Chapitre 14
PDV Nagisa Shiota :
Non, ce n'est pas que nous sommes aveugles. Enfin, je ne peux pas dire ça pour Karma, je ne suis pas dans sa tête, mais de mon côté je ne suis pas stupide. Il faut arrêter de se voiler la face au bout d'un moment et se rendre compte de l'évidence là où elle l'est. Lui et moi avons toujours eu une relation très proche, voire fusionnelle. Et même si on s'est éloignés un temps, ça n'a pas changé grand-chose au final. La tête de piment s'est d'ailleurs excusée sur ça il y a peu. Apparemment, il sentait déjà des prémices de la soif de sang l'année dernière, et ça l'avait terrifié de se dire que j'avais le pouvoir de le tuer en un clin d'œil. Je ne lui en veux pas pour ça. C'est effectivement quelque chose de terrifiant, encore plus vu que nous n'avions pas encore pour objectif d'assassiner un poulpe géant de 2m50 de haut et qui se déplace à Mach 20. Mais je m'éloigne du sujet, là, non ? Tout ça pour dire qu'on se comprend et que notre relation est bien plus proche par rapport à n'importe quelle autre. J'aimerai me dire que ce n'est pas de l'amour et que j'interprète mal les choses, mais c'est ce que j'ai ressenti de plus fort envers quelqu'un jusqu'à maintenant.
Est-ce que je supprimerai mes sentiments si je le pouvais ? Bien sûr, mais, petit à petit, je commence à intégrer que ce n'est pas parce que mes parents ont été à chier en termes de couple que ce serait la même chose pour moi. Karma n'a rien à voir avec ma mère, et encore moins avec mon père, mais il y a toujours cette petite voix qui me dit d'être prudent. Que, moi, je pourrais tout faire foirer. Il est mon meilleur ami et il compte bien trop à mes yeux pour que je gâche tout. Et je suis encore confus de savoir s'il flirte avec moi pour me taquiner ou s'il est dans la même situation de son côté et qu'il tâte le terrain. En plus je lui ai déjà dit plusieurs fois que je ne voulais sortir avec personne donc ça se trouve il s'est persuadé que c'était mort.
« Est-ce que ça va Nagisa ? T'as l'air chelou depuis 5 minutes.
– Ah ? Pardon, j'étais perdu dans mes pensées. Et je n'ai toujours pas envoyé ce satané message alors qu'il est presque 14h.
– Relaxe Nagi. Ils sont en classe et toi tu savais déjà que tu allais louper des cours. Ils n'iront pas retourner toute la ville avant au moins 16h.
– Bon, c'est quoi votre problème à tous à me donner des surnoms ridicules ? Na-chan c'était déjà suffisant, pas besoin d'en rajouter une couche, dis-je dans un soupir défaitiste.
– Mais c'est plus familier de se donner des surnoms. On fait partie de la même famille maintenant donc je trouvais ça sympa.
– Appelle-moi Nagi si tu veux, mais si ça sort de la maison je te jure que ça va mal se terminer.
– T'es sûr que tu veux aller sur ce terrain-là ? Karma ne t'a jamais dit dans quel genre d'activité on versait ?
– Si, et je l'ai déjà vu faire à plusieurs reprises. Ce n'est pas comme ça que tu vas me faire flipper. Par contre, ce qu'il ne t'a pas dit, c'est que moi aussi je pouvais jouer à votre petit jeu. »
PDV Rei Suzuki :
L'ambiance vient de changer d'un coup. C'est quoi de ce bordel ? Je sais que Karma ne traîne pas avec des loosers, mais Nagisa a tout sauf la carrure d'un combattant. Il a des traits doux qui inspirent la confiance et donne l'effet d'une certaine fragilité, mais ce qui vient de se passer me montre le contraire. Bien que son visage reste le même, son petit sourire me donne des frissons le long de la colonne vertébrale. C'est comme si son aura entière avait changé pour devenir bien plus menaçante. Ce ressentiment passe aussi vite qu'il est venu quand l'androgyne change de sujet et je crois que c'est ça qui m'horrifie le plus. Non seulement il cache son jeu à la perfection, mais en plus il est capable de contrôler l'aura qu'il dégage comme il veut. Si ce n'était pas dirigé vers moi en premier lieu j'aurai sûrement trouvé cela très cool. Maintenant je note : ne pas emmerder trop Nagisa. Je ne veux pas découvrir à quel point il est doué.
« Au fait, tu te permets souvent de sécher et de rentrer à la maison comme ça ?
– Sécher oui, mais j'évite de rentrer à la maison, surtout quand ma mère ou Norio sont présents. Ils laissent couler la plupart du temps comme j'ai de bonnes notes, mais quand maman est là elle me lance quand même des regards accusateurs. Et puis c'est aussi plus sympa de trainer avec les gars et d'aller se bagarrer avec des terminales d'autres lycées.
– J'ai l'impression d'entendre Karma avec cette phrase et ce n'est pas un compliment, répond le plus petit dans un soupir.
– Qui se ressemble s'assemble comme on dit. Des p'tits génies comme nous qui aiment se bastonner à longueur de journée sont fait pour se rencontrer.
– Et dire que lui et moi on a commencé à se parler parce qu'on est tous les 2 fans de Sonic Ninja. On est pas sur le même genre d'activité.
– Mais c'est très bien aussi. Après tout, on dit bien que les opposés s'attirent. Moi, Karma, Marc et Haruka on est pareil, mais il faut bien un garde-fou pour nous contenir parfois.
– Ok, je suis clairement de Karma quand on est ensemble, mais qui est le vôtre ? »
Touché. Il y a bien Marc qui est là pour nous restreindre quand on se lance dans des trucs débiles avec le noiraud, mais quand c'est lui qui est à fond, c'est sûrement le pire d'entre nous. Et on ne peut pas dire que Karma le soit vraiment non plus. On l'appelle le boss pour rigoler, mais il ne nous tient pas en laisse et c'est le plus gros gamin de nous 4. Après, il a quand même 2 ans de moins que nous donc c'est normal, mais quand tu le vois se battre tu peux penser qu'il serait plus mature que ça. Mais c'est fun de traîner avec lui, et on n'est pas d'un meilleur niveau avec les gars donc ça reste marrant. Maintenant que je sais que Nagisa est mon beau-frère, peut-être que ce sera lui le plus mature. Même si j'ai dit qu'il avait une bouille innocente, on voit bien dans ses yeux qu'il y a plus derrière ça.
« Tu ne veux pas devenir le nôtre ? lui dis-je avec des yeux de chien battu.
– Tu rigoles j'espère ? J'ai déjà assez de la tête de piment et de tous mes autres potes pour vous rajouter par-dessus. Et vous êtes plus âgés que moi, vous ne devriez même plus avoir besoin de quelqu'un pour vous superviser !
– Ah ouais, en fait t'es la maman de ton groupe.
– Je n'irai pas jusque-là, mais avec Sugino on est clairement les plus responsables. Quoiqu'Itona est encore gérable quand il ne fait pas chier Karma ou Terasaka.
– Individuellement ça passe, mais tous ensemble c'est le bordel en gros.
– Un peu oui. Sauf Sugino, lui il est adorable donc je n'ai pas à m'en plaindre.
– Laisse-moi deviner : c'est lui ton garde-fou ?
– Pas vraiment. En vérité c'est Karma. Sugino l'aide pas mal quand j'ai des sautes d'humeur, mais c'est la tête de piment qui fait le plus gros du taff. »
PDV Nagisa Shiota :
Je crois qu'on s'est perdu dans notre conversation, mais on ne va pas s'en plaindre. On a parlé encore quelques temps de nos amis respectifs avant de dévier sur nos passions. J'ai été un peu énervé quand Rei a avoué être déjà entré dans ma chambre pour voir à quoi elle ressemblait, mais je me suis très vite calmé. La curiosité est un vilain défaut et je ne pourrais pas affirmer que je n'aurais pas fait la même chose à sa place. En plus il a complimenté mes dessins alors que les murs de sa chambre sont recouverts de ses œuvres d'art. Et oui, j'ai bien dit œuvre d'art parce que c'est un véritable monstre du dessin ! Sugaya n'a qu'à bien se tenir face à lui. Il a dit que c'était pas mal pour un débutant et m'a donné pleins d'astuces pour m'améliorer. Apparemment c'est sa mère qui lui a appris parce qu'elle fait de la peinture durant son temps libre.
Et en parlant d'elle, le bruit des clefs qui ouvrent la serrure nous indique que la femme vient tout jutse de rentrer du travail. Le brun ne semble pas pressé d'aller saluer sa mère, mais il finit par m'emboiter le pas quand je me dirige vers l'escalier. Du haut des marches je peux déjà l'apercevoir. Ses longs cheveux couleur de jais contrastent avec sa peau de porcelaine. Quand je m'approche, je remarque que ses yeux sont 2 billes de jade, comme l'œil gauche de Rei. Quand tu vois qu'en plus elle est un peu plus petite que moi, on dirait que son fils a quasiment tout pris du côté de son père. Si je ne savais pas qu'il s'agissait de sa mère, j'aurais pu penser qu'ils n'étaient pas relatifs. Mon père prend place à ma gauche avant de venir me présenter à sa compagne.
« Voici mon fils Nagisa dont je t'ai tant parlé ma douce.
– Je suis enchanté d'enfin pouvoir te rencontrer, je m'appelle Chiyoko. Norio m'a énormément parlé de toi. Je suis si heureuse que tu sois avec nous à la maison.
– Merci. Je suis content de te rencontrer aussi. Je vois d'où Rei tient sa gentillesse.
– Mais c'est qu'il est flatteur en plus. Je sens que l'on va bien s'entendre. »
L'adulte s'approche de moi et plaque un baiser sur mon front. Je me fige sous le geste avant de m'éloigner. Comment une quasi-inconnue comme elle peut-elle être plus maternelle que ma propre mère biologique ? 1 minute. On s'est vu une seule insignifiante minute, et pourtant, c'est comme si elle avait fait plus que ma génitrice en 3 longues années. 3 années d'agonie où je n'ai jamais été assez. 3 ans d'agonie ou aucune de ses paroles ni de ses gestes d'affection n'étaient sincères. Mes yeux me piquent face à cette écrasante vérité. Et ça y est, le mal est fait. J'ai l'air d'avoir blessé Chiyoko, mais je n'en suis pas sûr à cause de ma vision trouble. Est-ce que je suis sérieusement en train de pleurer ? Moi qui met toujours un point d'honneur à ne pas craquer devant les autres je me mets à chialer pour une raison stupide devant 2 personnes que je viens à peine de rencontrer ? Dites-moi que c'est un cauchemar. Quitte à craquer, j'aurai préféré que ce soit devant Karma. Mais c'est trop tard.
Je sens une paire de bras me plaquer à un corps. C'est mon père qui tente de me consoler comme il peut. Je m'enfonce un peu plus dans son pull avant de relâcher ce que je contiens déjà depuis un moment. J'ai un peu honte de céder ainsi à la pression, mais aucun d'eux ne peux deviner la vraie raison de mon état, et ça me rassure un peu. Et fait et dit...
« Je m'excuse pour Nagisa, je crois que la journée a été un peu trop riche en émotion.
– Je ne lui en veut pas, ne t'en fais pas. J'ai été surprise, mais j'aurai dû m'en douter. Avec tous les événements récents, c'est normal qu'il craque.
– Je vais m'en occuper, je reviens. »
Et là, comme si j'avais de nouveau 5 ans, papa me porte jusque dans ma chambre. Il me pose doucement sur le lit et s'installe ensuite à mes côtés. Je n'arrive même pas à calmer mes pleurs, c'est vraiment pathétique. L'adulte me tend une boîte de mouchoirs que j'accepte. Je n'ai pas envie que mon oreiller soit rempli de ma morve et de mes larmes pour ce soir. J'ai l'impression d'avoir passé une éternité à essayer de me calmer. Au bout d'un moment, j'arrive enfin à refouler mes sanglots et le torrent de larmes laisse place à des yeux bouffis et des joues brûlantes.
« Est-ce que ça t'a fait du bien ?
– Je crois que oui.
– Je suis désolé mon fils, ça faisait peut-être trop en si peu de temps.
– Tu n'as pas à l'être. Rei et Chiyoko sont très gentils. C'est moi qui devrais l'être pour les avoir inquiétés.
– Nagisa, tu es en train de vivre une période très compliquée. Il n'y a aucune honte à avoir ce genre de réaction. Chiyoko est une mère poule qui est très douce dans son approche donc je comprends que ça ait pu te faire penser à ta mère. Ce n'était pas une femme faite pour moi, mais elle t'aime et s'est démenée pour que tu aies la meilleure vie possible. »
Oh mon dieu, il est tellement à côté de la plaque. Je ne lui ai jamais rien dit concernant ma génitrice parce que je ne voulais pas l'inquiéter, mais ça me pince le cœur de l'entendre dire de telles choses. Ma mère n'aimait qu'elle-même. Ce qu'elle voulait de moi, c'était réussir là où elle avait échoué. J'étais son reset et non pas son enfant. Mais ça, il ne pourra jamais le savoir. C'est mieux qu'il reste ignorant de tout cela. Mais je ne peux pas le laisser croire que j'ai pleuré pour une raison aussi débile.
« En fait, je n'ai pas vraiment pleuré pour ça. De voir un aperçu de cette nouvelle vie qui s'offrait à moi, ça m'a terrifié.
– Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?
– C'est idiot, mais j'ai eu peur que l'on finisse par me retirer cela aussi et que tu disparaisses de ma vie alors que tu viens juste d'y rentrer à nouveau. Je ne pourrais pas continuer à tenir debout si toi aussi tu partais.
– Nagisa, je ne vais nulle part, je te le promets. Je sais que tu crois que ta mère est partie de son propre chef, mais ce ne sera jamais le cas pour moi. Je t'aime bien trop pour ça. Ton esprit te joue des tours.
– Je sais papa, dis-je quasiment dans un murmure. »
Mon père m'entraîne dans une nouvelle étreinte quand il entend mes derniers mots. Pendant plusieurs minutes, personne ne parle. Ce silence n'est pas lourd, mais je ne me sens pas trop à l'aise. Le plus grand semble en pleine réflexion, mais je ne n'ose pas lui demander à quoi il pense. Un instant plus tard, il me regarde, on ne peut plus sérieux.
« Avec tout ce qui se passe en ce moment, je pense qu'il serait bien que tu ailles consulter des professionnels. Ça pourrait t'aider à vider ton sac et te libérer de ces pensées parasites. Je suis ton père, et dans la situation actuelle, je ne pense pas être la meilleure placée pour t'aider. Je suis aussi impliqué dans cette histoire, et je ne pourrais jamais remplacer l'avis d'un expert. Tu n'es pas obligé d'accepter, mais je pense que ça pourrait te faire du bien.
– Je te remercie papa, mais je ne me sens pas d'aller parler de mes problèmes à quelqu'un que je ne connais pas et n'aurais jamais vu avant. Par contre je te promets d'essayer de parler de tout ça à mes amis. Ils sont assez proches de moi pour que je puisse me confier, mais assez éloigné de cette affaire pour être de bon conseil.
– Si tu penses que ça marchera comme ça alors je n'ai pas d'objection. Mais si tu finis par changer d'avis, viens me le dire que je puisse prendre rendez-vous pour toi. Je vais te laisser te reposer maintenant. A plus tard. »
L'homme place un baiser sur mon front avant de quitter la pièce. Une fois la porte refermée, je détends mes muscles. Je ne m'étais même pas rendu compte de les avoir contractés, mais vu la conversation délicate qui vient de se dérouler, ce n'est pas très étonnant. Si la situation avait été différente, peut-être que j'aurais accepté l'offre de papa, mais là c'est impossible. Je garde trop de secrets importants pour risquer qu'ils soient découverts. Et par un psy en plus. Si je laisse échapper la moindre petite chose je vais finir boucler en asile parce qu'on m'aura déclaré fou à lier. Tout ce qui m'arrive depuis avril est si délirant qu'ils ne prendraient même pas la peine de me jeter en prison. Donc non, ce n'est pas une solution envisageable.
Par contre, si j'arrive à me motiver, j'essaierai de parler à Karma de certains de mes soucis. Il est celui à qui je fais le plus confiance donc je ne vois pas qui serait le mieux placé pour cette tâche. Quoi que, Sugino est plus posé que lui donc il serait peut-être un meilleur candidat. Enfin, j'ai encore le temps pour ça, je ne suis pas prêt à me confier tout de suite. J'espère juste que ça ne durera pas trop longtemps. Je ne veux pas de nouveau exploser comme ça parce que je suis incapable de gérer correctement mes émotions.
Je reprends mon portable, et alors que j'allais mettre une vidéo pour essayer de dormir, je vois que Karma m'a envoyé plein de messages. Je clique sur la conversation et lis tout avant de répondre. Je lui avais marqué tout à l'heure que je ne savais pas comment j'allais faire pour mes cours si je déménageais officiellement chez mon père. Entre le trajet, le changement d'environnement, ma nouvelle belle-mère et mon beau-frère, ça faisait un peu trop d'un coup à gérer par-dessus le reste. J'aurais dû me douter de la réponse qu'il allait me donner, c'était évident. Et pour être certain de parvenir à ses fins, il a m'a déjà détaillé tout le plan pour convaincre tout le monde. Il ne reste donc qu'à le mettre en application. Je suis curieux de voir comment cela va se passer demain.
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Hey les gens ! Voilà un petit chapitre de 3050 mots pour aujourd'hui. J'ai réussi à terminer le chapitre que j'avais en cours cette semaine, mais les révisions m'ont vite rattrapée. J'ai mon premier partiel jeudi prochain et n'est pas hâte du tout d'y être. Mais malgré le stress qui m'arrive en pleine figure, je n'arrête pas une tonne d'idées de scènes pour la suite. J'essaye d'en noter le plus possible quand j'ai un peu de temps, mais à mon avis je ne pourrais pas en garder beaucoup. Dans tous les cas on se retrouve la semaine prochaine avec la suite. Sur ce,
Kiss les gens <3
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