Chapitre 40 - Soirée terminée ?
— À demain Elanor ! Fais bien dodo !
Marcus adressa un petit signe de main à la louve, puis bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Il salua son père une dernière fois, avant de s'engouffrer dans la chambre qu'il partageait avec Judith.
— À quelle heure sommes-nous censés partir ? s'enquit la gouvernante.
Clark consulta Rowan du regard, puis haussa les épaules.
— Nous avions prévu de quitter l'auberge demain matin, mais vu l'heure qu'il est... Je crois qu'il serait préférable de nous reposer, puis de partir en début d'après-midi.
En effet, ils avaient dépassé minuit depuis longtemps. Déjà qu'Eleanor n'était pas très matinale, elle ne parviendrait jamais à sortir de son lit si elle ne devait dormir que cinq ou six heures... Le Grand Alpha ne paraissait pas très fier de coucher son fils aussi tard, or ils n'avaient pu faire autrement.
Après leur baiser au bord de la rivière, la jeune fille et lui avaient fini par se relever. Elle aurait voulu qu'ils restent là-bas pendant des heures, mais la raison s'était rappelée à eux. Leur barque prenait toujours la fuite sur l'eau, alors ils avaient longé la rive en riant comme des enfants. Par chance, l'embarcation s'était encore immobilisée en heurtant des branchages, non loin de la fin du parcours. Ils avaient prévenu les bateliers chargés de réceptionner les canots, qui les attendaient près d'un second ponton.
Les pauvres hommes s'étaient débrouillés pour récupérer la barque, tandis que Clark et Eleanor avaient rejoint Rowan et les autres. Ces derniers étaient revenus sur la terre ferme depuis un moment, et n'avaient pas été loin de s'inquiéter.
Toutefois, ils avaient vite été rassurés par les mines réjouies que peinaient à dissimuler les deux loups. Personne n'avait posé de questions sur leur bonne humeur presque euphorique, mais Rowan ne manquait pas une occasion pour les taquiner...
— Ce n'est pas la peine de nous presser, déclara-t-il justement. Personne n'aime se lever tôt et... Peut-être que la nuit n'est pas terminée pour tout le monde.
Il adressa un clin d'oeil à son ami, qui avait troqué la gêne contre l'exaspération. Judith sourit avec une discrète malice, puis ferma son battant. Philip ayant déjà regagné sa chambre, cela leur épargnait un troisième gloussement... Rowan se dirigea à son tour vers la pièce où il dormait avec Clark.
— Je te rejoins dans deux minutes, lui indiqua le Grand Alpha.
— Je n'ai pas besoin que tu me racontes une jolie histoire pour m'endormir, donc tu peux même venir quand ça te chante...
Il adressa un dernier sourire entendu à son ami, puis le laissa enfin avec Eleanor.
L'étage était désert, la plupart des clients étant déjà couchés. Sans la chandelle que tenait la jeune fille, les deux loups auraient été plongés dans l'obscurité. Ils marchèrent lentement vers la porte d'Eleanor, peu désireux de se quitter. Malheureusement, le corridor n'était pas infini.
— Bien, fit-elle lorsqu'ils arrivèrent devant sa chambre. Je crois qu'il est temps d'aller se reposer...
Cependant, elle n'avait aucune envie de dormir. Encore moins de le quitter maintenant. Quand elle croisa le regard du Grand Alpha, elle vit que lui non plus ne paraissait pas du tout ensommeillé.
— Je pense qu'il va me falloir des jours pour me remettre de tout ça, dit-il pour faire bonne figure.
Elle partit d'un petit rire, puis sortit sa clé. Elle déverrouilla la porte afin de se donner une contenance, tout en ajoutant :
— Ce n'est pas tous les jours qu'on se lance à la poursuite d'une barque en fuite...
Ni qu'on danse ainsi avec quelqu'un. Ni qu'on embrasse ainsi quelqu'un.
— C'est pourtant quelque chose qui vaut la peine d'être vécu, plaisanta-t-il.
Elle esquissa un sourire et pivota de nouveau vers lui. Ils conservaient jusque-là une distance respectable, mais elle brisa celle-ci en un seul pas. Il se rapprocha et laissa leurs doigts se rencontrer, d'un contact aussi léger qu'une plume. Cela suffit à déclencher une délicieuse chaleur sur l'épiderme de la jeune fille, qui se mordit la lèvre pour ne pas sourire comme une idiote.
— Est-ce le moment où l'on se souhaite une bonne nuit ? demanda-t-elle avec une malice impossible à réprimer.
Clark rentra dans son jeu et continua de caresser sa main. Encore une fois, leurs yeux refusaient de se quitter.
— Il me semble bien...
Ne pouvant résister plus longtemps, elle posa ses lèvres sur les siennes et passa son bras libre autour de son cou.
Si leurs précédents baisers avaient été empreints de douceur, quelque chose d'encore plus fort animait celui-ci. La passion avait certes déjà été présente au bord de la rivière, toutefois... Eleanor sentait de nouvelles barrières tomber, libérant une fougue brûlante qui attisait les flammes de son coeur.
Clark devait être habité par le même feu, car il entoura sa taille pour la rapprocher de lui. Elle ne se fit pas prier et se colla complètement contre son torse, désireuse d'être encore plus proche.
Un éclair de lucidité lui rappela qu'ils étaient toujours dans le couloir de l'auberge, alors elle recula en l'entraînant avec lui. Il sembla marquer un temps d'hésitation, mais avança sans cesser de l'embrasser. Elle ne tarda pas à sentir son dos rencontrer la porte entrouverte, qu'elle poussa sans se détacher de Clark. Elle ne s'écarta qu'une fois à l'intérieur de la chambre, afin d'envoyer un coup de talon dans le battant. Celui-ci se referma dans un claquement sourd, instillant une intimité bienvenue entre les deux loups.
Eleanor posa sa chandelle sur la première surface qu'elle trouva, ravie de s'en débarrasser. Ils recommencèrent aussitôt à s'embrasser, avec une ardeur étourdissante qui défiait toute raison. Elle laissa ses doigts glisser le long de la nuque de Clark, puis les perdit dans ses bouclettes brunes, infiniment douces. Cela parut lui plaire, puisqu'il l'enserra un peu plus.
Elle savait qu'ils auraient sûrement mieux fait de s'arrêter, or elle était incapable de s'y résoudre. Au contraire, elle s'empressa de lui retirer sa veste, tout en continuant de reculer vers le lit.
— El... Eleanor, l'interrompit-il entre deux baisers. Tu es sûre que...
Elle l'empêcha de terminer, comme si cela pouvait aussi mettre un terme à ses propres doutes. Elle n'était absolument pas certaine de ce qu'elle faisait, néanmoins... Elle ne voulait pas que ça s'arrête maintenant.
Pas tout de suite.
— Juste deux minutes de plus, souffla-t-elle. S'il te plaît.
Elle croisa son regard brillant, où semblait se disputer une terrible bataille. Elle mit un terme à ce combat en effleurant ses lèvres, l'invitant à reprendre où ils en étaient.
Il hésita un dernier instant, puis mit ses réserves de côté. Ravie, la jeune fille sentit son coeur devenir fou et menacer de la rendre sourde. Ses émotions l'emportaient dans le plus beau des tourbillons, à la fois tendre et enivrant.
Comme elle avait les yeux clos, elle ne put repérer la distance qui les séparait du lit. Ainsi fut-elle surprise lorsque l'arrière de ses genoux se heurta au rebord, la déstabilisant dangereusement. Elle tomba sur le matelas en entraînant Clark avec elle, emporté par son élan. Il se rattrapa de justesse à l'aide d'un bras, évitant à leurs fronts de se cogner.
Cependant, ses lunettes dégringolèrent de son nez, pour tomber sur celui d'Eleanor.
Un petit cri de surprise lui échappa, ce qui éveilla immédiatement les inquiétudes du Grand Alpha.
— Dé... Désolé, bredouilla-t-il. Ça va ?
Elle éclata de rire, tandis qu'il dégageait les lunettes de son visage. Il les envoya sur la table de chevet, avant d'esquisser un sourire irrésistiblement timide. Le voir ainsi au-dessus d'elle lui fit définitivement perdre l'esprit.
— J'ai vraiment le don de tout gâcher, se désola-t-il. Franchement, qui d'autre fait tomber ses...
Elle fit taire ses inutiles regrets en l'embrassant, puis murmura :
— Je ne vois vraiment rien qui pourrait gâcher tout ça.
Et ce gentil incident fut vite oublié.
Le sentir sur elle lui provoquait des sensations nouvelles, alors même que la soirée avait déjà été riche en émoi. Lors de leur danse, leur proximité avait fait naître en elle un certain désir, or il s'épanouissait désormais comme une fleur de printemps. Niché dans son ventre, il l'encourageait à se cambrer toujours plus contre Clark. Les folles idées qu'elle avait nourries quelques heures plus tôt quittaient ses songes, afin de devenir une réalité.
Pour sa défense, le Grand Alpha semblait tout aussi fébrile qu'elle. Sa peau était aussi chaude que la sienne, voire plus. Eleanor n'aurait jamais cru qu'un tel état de transe pouvait être si agréable. Plus jeune, lorsqu'on lui avait enfin expliqué ce qu'elle devrait accomplir avec son futur mari, elle s'était figuré cela comme une torture, affreusement gênante et répugnante. À présent, tout lui apparaissait comme l'extrême opposé.
Elle avait l'impression qu'un lien spécial l'unissait à Clark, rendant chacun de leurs gestes incroyablement naturels. Leurs lèvres paraissaient faites pour se rencontrer, comme si elles s'étaient attendues depuis des années. Elles s'éloignaient quelques secondes de temps à autre, leur laissant reprendre leur souffle, puis un besoin vital les poussait à se rejoindre. Cette délicieuse facilité donnait une confiance insoupçonnée à la jeune fille, qui se surprit à en vouloir encore plus.
Succombant à son désir, elle se démena avec sa jupe, afin d'enserrer les hanches de Clark entre ses cuisses. Sentir son bassin contre le sien lui rappela leur danse, ainsi que les mouvements qu'elle s'était permis. Il dut se les remémorer également, puisqu'il remua légèrement sur elle, comme s'il ne pouvait pas tenir en place. Il caressa sa taille, là où sa peau était nue, avec des mains à la fois douces et enflammées. On aurait dit qu'il mourrait d'envie de la toucher sans retenue, mais qu'il ne se l'autorisait pas.
Sa réserve avait beau l'émouvoir, cela ne faisait qu'enfler la sensation qui lui tordait le ventre. Elle laissa glisser ses mains sur son torse, puis les passa sous sa chemise. Ses paumes parcourent sa peau et ses muscles contractés, qui se tendirent un peu plus à son contact. Elle resserra l'étau formé par ses cuisses, ce qui incita Clark à franchir une nouvelle étape.
Il quitta ses lèvres pour venir embrasser sa mâchoire, avant de descendre le long de son cou. Assez sensible à cet endroit-là, Eleanor rejeta la tête en arrière et retint son souffle. Elle profita des merveilleuses étincelles qu'il diffusait sur sa peau, tout en regrettant que sa jupe et son pantalon soient encore entre eux.
Il osa ensuite s'aventurer plus bas, dessinant une ligne de baisers incandescents entre ses seins. Son haut la serrait plus que jamais, or cela n'avait presque rien de désagréable. Elle aurait simplement préféré être comprimée par le torse de Clark, plutôt que par ce vulgaire morceau de tissu. Comme s'il lisait dans ses pensées, ses mains remontèrent sa taille pour parcourir son dos, à la recherche de la fermeture du vêtement.
En sentant ses doigts prêts à la déshabiller, la jeune fille eut soudain conscience de ce qui allait se passer. Elle avait bien sûr toujours été consciente de ce qu'ils faisaient, cependant, cette fois... Elle en eut réellement conscience.
Le temps d'une demi-seconde, elle se figea.
Elle crut que Clark n'allait pas s'en rendre compte et continuer, mais il s'arrêta aussitôt.
— Je... Je crois qu'on ferait mieux de ne pas aller plus loin, murmura-t-il en se redressant sur ses bras.
C'était la première fois qu'elle lui entendait une voix aussi rauque. Cela ne l'aida pas à remettre de l'ordre dans ses pensées.
— Qu... Quoi ? Non, je te jure que ça va, tu... On peut continuer.
Elle n'arrivait même pas à parler. Son regard enfiévré, sûrement pur reflet du sien, l'observait avec une légère inquiétude.
— Je ne veux pas que... Que nous allions trop vite. Je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit et...
— Mais... Mais tu ne me forces pas, protesta-t-elle. Je... Je pensais que je ne serais pas prête, mais...
Elle crut d'abord que ses balbutiements n'étaient dus qu'à son essoufflement, or l'expression de Clark ne tarda pas à se faire plus soucieuse.
— Eleanor, tu... Tu trembles.
Elle ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir, puis regarda ses mains. Elles avaient quitté sa chemise et étaient désormais parcourues d'horribles tremblements.
Il ne s'agissait pas de simples frémissements, qui auraient témoigné de désir ou d'une simple appréhension, mais de réelles secousses paniquées.
Elle les fixa avec effroi, jusqu'à ce que Clark s'allonge à côté d'elle. Il les enveloppa de ses propres mains, puis lui intima de respirer doucement. La louve ferma les yeux, la gorge nouée. Pourquoi fallait-il qu'elle réagisse ainsi ? Elle n'avait jusque-là pas pensé à son frère, ni même à Taresh. Ce dernier ne l'avait pas du tout embrassée et touchée comme Clark le faisait. Des années auparavant, l'apprenti soldat avait uniquement cherché à la posséder.
Quand Clark la caressait, elle sentait qu'il avait envie d'elle, mais surtout... Qu'il voulait prendre soin d'elle. Qu'il se dévouait tout entier à lui faire éprouver des choses merveilleuses, sans jamais dépasser ses limites. Il avait dû se douter qu'elle ne pourrait pas aller jusqu'au bout, et que tôt ou tard, des souvenirs difficiles se rappelleraient à elle. Elle nota que contrairement à Taresh, il n'avait pas cherché à balader ses mains sous sa jupe. Sûrement s'était-il fixé des étapes.
Étapes qu'elle aurait rêvé de franchir, mais son subconscient n'était vraisemblablement pas du même avis !
Ravagée par la honte et le ridicule, elle s'assit sur le lit, les jambes repliées contre elle. Elle cacha son visage entre ses mains, tout en maudissant ses réactions stupides. Comment avait-elle pu passer d'un tel état à un autre ?
— Je... Je suis désolée, chuchota-t-elle en tâchant de retenir ses larmes. Tu dois vraiment me prendre pour une espèce de mijaurée aguicheuse et...
Aussi incongrue que fut cette idée, elle se sentait pareille à une vieille boîte d'allumettes. Simplement bonne à faire crépiter un bout de bois, mais incapable de faire perdurer une vraie flamme. Cela faisait deux fois qu'elle attirait un homme dans sa chambre, puis qu'elle lui demandait d'attendre. La situation actuelle avait beau être incomparable avec la précédente, elle ne pouvait réprimer sa culpabilité. Elle-même peinait à gérer sa frustration, alors que devait-il en être de Clark ?
— Eh, souffla-t-il avec une infinie tendresse. Eleanor, regarde-moi.
Elle le sentit se redresser sur le lit, pour s'assoir à côté d'elle. Elle s'obstina à garder la tête baissée, puis sentit ses doigts lui caresser la joue. D'une légère pression, il l'encouragea à se tourner vers lui. Elle n'eut pas la force de lutter, alors elle s'exécuta. Toutefois, elle se sentait incapable de soutenir son regard.
— Il s'est déjà passé énormément de choses aujourd'hui, commença-t-il doucement. Le simple fait d'avoir pu danser avec toi, c'est... C'est déjà plus que tout ce que je me serais permis d'espérer.
Sa voix était presque redevenue normale, quoique toujours un peu trop rauque. En risquant un coup d'oeil vers lui, elle s'aperçut qu'elle avait mis ses cheveux dans un irrésistible désordre. Quant aux siens, des mèches s'étaient échappées de sa tresse, ainsi que des fleurs qui gisaient sur le lit.
— Je n'attendais rien de plus ce soir, poursuivit-il. Et je n'attendrai jamais rien de plus tant que tu ne le voudras pas, ou...
— Je le veux, le coupa-t-elle en rivant enfin ses yeux aux siens. Je... Je te veux toi, tellement que c'est presque inconvenant de le dire comme ça, mais... C'est juste qu'il y a encore quelque chose qui me bloque et... Je te jure que ça n'a vraiment rien à voir avec toi.
Et c'était la vérité. En plus du lien incroyable qui les unissait, elle lui faisait entièrement confiance.
Seules ses vieilles craintes la troublaient et l'empêchaient d'aller si vite. Sans compter les paroles de Manik. Le Grand Alpha. Voilà ce que je t'interdis. Cependant... Non. Elle s'était décidée à ne pas en tenir compte et à suivre son coeur. Son frère ne pouvait de toute façon rien contre Clark.
— Dans ce cas, nous prendrons tout le temps qu'il faudra, lui assura-t-il. Même si tu dois m'arrêter cent fois, je t'interdis de t'excuser. Ce sera beaucoup mieux que si nous nous précipitons.
Ces paroles la délestèrent d'un poids immense. En plus de l'apaiser, elles recelaient d'une magnifique promesse : celle que tout se passerait avec lui. Cette journée n'était pas une simple parenthèse d'euphorie dans leurs vies, mais peut-être le commencement d'une nouvelle. Calme-toi, s'ordonna-t-elle malgré tout. Il était beaucoup trop tôt pour s'emballer, surtout après un tel tumulte. Leur retour sur la Terre du Diamant leur permettrait sûrement d'y voir plus clair.
Quand il fut certain qu'elle allait mieux, Clark pressa une dernière fois sa main, puis se leva. En le voyant ramasser sa veste, elle comprit qu'il comptait s'en aller.
— Serait-ce déplacé si... tu restais dormir ?
Elle songea brusquement que sa proposition était peut-être cruelle. Déjà qu'elle les avait interrompus, voilà qu'elle lui demandait de passer toute la nuit avec elle, sans rien pouvoir faire d'autre que dormir. Ses anciennes gouvernantes auraient jugé cela comme une offense envers son mari. Qu'elles aillent se faire voir ! se raisonna-t-elle.
— C'est... C'est à toi de me le dire, répondit-il, un peu désarçonné. Si tu es d'accord, il... Il faut juste que j'aille prévenir Rowan.
Au-delà de sa confusion, il paraissait agréablement surpris. Elle acquiesça en hochant la tête, ravie qu'il accepte. Contrairement à la nuit de leur mésaventure à Oxland, l'idée de partager son lit ne l'affolait pas du tout. C'était même tout l'inverse, puisqu'elle n'avait aucune envie d'être séparée de lui.
Dès qu'il fut parti, elle se rua dans la salle de bain. Elle fit un brin de toilette, ôta les fleurs de sa tresse, et surtout, se débarrassa de sa tenue. Cette dernière avait beau être splendide, elle commençait à devenir insupportable. Elle enfila une chemise de nuit bien plus confortable, qui couvrait ses bras et son décolleté.
Quand elle retourna dans la chambre, Clark était déjà de retour. Il avait dû se rafraîchir lui aussi, car quelques mèches au-dessus de son front semblaient humides. L'eau froide avait également fait du bien à la jeune fille, dont les pensées se faisaient moins embrumées.
— Qu'a dit Rowan ? s'enquit-elle avec un sourire.
Elle imaginait sans mal toutes les taquineries qu'ils devraient supporter le lendemain.
— Il m'a demandé où étaient passées mes lunettes, et s'est étonné que je ne me sois pas pris un mur en venant jusqu'à lui... Il a supposé que tout dépendait de la motivation.
Eleanor pouffa, puis alla chercher sa chandelle. Dans son empressement, elle l'avait déposée sur la commode près de la porte. C'était un miracle qu'elle ne se soit pas renversée et n'ait pas brûlé le bois... Elle amena la bougie jusqu'à sa table de chevet, tandis que Clark retirait ses chaussures. Elle s'installa ensuite dans son lit, puis attendit qu'il la rejoigne. Dès qu'il fut allongé, elle souffla sur la flamme et ils se retrouvèrent dans l'obscurité.
— Bon, eh bien... Cette fois, je crois que c'est vraiment le moment de se dire bonne nuit, déclara-t-elle.
Elle entendit son rire léger, qui la fit sourire à son tour. Il se tenait à une distance convenable, et elle comprit que par respect pour elle, il ne prendrait aucune initiative pour réduire cet espace. Elle s'approcha afin de déposer un chaste baiser sur ses lèvres, qui les fit glousser tous les deux. Comme elle ne s'éloignait pas, il entoura sa taille et l'embrassa un peu plus longuement. Ils s'arrêtèrent avant que la passion ne reprenne le dessus, puis fermèrent les yeux.
Eleanor s'endormit au bout de quelques minutes, emportée par cette merveilleuse bulle de douceur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top