Adalina
...Et referme ma bouche aussi sec. Je suis allongé sur la banquette arrière M. Ramirez me regarde avec des yeux d'étonnement. De loin, je vois Matias qui me regarde avec un œil amusé. Je sais qu'il a compris, et il sait que je sais qu'il sait, ça fait beaucoup je sais. Il mime avec sa bouche:
- Ne t'inquiète pas, elle ne gagnera pas.
Je rougis, Ramirez s'inquiète, Mat éclate de rire. Mon employeur me demande :
- Hija ! Cela t'était déjà arrivé avant ? Une telle crise ? C'est étrange, je ne t'ai jamais vue être aussi faible !
- No se preocupe, je vais bien, je dois juste... Respirer.
Il comprend et s'éloigne. Matias accourt et s'assoit sur mes jambes.
- Aïe ! Matias, eres pesado, ça fait mal aux genoux.
- Je le savais ! Te gustas a mi hermano !
Ca y est, il a posé les mots dessus, je suis soulagé que ce ne soit plus un secret. Néanmoins, je nie. Il me rassure :
- Je ne dirais rien ! Il ferme ses lèvres de ses doigts, bouche cousue, yo no diría nada, je...
- J'ai compris ! Stop, pitié tais-toi !
Il souris et s'allonge perpendiculairement à moi.
- Avant, papà n'était pas aussi gentil, il était rude avec nous, il nous faisait travailler de force au stand, sans se soucier de nos besoins. Il ne nous connaissait pas. Il a bien changé... TU l'a bien changé. Et on ne pourra jamais assez te remercier pour cela. Je...
Il s'interrompt, je ne comprend pas ;
- ¿Qué tienes ? C'est très gentil à toi mais je ne comprend pas cet élan de... ( je réfléchis à la meilleure manière de le formuler) d'affection ! d'habitude, tu es plutôt du genre.
Je l'imite en faisant le clown avec des grimaces typiques. Il rit.
- C'est donc comme ça que tu me vois ?! Tu vas être servie.
Il se lève et se lance dans un show digne d'un mannequin défilant sur un podium. Je rit au éclat. Ramirez, en nous entendant nous amuser, passe la tête par une porte et nous ordonne de revenir travailler si nous avons la force de de rire ainsi. Matias se tourne vers moi et murmure :
- Tu vois, il serait venu nous frapper avant !
Je souris discrètement et nous sortons du camion. La première chose, ou plutôt la première personne que je vois est la fille... cette fille. Je la détaille de plus près. Elle a à peu près mon profil, sauf qu'elle est sur-maquillée et qu'elle porte des habits qui mettent en valeur ses formes, à part cela, on pourrait penser que nous sommes sœurs. C'est d'ailleurs ce que doit penser Mat car son regard passe d'elle à moi. Adrian s'approche pour me faire la bise, je sursaute, mais il esquive ma joue pour aller me chuchoter :
- C'est Arianne, une amie qui me colle désolé, tu peux jouer le rôle de mi novia ? Juste pour aujourd'hui, je te paye un churro si tu veux.
Et il m'embrasse sur la joue. J'ai l'impression de m'être fait tirer une flèche en pleine poitrine. Je suis tiraillée entre la joie de devoir jouer le rôle de sa copine et entre la douleur de voir qu'il veut acheter mon amour au prix d'un churro. Je suis déboussolée et je ne sais pas si je dois le suivre ou pas. Ma joie l'emporte et je lui souris pour lui apporter mon accord. Il comprend et hoche la tête en m'adressant un remerciement muet.
***
Matias me regarde, incrédule.
- Pour quelqu'un qui voulait garder ça secret tu n'es pas discrète ! Lui non plus d'ailleurs ! ¿Qué pasa ?
- C'est entre nous... Un accord. Je grommèle.
Les coins de sa bouche s'élargissent en un rictus de grimace. Il dit qu'il va tuer su hermano. Je m'esclaffe. Adrian, en "petit ami" fidèle n'était pas loin, se tourne vers nous et me prend par les hanches.
- Hey, ça s'appelle de l'infidélité de reír como eso avec mon frangin !
- Mais nan je...
Il m'interrompt en m'embrassant. Je ne peux pas décrire ici comment c'était, vu les circonstances dans lesquelles il s'est passé. Tout ce que je peux affirmer c'est que j'avais envie qu'il recommence. Mais il ne le fit pas bien sûr car ce n'était pas sincère. Matias me regarda d'un air empli de pitié. Je hausse les épaules, si je peux en profiter, c'est à mon avantage !
***
Adrian me prend dans les bras.
- Merci ma belle.
Je souris, triste.
- Tu peux arrêter ta comédie maintenant.
- Et si c'était pas de la comédie ?
Je rougis, je le sens sur mes oreilles. Mais il me met une claque amicale dans le dos et s'exclame:
- Mais bien sûr que j'arrête ! C'était une blague !
La frappe sur mon dos me paraît bien plus violente qu'elle ne l'est en réalité. Il me plante là... C'est le soir, j'ai passé l'après-midi à "jouer la comédie" en me baladant avec eux, pour qu'Adrian puisse prouver à son amie qu'il ne l'aimait pas. Je m'effondre sur le sol, en sanglots, la pression de la journée retombe en me laissant un gros vide dans le cœur. J'entends des pas derrière moi, je tourne la tête, en voyant Matias s'approcher de moi j'essuie rapidement les larmes sur mon visage. Pas très discret. Il m'a vu faire mais ne dit rien, il s'assoit simplement à mes côtés et me caresse gentiment le dos. Je me jette dans ses bras et me mets à tout lui déballer, mon ressentiment de la journée, comment j'avais eu l'impression d'être manipulé et depuis combien de temps j'étais amoureuse de lui. Matias me souffle dans l'oreille :
- Parfois j'oublie que tu es une fille, qui plus est en pleine adolescence. Ajoute à ça ce que tu penses de mon frère, et ça nous donne una bomba exlosiva !
Je glousse, c'est un des dons de Matias de me faire sourire dans les meilleurs moments comme dans les pires. Comme là, il sait ce que je pense mais ne m'a jamais forcé à parler. Je sais que je peux lui faire confiance. Nous restons un temps ainsi, les bras l'un dans l'autre, la tête enfoui dans l'épaule de l'autre. Il relève sa tête, dans ses yeux je vois un reflet de lumière. Un visage, derrière nous il y a quelqu'un...
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