Chapitre 38

PDV Karma Akabane :

« Je ne vois pas de quoi tu parles.

– Mais bien sûr, et à d'autres, répond le plus petit en partant dans le dressing.

– Pourquoi tu ne me crois pas Na-chan ?

– Parce que tu mens très mal à cette heure-ci. »

N'importe quoi ! Et ce n'est pas de ma faute s'il se pavane comme ça. Il est beaucoup trop mignon pour son propre bien, et le pire, c'est qu'il ne s'en rend même pas compte. Je soupire avant de me masser les tempes. La soirée est loin de s'être passée comme je le souhaitais, mais il n'y a eu aucun incident. Allez, plus que quelques jours à tenir et ce sera terminé. Je crois que je n'ai jamais eu aussi hâte que mes parents s'en aillent depuis qu'ils m'ont laissé là. Et comme si mon androgyne avait pressenti que je recommençais à broyer du noir, il réapparaît dans la chambre, avec mon tee-shirt Sonic Ninja et ses cheveux détachés. Je sens mes oreilles chauffer quand je remarque à quel point il a l'air encore plus petit dans mes vêtements.

Le haut lui arrive à mi-cuisse et le col baille, ce qui laisse entrevoir ses clavicules. Je vois bien que depuis qu'il est ici, il a pris un peu de muscle, mais il reste encore frêle par rapport aux autres. Comment peut-il être encore plus à croquer alors qu'il a une couche de plus pour le recouvrir ? Il va finir par me rendre fou un jour. Je l'attrape par le poignet, puis l'attire sur mes genoux. Il lâche un petit cri de surprise avant de me regarder, hébété.

« Tu es un véritable appel au péché ce soir, lui dis-je en embrassant son cou.

– Ecoute Karma, je sais que tu es énervé, que tes hormones te travaillent et que tu as besoin de te défouler, mais je ne suis pas une balle anti-stress.

– Non, mes hormones ne me travaillent pas, merci bien ! Et ce serait juste une petite morsure de rien du tout, promis personne ne la remarquera.

– Je te connais et on sait tous les 2 que c'est un mensonge. Maintenant lâche-moi qu'on aille se coucher s'il-te-plaît.

– Allez Na-chan, juste une toute petite riquiqui, le suppliai-je avec ma moue la plus mignonne.

– Non c'est non. Et si tu continues, je retourne dormir dans ma chambre.

– Tu n'es vraiment pas drôle.

– Et ça, c'est ce qu'on appelle se répéter mon cher, me chuchote le bleuté avant de m'embrasser au coin des lèvres. »

Il a toujours le dernier mot, c'est injuste. Moi aussi j'aimerai bien lui clouer le bec comme ça, mais non, à chaque fois il a un contre argument. Pourtant c'est moi qui suis censé être le plus intelligent de nous 2. Est-ce que c'est l'amour qui me rend con ou c'est moi qui ne veux pas argumenter avec lui ? Sûrement un peu des 2. Vaincu, je me glisse sous les draps tandis que mon androgyne éteint la lumière. Il vient à son tour se coucher, puis prend ma main pour l'enrouler autour de sa taille. Au moins j'ai le droit d'être la grande cuillère.

PDV Nagisa Shiota :

Bon, il faut que je note : mettre son tee-shirt lui fait de l'effet. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou non, mais ça me paraît important de le souligner. Cette soirée était plus agitée que prévu, mais on s'en est sorti donc c'est l'essentiel. J'ai hâte que ses parents s'en aillent parce que même s'ils ont l'air accueillant, je n'aime pas du tout leur mentalité. D'ailleurs, ça me fait penser qu'il faudra que je prévienne mon père que je ne viendrais pas ce weekend. Hors de question que je laisse Karma tout seul avec eux. Ça pourrait mal se finir, et je n'ai ni envie de devoir consoler le plus grand ni de devoir me débarrasser de 2 cadavres. Sans oublier que c'est vendredi soir que Lovro-san doit passer pour que je me « détende ». Ce ne sera pas l'idéal, mais ce n'est pas comme si j'avais l'embarras du choix. Si je continue d'attendre, scarification ou pas, ça va péter. Je le sens. Je le sais.

Et tant qu'on est lancé sur ce sujet, qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Avec tout ce qui s'est passé je n'ai pas eu le temps d'y penser ce midi, mais il faut que je comprenne pourquoi je n'ai aucun souvenir de ma matinée. Je n'ai pas eu de flashbacks, j'ai agi normalement de l'extérieur et je ne me rappelle même pas avoir fini bloqué dans mon esprit. Maintenant que j'ai pris du recul, je suis certain que ce n'était pas la soif de sang, ça ne colle pas. Mais alors qui ? Ne me dites pas que Cat et Deb ne m'ont pas écouté ! Mais peuvent-elles au moins prendre le contrôle du corps ? Si ça peut te rassurer, ce n'est pas nous. Même si on en a pas l'air, on tient tout autant à notre peau que toi. Vous m'excuserez, mais j'ai un peu de mal à vous croire. Je sais qu'on est les méchantes de service, et qu'on n'est pas forcément là pour ton bien mais il faut nous croire. On ne serait pas stupide au point de tous nous mettre en danger.

J'espère que vous avez des théories plausibles à me donner alors parce que pour le moment vous êtes ma meilleure piste. A vrai dire, on en a une oui. De base on ne comptait pas te le dire tout de suite vu que ce n'est pas marrant. Vous êtes vraiment l'incarnation même de la gentillesse. Pas besoin de nous flatter, on comptait déjà te le dire. Alors il se trouve que dans notre monde, une nouvelle pancarte est apparue sur une des portes. Et c'est le nom d'une nouvelle « personne » ? Non, mais il y a définitivement quelqu'un dedans. La pancarte indique « salle de contrôle », ce qui est vraiment étrange. Et vous pensez que cette personne serait capable de... Prendre ma place ? S'il n'y avait pas eu la soif de sang qui pouvait faire ça, je vous aurais trouvé ridicule. C'est la meilleure piste qu'on a pour l'instant donc il faudra s'en contenter.

Mais c'est surtout bizarre qu'une telle salle existe étant donné que nous n'avons pas besoin de ça pour se connecter à toi. C'est compliqué à expliquer, mais on est là sans vraiment l'être. On peut sentir ce qui se passe autour de toi sans pouvoir le voir au sens propre du terme. En même temps vous êtes moi donc ça me paraît logique que vous sachiez ce qui se passe aux alentours à un certain degré. Mais c'est sûr que ça doit être compliqué à expliquer. Et pour en revenir au sujet initial, vous pensez qu'il y aurait « quelqu'un » dans cette salle ? Dans l'immédiat, je ne pense pas. Par contre, on a entendu des bruits étouffés venant de là-bas dans la matinée. Donc vous seriez 3 maintenant. Enfin, 4 si on compte la soif de sang, mais je ne sais pas s'il existe au même titre que vous. On n'a pas plus d'information de notre côté donc c'est difficile de répondre. Mais je pense que c'est tout à fait possible, c'est juste que sa chambre ne nous est pas accessible. De mieux en mieux... Qui que cette « personne » soit, j'ose espérer qu'elle ne me compromette pas, le temps que Lucile reparte. Ce serait tout de même bien que je puisse découvrir qui s'est rapidement avant que ça ne devienne un problème.

PDV Karma Akabane :

Peu importe dans quelle position je suis ou à quoi je pense, impossible de fermer l'œil. Mes pensées reviennent sans arrêt à mes parents et ça commence à m'énerver. Je m'en serais bien passé, il faut que je sois en forme pour le cours de sport de demain matin. D'habitude je sèche quand je suis fatigué, mais je ne compte pas abandonner Nagisa. Le pauvre doit déjà être angoissé, je n'ai pas besoin de lui en rajouter une couche en n'étant pas présent. Est-ce qu'il dort d'ailleurs ? Sûrement pas vu comment je le sens bouger.

« Tu n'arrives pas à dormir à cause de demain matin ?

— Non, ce n'est pas ça. J'ai juste du mal à passer sur mon amnésie.

— C'est normal, ce n'est pas comme si c'était un truc normal. Tu veux que je te fasse des papouilles pour t'aider à t'endormir ?

— Non, pas ce soir. Et toi, pourquoi tu ne dors pas ? Il est déjà 2h du matin, dit-il après avoir jeté un coup d'œil au réveil.

— Mes parents...

— Est-ce que tu as du mal à leur faire tes adieux ?

— C'est plutôt que j'ai du mal à les encadrer. Je ne comprends pas ce qui se passe, je n'agis pas du tout comme ça avec eux en temps normal. Je voulais que ça se termine en bon termes, mais je ne suis pas certain de pouvoir y arriver.

— Karma, commence Nagisa en se tournant de mon côté, il faut parfois savoir quand arrêter de se bercer d'illusion. Je sais que tu veux que ça se finisse à l'amiable, mais je ne pense pas que ça peut bien se finir.

— Mais ce sont mes parents !

— Oui, et tu parles à quelqu'un qui a tué sa mère pour s'en débarrasser. Je sais que c'est compliqué d'écouter sa raison quand ton cœur te crie l'inverse, mais elle sait mieux que toi. Ce n'est pas dans ton caractère de laisser les gens faire ce qu'ils veulent de toi donc ça ne m'étonne pas que tu aies envie de les cogner. De toute façon, ils ne méritent ni ton attention, ni ton amour.

— Tu aurais presque l'air jaloux Na-chan, lui répondis-je avec un air espiègle.

— Ne sois pas ridicule. Pas besoin d'être jaloux quand personne ne peut menacer ta place. »

Il n'a pas tort. Même si j'avais des parents aimants, ce n'est pas comme s'ils pouvaient avoir la même place dans mon cœur. La famille, les amis et l'amour n'ont rien à voir entre eux. En plus, je suis prêt à lâcher ma vie actuelle pour le suivre donc ce n'est pas comme s'il avait une raison de se sentir en danger.

« C'est très présomptueux de ta part, tu sais ?

– Non puisque personne n'est intéressé par toi et que tu n'as d'yeux que pour moi. Tu as même constitué une expédition punitive pour te venger de cette idiote de Kayano alors que je ne t'avais rien demandé. C'était débile, mais c'est une preuve d'amour à sa façon.

– Ce n'est pas ce que tu disais lundi.

– J'étais en colère que vous m'ayez caché un truc pareil ! Tu ne vas quand même pas revenir là-dessus ?

– Non, je t'embête juste.

– Est-ce que tu te sens un peu mieux ?

– Je ne sais pas, mais on dit que la nuit porte conseil. »

Je suis certain que pour que je me sente mieux, il faut que j'arrive à me détacher de mes sentiments contradictoires et que je lâche prise. Mais est-ce que je suis prêt à faire cela ? Je ne pense pas. Ça fait des années que je me berce d'illusions et me voile la face par rapport à mes parents, et avoir d'un coup le retour de bâton fait plus mal que ce que je n'imaginais. D'un côté je veux continuer de vivre dans cette chimère qui est une sorte de cocon protecteur. Mais de l'autre, je ne peux empêcher mes envies de meurtres quand je les vois « attristés » qu'on ne passe pas beaucoup de temps réunis. C'est vrai que quand je prends un peu de recul, Nagisa a raison : ça ne peut pas bien se terminer. C'était même voué à l'échec depuis le début. Mais je ne veux pas me battre avec mes parents. Ça ne changera rien à la situation en plus de pouvoir m'attirer des problèmes. Ils pourraient très bien interdire à Nagisa de revenir à la maison, ou pire, m'envoyer dans une autre école pour me couper de mes amis. Ils en seraient capables vu leur égocentrisme. Parents de merde...

Qu'est-ce que j'aimerai avoir des parents comme la mère de Rei. Elle est toujours là pour lui quand il a un souci, s'inquiète de son bien-être – même si c'est parfois très excessif – et s'en occupe pour de vrai. Le père ne Na-chan n'est pas si mal dans son genre, mais ça n'a pas toujours été le cas. On a vraiment des parents pas ouf, que ce soit lui ou moi, c'est désespérant... Mais assez de broyer du noir ! J'aimerai vraiment dormir pour être au top pour le cours de sport.

« Tu comptes m'abandonner ? boude déjà le plus petit.

– Mais non, tu sais bien que je vais te faire des papouilles, et que tu vas t'endormir en 2 minutes.

– Je sais qu'elles sont magiques tes papouilles, mais je ne suis pas certain que ça va marcher cette fois.

– Il n'y a pas de raison pour donc viens-là. Et promis, je vais te suivre juste après.

– Si tu le dis... »

Pas besoin de me donner un challenge Na-chan, on sait tous que tu vas perdre à ce jeu. Je suis le maître absolu des papouilles donc bien sûr qu'en même pas 5 minutes il ira rejoindre les bras de Morphée. On se réinstalle en cuillère avant de m'atteler à la tâche. Et fait et dit, en 3 minutes à peine, j'entends sa respiration ralentir avant de devenir un léger ronflement. « Je ne suis pas certain que ça va marcher » de rien du tout ! C'est même si ce n'était pas encore plus rapide cette nuit. Alala, que vais-je bien faire de lui ? Je ne sais pas, mais maintenant il serait temps que pour moi aussi le marchand de sable passe. Même si je ne le fais jamais, je décide de mettre un bruit de fond blanc pour tenter de dormir. Et ça a l'air de fonctionner puisque je finis par basculer dans le monde des rêves.

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Hey les gens ! On se retrouve ce mercredi avec un chapitre de 2373 mots. Oui, encore un petit chapitre, mais je ne voulais pas attaquer la journée suivante dans celui-là donc tant pis. Sinon comme d'hab le scénario n'en fais qu'à sa tête, parce que c'est pas drôle de suivre le plan, mais promis je le vis bien. Au moment de la sortie du chapitre je serais à Paris pour un concert, mais j'ai réussi à tout bien préparer à l'avance pour que cette semaine ne saute pas. Vous avez vu, votre auteure préféré a pensé à tout ! J'espère juste que la correction sera acceptable vu que je n'ai fait d'un passage au lieu de 3, donc n'hésitez pas à me dire s'il faut que je repasse dessus ce week-end. Sur ce,

Kiss les gens <3

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