le moment.

— Tu as beau être insupportable, te voir si faible me procure toujours un incroyable divertissement, s'amusa-t-il. Et je ne veux pas non plus prendre le risque que tu m'échappes. C'est que tu es soudain devenue bien précieuse...

Il la gratifia d'un sourire, puis sortit deux assiettes. Il remplit celles-ci d'une viande inconnue, ainsi que de ce qui ressemblait à du blé. 

— Précieuse ? fit-elle en réajustant sa position sur le parquet. Sachant que tu m'as toujours considérée pire qu'un animal, j'ignore comment j'ai pu tout à coup acquérir un tel mérite.

En réalité, elle le savait très bien. Et son frère n'ignorait pas qu'elle connaissait la raison de son intérêt.

— Tu es un animal, répondit-il calmement. Dès ta naissance, papa et maman t'ont traitée comme une jument. Ils t'ont fiancé au meilleur étalon du monde, puis t'ont élevée pour que tu sois une gentille petite bête docile. Ils se sont débarrassés de toi dès que tu as échoué à la mission pour laquelle ils t'avaient conçue.

Le plus douloureux n'était pas d'entendre ces mots, mais de savoir qu'ils étaient vrais. Aussi cruelle que fût sa formulation, il ne faisait qu'énoncer des faits.

— Au cas où tu l'aurais oublié, c'est à cause de toi que je n'ai pas épousé Clark, grinça-t-elle. Si tu n'avais pas engagé Taresh, j'aurais fini par accepter l'idée de me marier avec un parfait inconnu. 

Même si cela l'aurait horrifiée, elle se serait pliée à son devoir. Elle avait de nombreuses fois douté d'en être capable, or quelque chose lui disait qu'elle aurait fini par accepter ce mariage. À la seconde où elle aurait rencontré Clark, ses doutes se seraient envolés. Ou pas, lui souffla une petite voix.

Leur histoire aurait-elle été différente si leur union avait bel et bien eu lieu ? Serait-elle aussi tombée amoureuse de lui dans de toutes autres circonstances ?

La véritable réponse resterait à jamais une énigme, pourtant elle en était persuadée. Peu importe les différents tournants qu'aurait pu prendre leur histoire, son coeur aurait toujours battu pour lui. Et uniquement pour lui.

— Que je sache, je ne t'ai pas forcée à parler à Taresh. Ni à rire avec lui. Ni à danser avec lui. Ni à l'inviter dans ta chambre... Quand on y pense, tu as fait le travail toute seule. Comme en ce moment même.

Il sourit d'un air mutin, avant de se réintéresser à ses assiettes. Il s'approcha pour en poser une par terre, devant Eleanor, pareil à s'il nourrissait un chien. Ne pouvant résister, la jeune fille essaya brusquement de se redresser pour le cogner. Sa tentative fut avortée par ses liens.

— Quand je dis que tu es un animal... Même un chat sauvage a plus de manières que toi.

Il lui lança une cuillère et lui fit glisser un gobelet, puis attrapa sa propre assiette. Il commença à manger en silence, assis à une table à quelques mètres de la louve.

— Tu devrais goûter, ce n'est pas si mal. J'ai piqué la recette aux domestiques qui s'occupent de mes enfants.

Ce n'était pas la faim qui manquait à Eleanor, mais l'idée de manger quelque chose préparé par son frère lui donnait envie de vomir.

— Si tu as peur que je t'empoisonne, tu as dit toi-même que j'aurais déjà pu mettre du poison dans ton verre. Quant aux sédatifs, au point où tu en es, je ne vois pas en quoi une dose supplémentaire changerait quelque chose...

— Est-ce que tu peux au moins me dire depuis combien de temps je suis ici ? répliqua-t-elle. Et tant que tu parles d'enfants, est-ce que tu as réellement fait quoi que ce soit à Marcus ?

Tout en continuant de manger, il commença à se balancer nonchalamment sur sa chaise. Le soleil éclairait ses cheveux noirs, toujours aussi soyeux.

— Seulement une journée. Et si cela peut te rassurer, je n'ai pas fait davantage à ce petit Marcus que je ne t'ai fait à toi. Il a eu droit à sa petite dose de somnifères, comme son père, l'abruti qui lui sert d'ami, la gouvernante, et le soldat qui fait figuration.

Elle pria aussitôt pour avoir mal entendu.

— Des somnifères ? Mais...

Qu'est-ce que diable il avait bien pu leur faire ? Était-il devenu fou au point de vouloir déclencher une guerre ?

— Il fallait bien qu'ils ne répondent pas quand tu viendrais frapper à leur porte. L'un de mes soldats s'est fait passer pour un employé de l'auberge venu distribuer des petits déjeuners, et le tour était joué. Ils ont dû tranquillement se réveiller quelques heures après ton départ.

Comment pouvait-elle encore s'étonner de sa fourberie ? Au moins, elle était rassurée que tout le monde soit sain et sauf...

— Et tu peux me dire ce que je fais ici ? Si tu ne veux pas m'enfermer, ni me tuer, quel est ton plan ?

Elle ne s'attendait bien sûr pas à ce qu'il lui révèle tout, mais la moindre information l'aiderait à y voir plus clair. Étant donné qu'avec Manik, il fallait toujours s'attendre au pire, des dizaines de scénarios terribles se dessinaient dans son esprit.

— Tu demandes vraiment ce que tu fais ici ? se surprit-il en poursuivant ses balancements. J'avais pourtant fixé une condition à ta liberté, et tu t'es fait une joie de ne pas la respecter.

Même si elle avait voulu jouer avec le feu, il était évident que des espions de son frère avaient surpris son rapprochement avec Clark. Restait à savoir comment.

— Et pourquoi penses-tu que je ne l'ai pas respectée ? eut-elle l'audace de s'enquérir. J'imagine que dans ton vocabulaire, ne pas s'approcher du Grand Alpha signifie ne pas coucher avec lui. Une simple danse t'a-t-elle à ce point affolé ?

Elle était consciente de se risquer à un jeu dangereux, dans lequel Manik était voué à gagner. Toutefois, cela ne lui coûtait rien d'essayer.

— Une simple danse, répéta-t-il en abaissant sa fourchette. J'imagine que c'est aussi pour danser qu'il est entré dans ta chambre, puis qu'il en est ressorti, avant de revenir et d'y rester jusqu'au lendemain matin.

Elle nota qu'il n'avait pas mentionné leur promenade en barque et leur baiser au bord de la rivière. Avec un peu de chance, personne ne les avait espionnés et ce moment resterait le leur.

— Cependant, reprit-il avec un sourire, je sais que tu n'as pas couché avec lui.

Cette remarque la prit au dépourvu, autant qu'elle lui éveilla un frisson. Néanmoins, elle resta impassible.

— Tes soldats n'ont rien d'autre à faire qu'écouter aux portes ? Pardonne-moi, mais tes méthodes tombent de plus en plus bas.

Encore faudrait-il que ce soit possible. Son petit coup avec Taresh lui avait déjà fait toucher le fond, alors il ne pouvait que continuer à creuser.

— Nul besoin de jouer les voyeurs, quand je te connais mieux que quiconque, badina-t-il. Même si tu fais semblant d'être une effrontée, je sais que ta petite déconvenue avec Taresh ne t'a pas laissée indemne. Il m'avait beaucoup déçu, en refusant d'aller jusqu'au bout de sa mission, mais au final, je crois qu'il a quand même été efficace.

Son sourire s'élargit un peu plus, tandis qu'il attrapait son verre de jus de fruit.

— Le Grand Alpha a beau être gentil, attentionné, ou capable de faire preuve de je ne sais quelle mièvrerie, tu ne l'aurais jamais laissé t'approcher si facilement. Ainsi, je suis persuadé que tu n'as rien fait avec lui.

Eleanor prit sur elle pour rester de marbre. Le fait qu'il la perce à jour si facilement la répugnait. Sans compter que malgré les années, il était encore fier d'avoir engagé Taresh pour lui faire du mal. Son discours n'avait pas changé.

— Puisque tu en es si sûr, pourquoi t'es-tu donné la peine de m'éloigner de lui ?

Il but une gorgée, puis reposa son verre sur la table.

— Parce que je ne suis pas un imbécile. Il se passe quelque chose entre vous deux, et ça ne me plaît pas du tout.

Elle y vit l'occasion de lui adresser une belle pique.

— Vraiment ? feignit-elle de s'étonner. Tu m'avais pourtant dit qu'une fois qu'il aurait obtenu ce qu'il voulait de moi, le Grand Alpha n'aurait plus rien à faire de mon sort. Si tu le penses sincèrement, pourquoi t'inquiètes-tu de ce qui pourrait se passer entre nous ?

Il s'esclaffa et laissa les pieds de sa chaise retomber au sol.

— Je suis toujours convaincu qu'il se lassera de toi assez vite. Toutefois, tu pourrais quand même avoir le temps de lui faire un héritier. Il a été plutôt rapide avec sa première femme, c'en est presque suspect. Vu les rendez-vous nocturnes qu'elle se permettait, il y a de quoi se demander s'il est vraiment le père...

Elle ne prit même pas la peine de répondre à ses stupides commérages.

— En réalité, nous allons avoir l'occasion de vérifier si ton Grand Alpha tient réellement à toi, fit-il en jouant avec son couteau. Si c'est le cas, alors je me débrouillerais pour en tirer un joli bénéfice. S'il refuse ma proposition... Ce sera dommage pour moi, mais encore plus pour toi. Après ta désobéissance, le temps de la clémence sera terminé.

Lorsqu'il avait prononcé les mots "bénéfice" et "proposition", une étincelle s'était allumée dans ses yeux sombres. Cela manqua de faire trembler la louve. Quoi qu'il préparait, il s'agissait à coup sûr d'un fin stratagème.

— Je compte faire parvenir une lettre à ton cher Grand Alpha, déclara-t-il tranquillement. Je vais lui demander de nous rendre visite ici-même, afin que nous puissions avoir une petite discussion. Rien que tous les trois, bien sûr...

Même si cela devait la condamner, Eleanor espéra que Clark ne mordrait pas à l'hameçon. Il ne fallait surtout pas qu'il entre dans le jeu de Manik.

— S'il lui vient à l'idée de débarquer avec du renfort, ou d'essayer de se montrer plus malin que moi, je n'hésiterai pas à te tuer. Nous verrons s'il est assez courageux pour respecter cette petite condition, mais je me permets d'en douter...

Au fond d'elle, la louve savait que Clark serait assez fou pour obéir.

— Et pour qui te prends-tu, au juste ? lui lança-t-elle avec dédain. Tu as beau adorer oublier ce petit détail, je te rappelle qu'il t'est supérieur. Tu n'as aucun ordre à lui donner, et tu ne peux pas le contraindre à accepter je ne sais quelle proposition. Que veux-tu obtenir de lui, d'ailleurs ?

C'était cette question qui l'inquiétait le plus. Six ans plus tôt, son frère avait cherché à l'empêcher d'épouser le futur Grand Alpha. Désormais, il poursuivait un but supplémentaire. Il aurait simplement pu enfermer Eleanor quelque part, ou la tuer. Cependant, en la considérant comme "précieuse", elle devenait un pion dans son jeu.

Il allait se servir d'elle afin de faire chanter Clark, mais pour quelle raison ?

— Oh, crois-moi, je ne sais que trop bien qu'il m'est supérieur, répondit-il en fixant son assiette. Papa et moi devons sans arrêt lui rendre des comptes sur tout ce que nous faisons, c'est absolument assommant...

La jeune fille leva les yeux au ciel.

— C'est le principe d'un pays composé de plusieurs territoires. Un dirigeant doit exister afin de coordonner les actions des différentes meutes. Cela fait des siècles que la Terre des Loups fonctionne très bien ainsi, Clark ne va pas tout changer pour satisfaire ton orgueil.

Il ne compte tout de même pas lui demander l'indépendance de la Terre du Rubis, si ? Par le passé, quelques alphas trop zélés avaient tenté de petites rébellions, mais tous étaient rapidement rentrés dans le rang. Sur le long terme, aucun territoire ne pouvait prospérer sans entretenir de liens avec les autres.

— Certes, admit-il. Mais pourquoi le rôle de Grand Alpha devrait-il toujours revenir à la même famille ? Pourquoi les loups du Diamant sont les seuls à pouvoir hériter du titre ?

Elle poussa un grognement d'exaspération. À force d'être à moitié allongée sur ce parquet sale, ses douleurs devenaient de plus en plus insupportables. Elle mourait de soif, mais son frère jugeait bon de se lancer dans des discussions sans queue ni tête. N'y tenant plus, elle s'empara du gobelet rempli d'eau. Tant pis si elle devait finir empoisonnée, au moins cela éviterait-il de mettre Clark en danger.

— Parce que c'est ainsi ! rétorqua-t-elle après avoir bu quelques gorgées. C'est la Lune, ou je ne sais quel abruti, qui a décidé que le pouvoir de Grand Alpha habiterait uniquement les loups du Diamant. Tu veux peut-être t'amuser à modifier tes gènes, ou bousculer l'ordre de la nature ?

Sa question était ironique, pourtant Manik parut sérieusement y réfléchir.

— Pas dans l'immédiat, non. La nature est intouchable, mais pas la lignée du Grand Alpha. Si j'y tiens vraiment, rien ne m'empêche de m'immiscer dedans, n'est-ce pas ?

Eleanor se figea, son verre toujours à la main. Son frère lui adressa un clin d'oeil, afin de conforter les pensées qui commençaient à s'affoler dans son esprit.

— Clark ne te laissera jamais faire. Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais il ne te laissera jamais faire du mal à Marcus, ou...

— Qui t'a parlé de lui faire du mal ? Ma fille est adorable.

Il sourit de toutes ses dents, alors que l'effroi s'emparait de la louve. Tout sauf ça, implora-t-elle en silence. Pas encore.

— Très bientôt, nous aurons l'occasion de voir si ton Clark tient réellement à toi. Soit il refuse ma proposition et t'abandonne à ton sort, soit il se montre coopératif et tu seras libre de le retrouver.

Il planta sa fourchette dans sa viande, d'un mouvement qui fit tressaillir Eleanor.

— Tout ce qu'il a à faire, c'est accepter de fiancer son fils à ma fille.

Note de l'auteure :

👀👀

Décidément, entre les filles d'alpha et les lectrices, Marcus est un parti convoité...

Petite information : les deux prochains chapitres, surtout le 44, seront un petit peu violents... Mais pas trop non plus ne vous inquiétez pas, il va juste y avoir un peu de casse 😅

À très vite ! 😘❤️

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