Chapitre 6

PDV Nagisa Shiota :

Pourquoi faut-il que cela fasse ça toujours au mauvais moment ? La première chose que je vois après avoir repris mes esprits est le couteau ensanglanté que je tiens dans ma main droite. Merde ! Le corps de Takaoka est au sol, en train de se vider de son sang. Je lâche l'arme blanche et me dépêche de presser la plaie. Je n'y suis pas allé de main morte en plus, l'entaille est profonde. Je n'arriverai jamais à stopper le saignement avant qu'il ne crève. Putain, je ne veux pas aller en prison à cause d'un connard comme lui ! Karasuma se penche et m'éloigne du cadavre frais. Ma peau nue est tachée par le liquide carmin qui coule maintenant sur mes vêtements.

« Professeur je suis désolé, je ne voulais pas cela.

– Je sais Nagisa, tu m'avais prévenu. Bien que je ne sois pas censé approuver un tel comportement, je suis soulagé de savoir que Takaoka ne pourra plus faire le moindre mal à qui que ce soit.

– Qu'est-ce qui va se passer maintenant qu'il est mort, ne risquez-vous pas d'avoir des problèmes à cause de moi ?

– Ne t'en fais pas pour ça, je t'ai dit que je prendrai toute la responsabilité si quoi que ce soit arrivait. Je ne reviendrai pas sur ma parole. Je vais m'occuper de tout alors je vous demanderai à tous de regagner les vestiaires. Nagisa, tu me donneras les vêtements que tu portes en sortant s'il-te-plait. Je te fournirai une nouvelle tenue de sport pour le prochain cours. Et avant que je n'oublie, si vous avez besoin de parler de ce qui vient de se passer, ma porte est grande ouverte. Je ferai au mieux pour vous aider dans cette épreuve. »

Les élèves acquiescent, la tête grave. Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Et s'ils me détestaient tous ? Comme pour répondre à ma question, la classe entière me rejoint pour voir si tout va bien. Je suis alors bombardé de questions et de félicitations. Je sais que Takaoka avait l'air d'être la plus grosse des enflures sur terre, mais est-ce qu'un meurtre mérite vraiment des félicitations ? J'en doute. Le groupe semble voir que je ne suis pas à l'aise et s'interpose face aux autres. Très vite, la foule se dissipe, ne laissant que mes amis, Maehara, Isogai et Kanzaki.

« Est-ce que tout va bien Nagisa ?

– Oui, merci Isogai.

– Je sais que ça peut paraître déplacé, mais merci Nagisa. Merci d'avoir accepté de le combattre alors que tu avais bien plus à perdre qu'à gagner. J'ai une dette envers toi.

– Bien sûr que non Kanzaki, tu ne me dois rien, et toi non plus Maehara. J'ai accepté parce que je ne me voyais pas laisser une telle raclure faire sa loi durant tout le reste de l'année. Mais j'avoue que ça m'a mis en rogne de le voir s'en prendre à vous comme ça. Les gens qui se croient tout permis m'insupportent profondément.

– Mais même si tu nous dis qu'on ne te doit rien, on le ressent quand même. Merci beaucoup Nagisa. Mais on devrait bouger de là avant que Karasuma-sensei ne nous vire de façon plus virulente. Je sens encore le coup de tout à l'heure pour me faire malmener une nouvelle fois.

– Tu dis ça comme si Karasuma nous faisait la même chose que ce porc, réplique Rio. »

C'est ainsi que le groupe partit pour les vestiaires. Oh putain les vestiaires ! Il va falloir que je me change... De base je pensais garder le tee-shirt pour éviter que mes bleus soient exposés, mais je dois le donner au prof donc ça veut dire qu'il faut que je trouve une stratégie. Je pourrais peut-être me changer dans les toilettes. Après tout, je suis couvert de sang donc ça n'étonnerait pas les autres que j'y aille pour profiter du lavabo pour me nettoyer. Allez, ça va passer crème ! On entre dans le local et je prends mes affaires avant de me diriger vers mon objet de convoitise. Personne ne semble y faire attention alors je m'enferme dans la cabine. Et j'ai bien fait parce qu'après avoir retiré mon haut, je me rends compte qu'on ne peut que voir les ecchymoses qui parsèment mon corps.

10 minutes plus tard, me voilà enfin débarbouillé et dans mon uniforme. Je sors et remarque qu'il ne reste plus que Karma, Sugino, Rio, Terasaka et Itona. Je les ai faits si attendre que ça ? On s'extirpe de la bâtisse et rejoignons Rio avant de prendre le chemin de la pente. Il y a comme une tension dans l'air. Je sens déjà les questions arriver... Et j'avais raison !

« Vu qu'il n'y a plus que nous à présent, tu vas enfin pouvoir nous dire pourquoi tu n'étais pas là.

– Et c'est reparti.

– Mais tu avais dit que tu nous dirais tout à l'heure quand on serait seul, dit Rio d'une voix boudeuse.

– Je n'ai jamais dit ça ! J'ai dit que je vous en parlerai peut-être plus tard, nuance. Mais je suppose que vous ne me lâcherez pas du trajet si je ne vends pas la mèche. Si j'étais absent c'est parce que ma mère a... Disparu.

– Comment ça, disparu ? Genre elle était là et pouf, plus rien ?

– T'es trop con Terasaka putain. J'espère pour toi que c'était une tentative d'humour sinon il va sérieusement falloir aller consulter pour te trouver un nouveau cerveau.

– Mais a-t-il seulement un cerveau ? Si vous voulez mon avis, non.

– Mais ne t'y mets pas toi aussi Karma.

– Détends-toi Sugino, on a le droit de rire.

– Mais ce n'est pas le moment !

– Ça va aller Sugino, je vois pourquoi les gars font ça. Je suppose que vous avez compris maintenant pourquoi je ne voulais pas en parler tout à l'heure. J'aimerai éviter que l'info se répande. Mais oui, j'ai attendu presque toute la matinée que son travail m'appelle pour savoir si elle s'y était présentée, et après j'ai dû aller au commissariat. J'avais pas trop le morale pour supporter toute une aprem de cours donc je suis retourné un peu à la maison avant de venir ici.

– Je suis désolé Nagisa, ça doit être tellement dur comme situation. Ils ont déjà commencé leur enquête ?

– Ne t'inquiète pas Rio, ça va aller. Et non, l'officier m'a juste dit d'attendre une semaine à la maison pour voir si elle allait revenir. Je suppose que les recherches ne commenceront que la semaine prochaine.

– Mais c'est du grand n'importe quoi ! »

Tout le monde s'indigne de la situation, soucieux de savoir si je vais m'en sortir seul à la maison. Je leur réponds que ça va aller et qu'avec un peu de chance elle réapparaîtra d'elle-même, mais ils ne semblaient pas convaincus. Parfois, mon jeu d'acteur est trop bon pour mon propre bien. Je déteste leur mentir comme ça, mais j'ai moins de chance de me faire prendre si je suis le seul au courant de la vérité. Et comment je pourrais justifier ce meurtre si jamais ils le découvraient ? Je ne me vois pas leur raconter tous les abus que j'ai subi, c'est tellement honteux. Déjà que Karma sait vaguement que ça ne se passait pas hyper bien... Bref, les garder ignorants est le maître mot.

Après m'avoir encore demandé si je ne voulais pas qu'ils restent un peu avec moi le soir, on se sépare pour rentrer chacun chez nous. Karma et moi continuons notre conversation tandis que nous prenons la direction du métro.

« Mais je te dis que ça va aller, tu n'es pas obligé de rester avec moi à la maison.

– Je sais, mais je ne me vois pas te laisser tout seul chez toi comme ça.

– Toi tu restes bien seul chez toi quasiment toute l'année donc je ne vois pas en quoi c'est si différent.

– Mais moi je sais où sont mes parents et je suis toujours en contact avec eux. Toi, ta mère a disparu et personne ne sait si elle va refaire surface ou pas. Je vais rester avec toi au moins pour ce soir, la conversation est close. »

Je suis touché de voir que Karma tient à moi à ce point, mais je ne suis pas emballé par l'idée. En soi, j'ai rangé les derniers trucs qui trainaient en début d'après-midi et fait le ménage pour que la maison soit nickel, donc il n'y a rien pour m'incriminer. Mais comme je n'ai pas encore tout réglé, j'ai l'impression que je vais me faire chopper aussitôt qu'il sera rentré dans la maison. Je sais que c'est juste l'angoisse qui parle. Il n'y a aucune raison que Karma ne m'accuse de quoi que ce soit, encore moins qu'il n'aille fouiller partout dans la maison pour trouver des preuves de ma culpabilité. Il faut juste que je me détende. On va rentrer tranquillement à la maison, sûrement faire nos devoir avant de commander un truc à manger et de jouer à la DS avant d'aller se coucher.

Le trajet se passe dans le calme. La musique résonne dans nos oreilles tandis qu'on sort de la station. C'est un peu étrange de prendre la même route que lui quand d'habitude on se sépare ici. Une dizaine de minutes plus tard, nous voilà devant la porte. J'ouvre et nous nous déchaussons dans l'entrée. Le plus grand balance son sac au pied du canapé et hume l'air.

« Ça sent un peu la javel ici. »

Bien sûr que ça sent un peu la javel, je n'ai pas eu le temps de tout aérer comme il faut avant de partir à l'école. Mais je n'ai pas besoin de paniquer, Karma est persuadé que je suis maniaque et passe ma vie à tout ranger et nettoyer. Bon, c'est un peu vrai. Mais juste un petit peu. Et de base, je le suis parce que je n'avais pas le choix que de tenir tout le temps la maison ordonnée à cause de ma mère. Mais, je ne le fais pas si souvent que ça ! Enfin, je crois.

« Je sais, j'ai oublié d'ouvrir les fenêtres après avoir fait le ménage tout à l'heure. J'ai du mal à tenir en place depuis hier soir donc j'ai tout nettoyé de fond en comble pour me tenir occupé.

– Toi et ta manie du nettoyage.

– Je ne suis pas si maniaque que ça !

– Bien sûr que si. Dès que tu as un peu de temps libre, tu ranges tout, et ne parlons même pas de quand tu es stressé. Je suis persuadé que tu ferais une formidable femme de ménage dans le fut–... »

Avant même qu'il ne finisse sa phrase, je lui balance en pleine figure le coussin sur lequel je m'appuyais. Moi ? Une femme de ménage ? Non merci ! Je déteste devoir repasser derrière le bordel des autres. Je n'ai pas le temps de répliquer que, moi aussi, je me reçois l'oreiller dans la tronche. Et il se fout de ma gueule en prime ! On va voir si tu vas rire encore longtemps. On dirait que j'ai parlé à voix haute puisqu'un sourire carnassier se dessine sur son visage, comme pour me tenter d'essayer. Ai-je besoin de préciser qu'une bataille s'en est suivie ? Je ne suis pas sûr de qui a gagné, mais après cette longue journée, c'est ce qui a fini par m'achever. Je me suis endormi peu après qu'on ait décidé d'attaquer nos devoirs.

Pdv Karma Akabane :

J'observe le corps endormi de l'androgyne. Comment peut-il avoir une tête aussi mignonne alors qu'il a tué quelqu'un plus tôt dans la journée ? Je soupire alors que j'essaye de me concentrer sur mon exercice d'anglais. Je ne sais pas comment on va faire pour s'en sortir s'il décide de se mettre à tuer la moindre personne qui le contrarie. J'aimerai éviter que le gouvernement ne finisse par l'enfermer quelque part, ce ne serait vraiment pas pratique. Karasuma a dit qu'il prendrait toute la responsabilité de ce qu'il s'est passé pendant le cours de sport donc ça ira pour cette fois, mais rien ne garantit qu'il s'en sortira la fois suivante. Mais y aura-t-il seulement une fois suivante ? C'est très probable. Je doute que maintenant que ses talents d'assassinat soient enfin mis à disposition, ils se terrent sagement dans l'ombre. Mais ne serait-il pas capable de se contrôler si c'était un simple talent ? Si. Vivement que Lovro revienne pour nous éclaircir ! Avec une carrière comme la sienne, je pense qu'il sera le plus à même de nous aider.

Bon, il faut le reconnaître : je suis incapable de finir mes devoirs. L'état de Nagisa me préoccupe un peu trop pour ça. Je ne dirais pas que je me fais un sang d'encre, parce qu'on a encore de la marge avant d'en arriver là, mais je ne suis pas rassuré. J'ai eu pendant un moment le rêve de tuer un prof. Et si je n'ai pas été dégoûté de voir le plus petit réalisé ce dont je rêvais, je me rends maintenant pleinement compte de ce que cela implique. Au final, c'est peut être mieux que cela reste un simple fantasme dans un coin de ma tête. J'aurais trop la flemme de gérer ce qui s'ensuit. Entre le cadavre, les potentiels témoins, l'alibi etc, ce serait une vraie plaie. Je ne doute pas de ma réussite vu mon intelligence, je n'aurais juste pas envie d'y passer autant de temps, et ça, ça risquerait de me foutre dans la merde.

Je finis par sortir de mes pensées quand je sens le corps de mon meilleur ami bouger. Il a l'air de se réveiller. Une poignée de minutes plus tard, Nagisa ouvre les yeux. Et il n'a pas l'air très réveillé. Il se met à bailler tandis qu'il se replace en position assise. Il me regarde, l'air hagard.

« T'es toujours là toi ?

– Qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis "Je reste avec toi ce soir." ?

– Tout ? me demande-t-il avec un sourire en coin.

– Tu me fatigues, en plus t'as fait aucun de tes devoirs pour demain.

– Pas grave, Koro-sensei comprendra. Il est quelle heure ? J'ai grave faim.

– 19h 15, lui répondis-je après un rapide coup d'œil sur l'horloge murale.

– Sushi ?

– Sushi. »

PDV Nagisa Shiota :

Je suis heureux de m'être réveillé pour manger. De base je voulais me rendormir, mais mon estomac en a décidé autrement. Et ce n'est pas plus mal. On a regardé une émission un peu débile à la télé pendant le repas, puis on a discuté calmement avant que ma fatigue ne me rattrape. Je n'ai pas envie de laisser Karma « tout seul » alors qu'il a déjà passé la fin d'après-midi à se faire dormir dessus, mais je ne tiens plus. Je lui montre la chambre d'ami où il va dormir et lui dit qu'il peut continuer à traîner dans le salon et se servir dans le frigo si jamais il a un petit creux, tant qu'il range son bazar. Après cela, je prends congé et me rends à la salle de bain. J'enfile rapidement mon pyjama, puis me brosse les dents et défait mes couettes. Ça y est, je suis enfin prêt ! Je retourne à ma chambre et mets mon portable à charger avant de me glisser sous les draps. Une bonne nuit de sommeil, et demain on est reparti.

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Hey les gens ! On se retrouve ce dimanche avec un chapitre de 2524 mots que j'ai eu un peu de mal à pondre. C'est très ironique car quand j'ai lu le NDA du chapitre 6 de la V1, j'avais aussi eu ce problème à l'époque. Mais c'est bien le seul point commun puisque pour tout le reste, on dérive sur quelque chose qui n'a quasiment rien à voir. Entre le chapitre 5 et celui là, on commence à dériver doucement, mais sûrement de la V1. Ce chapitre était tranquille, donc plus court, mais ne vous habituez pas à cela. Je vous réserve des surprises pour dimanche prochain. Sur ce,

Kiss les gens <3

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