Ryu
.... Je me réveille en sursaut avec une pointe au cœur encore plus terrible que d'habitude. J'ai l'impression qu'une lame me transperce la poitrine avec une force telle que j'ai peur de m'évanouir. Je me relève difficilement. Un rayon de lumière passe à travers la fenêtre... Attendez, de la lumière ? Oh non non non ! Il fait déjà jour, cela veut dire que j'ai passé la nuit ici. Je me retourne et trouve le matelas vide. Yūn a eu la délicatesse de poser un plaid sur mes épaules, de sorte que je n'ai pas du tout eu froid pendant la nuit. N'empêche qu'il doit être bien tard pour que le soleil soit si haut dans le ciel. Je me lève avec précipitation avant de me rasseoir aussitôt, rattrapée par ma douleur à la poitrine. Mon cerveau tourne à toute vitesse. J'essaie de trouver pourquoi j'ai mal comme cela. Je sais que cela m'arrive quand je suis proche des Ruiz, le nom de famille d'Ayden et Alisha. Mais là, je n'étais pas près d'eux ?! J'ai passé la nuit dans la chambre de Yūn (je vais me faire tuer quand ça va se savoir d'ailleurs)! Alors pourquoi ? La douleur reste aussi intense, ça permet au moins à mon corps de s'y habituer, même si ça fait mal. J'arrive enfin à me lever, je tiens à peu près debout sur mes jambes. En tout cas suffisamment pour descendre au rez-de-chaussée. Fébrilement, je parviens à la cuisine. Yūn m'accueille avec un sourire éclatant.
- Salut ! j'espère que tu as bien dormi serrée contre moi comme ça !
- Ah ah ah... Et toi j'espère que tu t'es bien endormi sur mon épaule !
- T'as de la répartie, j'aime ça, en attendant, il est déjà 8h et demi et tu n'as rien mangé, je ne sais pas à quelle heure tu commences les cours mais tu risques d'être en retard.
Je rétorque :
- Monsieur le génie a certainement oublié que le samedi nous n'avons pas cours !
Son sourire redouble d'intensité.
- Dans un collège normal, évidemment mais ici c'est l'élite, si tu tiens à devenir une vrai Idol, chaque jour est indispensable.
- Même le dimanche ? Je demande
- Ah ! Non heureusement ils ne sont pas cruels à ce point ! Dans quelle classe es-tu ?
- Je suis en 3-B
- Tiens, c'est étrange, je ne t'ai pas vu hier pourtant je suis aussi dans cette classe.
Il réfléchit deux secondes puis éclate de rire.
- Evidemment que je ne t'ai pas vu ! Je n'étais même pas moi-même en cours !
Je ris nerveusement en me demandant intérieurement qui peut bien être ce gars. Mais son gentil sourire me rappelle qu'il m'a laissé dormir dans sa chambre de luxe. Mon assurance, qui m'avait quitté jusque-là, revient avec un grand aplomb.
- Bon la table est mise pour faire joli ou on peut manger ?
- Quand tu veux nae sa...
- Et arrête de m'appeler ma jolie.
Il soupire et me regarde d'un air qui pourrait tout à fait dire "tu as du caractère, j'aime ça". Il m'indique une chaise haute en me proposant de prendre place. Sur la table, il y a quelques restes de la veille. Mais Yūn a aussi pris la peine de refaire du kimchi avec des œufs et du pain. Je mange avec appétit en goûtant à tout ce que je peux. Mais rapidement, je m'arrête car cela me fait trop mal au cœur. Yūn lève les yeux de son assiette, je dois être très blême car il écarquille les yeux et saute de sa chaise pour venir me voir. Il me demande affolé, confirmant mes soupçons.
- Hey ? Ça va ? T'es super blanche là !
Je tente de détendre l'atmosphère.
- Je suis blanche de base !
Il ne sourit pas.
- Désolé, je ne rigole pas avec ça, j'ai mes raisons. Tu devrais prendre une douche.
-D'accord
Je comprends qu'il ne faut pas que j'insiste et que je me lève pour partir. Il me retient par le poignet et ajoute un peu gêné.
-Euuuh... Je serais un peu rassuré si tu la prenais ici.
- Je ne te dois rien ! Je m'exclame en rougissant et en me détachant de sa prise.
- S'il te plaît...
Aaaaargh pourquoi je ne sais pas dire non ! J'ai un fort caractère pourtant !
- J'ai pas d'habits, Yūn.
Il répond précipitamment.
- J'en ai qui devrait t'aller, je peux te les prêter si tu veux.
- Non merci, je ne veux pas des habits oubliés de tes ex.
Il recule d'un pas, comme piqué. Un éclair de colère passe dans ses yeux. Puis ils se radoucissent, et enfin, une telle douleur passe dans son regard que je suis complètement déstabilisée, je ne sais pas si je dois le prendre dans mes bras, partir, ou le laisser me prêter ses vêtements. Je choisis la troisième option.
- Ok, désolé, je vais le faire, je vais prendre tes habits. (J'ajoute d'un ton rieur) Et interdit de me regarder c'est bien clair ?
- Promis, laisse moi te montrer la salle.
***
Le lavabo est entièrement de marbre blanc. Le robinet lui, était doré. Il en allait de même pour la baignoire. La douche quant à elle (car oui, il y avait une douche ET une baignoire) avait des parois en verre coloré bleu ciel. Je choisis la douche, c'est plus rapide et j'ai toujours mal au torse. Ça fait du bien de sentir l'eau sur ma peau, ça calme un peu la douleur. L'intensité de celle-ci diminue peu à peu, jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment faible pour que je n'y fasse plus attention. Yūn a beaucoup de shampoings, savons et autres produits aussi fous que improbables. Par exemple, je trouve un gel "comment éloigner les hommes et attirer les filles" ou bien une lotion pour le corps afin de pouvoir "grimper au arbres". Vu que je profite d'une douche gratuite, j'y vois une bonne occasion de me laver les cheveux. En effet, dans notre chambre, c'est nous qui payons l'eau et les produits, alors des économies s'imposent. Je choisis un shampoing random parmi ceux qui m'ont l'air les plus banals. Comme après-shampoing, j'ai beau chercher, je n'en trouve pas un qui soit normal. Les produits étant mal rangés, je prends deux minutes pour les remettre en ordre sur l'étagère de métal. Je me dis que je lui dois bien ça après ce qu'il a fait pour moi. Je trouve alors au fond un après-shampoing à la vanille. C'est exactement le même emballage jaune au bouchon orange que celui que Eomma m'achetait, petite. Ce n'est pas particulièrement une marque de luxe mais j'adorais l'odeur.
J'esquisse un sourire et le prends. Je sais que je serais en retard, mais je sais aussi que Yūn n'est pas le genre de personne qui me dénoncerait, d'autant plus qu'il est dans mon cas. Quoique... quand je sors de la douche, Yūn m'attend à sa place autour du bar qui nous a servi de table de petit-déjeuner. Et il porte son uniforme scolaire. Quant à moi, il m'avait donné un top rouge large et haut. Un short en jean clair et un collant noir et transparent ainsi qu'une veste en cuir noir accompagnait le haut. C'était parfaitement mon style, j'adorais. Néanmoins, ce n'était pas sûr que je puisse rentrer comme ça dans l'enceinte du collège. Car oui, et heureusement, le pensionnat se trouvait à l'extérieur du collège, de sorte qu'une fois les cours fini, pensionnaire et externes confondus étaient libres. Mais en attendant, je devais avoir cours. Je demande donc à Yūn.
- Comment comptes-tu que j'aille en cours avec ça ?
Il souris malicieusement.
- Ça, ce n'est pas dans mon plan ma petite Cheng !
Je soupire et lève les yeux aux ciel, d'exaspération pour sa remarque et sur le fait d'avoir un nouveau surnom. Je me dirige vers la porte bien décidée à m'en aller.
- Bon ok ok... C'est bon je rigoooole !
Je ne me retourne pas. Il cri
- Cheng... Ryu !!!
Je me retourne, furieuse qu'il utilise mon nom. Il griffonne à toute vitesse sur un bout de papier.
- Prends ça au moins, si jamais tu voudrai revenir ! S'il te plait.
Argh, son sourire charmeur m'agace, je lui arrache le papier des mains, me retourne et lui claque la porte au nez. Je regarde ce qui est écrit sur la feuille en m'éloignant à grand pas, son nom entier " Yūn-Jin Jeng" suivi de son Kakaotalk. Je ne ralentis pas ma marche en fourrant la feuille dans ma poche. Devant moi, derrière le tournant du couloir, j'entends des rires. Plus je m'en approche, plus mon thorax recommence à me lanciner. Je ralentis ma marche en grimaçant de douleur. Des rires masculins approchent de plus en plus. Je suis maintenant arrêtée tellement j'ai mal au cœur . J'entends que des pas s'accélèrent, accompagnés de cris, une main se pose sur mon épaule droite. Parmi les cris je discerne un : "Lève la tête !". Je m'exécute le visage que je vois est affolé, je le connais mais je ne l'identifie pas. Soudain, quand mon regard croise le sien, des images, tels des souvenirs, arrivent en flash devant mon visage. Je les vois, relatant la vie d'une fille, certainement latine ou espagnole. Je la vois petite, jouant avec une fille en fauteuil roulant, au vu de leur ressemblance, cela doit être sa sœur. Je vois un homme la frapper. Je la vois grandir dans toutes sortes de moments de sa vie. Son environnement est toujours pauvre, je me sens mal pour elle, moi qui me plaint pour un oui pour un non, elle semble toujours extrêmement joyeuse. Je crois qu'elle a une très grande famille, dont, malheureusement, un père violent. Je la vois rire avec un garçon. Je vois à travers son regard, elle observe ce même garçon hilare avec une autre fille. Je ressens aussi son immense tristesse sur le moment. Le plus étonnant, c'est que je n'avais jamais vu ces scènes, mais qu'elles ne m'étaient pas inconnues pour autant. C'est comme si, j'avais été atteinte d'amnésie et qu'on m'arrachait des souvenirs. La dernière image montre ses yeux, effrayés, cette image m'empoigne car la fille semble me fixer droit dans mes propres yeux. C'est aussi la seule qui s'accompagne d'un son bien distinct, mais que je ne comprends pas car il est en espagnol, mais j'en retiens les paroles . " ¡ Por favor, Ayudarme !".
Mes yeux devaient être fermés car la lumière du hall m'éblouit, mais pourtant, en regardant la tête du garçon penché sur moi, je vois bien qu'il y avait un truc bizarre sur mon visage, alors je pense que non, j'ai dû faire une absence ou un truc du genre. Je regarde plus attentivement le visage au-dessus de moi.
- Nolan ?
Nolan semble très troublé, mais secoue la tête.
- Ryu, s'il te plaît, c'est moi.
Avant qu'il me dise son nom, je cligne des yeux et aperçois, non pas Nolan, mais bien Ayden qui me regarde avec une inquiétude rapidement transmissible, mais je ne me laisse pas faire. Malgré la douleur, je trouve la force de me relever. Et j'ai soudain envie d'établir un lien, un pont, qui me permettrait de revoir cette mystérieuse fille. Alors, ouais, je demande un truc bizarre.
- Ayden ? Tu m'aime ?
Il écarquille les yeux mais souffle, gêné et rougissant.
- Ouais...
Je souris, il m'embrasse. Je suis surprise mais je me laisse faire, car à cet instant, je ne ressens plus rien, ma douleur s'est comme volatilisée ainsi que toute mes pensées. Je ferme les yeux et lui rends son baiser...
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