Chapitre 10
PDV Nagisa Shiota :
Plusieurs jours se sont écoulés depuis l'altercation avec Asano. Je redoutais un peu la réaction de mes camarades quand je suis retourné en cours, mais ça s'est plutôt bien passé. Presque tout le monde est venu me montrer son soutien. Ça m'a fait du bien d'avoir la confirmation qu'on ne me détestait pas pour ce que j'avais fait. Par contre, même si ça ne m'a pas spécialement rendu triste, je suis déçu du comportement de Kayano. Certes, elle ne faisait pas vraiment partie de mes amis proches, mais je pensais que je pouvais compter sur elle. Au lieu de ça, elle n'a pas cessé de me lancer des piques pour tenter de m'énerver – sûrement pour montrer que je suis effectivement un monstre aux autres – en vain. J'ai su me contenir malgré l'envie de riposter qui me démangeait. Combien de temps vais-je encore réussir à tenir ? Aucune idée. Mais pour le moment la soif de sang n'a pas tenté de s'occuper de son cas donc tout va bien.
Et les voix. J'aurais aimé que Lovro-san soit au courant de ces foutus voix parce qu'elles sont plus qu'irritantes. Je dirai même qu'elles sont carrément chiantes. Vous notez la façon dont j'en fait des caisses ? Eh bien ce n'est même pas exagéré. Elles s'invitent quand elles veulent et font des remarques au mieux inutiles et au pire qui te donnent envie de te tirer une balle. Elles ne font que me déconcentrer. Discuter avec mes amis – des gens qui existent vraiment contrairement à elles – est devenu compliqué. Parfois j'ai envie de leur répondre. Je sais que ce ne sont que des hallucinations auditives, mais j'aimerais au moins leur dire de bien fermer leur gueule si elles ne sont pas capables d'être au moins cordiales. Ça va 5 minutes de se faire traiter de fou gratuitement. D'accord, je ne suis pas la personne la plus saine d'esprit, mais quand même. En plus, comme c'est techniquement une extension de moi-même, ça veut dire qu'elles se traitent elles-mêmes de folle, non ? Ou ça veut dire que je me traite moi-même de fou ? Faut que j'arrête de me poser des questions bêtes.
Je vais aussi finir par croire que se lever en retard est une habitude chez Karma. Encore ce matin, personne n'a entendu le réveil sonner. Bon, moi c'est sûrement parce que j'ai fini par m'endormir aux petites heures du matin, mais lui n'a aucune excuse. Je l'entendais ronfler comme un bienheureux à minuit. Comment fait-il pour arriver à la station à l'heure le matin ? C'est un mystère dont je n'aurai jamais la réponse. Enfin bref, je me dépêche encore aujourd'hui de me préparer et viens vérifier que le flemmard qui me sert de meilleur ami soit bien levé. Miracle, il l'est ! Bon, par contre il est toujours en pyjama alors qu'on doit partir dans 10 minutes.
« T'attends quoi pour aller te changer ? La messe ?
– Mais d'habitude je mange et bois ma briquette avant.
– Parce que tu as le temps de prendre un petit déjeuner avant de partir toi ? T'es même pas capable d'entendre ton réveil sonner.
– Toi non plus je te signale.
– Non, c'est juste que ta maison ou ton réveil est maudit. Ou alors c'est les 2. Mais dans tous les cas, si tu n'es pas prêt quand je te dis qu'on part, je t'emmène tel que tu es en cours. »
Karma bougonne un petit « Oh non. » avant de se diriger vers la salle de bain. Voilà, c'est bien ce que je pensais. Je descends en bas et récupère du frigo une briquette à la fraise, et une à la vanille. Une fois que monsieur arrive dans la cuisine, je lui tends sa préférée qu'il ouvre sans plus attendre. On discute tranquillement des cours de la matinée avant de se chausser et d'enfin quitter la maison. Le trajet se passe sans accroc. Quand on arrive au collège on recroise la bande d'Asano. J'ai bien cru qu'il allait de nouveau m'approcher pour me convaincre d'accepter son défi stupide, mais Araki a dû le convaincre d'abandonner l'idée puisqu'il finit par tourner les talons et partir. Tant mieux ! Je n'aime pas les gens bornés. Enfin, je suis bien ami avec Karma et Terasaka... Mais ce sont des exceptions !
Et en parlant de Karma, je dois m'être un peu trop perdu dans mes pensées puisque je n'avais même pas remarqué qu'il m'avait pris la main. Je suis confus. D'un côté je ne vois pas vraiment pourquoi il cherche toujours à me coller, mais de l'autre je ne comprends pas pourquoi ça ne me dérange pas. Enfin ça dépend de quoi. Se mettre sur ses genoux c'est un non. Dans le métro en plus, là où tout le monde peut te voir et te juger ! Et puis pourquoi maintenant ? Il ne m'a jamais fait ça avant. Est-ce que c'est son inquiétude qui se manifeste et qui le pousse à être très tactile pour se rassurer ? Je ne sais pas, mais ça va finir par me rendre dingue cette histoire !
« Tu as l'air bizarre ce matin Nagisa, tout va bien ?
– Oui Sugino, ne t'en fais pas. Je manque juste de sommeil. Pas comme une certaine tête de piment.
– Mais qu'est-ce que j'ai encore fait ?
– Tu ronflais comme je ne t'ai jamais entendu ronfler hier. Ça m'a empêché de dormir une bonne partie de la nuit. »
Bon, ça ce n'est pas totalement vrai, mais je n'allais quand même pas leur dire la vérité. Craindre de dormir parce que tu as des flashbacks de ta mère maltraitante n'est pas un sujet de conversation banal, et encore moins facile à aborder. En plus je suis persuadé que c'est en partie de sa faute si je ne me suis pas endormi avant 5h : c'est le moment où il a arrêté de ronfler.
« Mille excuses d'avoir gâché votre divin sommeil, votre altesse. Comment puis-je expier mes fautes ?
– Arrête de ronfler fort au point que ça traverse les murs, ce sera déjà bien. Sinon tu peux faire à manger tout seul ce soir. Je suis curieux de voir tes talents culinaires en action.
– Est-ce que tu insinues que je ne sais pas me faire à manger par hasard ?
– Je n'insinue rien. Je dis juste qu'il y a un peu trop de plats tout préparés à mon goût dans ton frigo.
– Ca ne veut rien dire à part que j'ai la flemme de me faire à manger.
– Mais bien sûr, et à d'autres. Tu sais mon petit Karma, le mensonge c'est mal.
– Tu es plus petite que moi, Rio. »
Et ça y est, ils sont partis. Par contre je note que maintenant Karma doit me faire à manger ce soir. C'est sympa de cuisiner à deux, mais j'en ai marre de devoir le faire tous les jours. Ça fait un an que je dois me coltiner cette tâche tous les soirs donc une pause ne me fera pas de mal.
« Bon, ce n'est pas que je veux casser l'ambiance, mais il faut aller en classe.
– T'es vraiment un rabat-joie Itona. On s'amusait bien.
– Vous chamailler c'est ce que vous appelez de l'amusement ? Vous êtes bizarre dans ce cas.
– Mais ne cherche pas à comprendre, ça ne sert à rien. Allez viens, le poulpe ne va pas tarder à arriver.
– Depuis quand tu te dépêches d'aller en cours Terasaka ? Avec le vide qu'il doit y avoir dans ton crâne j'aurais juré que tu faisais tout pour éviter de venir.
– Espèce d'enfoiré ! »
Je rigole face à la situation. Décidément, il y en a toujours un pour embêter l'autre. Mais cette fois-ci les deux s'arrêtent assez vite car on rentre en classe. Chacun dû se séparer pour aller à sa place. J'ai donc le malheur d'être obligé de voir la tête de Kayano. Si son regard pouvait tuer je serais déjà mort au moins 10 fois, mais je n'y prête pas plus d'attention que ça. Je suis plus mature qu'elle et il est hors de question que je rentre dans sa petite guéguerre. A la place, je sors mes affaires et attend sagement l'arrivée de notre professeur principal. Et il ne tarda pas à rentrer dans la pièce à Mach 20. Ça y est, la journée commence.
Bon, ce n'est pas que le cours de Koro-sensei est inintéressant, mais je n'arrive pas à me concentrer. Depuis hier les flashs surviennent aussi en pleine journée, mais ils sont beaucoup plus flous et décousus. Impossible de me focaliser sur la leçon. Mais je ne peux pas partir du cours. Ça inquiéterait mes amis si jamais je demandais à aller me reposer parce que ça ne va pas. Hors de question de les laisser voir cette partie faible de moi. Je dois tenir bon juste encore un peu. La pause de midi ne va pas trop tarder. J'espère...
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Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Il y a encore une minute j'étais en cours, et maintenant me voilà dans cette pièce toute sombre avec plein de portes. Cet endroit me dit vaguement quelque chose, mais je n'arrive pas à retrouver d'où. Je crois que, ça y est, j'ai fini par péter les plombs. A moins que je ne sois en train de rêver ? Putain je ne sais plus ! Mais c'est possible d'être conscient dans un rêve au moins ? Il me semble que oui.
Concentre-toi Nagisa !
Ce n'est pas en commençant à paniquer que la situation va s'éclaircir. Il faut que je sois rationnel. Mais je n'arrive pas à l'être vu que je ne sais même pas ce qui m'arrive. J'observe le petit espace qui m'entoure. Les portes sont peintes de plusieurs couleurs et mon nom est inscrit sur l'une d'elles. Peut-être que je vais sortir de là si je l'ouvre. J'essaye d'abaisser la poignée, mais ça ne marche pas. Au bout de la troisième tentative, ma frustration me fait donner un grand coup de pied dans le panneau de bois, mais il ne bouge pas d'un centimètre.
« Tu n'as toujours pas compris que tu ne pouvais pas l'ouvrir ?
– Il est encore trop tôt.
– Et ça y est, vous revoilà.
– Bien évidemment !
– Tu ne peux pas nous échapper.
– Laissez-moi, je ne veux pas vous parler. Je veux juste m'en aller ! »
Qu'est-ce qu'elles m'énervent à constamment se ramener quand ce n'est pas le bon moment ! Une partie de moi a envie de les écouter et de ne plus maltraiter la porte car ça ne sert à rien, mais de l'autre je me dis que je ne peux pas leur faire confiance. Ce ne sont que des saletés d'hallucinations qui essayent de me jouer des tours !
« Tu es borné ma parole, on t'a dit que la porte ne s'ouvrirait pas.
– Tu vas juste te faire mal pour rien.
– Je ne vois pas pourquoi je suivrai vos conseils. Vous ne m'avez jamais donné aucune raison de vous écouter et encore moins de vous faire confiance. Vous êtes juste là pour tenter de me rappeler que je ne suis rien.
– Ça ne sert à rien de s'énerver comme ça. Nous disons juste tout haut ce que tu refoules au plus profond de toi.
– C'est vrai, nous sommes toi et tu es nous. Si tu veux qu'on arrête, il faut que toi tu stoppes tes propres pensées inconscientes.
– Ouais, j'y penserais à l'occasion. Au fait, c'est un peu chiant de vous appeler les voix à la longue. Je ne pourrais pas vous donner un petit surnom mignon ? Histoire de cacher le fait que vous êtes franchement horribles.
– Tu peux nous appeler Cat et Deb dirent-elles à l'unisson. »
Cat et Deb ? C'est vraiment étrange comme noms, mais ça fera l'affaire on va dire. Je finis par abandonner de faire céder la porte et me glisse au sol. Je me suis fatigué pour rien et je ne suis toujours pas capable de sortir de cette maudite pièce. Ça m'apprendra à persévérer quand c'est peine perdue. Je soupire et m'attrape mes couettes avant de tirer dessus. Comment vais-je faire pour me sortir de là ? Je veux juste que tout se stoppe et me réveiller entouré de mes amis. Comme si on m'avait entendu, je sombre dans le noir.
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La pièce sombre a laissé place à une lumière aveuglante. Je ne suis plus en classe ? On dirait bien. C'est donc ça qu'il se passe quand je me retranche dans mon esprit ? Mais qu'est-ce qu'il s'est encore passé pour que j'en arrive là ? Les pertes de mémoire aussi commencent à me gonfler. Je reprends entièrement mes esprits et remarque que j'ai atterri au niveau de la piscine improvisée par Koro-sensei. Au moins je ne me suis pas enfui du collège. Je ne sais même pas quelle heure il est. Je tâte ma poche pour voir si, par chance, je n'y aurai pas laissé mon portable. Si ! Avec les pitreries du groupe j'ai oublié de le remettre dans mon sac quand on s'est installé dans la salle de classe. Après un bref coup d'œil à l'heure, j'envoie un message à Karma pour lui dire où je suis. Il me répond rapidement et me dit de ne pas revenir au bâtiment et qu'il me ramènera mon bento pour manger au point d'eau. Il ne reste même pas 5 minutes avant la sonnerie donc je me suis installée sur l'un des transats pour attendre les autres.
Quelques instants plus tard, mes amis pointent le bout de leur nez. Leurs mines sont inquiètes. Qu'est-ce que j'ai encore fait comme dinguerie ? Après que tout le monde s'est installé, j'attaque le vif du sujet.
« Et si vous me racontiez ce que j'ai fait ? Je n'ai attaqué personne cette-fois ?
– Non, personne n'a été blessé. En fait, Kayano n'a pas arrêté de te chuchoter des trucs pendant toute l'heure. Koro-sensei t'a demandé de venir au tableau pour compléter un exercice, et quand tu as mis un peu de temps à répondre à la dernière question, cette connasse a lâché que si ton cerveau détraqué n'était pas capable de répondre à un truc aussi simple alors il ne fallait plus que tu viennes en cours. Entre ça et tout ce qu'elle t'avait dit avant, et que personne n'a pu entendre, ça t'a fait pété une durite. Tu lui as hurlé dessus et l'a traité comme du brocoli pourri avant de te casser. Heureusement le prof l'a collé pour son comportement, réplique Sugino très remonté par l'attitude de la planche à pain.
– Ne t'en fais pas Nagisa, tout le monde a pris ta défense. Tu ne seras pas sanctionné vu que ce n'est pas de ta faute et que tu n'étais définitivement pas au contrôle. Les autres sont eux aussi super en colère après elle. Sa réputation est définitivement détruite.
– Tu veux qu'on lui règle son compte ? Elle m'insupporte à te traiter comme ça alors que tu n'y peux rien ! J'ai envie de me la faire. Une baffe en pleine tête ne lui ferait pas de mal, me dit Rio droit dans les yeux.
– Merci de vous inquiéter, mais je ne veux pas que vous rentriez dans son jeu. Je ne me souviens de rien de ce qu'elle m'a dit de l'heure, mais elle est parvenue à ses fins. Tout ce qu'elle veut, c'est que les autres me voient comme un monstre dont il faut se débarrasser.
– Mais quelle salope ! Même le poulpe n'a pas le droit à un tel traitement alors que c'est notre mission de le buter ! »
Bon bas je crois que Kayano est fichue. Ou plutôt Kayapute comme Rio et Terasaka l'appellent à présent. Tout le monde met la main à la pâte pour échafauder des plans afin de lui gâcher la vie. Tant que ça reste juste des plans imaginaires ça va, mais il ne faut pas qu'ils les mettent à exécution. Même si sa réputation dégringole, si on la cible et la harcèle, c'est nous qui n'aurons plus bonne réputation. Et elle aura donc gagné. Je dois faire en sorte de ne plus réagir à ses petites provocations pour éviter que cet incident se reproduise. Il n'y a pas moyen que je la laisse nous ruiner comme bon lui chante. Mais le sujet ne reste pas longtemps sur la table. Il est vite remplacé par les dernières informations que j'ai loupé en classe.
« Donc si j'ai bien compris, Koro-sensei est parti voir une pièce de théâtre en Floride donc son cours est remplacé par celui de Mme Pouffe de 13h à 15h. Et en plus on a pas de devoir.
– C'est exact ! Ce n'est pas beau ça ? Avec un weekend entier de libre, on va pouvoir se détendre et faire des trucs ensemble. Un cinéma ce serait sympa.
– Mais on ne devrait pas en profiter pour réviser pour les examens ? Je vous rappelle qu'on a le pari avec classe A à remporter, nous rappelle Sugino.
– T'inquiète, on a encore le temps pour ça. Moi je dis qu'après une semaine pareil il faut se détendre. Donc on va profiter pour s'éclater pendant ces deux jours sans penser à rien d'autre que s'amuser, et dès lundi on attaque avec des sessions de travail. Alors, vous en dites quoi ? »
Chacun trouve le compromis raisonnable donc c'est décidé : samedi ce sera après-midi ciné et sortie au parc.
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Hey les gens ! En ce dimanche tout gris je vous sors un chapitre de 2934 mots pour égailler cette fin de journée. Ma semaine de vacances est finie et je n'ai pas envie de retourner à la fac. Laissez moi écrire et faire du crochet svp les profs (T^T). J'ai fini le chapitre 14 tout à l'heure donc la liste de mes chapitres d'avance se rallonge et j'ai dépassé les 40K mots écrits sur cette histoire. Je ne pensais pas que ça irait si vite, mais c'est une très bonne surprise. Sur ce,
Kiss les gens <3
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