Chapitre 28
PDV Nagisa Shiota :
Les ordres continuent de s'enchaîner, et au bout d'une bonne heure on redouble de plus en plus d'imagination – ou pas selon les tours – pour continuer ce jeu qui n'en finira jamais à ce train-là. On a appris que parfois Terasaka ment à Rio quand ses appels durent 3 plombes et qu'il veut raccrocher sans la blesser, ou encore que Isogai vole souvent une partie du déjeuner de sa sœur quand les entraînements de Karasuma sont intenses. Kataoka a dû faire le poirier avant de se casser la gueule parce qu'elle n'avait aucun équilibre. Terasaka et Itona ont fini par passer outre les railleries des autres et se sont mis à se câliner dans un coin depuis un bon quart d'heure tandis que Karma et moi sommes cent pourcent investi dans le jeu. Entre nos « échanges télépathiques » et nos regards complices quand on a une idée machiavélique derrière la tête, on est le duo le plus redoutable de la soirée. Rio nous tient tête, mais avec son idée de vengeance, il n'y a que nous qui prenons vraiment cher.
« Dis-moi Na-chan, qu'allons-nous réserver à notre chère Kanzaki ?
– Tu sais déjà très bien à quoi je pense, ne la fais donc pas attendre plus longtemps.
– Tu as raison, c'est très indélicat de ma part. Il est temps pour notre Kanzaki adorée de nous révéler le nom de son petit chéri.
– Je suis vraiment obligée ? dit la malheureuse un peu paniquée.
– Ne t'en fais pas, nous ne sommes pas monstrueux non plus. On ne te l'aurait jamais ordonné si on savait d'avance que ça ne se finirait pas bien. Mais si tu refuses de nous le dire malgré tout, on peut toujours s'arranger pour te trouver un autre gage.
– Non c'est bon, ça va aller. Eh bien... Voilà, je... Je suis amoureuse de Sugino. »
C'est sans aucune surprise que le concerné devient plus rouge que les cheveux de Karma tandis que nous tendons nos mains vers un Terasaka énervé. On avait parié avec lui que les sentiments de Sugino étaient réciproques alors qu'il était sûr qu'il n'aurait aucune chance avec elle. C'est donc en tirant la tronche qu'il nous donne à chacun 5 000 yens pendant qu'Itona ricane de la situation. Mais toute bonne chose a une fin. Pour la forme, on décide de faire un dernier tour avant que les autres ne regagnent leurs chambres. A notre non surprise, c'est Rio le roi et Karma le sujet. C'était sûr qu'elle allait choisir le dernier tour pour lui infliger son coup fatal.
« Ma pauvre tête de piment, l'heure de la revanche a sonné. Si tu as cru que tu pouvais t'en sortir aussi impunément, tu te trompes. Je vais pouvoir te foutre la honte devant tout ce groupe en compensation de ce que tu m'as fait ! Tu vas devoir embrasser Nagisa devant toute l'assemblée si tu veux qu'on sorte d'ici.
– Je ne t'ai rien fait Rio je te signale donc ne m'inclus pas dans ta vengeance débile !
– Tu m'as obligé à faire le chien devant tout le monde donc j'en ai parfaitement le droit. De toute façon, je ne vous laisse pas le choix.
– Je l'ai fait uniquement parce que tu n'as pas cessé de m'inclure dans les gages de Karma depuis le début de la soirée ! De plus, je ne vois pas pourquoi on serait forcé de s'embrasser alors que personne n'a forcé Maehara et Isogai de faire le pocky game. Tu n'es pas au-dessus des règles comme je te l'ai déjà dit.
– Na-chan, calme-toi.
– Tu ne veux juste pas avouer que tu es un mauvais joueur. Terasaka et Itona ont bien dû officialiser leur relation tout comme Kanzaki a dû annoncer à tout le monde qu'elle avait le béguin pour Sugino. Quelle est la différence entre eux et toi ? Toi aussi tu n'es pas au-dessus des règles.
– Je pense que ce serait mieux qu'on s'arrête là, propose Isogai gêné par la tournure des évènements.
– La différence c'est qu'on savait déjà tous qu'ils sortaient ensemble et qu'ils n'étaient pas discrets du tout. La différence c'est que Karma ne l'a pas forcé à nous le dire si elle ne l'avait pas voulu. La différence c'est qu'on ne force pas 2 personnes à être aussi intimes juste pour se venger d'avoir été trempé plus tôt que ce qu'on voulait !
– Tu vois, tu continues de t'esquiver juste parce que vous êtes trop obtus pour avouer vos sentiments et vous foutre ensemble ! Il y en a marre de vous voir vous tourner autour donc ce petit manège s'arrête ce soir.
– Et tu ne penses pas qu'il peut y avoir une raison à cela ? Que peut-être, comme le cliché le veut, on était pas au courant de ce que l'autre ressentait ? Que même si on le savait la décision reste la nôtre et non la tienne ?
– ...
– Mais puisque tu n'as aucune considération ni pour nos sentiments, ni pour nous en tant que personne, soit. La grande Rio Nakamura a ordonné un baiser donc il faut accourir pour lui donner ce qu'elle veut.
– Nagisa, je... »
Je ne la laisse pas finir sa phrase et attrape Karma par le col pour que tout ceci prenne fin. Mes lèvres ont à peine le temps de toucher les siennes que je le repousse un peu plus loin. Je sais pertinemment que ma meilleure amie n'est pas aussi angélique qu'elle n'en a l'air, mais je ne pensais pas qu'elle tenterait de me pousser à bout comme ça. Et pour qui se prend-elle à vouloir gérer notre relation ? Je ne peux maintenir mon masque plus longtemps et craque sous la colère et la peine. Quand la blonde voit les perles salées dégringoler sur mes joues, elle veut s'approcher pour me réconforter, mais je m'éloigne d'elle.
PDV Karma Akabane :
« J'espère que tu es contente maintenant ?
– Je suis désolée Nagisa, je ne le voyais pas comme ça.
– Je m'en fiche de ce que tu pensais Rio. Tes actes ont des conséquences et ce n'est pas avec un simple « désolé » que tu vas t'en sortir. Maintenant, sors s'il-te-plait, je ne veux pas entendre tes excuses ce soir. »
Sans lui jeter un regard, Nagisa part s'enfermer dans la salle de bain, les yeux toujours embués de larmes. Loin de s'avouer vaincu, la blonde s'apprête à aller toquer à la porte pour tenter de régler la situation, mais je l'arrête.
« Je crois que tu n'as pas bien entendu ce qu'il t'a dit. Retourne dans ta chambre et laisse-le tranquille.
– Mais je ne peux pas-
– Oh ta gueule Rio ! Tu as merdé donc fous-lui la paix maintenant, crache Terasaka excédé par son attitude.
– Il a raison, tu lui as fait assez de mal pour ce soir. Allez tambouriner à la porte ne sert à rien. On ferait mieux de tous aller se coucher et on verra bien comment les choses se passent demain.
– Itona a raison. Merci de nous avoir prêté la chambre pour ce soir et bon courage avec Nagisa, me lance Isogai avant d'entraîner les autres à sa suite. »
Alors que je croyais qu'il n'y avait plus que moi dans la pièce, je me rends compte que Rio n'a pas bougé, les poings serrés. Ne me dites pas qu'elle va recommencer à vouloir se faire pardonner sinon je jure que moi aussi je vais finir par lui faire la gueule. Je lâche un soupir avant de l'amener devant la porte sans rencontrer de résistance. C'est après un long silence qu'elle prend la parole, peu sûre de ses mots.
« Je... Est-ce que... Est-ce que tu crois qu'il m'en veut à mort ?
– Bien sûr qu'il t'en veut, mais au point de briser vôtre amitié, je ne pense pas. Ce que tu as voulu faire était très con, et même si tu avais toutes les bonnes intentions du monde, ça ne change rien à cela.
– Mais ce n'est pas juste ! Ça fait une éternité que vous vous tournez autour alors pourquoi est-ce que ce jeu du chat et de la souris ne peut pas se terminer maintenant ? Ce n'est pas parce que Nagisa a des problèmes que vous n'avez pas le droit d'être heureux.
– Rio, il y a tellement plus derrière la soif de sang et cette histoire avec sa mère, tu ne sais même pas à quel point. Et moi non plus d'ailleurs. Mais ce que je peux te dire c'est que Nagisa a eu très peu de fois le droit de choisir dans sa vie, et le fait que tu veuilles prendre les choses en main était le pire moove que tu puisses faire. S'il y a bien une chose avec laquelle Nagisa ne rigole pas, ce sont ses sentiments, et tenter de le manipuler pour qu'il les avoue devant tout un public n'est pas quelque chose à faire. Est-ce que tu te rends vraiment compte de ce que ça lui coûte de me porter de l'affection en public, en particulier parce que vous passez votre temps à nous charrier ?
– Vous rendez toujours tout si simple alors j'ai juste cru...
– Cru quoi ? Que si on ne sort toujours pas ensemble c'est juste pour vous rendre dingue ? Si je m'écoutais, bien sûr que ce serait déjà le cas, mais avant de penser à moi je pense à lui. A lui qui est si terrifié par l'amour qu'il préférerait sûrement envoyer ses sentiments sur mars pour ne plus avoir à y prêter attention. Est-ce que tu commences à comprendre maintenant ?
– Je crois que oui, et je me sens encore plus bête. Est-ce que tu m'en veux aussi ?
– Non, mais je te conseille vivement de ne pas refaire un coup comme ça si tu veux que ça reste ainsi. Je ne te garantis pas-
– Eh, les mioches le couvre-feu est dépassé alors allez vous coucher ! hurle sans grâce Mme Pouffe.
– Réfléchis à ce que je t'ai dit et on verra bien comment Nagisa te recevra demain. Bonne nuit. »
Après un bref « merci » , la plus petite fuit pour échapper à notre prof d'anglais qui commence à la pourchasser dans le couloir. Et dire qu'elle est censée être une pro, elle n'en donne vraiment pas l'air dans l'immédiat... Mais je ne contemple pas la course-poursuite plus longtemps puisque je dois m'occuper d'un certain androgyne. Je verrouille notre chambre et me dirige vers la porte de la salle de bain. Je toque une première fois, mais pas de réponse. Je colle mon oreille contre le panneau de bois pour n'entendre aucun bruit. Je retoque donc une seconde fois, mais comme je n'ai toujours pas de signe de vie, je tente d'ouvrir la porte qui, à ma grande surprise, n'était pas fermé à clef. Je retrouve Na-chan assis dans la baignoire, les yeux dans le vague. Je grimpe moi aussi dedans pour me poser à ses côtés et sa tête se pose sur mon épaule, sans un mot. J'ai si envie de lui dire quelque chose pour briser ce silence pesant, mais je ne suis pas sûr que j'arriverai à formuler quelque chose de cohérent. A la place, je ne dis rien et propose juste mon épaule comme réconfort. J'ai cru que le mutisme du bleuté allait durer longtemps, mais on dirait je me suis trompé.
« Je déteste quand ils veulent tous choisir à ma place, dit-il d'une voix enrouée.
– Je sais Na-chan.
– Et il fallait en plus qu'elle le fasse sur ce terrain-là. Elle a de la chance que c'est mon amie sinon je l'aurais fait volé à travers la fenêtre.
– ...
– Je... Je voulais juste que... Tu sais... Si ça devait arriver... Eh bien... Que ça se passerait...
– De ton plein gré ?
– Oui. Mais elle a tout gâché !
– Je sais que pour toi ça pourrait être dur, mais si tu ne veux pas que ça compte, alors ça ne compte pas. »
Je me tourne vers lui pour voir sa réaction et il semble surpris par mes paroles avant de devenir pensif. Je ne suis pas un modèle de patience, mais j'en aurais toujours pour lui. Si ce n'est pas le bon moment de son côté alors ça ne l'est pas pour moi non plus car si lui ne le veut pas alors aucun de ses mots ou gestes d'affection ne vaut quoi que ce soit. Et je ne me mettrai pas avec lui pour faire plaisir aux autres si ça devait le mettre mal. Ils ont du mal à comprendre que si ça ne vient pas de lui, alors ce ne serait pas réel. Comme l'a dit Rio, on donne l'impression que tout est simple, mais ça ne l'est jamais, et je sais que derrière chaque marque d'affection en public se cache un Nagisa apeuré du regard des autres. Je suis sûr que c'est encore l'un des merveilleux cadeaux empoisonnés de sa satané mère, mais un jour peut-être on arrivera à surmonter cela.
« Tu sais... Dans un sens c'est bien que ce soit arrivé parce que ça me permet de me rendre compte qu'au lieu de faire comme tout le monde, j'ai juste passé mon temps à fuir comme un trouillard, lance-t-il avec un sourire triste aux lèvres.
– Tu n'es pas un trouillard Nagisa. Tu n'as pas grandi dans un environnement sain et n'a pas eu d'exemple de normalité donc c'est normal de ne pas vouloir s'engager dans ce qu'on ne connaît pas. Je trouve même que tu es l'une des personnes les plus courageuses que je connaisse.
– Je sais et je comprends pourquoi tu penses ça de moi vu comment ma vie n'est qu'un amas de trucs horribles, mais ce n'est pas comme ça que je me vois. J'ai juste l'impression de passer mon temps à me mettre la tête sous l'eau pour fuir la réalité et ce n'est pas ce que je considère comme étant courageux.
– Et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça change ? Comme tu me l'as déjà dit, ta génitrice avait une emprise sur toi tout comme ça devait être le cas pour l'autre dégénéré, et tu ne pouvais pas y échapper comme ça, surtout qu'on parle de gens de ta famille. Même sans être dans le déni, tu n'avais quasiment aucune marge de manœuvre.
– Mais, commence-t-il avant que je ne le coupe.
– Il n'y a pas de mais Nagisa ! Que tu le veuilles ou non, peu importe le genre d'atrocités qu'on t'a fait, tu es un survivant et je ne peux pas te laisser dire que tu es un trouillard alors que tu aurais pu finir par mourir à cause de cette salope !
– Ok, c'est bon j'ai compris, je ne le dirais plus. Mais ça ne change pas le fait que je me suis quand même voiler la face sur mes sentiments juste pour ne pas avoir à les affronter.
– Oh non, on ne va pas rentrer sur ce sujet ce soir. Ce qui s'est passé t'a secoué, et tu sais très bien que je ne suis pas là pour profiter de tes moments de faiblesses. On va se changer, puis se coucher et une fois le voyage fini on rediscutera de tout ça si c'est toujours ce que tu souhaites. Et je ne te dis pas ça pour t'énerver, mais parce que c'est un sujet sérieux que je ne veux pas que tu regrettes.
– D'accord Karma. »
J'embrasse le front du bleuté, avant qu'on ne sorte de la baignoire. On se change chacun de notre côté avant de se glisser sous les draps. Je défais les couettes du plus petit avant de commencer à jouer avec sa chevelure. Au bout d'une dizaine de minutes, sa respiration se fait plus profonde. C'est donc à ce moment que je peux moi aussi rejoindre le monde des rêves.
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Hey les gens ! Me voilà avec ce chapitre de 2679 mots. Je suis certaine que la fin en a déçu plusieurs, mais je vous demanderai de ne pas venir me tuer svp. Je ne sais pas pourquoi, mais corriger ce chapitre a été horrible et je n'arrivais pas à saquer Rio alors qu'aux relectures précédentes je n'avais pas eu ce souci. Du coup j'espère que la qualité de la correction n'en a pas pâti, sinon je m'en excuse d'avance. Plus que 2/3 petits chapitres avant qu'on ne bascule totalement dans la seconde partie de l'histoire. Je sens que je commence à galérer à écrire du fait que je me sois autant éloignée de mon plan initial, mais avec le nano qui m'oblige à être régulière, je tiens le coup. Plus qu'à espérer que ça ne finisse pas en page blanche. Sur ce,
Kiss les gens <3
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