Chapitre 33
PDV Nagisa Shiota :
Je me réveille dans un sursaut, couvert de sueur. J'allume mon portable et vois qu'il n'est que 6h 30. Certain que je n'arriverai pas à me recoucher après cela, je décide d'aller prendre une douche pour me remettre les idées en place. Une fois dans la pièce, je me déshabille rapidement avant d'entrer dans la douche. Mais contrairement à ce que je pensais, l'eau fraîche ne me calme pas du tout, loin de là. Mais qu'est-ce c'était que ce bordel ? Quand je repense à ce cauchemar, je ne peux empêcher quelques perles salées de se former au coin de mes yeux. Non, je ne peux pas être capable de leur faire ça, pas vrai ? Je sais que je leur ai dit hier que je les truciderais s'ils recommençaient, mais c'était plus sous le coup de la colère qu'une véritable menace. Ce sont mes amis, et même s'ils faisaient une chose pareille, je n'irai jamais jusque-là.
Ou c'est ce que tu veux te faire croire. Qui tu dis que tu n'en serais pas capable ? Vous m'avez déjà vu m'en prendre physiquement aux gens que j'aime ou même y penser auparavant ? Non, mais rien ne nous dit que ce ne sera pas le cas dans le futur. C'est vrai, on ne sait pas comment tu vas évoluer avec la soif de sang. Sans compter que le manque commence à se faire sentir, je me trompe ? Ça pourrait sérieusement affecter ton jugement. Ne commencez pas à me faire douter comme ça alors que je suis persuadé que je ne pourrais jamais faire une chose pareille. Tu vois, tu te contredis déjà, donc on a raison. C'est juste que tu veux te rassurer en niant la vérité. Ça suffit ! Fermez là et fichez-moi la paix. Je ne suis pas d'humeur à débattre avec vous d'à quel point je pourrais potentiellement mal tourner dans le futur. Mais voyons Nagisa, tu n'es jamais d'humeur pour débattre avec nous. Pourtant on te dit toujours la vérité et te prodiguons de super conseils. Et en parlant de conseil : fais-le. On sait que tu en as envie. De super conseils ? Mon cul oui. Et de quoi vous parlez ? Tu sais très bien de quoi nous parlons. De toute façon, si ce n'est pas maintenant, ce sera ce soir.
Je pense que je commence à voir où vous voulez en venir, et c'est hors de question ! Je ne continuerai pas ce truc malsain que vous avez débuté. Mais nous sommes toi donc c'est que tu le souhaites, même inconsciemment. De plus, avec la sensation de manque et ton face à face avec tes amis tout à l'heure, ça t'aiderait à contrôler tes émotions. Je... Non, je ne vous laisserais pas m'influencer, et encore moins me manipuler. Je n'ai pas besoin de ça pour m'en sortir. Tu en es vraiment sûr ? J'émets quelques doutes. Oui, sûr et certain ! Très bien, ne nous écoute pas, mais ne viens surtout pas pleurer quand tu finiras par craquer ce soir. On a voulu être sympa pour une fois, et voilà où ça nous mène... Sympa de rien du tout. Ce n'était pas un conseil, et encore moins quelque chose à dire dans ce genre de situation. Vous êtes de vraies plaies, c'est usant à la longue.
Et comme Cat et Deb ont choisi d'arrêter de me répondre, j'en profite pour reprendre ce que je faisais : me coiffer les cheveux. Et même si je suis déjà énervé/confus de bon matin, je fais tout pour éviter de massacrer ma tignasse. Heureusement qu'on a sport, je vais pouvoir me défouler un bon coup. Il faut vraiment que je me calme avant que Karma ne commence à se lever. J'ai pas envie de continuer à m'énerver après ça. Maintenant c'est fait et on ne peut pas le changer. Et puis, ça s'est relativement bien passé donc je ne devrais pas être si à cran. Tout ça, c'est à cause de ce satané sentiment de manque ! Sans lui, je serais déjà passé à autre chose. Allez Nagisa, penses positif. Peut-être que si je faisais un peu de nettoyage ça m'aiderait à faire redescendre la pression... Mais à quoi je pense ! Il faut aussi que j'arrête cette sale manie de faire le ménage dès qu'un truc ne va pas. Je ne suis plus là-bas et ce n'est pas plus que ce qu'elles m'ont proposé.
De toute façon, qu'est-ce qui est sain chez moi honnêtement ? J'ai l'impression que peu importe ce que je regarde, tout est gangréné. Oh, mais c'est pas vrai ! C'est ma fête ce matin ou comment ça se passe ? A moins que ce ne soit le manque qui me fait perdre la tête. Tu m'étonnes que Lovro était inquiet de reporter notre sortie si au fur et à mesure du temps je commence à tourner cinglé. Maintenant je comprends mieux pourquoi elles m'ont dit que si ce n'était pas ce matin, ça allait être ce soir. Quitte à faire quelque chose d'idiot, mieux vaut se bousiller les cuisses que de massacrer le premier venu qui va me regarder de travers. C'est bien la dernière chose que je souhaite, mais si ça me permet d'éviter de blesser quelqu'un qui ne le mérite pas, alors tant pis. Mais est-ce que je prends ce risque tout de suite ou est-ce que j'attends ce soir ?
« Na-chan, tu es debout ? »
On dirait bien que le destin a décidé pour moi...
« Oui, viens si tu veux.
– Toi aussi tu n'arrivais pas à te rendormir ? dit-il en poussant la porte de la salle de bain.
– J'ai fait un rêve... Pas terrible. Je ne me voyais pas tenter de me recoucher, et vu qu'il n'était pas si tôt que ça, autant se préparer.
– Je sais que tu es encore fâché, mais tu veux qu'on en parle ?
– J'ai pas envie de continuer à être en colère après vous. La pilule a un peu de mal à passer, mais j'ai juste l'impression d'en faire des caisses. La soif de sang est de nouveau exacerbée depuis hier et c'est frustrant de me voir autant péter une durite pour un truc qui n'a même pas mal tourné.
– C'est de ma faute si tu es dans cet état, je suis désolé, murmure-t-il d'un air coupable.
– Non, ce n'est pas ça. Enfin, je pense que ça a dû aider, mais ce n'est pas à cause d'hier que je suis dans cet état. Je... Ça fait un moment depuis le dernier incident et... Elle est contrariée qu'il ne se soit rien passé depuis. Lovro-san a dit qu'on devait se voir vendredi et qu'il allait m'aider à régler ce problème.
– Donc en gros, il va te trouver une personne à tuer ?
– Sans aucun doute. On en avait déjà discuté et c'était quelque chose à laquelle il avait dit que je devais me préparer. La soif de sang ne peut pas rester sage très longtemps, surtout quand elle débute. Grâce à notre mission et les activités qui y sont liées, je peux tenir plus qu'une personne "lambda", mais ce n'est pas suffisant pour calmer les pulsions. J'ai passé plus d'un mois entier sans qu'il ne se passe rien donc je devrais m'estimer heureux de ne pas avoir encore viré timbré.
– Ta dernière rencontre avec Lovro-san date d'il y a plus d'un mois. Est-ce qu'il...
– Oui. Je n'ai pas voulu te le dire tout de suite parce que c'est... Tellement étrange d'avouer à la personne que tu aimes que t'es obligé d'aller ôter la vie de quelqu'un une fois par mois, mais tu n'es pas stupide, et je pense que tu l'avais déjà compris.
– J'avais fait les connexions, mais je ne voulais pas me l'avouer. Après, ce n'est pas étonnant. Il va bien falloir que je m'y fasse.
– Si ça peut te rassurer, je ne suis moi-même pas très fan du concept. Je le fais uniquement parce que je ne veux blesser aucun de vous par accident. »
Le plus grand se rapproche de moi avant de m'entraîner dans une étreinte. J'enfouis ma tête contre son torse, sans un mot. Je ne sais combien de temps se passe entre le moment où on s'est enlacé et celui où on s'est lâché, mais ça m'a fait un bien fou. Pendant que monsieur est parti se préparer, j'en profite pour m'occuper des derniers devoirs que je n'ai pas fait hier soir. Une fois la tâche faite, je descends dans la cuisine pour grignoter un petit truc vite fait. Je ne peux pas dire que j'ai faim, mais je n'ai rien avalé depuis midi la veille, donc pas trop le choix si je ne veux pas m'évanouir au milieu de la classe. Et à mon grand soulagement, je vois que 2 bentos trônent dans le frigo donc on ne se regardera pas dans le blanc des yeux tout à l'heure. Je m'occupe de les glisser dans mon sac avec mes devoirs avant de traîner sur mon portable, petit écolier en main. Quelques minutes plus tard, Karma entre dans la pièce. Il récupère une briquette de lait à la fraise, puis s'installe à mes côtés. Sans rien dire, il enlace ma taille et me vole un gâteau.
Je roule des yeux, et on commence à scroller sur les réseaux pour faire passer le temps. J'ai encore un peu de mal à réaliser qu'on est en avance. C'est la première fois depuis que j'ai emménagé ici que je n'ai pas à courir partout de bon matin et c'est agréable. Je pense que je devrais mettre un réveil tôt comme ça tous les jours à partir de maintenant. Mais connaissant cet idiot, il n'acceptera jamais. Il faudrait que j'applique ma menace de le laisser se débrouiller un matin, et tant pis pour lui s'il arrive en retard, et peut-être qu'il finira par accepter ? Mais je n'ai pas le temps de me pencher plus longuement sur la question puisqu'il est temps de partir. Le trajet se passe comme d'habitude, et quand nous rejoignons le groupe, l'ambiance est tendue. C'était à prévoir. J'aurais adoré apaiser les tensions pour que le malaise ne se propage pas jusqu'au sein de la classe, mais je n'en ai pas l'occasion. Pourquoi me direz-vous ?
Ren fucking Sakakibara !
Et dire que je pensais que ce crétin fini allait enfin en avoir marre et me lâcher la grappe. Je me suis trompé sur son compte. Il est persistant, et à ce stade, j'ai peur qu'il ne s'arrête pas avant la fin de l'année. Si ça continue comme ça, je vais finir par faire une connerie, je le sens gros comme une maison. Et je vois que Karma est un peu dans le même état d'esprit que moi vu la fureur qui danse dans ses yeux. Pour une fois, je prends les devant avant que les autres ne décident de s'en occuper.
« Shiota ! Je vois que tu ne te caches pas derrière ta garde royal aujourd'hui. Est-ce que tu serais prêt à me laisser ma chance ?
– Tu rêves mon pauvre. Non, je me suis rendu compte que tu es trop obtu pour ne pas me foutre la paix tant que tu n'auras pas eu ce que tu désires, mais sache que ça n'arrivera jamais. Tu es peut-être adulé dans le bâtiment principal et obtient tout ce que tu veux grâce à ton statut, mais tu n'es pas face à un élève lambda. Tu n'as aucun respect pour les élèves de la classe E donc je ne vois pas pourquoi j'en aurais pour toi. Désolé, mais je ne viendrais jamais embrasser les chaussures d'un gosse de riche qui se croit au-dessus de tout.
– Tu es bien dur je trouve. Je n'ai jamais harcelé aucun élève et ne t'ai, à aucun moment, manqué de respect. Que faudrait-il que je fasse pour que tu m'accordes un peu d'attention ? me demande-t-il tout en attrapant une mèche de mes cheveux.
– Tu n'as peut-être pas participé directement au harcèlement, mais regarder sans agir revient à approuver cela. De plus, toucher les cheveux de quelqu'un dont tu n'es pas proche sans lui demander au préalable n'est pas ce que j'appelle faire preuve de respect, répondis-je en repoussant sa main. Si tu souhaites que j'estime rentable de perdre mon temps avec toi alors agis contre le harcèlement que subit la classe E. Après tout, toi et les autres toutous d'Asano avez des positions clefs au sein de l'établissement donc ça ne devrait pas être trop difficile, pas vrai ? Et si tu ne peux pas – ou pire, ne veux pas – alors lâche l'affaire et passe à autre chose. Il y a plein de filles du bâtiment principal qui rêveraient d'écouter ta poésie au quotidien.
– As-tu seulement idée de la chance que tu aurais si tu bénéficiais de l'influence de mon nom ? Tu pourrais même quitter cette classe insipide pour revenir parmi nous et obtenir la meilleure carrière possible.
– Parce que tu penses pouvoir m'acheter avec un peu de pouvoir maintenant ? Je n'en ai strictement rien à faire de tout cela, et ne comprends pas pourquoi tu t'obstines autant. Ou peut-être que si, je comprends. Dis-moi, Sakakibara, commencé-je en attrapant sa cravate pour l'abaisser à mon niveau. Que dirais papa/maman s'ils venaient à apprendre que leur fils est intéressé par une épave ? Pire même, que penseraient-ils s'ils apprenaient que leur fils a une obsession pour un garçon androgyne de la classe E ?
– Je... Je ne vois pas de quoi tu parles. Et comment diable pourraient-ils être au courant ? »
On dirait que le poisson est en train de mordre à l'hameçon. Plus que 5 petites minutes de souffrance et je serais enfin débarrassé de ce caillou dans ma chaussure. Les autres auraient dû me laisser m'en charger il y a bien longtemps. C'est un peu à cause d'eux que je suis obligé de sortir le grand jeu maintenant. Tant pis, ils me paieront un sushi pour se faire pardonner.
« Parce que tu crois que si tu t'obstines les gens ne finiront pas par comprendre ce qui se passe ? continué-je tout en plaçant une main sur sa joue. Asano et le reste de sa bande n'a rien dit sur cet écart parce que tu es un allié précieux, mais tous n'auront pas cette délicatesse. Et si tes parents sont au courant, jamais ils ne toléreraient que leur seul héritier parte batifoler avec quelqu'un comme moi. A leurs yeux, je n'aurais rien pour les attirer : ni la richesse, ni le statut social, ni les résultats académiques et encore moins le genre adéquat. Je n'ai que la beauté pour moi, et encore, je doute que cela ne les intéresse vraiment. Mais on peut toujours leur poser la question pour voir, qu'en dis-tu ? Je suis certain qu'ils seront ravis d'apprendre ce que tu fais pendant qu'ils ont le dos tourné.
– N-Non, ce ne sera pas... Nécessaire. Je crois qu'on m'appelle, il faut que j'y aille. Bonne journée Shiota, dit ce crétin avant de filer en quatrième vitesse.
– Ça y est, normalement j'en ai terminé avec lui ! Vous voyez que vous auriez dû me laisser faire depuis le début. Bon, on y va ? »
Sans doute soulagés que je ne reparle pas d'hier, le groupe acquiesce à mes paroles avant de prendre la direction de la colline. Petit à petit, les conversations commencent, comme si de rien n'était. Je participe activement aux différents sujets, content que cette rencontre inopinée n'ait pas altéré mon humeur. Pourvu que cela continue ainsi le reste de la journée. Et tant qu'on est lancé sur le sujet : aucune Kayapute n'a été aperçue à notre arrivée. On dirait qu'elle a décidé de fuir ce matin et tant mieux ! Ça fait une raison de plus pour être de bonne humeur. Vu la chaleur qu'il fait déjà de bon matin, on s'installe dans le fond de la salle de classe pour papoter avant que Koro-sensei ne débarque. Nous sommes très vite rejoints par Kanzaki qui pense glisser sa main discrètement dans celle de Sugino. C'est peine perdue puisque Karma l'a remarqué tout de suite avant de se mettre à les charrier. On dirait bien que certains se sont mis en couple pendant les vacances sans nous le dire.
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Hey les gens ! Désolé de ne pas avoir posté dimanche, mais c'était mon dernier jour de vacances donc j'en ai profité à fond et hier les 10h de voiture m'ont mise ko. Du coup on se retrouve ce mardi avec un chapitre de 2714 mots. Ça y est, Nagisa s'est enfin débarrassé de Ren, et c'était très satisfaisant à écrire. Je commence de plus en plus à me rendre compte que je suis à la bourre par rapport à la V1 et ça me stresse, mais vas-y, on va faire comme si tout allait bien. En vrai, je ne sais plus trop si je veux 100% rejoindre le plan initial que j'avais fait où si ça vaut mieux que je le modifie vu tous les changements drastiques qui ont eu lieu entre temps. Si jamais vous avez lu les 2 versions, n'hésitez pas à me donner votre avis. Sur ce,
Kiss les gens <3
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