Chapitre 29

PDV Nagisa Shiota :

Mon oncle a encore profité que mes parents m'aient laissé chez lui pour le weekend pour me déguiser en princesse. Je lui ai déjà dit que je voulais être un prince, et pas une princesse, mais il ne veut pas m'écouter et continue de me mettre des robes super lourdes. Je suis sûr que maman est au courant de ça depuis un moment, et pourtant, elle n'a rien dit. J'arrive à oublier un peu la situation quand on boit le thé, mais je préfèrerais ne pas être ici.

Je n'aime pas oncle Iwao. Il me fait peur.

Il est toujours très gentil quand on est avec papa et maman, mais il est bizarre dès qu'on est tout seul. Au début, j'aimais bien le voir. Il me faisait toujours plein de cadeaux, et j'avais le droit à plein de câlins. Mais il a changé depuis quelque temps. Il me force tout le temps à lui faire des bisous et câlins alors que je n'en ai pas envie, il me déguise en fille et il y a le jeu. On peut jouer à ce que je veux jusqu'au moment du thé, mais après il me force à jouer à son jeu. A chaque fois je lui dis que je ne veux pas le faire, mais il ne m'écoute pas. Je n'aime pas ce qu'il me fait, mais il ne s'arrête pas, même quand je me mets à pleurer. Il a dit que je ne pouvais pas en parler à mes parents parce que sinon ils me détesteraient de ne pas y jouer avec eux alors je ne dis rien.

Je ne veux pas qu'il me déteste. J'entends souvent maman crier dans la maison après papa et je ne veux pas qu'elle me crie dessus. Papa a dit que c'était des problèmes d'adultes et qu'ils s'aimaient quand même, mais je sais qu'il ment. Maman n'aime pas papa si elle lui crie dessus. Je le sais parce qu'elle ne le fait jamais avec moi et qu'elle me dit tout le temps qu'elle m'aime et qu'elle est désolée de me faire peur quand elle s'énerve. Oncle Iwao aussi me dit tout le temps qu'il m'aime, mais ça sonne bizarre quand ça vient de lui. Il a toujours ce sourire qui me fait peur. J'ai demandé à papa si je pouvais aller moins chez lui, mais il m'a répondu qu'il ne pouvait pas parce qu'il n'y avait personne pour me garder à la maison quand ils sont tous au travail. Mon oncle travaille à la maison donc il peut me garder, mais je n'aime pas ça.

« Est-ce que tu as fini ton thé Nagisa ?

– Oui, mais est-ce que je peux en ravoir une tasse s'il-te-plait ?

– Tu as déjà bu 2 tasses, je pense que c'est assez. Tu ne vas plus rien manger en rentrant sinon. Maintenant, viens te mettre sur mes genoux.

– Je suis obligé ? Je n'ai pas envie de jouer aujourd'hui...

– Tu ne veux pas me voir heureux Nagisa ? Je m'occupe de toi presque plus que tes parents et tu ne crois pas que je mérite moi aussi de m'amuser un peu ? Après, je peux toujours en parler à ton père, il sera si déçu de ton comportement.

– Non ! C'est bon, je vais le faire, ne dit rien à papa, je ne veux pas qu'il se fâche. »

C'est la boule au ventre que je grimpe sur les genoux de mon oncle qui après un câlin vient glisser sa main sous ma robe...

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« NON ! »

Saleté de souvenirs ! C'est la cinquième fois que je revis celui-là depuis ma dernière rencontre avec ce bâtard. Au moins cette fois je me suis réveillé avant le pire et je n'ai pas réveillé Karma... Ce dernier ronfle encore comme un bienheureux et ce n'est pas plus mal. Je m'extirpe du drap qui me colle à la peau et pars dans la salle de bain. Quand j'allume la lumière pour me regarder dans le miroir, même si j'ai envie de hurler face à mon reflet, je ne peux m'empêcher de le fixer. Ma frange est plaquée à mon front, des cernes creusent le dessous de mes yeux et mes joues sont encore humides des larmes que j'ai dû verser durant mon sommeil. Je ne ressemble vraiment à rien. Comment j'ai pu faire pour attirer un gars comme Karma avec un physique pareil ?

Je ne le mérite pas.

Comment le pourrais-je avec tout ce qui s'est passé durant toutes ces années ? Je me suis laissé faire comme si j'étais sa poupée et maintenant mon corps est entièrement souillé. Si je lui avais résisté, aujourd'hui je ne me sentirais pas sale. Si je lui avais résisté, mon cerveau n'aurait pas eu à m'effacer la plupart de mon enfance pour que je ne coule pas. Karma ne peut juste pas comprendre ce que cela fait de se sentir comme un fugitif de sa propre vie à cause de ses erreurs.

PDV Karma Akabane :

Je me suis réveillé parce que je ne sentais plus Na-chan contre moi. J'avais beau tâté la place d'à côté, j'étais persuadé qu'il n'était pas là. Ce n'est que quand j'ai chassé les dernières brumes de sommeil qui m'englobaient que je j'ai entendu le bruit de la douche. Mais qu'est-ce qu'il fait à prendre une douche à 4h du matin ? Je sors du lit – sûrement trop vite pour mon corps vu comment j'ai failli me casser la gueule – et une fois bien sur mes appuis, je me dirige vers la pièce adjacente. Je demande au travers de la porte si tout va bien, mais je n'ai pas de réponse. Je recommence, cette fois en parlant plus fort, des fois qu'il ne m'ait pas entendu, mais toujours rien. J'entrouvre la porte pour vérifier que tout va bien et me fige quand je vois la scène : Nagisa est de nouveau assis dans la baignoire, tout habillé, et laisse le jet d'eau lui couler dessus sans dire un mot. Cette fois j'entre et m'abaisse juste devant lui. Ce n'est que quand je sens les gouttelettes se déposer sur mes bras que je comprends qu'il s'est mis sous l'eau gelée. Eh merde ! Je me dépêche de couper l'eau et de lui ramener une serviette pour commencer à le sécher.

« Ce n'est pas une bonne nuit j'imagine.

– Non, dit-il sans vraiment être là.

– Tu as fait un cauchemar ?

– Non, un souvenir de l'autre.

– Je vois. Je suppose que tu ne veux pas en parler.

– Non, je ne veux pas que tu sois au courant pour le moment, répond-il alors qu'il se met à claquer des dents.

– Bon sang, tu es congelé ! il faut que tu sortes de là et que tu te changes avant d'attraper la crève. Je pense même que ce serait bien que tu reprennes une douche, mais chaude cette fois.

– Non, pas de douche.

– D'accord, alors vient que je puisse un peu te réchauffer. »

J'allais l'aider à enlever son haut pour le frictionner, mais à peine ai-je touché le pan de son tee-shirt qu'il s'est écarté en un éclair.

« Non !

– Huh ?

– C'est bon, je peux le faire tout seul. Tu n'as pas besoin de m'aider, dit-il à moitié paniqué tout en m'arrachant la serviette des mains.

– Est-ce que tu es sûr que ça va Nagisa ?

– Oui. En fait non, mais je peux me débrouiller. Je suis encore un peu secoué, j'ai juste besoin d'être un peu seul. Ne t'en fais pas, ça va aller. J'ai juste besoin de me remettre les idées en place avant de me recoucher. Est-ce que tu peux me ramener un pyjama avant que je ne me change s'il-te-plait ?

– Bien sûr. »

Son état ne me rassure pas du tout, mais ce n'est pas comme si je pouvais faire grand-chose. On dirait presque quelqu'un d'autre. Mais peut-être que je me fais des films. Il s'est braqué et impossible de faire quoi que ce soit dans cette situation. N'empêche que je me demande de quoi il a bien pu rêver pour être aussi perturbé et sur ses gardes. Si ça avait été au sujet de sa mère, j'aurais compris parce que ça lui est déjà arrivé d'éviter le contact après des nuits particulièrement difficiles, mais ça n'avait jamais été aussi violent. Et quand tu sais ce que sa mère lui a fait subir, c'est un miracle qu'il n'évite pas le contact à tout prix au quotidien. Mais là, on ne parle pas de sa mère, on parle de lui. C'est un enfoiré pour sûr, mais avec Nagisa qui ne veut rien me dire, je ne sais pas ce qu'il lui a fait. Vu sa réaction, c'est sans doute bien pire que tout ce que je peux imaginer, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur quoi. Si c'était "juste" de la maltraitance, il n'aurait pas ce genre de réaction, et ça n'aurait pas pu durer aussi longtemps vu son âge à l'époque, pas vrai ?

Quand je retourne dans la pièce pour lui donner ses vêtements, il est de nouveau en boule sur le sol, emmitouflé dans la serviette. Il n'y a pas le moindre centimètre de peau qui dépasse de la serviette. Je ne m'approche pas plus de lui et pose ses affaires sur le bord du lavabo. Après lui avoir indiqué que je serais à côté s'il a besoin de moi, je m'éclipse en refermant la porte derrière moi. Je n'ai même pas entendu s'il m'avait répondu ou non, mais je sais qu'il est très mal et que je ne peux rien faire. C'est horrible de se sentir si impuissant, mais c'est encore pire de se dire qu'il est celui qui souffre le plus alors qu'il ne le mérite pas. Ça me donne envie de cogner contre quelque chose ou quelqu'un, mais ce n'est pas comme ça que la situation va s'arranger. Il vaut mieux que je me remette au lit et que je croise les doigts pour que le bleuté ne mette pas 2 heures pour revenir se coucher. Moi qui pensais que ses vacances allaient l'aider à se détendre et penser à autre chose, on dirait que je me suis trompé...

PDV Nagisa Shiota :

Je ne sais pas combien de temps s'est passé depuis que Karma a quitté la salle de bain, mais j'ai l'impression que ça fait une éternité. J'ai beau m'être lavé au lavabo et avoir frotté ma peau jusqu'à devenir écrevisse, j'ai eu énormément de mal à faire partir le plus gros de cette sensation d'être sale. Elle restera certainement encore un peu présente jusqu'à demain matin, mais c'est gérable. Maintenant que je peux de nouveau retourner me coucher, je pousse la porte de la salle et éteins la lumière avant de me diriger à pas de loup vers le lit. Je suis persuadé que la tête de piment ne dort pas, mais je ne veux pas le déranger plus que je ne l'ai déjà fait. Ca me rend malade de l'avoir rejeté violemment alors qu'il voulait m'aider, mais je ne voulais pas qu'il me touche. Je ne pouvais pas le contaminer avec ma souillure, et j'avais du mal à m'ancrer dans la réalité. Est-ce que ça excuse mon comportement ? A mes yeux, non, mais sans rien pouvoir lui expliquer, c'est compliqué.

Putain, il faut que j'arrête de trop réfléchir et que je retourne dormir ! J'ai pris des cachets aux plantes pour m'aider donc j'espère que ça marche, sinon le reste de la nuit risque d'être long. Je me remets aux côtés de Karma, et après avoir glissé un de ses bras autour de ma taille, je ferme les yeux. Je le sens resserrer sa prise, et après qu'il m'ait demandé si ça allait mieux, je sens l'effet du cachet fonctionner. On verra bien si je refais des cauchemars avec ça...

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« Je te dois des excuses Nagisa. Je me suis rendue compte hier soir que mon comportement n'était pas correct du tout et que je n'aurais pas dû insister autant. Je te promets que je ne recommencerai plus et que je ne te charrierai plus avec Karma. J'espère que tu pourras me pardonner...

– Merci Rio et bien sûr que je te pardonne. Tu as de la chance que je n'arrive pas à rester fâché contre vous bien longtemps, mais je ne veux plus que cela se reproduise. Ma confiance n'est pas quelque chose de facile à obtenir, mais est très simple à perdre. Tâche de t'en souvenir... Après, je n'ai pas dit que tu ne devais pas nous charrier du tout, parce que dieu sait que tu n'y arriverais pas, mais je ne veux plus que ce soit aussi souvent parce que c'est agaçant.

– Je te le jure ! Merci Nagisa, me dit la blonde tout en se jetant dans mes bras. »

Je me crispe un peu lors de l'étreinte, ce que la tomate sur patte remarque tout de suite, mais je lui fais comprendre d'un regard que ça va. Il va falloir que j'apprenne à passer outre ce malaise si la sensation reste dans le futur, parce que mes amis ne m'ont rien fait et je leur fais entièrement confiance. Il est hors de questions que ces souvenirs de merde ne perturbent plus mes vacances et ma vie en règle générale. Mais je chasse vite cela de ma tête quand mes amis me traînent tous vers une cabine qui abrite le matériel de plongée sous-marine. Non, je ne foutrais ces vacances en l'air pour rien au monde.

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Hey les gens ! On se retrouve très tôt aujourd'hui avec un chapitre de 2276 mots qui m'a bien traumatisé. Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de me plonger dans un sujet qui me trigger autant, mais maintenant que ça a été décidé et sous-entendu plus tôt dans l'histoire, je ne voulais pas reculer en arrière. Ça a été un enfer à écrire et corriger malgré sa taille, mais c'est fait ! Du coup si vous voulez me tuer, aillez pitié, et si vous voulez tuer Iwao, merci d'attendre qu'un des persos (ou le karma) s'en charge. Sinon je pars dans 3 semaines en vacances et je n'ai qu'une hâte : aller me faire cramer le cul sur la plage. Je n'ai jamais écrit au bord de la mer et j'avoue que c'est une activité qui me tente bien après ce chapitre difficile. Sur ce,

Kiss les gens <3

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