SOL D'ÉTOILES | unique partie.

LES ASTRES se reflétaient sur le sol, comme si le goudron n'était qu'un pâle reflet de l'univers. Aimée était là, le regard dans le vide, les jambes au dessus de la Seine. Paris la nuit était tranquille, plus aucun chat dans les rues, plus aucune voiture, juste l'odeur de la pluie et de la cigarette de la brune. Tout n'était que chaos et autodestruction dans son esprit, elle vivait avec sa douleur, son absurdité et sa folie. Elle devait atteindre les hauteurs, comme si les hautes lumières allaient l'accueillir en haut des ponts des paradis perdus. Parce que sa vie n'était qu'un simple ramassis de conneries toutes plus insupportables les unes que les autres.

Au loin il y avait Théodore, son regard charmant, son téléphone à la main et ses écouteurs dans les oreilles, il marchait comme si rien ne l'importait sur ce sol illuminé par le ciel ou simplement les réverbères parisiens. Et plus loin il l'aperçu, ses cheveux bruns courts, sa cigarettes aux lèvres, ses doigts fins, comme si elle était l'allégorie de la beauté et du spleen. Elle semblait perdue, presque désespérée. Alors il s'assit à ses côtés, ne décochant aucun mot, l'odeur du mouillé, de la pluie, de l'orage, de la nuit, lui montait à la tête, il était complètement empêtré dans ses maudites pensées quand il s'aperçut qu'elle venait de bouger, comme pour lui échapper. Son mégot de cigarette à la main elle le remis dans son paquet de blonde, pour ne pas polluer sans aucuns doutes. Il ne lui demandait rien, se relevant lui aussi, si elle devait lui parler, il aimerait qu'elle commence avant lui avec entrain et passion
Comme si Théodore avait envie de tout découvrir de la brune sans jamais n'ouvrir la bouche.

Aimée plongeait ses yeux dans ceux de Théodore. L'interrogeant du regard. Que lui voulait-il ? Elle se retournait puis partit toujours sans un seul mot. Et enfin le jeune homme la lâchait. La jeune femme sentit comme une sensation de solitude bien plus forte qu'avant, comme si cet homme l'avait accompagné dans la vie, comme si ils se connaissaient depuis beaucoup d'années. Aimée sentit une présence derrière elle, elle se tournait et se retrouva nez à nez avec l'inconnu. Il lui prit la main et l'emmena là où les étoiles étaient encore plus reflétées dans le sol, comme si la moquette était étoilée. Aimée se laissait faire, cette homme dégageait quelque chose de rassurant.

Théodore et Aimée se retrouvaient devant un immeuble haussmannien du septième arrondissement, il fit le code d'entrée et la porte s'ouvrit, puis il repris la main de sa belle d'une nuit. Les marchés d'escaliers défilaient sous leurs yeux, les jambes d'Aimée se firent plus lourdes, elle se mit à ralentir, mais en parfait gentleman, Théodore la prit sur son dos, gravissant les étages comme on gravit les différentes étapes de l'insomnie. Les deux se retrouvèrent devant la porte du plafond. Comme sur presque tout les immeubles parisiens on pouvait aller sur le toit, alors le jeune homme poussa la porte, l'ouvrant à la volée, emportant avec lui ses rêves et Aimée.

Ils se retrouvèrent face au ciel, rien n'était plus plaisant que d'apercevoir les immeubles plongeaient dans l'obscurité, voir Paris la nuit, le pont Mirabeau, le Sacré-Cœur, la Tour Eiffel, et surtout l'arc de triomphe, tout était éclairé, d'une lumière douce n'agressant pas les yeux ni les rêves. Les yeux grands ouverts, Aimée se retournait vers Théodore et dans un geste fou se blottit contre son torse. Il n'y avait rien de plus beau que deux âmes plongeant leurs yeux l'un de l'autre comme deux miroirs reflétant l'éternité. Comme si les vocalises des plus grandes chorales mondiales les entouraient. Les deux étaient si purs, si détruits et si mal en point qu'ils en oubliaient leurs anonymat. Comme si ce soir ils avaient décidé de porter des masques semblables au sans-visages du voyage de Chihiro. Comme si ils cachaient en eux un monstre comme Eren. Mais il n'y avait rien d'extraordinaire.

Leurs regards plongeaient dans les étoiles sur le sol, la lune était verte, c'est ce que se disait Aimée, comme si il n'y avait rien de plus beau que le ciel reflétant la pollution parisienne, puis elle se reconcentrait sur le sol, comme si c'était un sol d'étoiles. Les astres brillaient et observaient les deux jeunes. Ils se cherchaient, mais rien n'allait les faire s'avancer l'un vers l'autre. Les yeux de Théodore se posèrent sur le visage de la jeune femme, des yeux tristes, de nombreuses mèches servant de barricade à son âme, à son cœur, une bouche maquillée de bordeaux, et surtout une petite cicatrice sous l'oeil droit, comme si elle avait vécu les pires situations données par la vie. Elle était belle sous la pleine lune. Comme si toutes ses lésions disparaissaient, Théodore lui releva la tête et l'embrassait, ardemment comme si il ne pouvait s'en empêcher. Obsédé par elle, il ne l'avait rencontre qu'une petite heure auparavant.

Le baiser prit une ampleur exigée. Passionnant, presque impersonnel tout de même. Juste pour oublier tout ce qui faisaient de, deux personnes brisées à tout jamais par la vie. Jamais ils ne remettraient leur cœur entre les mains d'un inconnu et pourtant c'est ce qu'ils étaient en train de faire, brisant leur masque à petit feu. Et les flammes ardentes de l'amour étaient désormais éprises de leurs âmes meurtries. Les mains d'Aimée s'accrochèrent désespérément à la nuque du jeune homme, comme si dans un souffle monstrueux le vent allait l'emporter loin d'elle. Alors elle fit valser sa langue avec cette de Théodore, pour prolonger ce baiser comme on prolonge un brin d'éternité.

Les deux amants d'une nuit durent se séparer par manque d'air. Mais la proximité entre leur corps ne désemplissait pas. A minuit et demi, seuls sur un toit, ils se mirent à repenser à la veille. Aimée à ses malheurs, Théodore à sa séance de studio. Les deux étaient plongés dans leurs pensées, dans les bras l'un de l'autre. Puis la pluie se mit à tomber, d'abord doucement puis des trombes d'eau s'écrasèrent sur la ville des amoureux. Les deux se mirent à courir, avec les réverbères la pluie semblait d'or et de lumière. Les pas s'accélèrent dans les couloirs de l'immeuble réveillant les voisins, faisant hurler le chien d'un appartement du premier étage. Comme si ils étaient retombés en enfance, ils se mirent à rire comme deux enfants perdus dans l'ignorance et la naïveté.

Triste est la note, comme si l'air du temps ne voulait pas s'arrêter plongeant leurs âmes dans le feu d'Hadès. Théodore prit la main de la jeune femme l'emmenant avec lui dans les dédales de rues mouillées de la belle capitale en ce soir d'hiver. Il faisait froid mais c'est comme si rien ne pouvait toucher les deux jeunes gens. Il emmena Aimée dans un parc de Paris, mais le grand portail en fonte était fermé, alors il se mit à escalader la clôture rapidement suivit de son amante d'une nuit. Il lui prit la main et la traîna sous un beau kiosque de musique au milieu du parc juste en face de l'étang qui l'habitait où se reposait bon nombre
de canards et d'oiseaux d'eau. Ils s'assirent là, en silence comme depuis le début de la soirée. Et encore une fois s'embrassèrent, cette fois ci, le baiser prit une teinte fougueuse, presque charnelle. Ils s'assemblaient, mêlant leurs langues ensemble, comme si en quelques instants tout pouvait disparaître dans un éclat de fumée et de lumière paradisiaque, un blanc immaculé qui éblouirait un aveugle.

Aimée essayait de s'échapper, mais son cœur lui hurlait de rester. La jeune femme se blottit dans les bras de Théodore, elle ne devait plus réfléchir, elle devait juste faire ce qu'elle avait envie, alors elle lui prit le bras et le tirait vers le métro, à cet heure là il y en avait encore un, qui irait à république, Les deux amants d'une nuit entrèrent dans la bouche de métro et fraudèrent, manque de moyens, mais la nuit, les contrôleurs n'étaient pas de sortie. Au loin ils virent la rame arriver, ils entrèrent dans le wagon et s'assirent l'un à côté de l'autre.
Les deux ne s'échangèrent que leur prénom, depuis le début de la nuit ils n'étaient que des inconnus, désormais ils étaient bien plus que cela.

Aimée sortit à république, traînant par la main le jeune homme, elle l'embrassait doucement et le tirait à travers les dédales des rues parisiennes, qu'elle connaissait par cœur depuis le temps. Elle évitait les rues risquées, pour ne pas rencontrer d'éléments perturbateurs. Théodore la suivait, comme si il suivait l'allégorie de la beauté, parce que ses cheveux bruns le hantaient, ses yeux bleu-vert étaient hypnotisant, Aimée était belle, magnifique même, mais il y avait quelque chose qui le retenait à la raison, peut être la lueur triste dans son regard, le terne de ses yeux, ou même les cernes intensément violette qui ornaient son visage. Oui, elle était tout simplement ravissante mais elle n'était pas abordable, Théodore savait qu'il ne tomberait jamais sous son charme, il l'embrasserait cette nuit mais l'oublierait le lendemain matin, à l'heure où le soleil cache les étoiles, ou la lune n'est qu'un pâle reflet dans le ciel et où les oiseaux des parcs se mettent à chanter.

Il arrivèrent dans une rues, ou le sol mouillé reflétait leurs silhouettes. A l'heure où les chauves souris attaquaient n'importe quel insecte, ou la lune miroitait dans l'eau. Les mots doux de la jeune femme pour se sombre spectacle était clairs et magnifiques, rien n'était plus beau que ce qui s'offrait à leurs yeux. Les nuages noirs avaient laissé place à un ciel étoilé dégagé. Leurs mains se lièrent ensemble, comme pour profiter du tableau qui s'offrait à eux, devant leurs yeux, plongé dans les astres. Les constellations sifflantes, les étoiles séductrices, les nuages dispersaient et les âmes éblouies, tout était beau.

Théodore le savait, plus l'heure passait, plus ses chances de rester aux côtés d'Aimée s'amincissaient, mais il voulait quand même être la, lui tenant la main, lui embrassant chastement ses cheveux à l'odeur d'oranger. Oui, il voulait rester avec elle pour l'éternité. Quand deux corps se perdent dans l'incertitude, ou même dans la solitude, ils explosent sous un flot de sentiments débordants de toute part. Aimée plongeait ses yeux dans ceux de son amant d'une nuit, se faisant souffrir par ce geste, puis elle l'embrassait, comme elle ne l'avait jamais embrassé encore. Tout n'était que passion, amour et désir, acharnement et dérive.

  

Puis l'orage frappa, la pluie se mit à tomber de plus belle, la foudre frappait les cœurs des deux solitaires. Mais un éclair passa et il furent contraints de se séparer dans un dernier baiser passionné. Théodore fut le premier à partir, s'en jamais se retourner, toute la vie d'un homme n'est qu'une succession de moment, puis Aimée tournait les talons, rentrait chez elle désormais, baissant la tête vers le sol d'étoiles.

   

    
-dybalia.
SOL D'ÉTOILES, 2019.
(aparté poétique).
Inspiration : sol d'étoiles - lord esperanza.

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