Chapitre 15-Matt
Tandis que le soleil disparaît derrière les nuages, j'avance dans cette allée sombre. Aucun son ne provient de cet endroit, le rendant encore plus sinistre. Levant les yeux, je regarde tout autour du cimetière, sans m'attarder sur les quelques personnes encore présentes. Je parcours ces pierres tombales anciennes et délabrées sans plus de sentiments. Je sais exactement où je dois me rendre. Mes yeux s'arrêtent dessus et ma poitrine s'enflamme. Cette douleur persistante reste comme au premier jour, seules les idées noires qui l'accompagnaient ont disparu. Mon regard s'attarde sur les quelques fleurs présentes, aucune n'est mal au point. Henry passe assez régulièrement pour pouvoir garder l'endroit en état. Un sourire en coin, je mets un genou à terre. Une rose blanche à la main, je la dépose délicatement.
– Salut, ma belle, c'est moi. Aujourd'hui, je suis venu en personne, tu vois ? Je te laisse cette rose, pour te montrer que je pense encore à toi. Je ne t'oublie pas, tu sais, même si ses derniers rêves sont durs. Tu me manques.
Je ferme les yeux, laissant les souvenirs d'Anastasia me bercer, conscient de la caresse insouciante du vent. Je sens un frisson glacé me parcourir le dos avant d'entendre un moteur vrombir et une portière de voiture claquer. Mes épaules s'affaissent et je rouvre les yeux.
– Matt, appelle la voix hésitante d'Henry derrière moi.
Je suppose qu'après qu'ils ne m'ont pas vu revenir, il est directement venu ici. Je me tourne vers lui, inutile de cacher mon désarroi, son visage est aussi triste que le mien. Beaucoup jugent inutile d'aller encore sur la tombe de son ex-petite amie, mais pas Henry ; entre nous on se comprend, on se soutient toujours. C'est bien plus qu'un coach ou même qu'un beau-père, notre lien est indestructible depuis le jour où il m'a pris sous son aile à mes quatorze ans. Un bras réconfortant dans le dos de l'autre, on quitte l'endroit ensemble.
– Une petite séance, ça te botte ?
J'acquiesce avec un sourire franc.
Dès que je passe la porte de la salle, une sensation de sérénité m'enveloppe. Plusieurs visages familiers viennent me serrer la main, contents de mon retour. Sans un mot, je me dirige vers mon vestiaire, souriant de voir toujours un survêtement plié et repassé qui m'attend sagement. Même à vingt piges, les attentions de ma mère sont toujours un plaisir. Je pose mon téléphone en constatant que Cass m'a adressé plus de six messages depuis sa photo. Pourtant je n'ai répondu à aucun d'eux. Ma raison me pousse à laisser couler alors que mes envies m'encouragent à défendre mon statut de célibataire pour qu'aucun malentendu ne soit possible. Un doux contraste dont je préfère ne pas me préoccuper pour le moment. J'enfile mon short et cours rejoindre Henry déjà positionné à m'attendre sur un simple tapis.
Mon adrénaline coule à flots, le sourire malicieux de mon coach me laisse comprendre qu'il réfléchit à plein régime pour tenter une saloperie.
Il relève ses deux pattes d'ours prêt à m'attaquer. Je le frappe directement d'un crochet gauche, puis avec toute ma puissance, d'un second de ma droite. Sous le choc, il recule de quelques pas.
– Hé bah ! Je vois que tu n'as pas tellement perdu, sourit-il.
– Et moi, je vois que tu te ramollis, me moqué-je.
— Ah tu crois ça ? réplique-t-il en me faisant signe de revenir.
Je secoue la tête, amusée avant de m'avancer vers lui.
L'entraînement dure bien plus longtemps que prévu, les sportifs qui au départ nous observaient ont tous quitté la salle.
Henry me lance une serviette, l'air content.
– Je vais pouvoir prendre une bonne douche, ce soir, il y a bien longtemps que je n'avais plus eu un adversaire aussi coriace.
Je me moquerais bien, mais un tel compliment venant de sa part est tellement rare que je préfère le savourer. Puis, je n'ai pas de quoi être fier, la transpiration dégouline de mon corps par tous les pores de ma peau. J'en ai bavé, mais naturellement jamais, je ne lui avouerais. J'essuie mon visage et m'empare d'une bouteille d'eau pour en boire la moitié et verser le reste sur ma tête.
– Bien, fiston, on a bien évacué, maintenant tu vas pouvoir m'expliquer ce qui te tracasse.
Il me jette un coup d'œil avant de saisir un banc et de le tirer vers lui.
Conscient qu'il m'a eut en beauté, j'essayais néanmoins de gagner du temps.
– Va te laver d'abord, je tiens à ma vie !
Un large sourire éclaire son visage.
– C'est déjà une bonne nouvelle ! Vingt minutes pour te pomponner et on se rejoint, hurle-t-il en se dirigeant vers les douches.
Dès qu'il quitte la pièce, mon sourire s'évanouit. Est-ce que je suis réellement prêt à me livrer pour prendre mes erreurs en pleine poire ?
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