o9. where's the killer husband when we need him the most ?

Lilith n'avait jamais pratiqué un tel rituel auparavant. Mais elle avait lu dans son grimoire à quel point il était dur à accomplir pour une sorcière. Ce que son livre ne précisait pas cependant, c'était le contre coup qu'il lui causerait.
Elle sut immédiatement lorsqu'elle revint dans le monde matériel et qu'elle retrouva tous ses sens. Parce qu'alors, tout ce qu'elle put ressentir, ce fut une intense douleur dans l'entièreté de son corps.

Avant même d'ouvrir les yeux, elle poussa un mugissement en se tortillant en tout sens pour essayer de trouver une position qui ne lui ferait pas tant de mal.
Visiblement, elle n'était pas la seule à souffrir. Sa plainte ne tarda pas à être rejointe par celle bien plus entêtante de Karli.
Lilith n'avait toujours pas ouvert les yeux, mais elle pouvait toujours parfaitement ressentir ce filin doré qui les unissait désormais toutes les deux. Alors, toujours sans ouvrir ses paupières, parce que c'était bien plus confortable ainsi, elle tendit son bras tremblant. Elle traversa le vide qui séparait son lit de celui de Karli, et enfin, elle trouva ce qu'elle cherchait. Elle serra sa main avec toute la force dont elle était capable et murmura d'une voix tremblante :

- Tout va bien. On est vivante, souviens toi. Tout va bien.

Les plaintes de Karli semblèrent se calmer quelques peu et Lilith rassembla finalement ses forces pour ouvrir les paupières. Heureusement pour elle, la pièce dans laquelle elles se trouvaient était plongée dans le noir.
Il n'y avait qu'elle et Karli, qui s'agrippait à sa main si fort que Lilith craignait en garder un bleu. Lilith se redressa dans son lit, ignorant du mieux qu'elle pouvait sa douleur. La super soldate continuait de se tordre de douleur, des gouttes de sueurs perlant sa peau et son visage déformé par l'angoisse.

- Karli. répéta Lilith d'une voix plus ferme, posant son autre main sur la sienne. Tu es vivante. On est en sécurité.

Enfin bon..., ça elle n'en était pas tout à fait certaine. Elles se trouvaient dans une petite pièce dont la seule fenêtre permettait de distinguer le ciel étoilé. Les uniques meubles qu'il y avait se trouvaient être leur lit et des machines reliées à elles. Cela n'avait rien d'une infirmerie ou d'une chambre d'hôpital. On les avait placé dans cette pièce exprès. Sans parler du fait qu'elle ne pouvait voir son grimoire nul part.

- Lils...

Le murmure de Karli ne tarda pas à la ramener à sa priorité dans l'instant. Elle pouvait distinguer un gros bandage sous le haut de la jeune femme. Mais hormis sa panique qui se calmait tout juste, elle semblait se porter bien. Enfin, elle ouvrit les yeux, aussi difficilement que Lilith, et contempla la sorcière.

- Lils. répéta-t-elle, plus clairement.

Cette fois, Lilith ne put retenir un franc sourire. Elle l'avait fait. Elle avait réellement réussi à sauver Karli Morgenthau d'une mort assurée. Elle avait réussi à conjurer le sort cette fois.

- Comment est-ce que tu m'as appelé ? demanda-t-elle, sans cesser de sourire.

Karli fronça des sourcils, la simple perspective de réfléchir à ce qu'elle disait semblait la faire souffrir.

- C'est plus simple comme ça. éluda-t-elle. Et j'arrête de penser au diable chaque fois que je prononce ton nom. 

Lilith leva les yeux au ciel mais ne rétorqua rien. Elle ne pouvait nier que son prénom ne brillait pas dans la subtilité, sa mère avait toujours eu un sens de l'humour tordu.
Elle aida Karli à s'asseoir à son tour, ne la lâchant pas pour autant.
Cette dernière baissa finalement les yeux sur leurs doigts entrelacés.

- Je le sens. dit-elle, hésitante. Ce truc qui est apparu entre nous avant qu'on ne quitte ton monde spirituel. Toi aussi ?

Lilith hocha la tête. Elle se concentra sur leurs mains quelques instants, et bientôt, le filin doré ne tarda pas à réapparaître autour d'elles.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Le lien entre nos deux âmes..., Lilith se sentit rougir. Je t'avoue que si c'était ce qui me paraissait le mieux pour te sauver, je ne sais pas comment le faire partir.

C'est alors qu'elle remarqua quelque chose de fascinant. Le visage de Karli resta impassible, mais ses oreilles elles s'empourprèrent.

- Peu importe. Tu m'as sauvé la vie. Encore.

Ce dernier mot sembla être une grande source de mécontentement pour la super soldate. Mais cela ne fit que sourire Lilith d'avantage.
Karli à son tour ne tarda pas à reprendre ses habitudes et elle se releva complètement, grimaçant sous la douleur.

- Où est-ce qu'on est ?

- Cette fois j'en ai strictement aucune idée. avoua Lilith.

Karli fronça des sourcils, visiblement, elle trouvait cette pièce aussi suspecte que Lilith. Elle se dirigea vers la porte et colla son oreille contre celle-ci avant de s'agenouiller en bas pour inspecter son interstices.

- Il y a quelqu'un devant la porte.

- Peut-être que c'est un médecin ? suggéra Lilith, sans trop y croire.

Karli laissa échapper un rire froid plein de cynisme.

- C'est surtout certainement quelqu'un qu'est là pour me faire la peau dès que je me réveillerai. 

- Non. réfuta Lilith. Sam m'a promis qu'il nous garderait en sécurité.

- Et tu fais confiance à Captain America ? ironisa Karli.

- À lui non. Mais James lui fait confiance, alors moi aussi.

Karli poussa un soupir excédé. Elle marmonna un "les joies du mariage..." tout aussi désabusé.

- Bon princesse, on va passer un accord. J'essaie d'ouvrir cette porte, et si elle est fermée ça veut dire qu'on en a après nous.

- C'est complètement idiot comme conclusion.

- Prudence est mère de sûreté. réfuta Karli. Mais si tu veux je leur donne le bénéfice du doute. Par contre, s'ils portent leur arme sur nous ça veut dire que tes petits amis n'ont rien pu pour nous et qu'on est en territoire ennemi.

Lilith frissonna à cette idée. Elle était incapable d'affronter qui que ce soit sans son grimoire ou au moins quelques jarres magiques et sortilèges qu'elle aurait préparé au préalable. Karli dû remarquer son malaise puisqu'elle posa alors sa main contre la sienne, faisant réapparaître le lien doré.

- T'en fais pas. J'essaierai de garder autant que je peux ma sauveuse en sécurité. Je te dois bien ça.

Lilith ne répondit rien. Parce qu'elle ne savait pas si l'intense sentiment de sécurité qu'elle ressentait à cet instant était dû à leur lien ou non. Karli ne s'en préoccupa pas. Elle se dirigea de nouveau vers la porte et posa sa main sur la poignée. Elle tenta de l'ouvrir avec lenteur mais la portière résista. Sans rien dire elle se tourna vers Lilith pour lui lancer un regard éloquent l'air de lui signifier "je t'avais bien dit.". Cette fois Lilith n'eut aucun temps pour ajouter quoi que ce soit avant qu'elle ne défonce la porte d'un coup de pied.
La lumière intense du couloir les éblouit toutes les deux. Lilith ne parvint pas à distinguer le soldat qui leur cria brusquement de rentrer dans leur cellule. Cette fois le frisson que Lilith ressentit n'avait plus rien d'un pressentiment. Elles étaient bien enfermées "en territoire ennemi", comme l'avait appelé Karli. Heureusement pour elle, celle-ci fut bien plus rapide à réagir. Lilith commençait à peine à distinguer l'arme qu'ils pointaient sur elles que Karli l'avait déjà mis à terre d'un coup de poing.

De nouveau, Lilith ne put qu'entendre les nouvelles personnes qui débarquèrent à l'autre bout du couloir dans lequel elles se trouvaient avant que Karli lui attrape la main pour l'emmener du côté opposé.

- Prends ton temps surtout ! s'écria-t-elle alors qu'elle changeait déjà de direction. 

- Excuse moi, t'empêcher de mourir a un peu aspirer toute mon énergie là !

- Et si t'as un sort pour nous téléporter loin d'ici je serais preneuse !

- Je ne peux pas ! La magie nécessite forcément des runes, et je suis pas certaine que ceux qui nous poursuivent me laissent le temps de les dessiner !

Karli poussa un juron alors qu'elles tournaient au détour d'un couloir. Elles entendaient vaguement de l'agitation derrière elles. Pourtant, ni Lilith, ni Karli ne purent s'empêcher de s'arrêter un instant pour contempler avec surprise la pièce dans laquelle elle venait d'arriver. 

- Mais où est-ce qu'on est encore ? maugréa Karli.

Lilith partageait cette fois son sentiment. Elle était persuadée qu'elles étaient enfermées dans un complexe scientifique ou une de ces prisons high-tech du gouvernement. Pourtant, le salon dérangé dans lequel elle venait de débarquer semblait prouver le contraire. L'immense télé affichait une image en pause d'un dessin-animé qui dit vaguement quelque chose à Lilith, l'histoire d'une princesse des neiges ou quelque chose comme ça. De grandes fenêtres aux murs lui permettaient de distinguer qu'elles se trouvaient au milieu de nul part. 

Néanmoins, leurs poursuivants ne tardèrent pas à se rappeler à eux. Lilith fut la première à les entendre de l'autre côté du couloir d'où elles étaient arrivées. Cette fois ce fut elle qui tira Karli vers la première porte ouverte qu'elle trouva avant de fermer cette dernière d'un grand coup. Karli comme Lilith restèrent collé à la porte, tentant du mieux qu'elle pouvait de savoir si les soldats passaient leur chemin ou pas. Quand enfin le son de leur pas s'éloigna, Lilith comme Karli s'autorisèrent un soupir de soulagement. Soulagement qui ne sut durer. 

- Heu... salut ?

Lilith poussa un cri de surprise en se retournant d'un bond tandis que Karli se redressait d'un coup, prête à affronter quiconque se trouverait sur leur chemin. Néanmoins l'angoisse de Lilith retomba bien rapidement lorsqu'elle découvrit qui était vraiment ce quelqu'un. Il s'agissait d'un garçon qui devait avoir quelques années seulement de moins qu'elle. Karli et Lilith l'avait visiblement interrompu alors qu'il se faisait un sandwich dans ce qui paraissait être une immense cuisine. 

- Bon sang ! On peut pas faire trois pas sans tomber sur quelqu'un ici !? bougonna Karli. 

Elle non plus ne semblait pas considérer le garçon comme une menace. Mais la tension de Lilith n'était pas tout à fait retombée. Son indéfectible intuition lui indiquait qu'il était bien plus dangereux qu'il ne le laissait paraître. 

- Désolé..., mais j'avoue que c'est plutôt vous qui débarquez de nul part là. bredouilla le garçon. 

- T'es qui d'abord ? Et on est où ?! s'exclama Karli. 

- Je m'appel Peter Parker, et on est au complexe Avengers. répondit le dénommé Peter, plus que dubitatif. 

Lilith et Karli échangèrent un regard alors qu'elle esquissait un grand sourire victorieux. 

- Tu vois, je t'avais dit qu'on était pas en territoire ennemi. railla Lilith.

- Ah ouais ? Et tu fais quoi des gars qu'ont pointé leurs armes sur nous toute à l'heure ?! 

Lilith s'apprêtait à répliquer, mais Peter fut plus rapide. 

- Attendez un peu ? C'est vous l'amie de Mr Barnes ?! C'est à cause de vous que tous ces gars du gouvernement ont envahis le complexe ? 

- Tu connais James ? demanda immédiatement Lilith. Tu sais où il se trouve ?!

Peter esquissa une grimace et se passa la main derrière la nuque, visiblement mal à l'aise. 

- On se connait un peu malgré nous..., soupira-t-il, avant de bien vite changer de sujet. Aux dernières nouvelles Sam l'avait envoyé dormir mais je pense plutôt qu'il est dans les salles d'entraînements.

- Et tu pense que tu pourrais nous amener à lui ?

Peter pinça des lèvres. Il n'avait pas trop l'air de savoir quoi faire. Tout cela agaçait Lilith au plus haut point. Elle peinait à comprendre tout ce qu'il se passait, et elle n'aimait pas du tout ça. Sans son grimoire elle se sentait bien trop vulnérable.
Finalement le destin décida à leur place. La porte s'ouvrit d'un coup pour laisser apparaître les deux militaires qui gardaient la chambre de Karli et Lilith plus tôt. Lilith émit un bond en arrière, plus paniquée que jamais. Mais Karli fut bien plus réfléchie qu'elle.
Enfin réfléchie...

Elle arriva vers Peter en à peine deux enjambées, attrapa un grand couteau de cuisine par la même occasion, et bientôt, et avait la lame de celui-ci placée contre sa gorge.

- Plus un geste ! s'écria-t-elle à l'égard des militaires. Ou je l'égorge !

Elle fit signe à Lilith de la rejoindre de l'autre côté de la cuisine.

- Tu crois vraiment que c'est comme ça qu'on va améliorer notre situation ?! s'exclama Lilith, la rejoignant malgré tout.

Elle jeta un coup d'œil paniqué au pauvre Peter. Qu'elle ne fut pas sa surprise de réaliser qu'il ne semblait pas le moins du monde stressé par l'idée que Karli puisse à tout moment lui trancher la gorge.
Il était définitivement plus fort qu'il n'y paraissait...

Les militaires quant à eux ne semblaient plus savoir quoi faire. Si ce que Peter leur avait dit était vrai il ne devait pas se trouver sur leur terrain à eux, ils ne connaissaient personne ici, cela pouvait tourner à leur avantage.

- Je le répéterai pas deux fois ! Insista Karli. Sortez immédiatement de cette cuisine si vous ne voulez pas avoir le sang de ce gamin sur les mains !

Peter roula des yeux à l'entente du mot "gamin". Non, il n'était définitivement pas angoissé par la tournure que prenait cette situation. Lilith craignait le pire s'il se mettait à répliquer contre Karli, elle n'avait pas envie que leur fuite se transforme en bain de sang.

Heureusement pour eux tous, les militaires décidèrent d'obtempérer. Ils sortirent à reculons de la pièce, les gardant en joue de leur arme malgré tout.

- Guide nous à la sortie. persiffla Karli.

- Mais... et James ? bredouilla Lilith.

- Je me fiche de ton fiancé princesse. Va le retrouver si tu veux. Mais je pourrirais pas dans une planque de super-héros.

Lilith sentit son cœur se serrer à cette simple pensée. Non, ce n'était pas vraiment son cœur. C'était sa magie qui la faisait ressentir cela. Au même instant, le lien doré réapparu.

- Je ne crois pas qu'on puisse se séparer tant que ce truc est encore là.

Cette fois les oreilles comme le visage de Karli devint rouge, mais cela n'avait plus rien à voir avec de la gêne. Elle était furieuse. Elle ouvrit la bouche, très certainement pour insulter Lilith de tous les noms. Mais elle n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot.

- Qu'est-ce qui se passe ici ?!

Cette fois ce fut un ô combien long soupir de soulagement que Lilith poussa lorsqu'elle découvrit Sam arriver vers eux. Soulagement qui fut de courte durée lorsqu'elle réalisa qu'il était encore plus furieux que Karli, lorsqu'il découvrit leur trio dans de si étranges circonstances.
Ce fut à son tour de pousser un long soupir, mais bien plus dépité.

- Merci les filles, vous venez de ruiner des jours de négociations avec le gouvernement...

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