Chapitre 7
Charline
Je souris encore quand je sors de la douche. J'ai décidé de me rendre directement chez moi après mon entrainement puisque je dois rejoindre les filles dans un restaurant.
Cet homme, Raphaël, est étonnant. J'ai d'abord cru qu'il était un pervers vu la façon qu'il avait de me regarder, pourtant il n'est jamais venu me parler pour tenter de me séduire ou me mettre dans son lit.
Ensuite, j'ai découvert qu'il était, en réalité, très gentil et assez drôle. Je n'avais pas réalisé que j'aurais pu faire de faux mouvements et me blesser. Il a passé énormément de temps à bien me montrer les mouvements. C'était très naturel entre nous, aucun malaise, aucune pression. Je n'avais pas à essayer de plaire, j'ai pu être moi-même.
Finalement, j'ai cru comprendre qu'il est plutôt du genre asocial avec les inconnus. C'est vrai que je l'ai rarement vu parler à une autre personne que Sam. Je crois que c'est plutôt un moyen de se protéger, car moins il a de gens auxquels il tient, moins il a de chance de souffrir...
J'enfile un pantalon de cuir noir avec un chandail blanc, décolleté, qui ne laisse apparaître que la naissance du galbe de ma poitrine. Je coiffe mes cheveux pour ne laisser onduler que quelques mèches dans le bas. J'applique quelques couches de mascara et un peu de blush pour mettre un peu de couleur dans mon visage. Je suis plutôt satisfaite du résultat. Je suis jolie sans trop en faire et j'en suis fière. Je prends mon sac à main et me dirige vers le restaurant.
Sur la route, j'ai reçu un message des filles me disant qu'elles étaient arrivées.
Entrée dans le restaurant, l'hôtesse me dirige vers la table où mes amies m'attendent. Elle me demande si je désire un breuvage, mais je me contente d'un grand verre d'eau. Je la remercie et m'installe aux côtés de Léanne sur la banquette, Elena en face de nous.
- Tu es magnifique Cha! Me lance Léanne.
- Merci. Vous êtes pas mal non plus.
Léanne porte un chandail noir légèrement ouvert dans le dos. Elena, elle, porte un décolleté beaucoup plus plongeant que le mien, mais elle réussit à ne pas avoir l'air trop osée.
- Comment se passe tes cours de boxe?
- J'adore! C'est très exigeant, mais je crois que j'apprends plutôt vite.
- Et ton coach? Il est sexy? Lance Elena avec un clin d'œil.
- Il est sympa, et me pousse à atteindre mes limites. Et non, il n'est pas mon genre. Il est beaucoup trop bodybuilder pour moi. Je réponds en rigolant.
- Et les autres? Tu avais peur qu'ils te prennent pour un bout de viande, c'est le cas? Demande Léanne.
- Certains ont tenté leur chance, mais au bout d'un moment, ils ont compris le message et m'ont laissé tranquille.
La serveuse revient prendre nos commandes et repart en cuisine.
- Et puis, il y en a un, plutôt sympa, qui est venu m'aider quand j'ai risqué de me blesser. Il n'a rien tenté celui- là. Une chance d'ailleurs.
- Tu veux dire qu'il ne t'as pas fait le coup de se placer derrière toi pour te coller? Demande Elena.
- Non, du tout. J'ai cru que c'est ce qu'il chercherait à faire vu la façon qu'il m'a regardée quand il est arrivé, mais en fait on s'est vraiment amusé. C'est un bon prof.
- Et il a un petit nom, ce type si sympa et si amusant? Demande Elena avec un clin d'œil.
- Ne te fais surtout pas d'idée. Il s'appelle Raphaël.
- C'est un très beau nom, il doit être sexy, tu ne crois pas Léanne?
Je lève les yeux au ciel avec un petit sourire. Si elles s'y mettent toutes les deux, je n'y arriverai jamais.
- Il est grand, a les cheveux bruns, juste assez longs pour y passer les doigts, des yeux verts à en tomber et un magnifique sourire avec des fossettes sur chaque joue. Il est moins musclé que la plupart des autres mecs de la salle, mais il n'est pas en reste.
Léanne et Elena se lancent un regard entendu avant de revenir vers moi.
- Quoi?
Elles n'ont pas le temps de me répondre immédiatement puisque la serveuse arrive avec nos plats.
- Tu es clairement intéressé par ce type! Et puis, il faut dire qu'il est plutôt ton genre de mec. Finit par dire Elena.
- Tu oublies que j'ai déjà un petit-ami. Je dis sur la défensive.
- Oh, je sais, malheureusement... mais c'était seulement un constat.
- Ouais, bien sûr...
- Comme je constate que tu n'as pas nié le fait qu'il t'intéresse...
J'ouvre la bouche, mais rien ne sors. Je finis seulement par secouer la tête et commence à manger. Il n'y a rien à faire, elle m'entend, mais ne m'écoute pas. Je souris à ce constat, elle a des airs de Pitbull parfois, mais tout ce qu'elle fait, c'est par amitié. Je ne peux donc pas lui en vouloir. Je sais que tout ce qu'elle souhaite, c'est de me savoir heureuse.
Je passe une excellente soirée avec mes amies. À croire que je n'en avais jamais eu avant. Je me sens acceptée telle que je suis et elles ne me jugent pas. Pour une fois, je sens qu'elles sont amies avec moi parce qu'elles en ont envie. Elles ont démontré toutes les deux que je pouvais compter sur elles. Ça rend les mauvais moments un peu facile à surmonter.
* * *
J'ouvre difficilement les yeux. J'étends le bras pour éteindre mon réveil. Ce n'était pas une brillante idée de me coucher si tard hier soir, encore heureux que je n'aie pas pris d'alcool en plus. Je finis par me lever et me dis qu'une bonne douche va terminer de me réveiller.
Je sors de la douche et me met de la crème hydratante sur tout le corps. J'ai toujours préféré ça à me parfumer, et puis ça coûte moins cher.
J'enfile simplement un jean kaki et d'un chandail noir. Puis, je laisse mes cheveux bouclés et ajoute simplement une couche de mascara à mes cils naturellement longs. Je vais dans la cuisine pour préparer mon petit-déjeuner, mais quand je réalise l'heure qu'il est, je me prends seulement un yogourt à boire pour la route et file à la librairie avant d'être en retard.
Je dépose mes trucs dans mon bureau et repars vers l'avant de la librairie. Nous venons de recevoir plusieurs boîtes de livres, donc je vais aider mes collègues à tout classer et placer dans les rayons.
Les lundi matin sont plutôt tranquilles, il y a peu de client. Nous pouvons donc commencer tranquillement la journée. J'arrive dans les rayons et rejoins Elena qui s'affaire déjà à classer pendant que Léanne termine l'ouverture magasin.
Nous sommes dans la section de littérature sentimentale quand Elena demande :
- Dites, votre homme idéal, il est comment?
Je me tourne vers elle et la vois qui regarde le livre Effet de Vague de Jana Rouze.
- Pourquoi cette question?
- Je me disais simplement que, moi, j'aimerais trouver un homme comme ce personnage : dominateur, qui aime le contrôle.
- Toi? Tu es la fille la plus indomptable que je connaisse. Réplique Léanne sur un ton moqueur.
- Justement, j'ai envie d'un homme avec un fort caractère, qui ne dira pas oui à tout ce que je dis. Il me faut de l'action, et puis, les réconciliations sur l'oreiller sont les meilleures. Répond-t-elle avec un clin d'œil.
Léanne et moi éclatons de rire, c'est bien elle ça. Je suis tout de même surprise que ce soit elle qui engage une discussion sur l'homme idéal. Elle qui a l'air de fuir les relations amoureuses comme la peste.
- Depuis quand cherches-tu ton homme idéal toi? Je lui demande.
- Je n'en ai peut-être pas l'air, mais je le cherche vraiment. Je n'ai simplement pas envie de perdre mon temps dans une relation vouée à l'échec. Il y en a toujours un des deux qui finit par être blessé, et ça, non merci. J'utilise seulement une technique différente pour le trouver, et puis, il faut avouer qu'elle est plutôt agréable. Dit-elle avec un clin d'œil.
Elle a raison, c'est une façon comme une autre après tout. Nous avons tous notre propre jardin secret.
- Moi, ce que je veux, c'est un amant et un meilleur ami. Je veux un homme romantique qui m'amène des fleurs sans aucune raison. Je veux un homme doux, mais qu'il soit drôle. C'est important qu'il me fasse rire, je n'ai pas envie d'avoir une vie ennuyeuse. Dit Léanne.
- Tu sais que c'est le prince charmant que tu viens de décrire? Se moque Elena.
- Arrête, n'importe quel homme peut être un prince charmant pour la bonne fille, il ne suffit que de le trouver! Et puis, qui de mieux que notre Léanne dans le rôle de la princesse? Je rigole à mon tour.
Léanne nous regarde avec une fausse moue offusquée, les deux mains sur les hanches.
- Je ne suis pas une pauvre princesse sans défense qui a besoin de son preux chevalier pour survivre. Je cherche simplement un homme qui sera véritablement amoureux de moi et qui n'aura pas peur de le montrer.
- Je te comprends. Pour moi aussi l'homme idéal est un homme qui n'a pas honte de montrer ses sentiments. Par contre, moi j'aimerais qu'il ait un petit côté possessif. Vous savez le genre, tu es à moi, je suis à toi. Je leur dis.
- Tu n'as pas peur de ne plus avoir de liberté avec un homme pareil?
- C'est bien pour ça que j'ai spécifié un « petit côté possessif », dis-je en mimant des guillemets. J'ai envie d'un homme qui ne voudra pas me partager, mais qui ferait n'importe quoi pour moi. J'ai envie qu'il soit protecteur envers moi, de me sentir en sécurité dans ses bras. Quelqu'un qui voudra prendre soin de moi. Un homme qui me suivra dans mes folies et qui me poussera à le suivre dans les siennes. Ah, et surtout, qu'il me démontre toute l'ampleur de son amour, qu'il ne puisse pas s'empêcher de me toucher, qu'il me cherche toujours des yeux quand je ne suis pas près de lui simplement parce que je lui manque... Et s'il danse, il est parfait.
- Tu sais Charline, j'ai cru que c'était Léanne, mais en fait c'est clairement toi la plus exigeante, dit Elena en riant.
Je rigole à mon tour. C'est vrai que je suis exigeante, c'est pourquoi jusqu'à maintenant je me suis contentée de stabilité.
- Je vous laisse finir, j'ai quelques affaires à vérifier avant d'aller manger. On se rejoint au même endroit que d'habitude et on commande?
- C'est parfait! Me répondent-t-elles à l'unisson.
Sur ce, je les laisse et pars dans mon bureau pour finaliser quelques commandes.
À 12h, je me lève de mon bureau et vais rejoindre Léanne et Elena. Quand je passe dans la librairie, je vois Léanne avec un client.
- Elena est déjà là, je termine ici et vous rejoins. Me dit-elle.
Je salue en passant le commis qui prendra le relais durant la pause repas. C'est un petit nouveau qui travaille à temps partiel durant ses études. Il a peu de cours, donc il est souvent ici. Je ne lui ai pas parlé souvent, mais il semble assez sympa. Il fait bien son job, c'est l'important.
Je prends le couloir qui mène à la salle où nous avons pris l'habitude de nous réunir pour le lunch. C'est une pièce qui n'est jamais occupée. Nous ne sommes pas dérangées, donc nous pouvons nous y mettre à notre aise.
Plus je m'approche, plus j'entends des bruits étranges qui en sortent. C'est bizarre, il n'y a personne qui se rend jusqu'ici, c'est toujours calme. Les bruits deviennent de plus en plus forts. J'entrouvre doucement la porte et ce que je vois me paralyse.
Elena est assise sur une table. Son haut doit se trouver quelque part sur le plancher parmi les autres morceaux de vêtement qui y traînent. Sa jupe est retroussée sur ses hanches. Puis, il y a le type de la comptabilité, qui s'active entre ses cuisses, lui embrassant le cou et le haut de la poitrine.
Je referme vivement la porte sans faire de bruit, quoi que je doute que quelque chose puisse les arrêter. Je me retourne et vois Léanne qui s'approche. Je la rejoins et lui tourne les épaules pour lui faire rebrousser chemin.
- Viens, on va la laisser et on va aller manger au café plutôt. Je lui dis en m'éloignant.
- Quoi? Pourquoi, qu'est-ce qu'il se passe? Demande-t-elle en me suivant.
- Eh bien, disons qu'elle a reçu une petite visite du mec de la compta...
Léanne me regarde stupéfaite pendant que j'ouvre la porte de la librairie.
- Ne me dis pas qu'elle est en train de s'envoyer en l'air dans notre salle de pause?
Je rigole en me faufilant à travers les passants.
- Tu as tout compris.
Léanne finit par en rire à son tour. Nous arrivons devant le petit café très vite puisqu'il se trouve tout près de la librairie. C'est un endroit familial et chaleureux. Puis, la nourriture n'est pas piquée des vers en plus d'être excellente pour la santé.
Nous nous installons à une table près de la fenêtre. Le serveur vient rapidement nous voir pour prendre notre commande. Je me décide pour une soupe et un sandwich. Léanne, quant à elle, se contente de la salade du chef.
- Tu crois qu'Elena va venir nous rejoindre?
- Je ne crois pas, non. On va plutôt devoir lui ramener quelque chose à manger si tu veux mon avis.
Nous rigolons et commençons à manger. À la fin du repas, je commande un sandwich pour Elena. Je doute qu'elle ait pris le temps de se commander quelque chose. Je règle la facture et nous sortons pour retourner tranquillement à la librairie.
Je fouille dans mon téléphone pour avertir Elena que je lui rapporte son lunch quand j'entre en collision avec un mur qui manque de me faire basculer vers l'arrière. Cependant, deux mains me retiennent fermement et m'empêchent de tomber.
- Oh merde, je suis désolé.
Je lève les yeux, surprise de reconnaître la voix de Raphaël.
- Charline? Je suis désolé, je sortais du restaurant et je ne t'avais pas vu.
- Oh, ce n'est rien, je ne regardais pas où j'allais. Nous sommes quittes.
Nous nous sourions un moment avant de reprendre contenance. Je me racle la gorge et recule d'un pas.
- Euh... Je te présente Léanne. Léanne voici Raphaël. Il est... Nous nous entraînons à la même salle.
- C'est un plaisir de te rencontrer. Dit-elle en me jetant un coup d'œil entendu.
- Charline, tu ne m'avais pas dit que tu avais une amie aussi charmante.
Je me retourne vers Sam que je n'avais même pas remarqué. Il s'approche de Léanne pour lui prendre la main et en embrasser le dos. Elle rougit en retour. Elle est définitivement sous son charme, j'espère seulement qu'elle ne sera pas blessée dans le processus.
- Comment vas-tu?
Je tourne la tête vers Raphaël qui me sourit.
- Je vais bien, j'ai encore les muscles endoloris de notre entraînement, mais je l'ai voulu donc...
Il rit en passant la main dans ses cheveux, une habitude comme j'ai pu remarquer. Il a un rire contagieux, et je rigole à mon tour.
- Max n'a pas été trop dur avec toi après que je sois parti?
- Non, je suis partie peu après toi de toute façon donc je ne lui en ai pas donné la chance.
- Ah d'accord.
Il semble soulagé tout d'un coup, comme s'il s'était imaginé... je ne sais quoi.
- Tu sais quoi, je vais te donner mon numéro. Tu n'as qu'à m'appeler ou bien m'envoyer un message si tu as envie qu'on s'entraîne encore ensemble. Je pourrais te donner d'autres conseils. Dit-il en prenant mon téléphone directement dans ma main.
- Oui, pourquoi pas. Je réponds en reprenant mon téléphone après qu'il y ait noté ses coordonnées.
- Je dois y aller, on m'attend, mais on se voit bientôt?
- Bien sûr.
- À plus Sam.
- À plus mec.
Il repart vers une voiture stationnée à quelques mètres de nous et démarre après un dernier signe de la main.
- Je vous laisse moi aussi. Dit Sam en replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille de Léanne qui rougit de plus belle.
Sam repart de son côté et nous reprenons notre chemin vers la librairie.
- Il t'a tapé dans l'œil pas vrai? Je demande à Léanne en lui donnant un coup de coude.
- Il est très charmant. Répond-t-elle en gloussant.
- Et très charmeur aussi, fais simplement attention pour ne pas te brûler les ailes.
Elle me sourit et tente de me rassurer. Je serai là pour elle si elle en a besoin. Et puis, avec l'aide de Raphaël, je vais pouvoir lui infliger une bonne correction s'il ose lui briser le cœur.
Quand nous arrivons à la librairie, Elena nous saute dessus à peine la porte franchis.
- Où étiez-vous passé? Je vous ai attendues moi.
Léanne et moi nous regardons et rions. Les filles me suivent dans mon bureau, le temps que je me reprenne, et s'installent face à moi. Je sors le sandwich et le tend à Elena qui le prend et commence à manger.
- Tu avais l'air plutôt... occupée... quand je suis passée. Nous avons décidé de sortir manger et de te laisser seule. Enfin, seule... Je lui réponds en me moquant ouvertement d'elle.
Elena a au moins la décence de paraître gênée. Ce qui est probablement une première, venant d'elle. Pendant qu'elle mange, Léanne lui raconte notre rencontre sur le chemin du retour. En omettant, bien sûr, la présence de Sam.
- Alors tu vas lui envoyer un message?
- Je n'en sais rien, probablement quand je vais retourner à la salle.
- Mais non, tu dois lui envoyer un message avant. Au moins pour qu'il ait, lui aussi, ton numéro.
- Je vais voir... Mais toi, le comptable? Vraiment? Toi qui cherche un mec dominateur, tu t'es perdue en route? Je lui demande en rigolant pour détourner la conversation.
Nous nous moquons d'Elena encore un moment, puis, elles finissent par me laisser pour retourner travailler. Quant à moi, je pèse les pours et les contres.
Je lui envoie un message... ou pas?
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