Dans une ancienne usine désaffectée, deux rats se désaltéraient en profitant d'une petite flaque d'eau boueuse. Des bruits de bottes autoritaires les firent sursauter, et il se hâtèrent de se cacher sous un tas de débris périssant non loin, dans l'ombre.

- Chers confrères, merci d'être venus !

Une femme, la messagère des Triades, venait de prendre place sur une estrade aménagée à partir de vieilles palettes en face d'un groupe d'une bonne trentaine de personnes.

- Moi, la Cho Hai, messagère du Dragon Rouge, je viens vous informer. Vous informer que grâce à vos efforts, notre projet avance, et que nous arrivons dans la phase finale de notre plan. Le Grand Jour approche !  Et afin que tout se déroule comme prévu, notre Maître viendra bientôt superviser le projet.

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Caché derrière une pile de débris poussiéreux, Vincenzo écoutait attentivement.

Il avait suivi une méta faisant partie de sa Liste, après avoir sélectionné celle qui semblait la plus facile à traquer. Ayant obtenu son adresse grâce aux informations piratées du Centre, il s'était posté devant chez elle, en planque, attendant qu'elle bouge. Sa patience avait été grandement mise à mal, mais cela avait finalement payé. Elle ne se doutait de rien, et il était parvenu à la suivre sans encombres jusqu'à cette vieille usine délabrée ou se tenait une sorte de réunion.

Il avait l'habitude de ce genre de filature. Avant, dans son ancienne vie avec la mafia, c'était sa routine. Filature, extorsion, violence, intimidation... Puis il avait connu Clara, et tout avait changé. Il s'était rangé et avait enfin vécu une vie heureuse. Mais pour un temps seulement. Jusqu'à l'accident. Ensuite, tout avait basculé. Sa descente aux enfers avait été interminable. La dépression, le désarroi, le désespoir, puis... la vengeance. Aujourd'hui son but était simple : retrouver qui étaient les vrais responsables de la mort de sa femme et leur faire payer.

Faisant fi des deux rats qui gesticulaient autour de lui, il se re-concentra pour écouter attentivement la suite d'un discours qui s'avérait très riche en informations.

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- Pour vous qui avez tous obtenu des habilités spéciales grâce au Centre situé en ville, le temps est venu de rendre la pareille. Vos capacités vont bientôt être mises à contribution. Continuez de vous entraîner, car lorsque notre Maître viendra nous passerons à l'action.

Une des personnes présentes dans le groupe, un homme au visage totalement recouvert de veines bleues, s'avança pour poser une question.

- Quelle sera la mission ?

La messagère le fixa longuement, comme pour le jauger, puis pris son temps pour bien peser ses mots.

- Vous n'avez pas besoin de connaître le grand dessein dans sa totalité, car les enjeux dépassent votre entendement, et ce n'est pas ce pour quoi nous vous payons. Cependant je vais vous dévoiler le prochain objectif : il s'agira de récupérer les formules chimiques du Centre. La liste des composés, les recettes, les échantillons, les sérums, il nous faut tout.

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Une fois la réunion secrète terminée, Vincenzo ne tenait plus en place. Beaucoup d'informations se bousculaient dans sa tête. Quel était le réel but de cette organisation ? Pourquoi vouloir voler les formules ? Pour "produire" d'autres monstres de leur côté ? Pour faire concurrence au Centre ? Il ne réussissait pas à assembler toutes les pièces du puzzle.

Pendant qu'il réfléchissait, chacun s'en allait de son côté, quittant la vieille usine. Ses mauvaises habitudes reprirent le dessus. Afin de se vider les idées, il décida que le moment était opportun pour continuer sa vendetta.

Il suivi la même fille qu'il avait traqué à l'aller. Elle était venue seule et repartait seule dans sa voiture. Parfait. Il prit garde à ne pas se faire repérer en sortant de l'usine, tapis dans l'ombre, puis rejoignit sa voiture qu'il avait laissé quelques mètres plus loin.

La fille se gara devant chez elle. Vincenzo positionna son véhicule juste derrière celui de sa proie. Il éteignit les phares et le moteur. D'un geste rapide, il récupéra le Desert Eagle dans sa veste,  se pencha sur le côté pour ouvrir la boite à gant et en sorti un silencieux. Il le vissa sur son arme tout en gardant un œil sur sa proie, qui vérifiait que la portière de sa voiture était bien fermée à clé avant de se diriger vers sa maison. Elle ne se doutait de rien.

Il sorti de sa voiture, rattrapa sa cible en trois grandes enjambées, plaqua une main sur sa bouche et de l'autre pointa son arme dans le dos de sa cible. Elle ne put qu'étouffer un gémissement lorsqu'il lui susurra à l'oreille "Ceci est ma Vendetta" et pressa la détente deux fois.

Il la retint lorsqu'elle tomba en arrière dans ses bras. Il la porta ensuite vers la ruelle adjacente à la maison, comme on portait un ami qui avait trop bu en fin de soirée. Il n'y avait personne à cette heure là dans la rue, mais même si un passant voyait la scène au loin , il n'imaginerait jamais qu'il puisse s'agir d'un cadavre.

L'italien la déposa au milieu de la ruelle, contre un conteneur de poubelles. Il crut entendre un bruit. Pressé, il ne souhait pas s'éterniser dans la zone, ni être vu. Il s'en alla rapidement.

Il ne se doutait alors pas de l'énorme erreur qu'il venait de commettre.