Chapitre 5

Charline

Mes yeux papillonnent, agressés par le rayon de soleil qui les atteints de plein fouet. Je grogne et tourne la tête pour l'éviter. Je sens mes muscles raides et endoloris. J'ai l'impression qu'un marteau martèle ma boite crânienne. Comment ai-je bien pu me retrouver dans cet état?

Puis, ma mémoire revient par bribes. Je revois Christophe me plaquer contre le mur, alors que je le supplie d'arrêter. Je revois mon père en crise à l'hôpital se débattant et ne ressemblant aucunement à l'homme fort que j'ai connu. Et il y a aussi l'appel à Alicia.

Je me redresse d'un seul coup dans le lit. Les larmes coulent à flots sur mes joues, la pression dans ma poitrine se fait plus grande et plus douloureuse encore. Je n'arrive pas à calmer ma respiration. Puis, je vois Léanne entrer dans la pièce. Elle me sourit affectueusement, s'assoit près de moi et me caresse doucement les cheveux. Je me jette dans ses bras et elle me serre contre elle. Après plusieurs minutes, ma respiration se calme enfin. Je reprends lentement le contrôle de moi-même et me détache de mon amie.

- Comment vas-tu? me demande-t-elle avec un regard inquiet.

- Quelle heure est-il? je lui demande, afin d'éviter de répondre à sa question.

- Il est bientôt midi, nous sommes mercredi. Tu as dormis toute la journée d'hier et la nuit.

- Merci d'être restée avec moi, tu aurais pu partir, tu sais...

- Ne t'inquiète pas pour moi. Il était hors de question que je te laisse seule. C'est ce que font les amies, elles veillent les unes sur les autres.

Pourtant, celle qui était supposée être ma meilleure amie n'a rien fait et m'a laissée seule.

- Elena est venue aussi. Je l'ai convaincue de retourner chez elle. Elle avait prévu une sortie de chasse, je crois. Continue-t-elle en rigolant. Elle m'a dit de l'appeler si besoin, mais tu as dormi d'un sommeil paisible. Maintenant viens, tu dois manger.

- Tu me laisses quelques minutes? J'aimerais prendre une douche avant.

- Bien sûr. Je vais m'occuper de tout. Vas-y, prend ton temps. Dit-elle en quittant ma chambre.

Je souffle et observe ce qui m'entoure. Ma chambre est telle que je l'avais laissé avant de partir rendre visite à mon père. Rien n'a changé, et pourtant, j'ai l'impression que plus rien n'est pareil. Je me lève et prend les premiers vêtements qui me tombent sous la main, soit des leggings et un long chandail beige. Puis, je file sous la douche. Je prends mon temps et essaie de détendre mes muscles, sous le jet d'eau brûlante, seulement je n'y parviens pas. Je me décide finalement à sortir.

J'enfile mes vêtements, puis je décide de seulement attacher mes cheveux dans en un chignon flou sans même prendre le temps de les sécher. Je me rends ensuite à la cuisine et rejoins Léanne qui termine de mettre les pancakes sur la table.

- Tu arrives juste à temps, c'est prêt. Allez manges, tu en as besoin!

Nous nous installons à table et je dévore mon déjeuner avec appétit. Avec Léanne, nous passons la journée à paresser devant des films. Vers 18h, j'entends la sonnette de mon appartement. Je sursaute et laisse Léanne aller ouvrir. Elena entre avec des sacs de nourriture à emporter. Elles installent toutes les deux, les plats sur la table basse du salon. Nous commençons à manger tranquillement quand Elena décide de se lancer.

- Tu veux bien nous raconter ce qui s'est passé? Et tes bleus, d'où viennent-ils?

Je prends une grande inspiration et me lance. Je leur raconte tout ce qui s'est passé depuis l'accident. La pression pour ne pas décevoir mes parents, les messages de Christophe qui me culpabilise, la soirée en amoureux qui a dérapé, la crise de mon père à l'hôpital, et l'appel à celle que je considérais comme ma meilleure amie. Je suis en larme quand je termine de raconter mon histoire. Je vois leur visage choqué; elles ne s'attendaient visiblement pas à ça. Plusieurs émotions les traversent, la tristesse, la compassion et bien sûr, la colère. Non seulement envers Christophe, mais également envers cette fille dont elles ont déjà entendu parlée si souvent, mais qui a été lâche et sans-cœur. Léanne se lève et vient me prendre dans ses bras. Elena, quant à elle, s'agenouille devant moi et me prend les mains.

- Nous sommes là Charline, tu peux compter sur Elena et moi. Tu n'es pas toute seule.

Léanne a toujours su trouver les bons mots pour me rassurer. Je quitte ses bras et termine mon assiette.

- Dis-moi au moins que tu as envoyé ce connard se faire voir! S'exclame Elena.

Je détourne les yeux pour éviter d'affronter son regard.

- Mais merde, Charline! Tu mérites mieux qu'un crétin pareil! Il ne t'a jamais mérité si tu veux mon avis. S'indigne Elena en jetant un coup d'œil à Léanne, cherchant ainsi son approbation.

Je suis surprise par le regard qu'elles se jettent. J'ai l'impression qu'il me manque des informations. Je les regarde chacune à leur tour en haussant un sourcil. J'attends que l'une d'elle se décide à parler. C'est Léanne qui prend la parole. Ce qui ne me surprend pas, c'est elle qui a toujours eu le plus de tact.

- Tu sais Cha, nous avons pu voir à plusieurs reprises comment Christophe agit avec toi... et ce n'a pas toujours été comment dire... correct? Dit-elle d'une voix hésitante.

- Correct? Tu veux dire qu'il est carrément irrespectueux! Il te prend complètement pour acquis. Il n'est jamais là pour toi, tout ce qui compte pour lui c'est sa petite personne! Reprend Elena visiblement mécontente.

- Calme toi, elle n'a pas besoin de se faire gronder encore plus! Coupe Léanne d'une voix de mère autoritaire.

- Pourquoi vous ne me m'avez jamais dit tout ça? Je leur demande sous le choc.

- Tu étais convaincue que tu étais heureuse et que c'était ce que tu voulais. Tu étais persuadée que c'était ce que tu devais faire. Me dit Léanne d'une voix douce.

- Mais C'EST ce que je veux!

Elles me regardent d'un air dubitatif. J'évite donc leur regard et baisse les yeux sur mes doigts qui jouent avec un coin du coussin sur mes genoux. Elles comprennent rapidement que c'est tout ce que je peux endurer ce soir. Elles changent donc de sujet et reviennent alors à des sujets plus légers. Je participe très peu à la conversation. Je me perds plutôt dans mes pensées. Je repense à ce qu'elles ont dit sur ma relation avec Christophe, seulement elles ne sont pas moi. Ce n'est surtout pas maintenant que tout part en vrille que je vais quitter le dernier élément de stabilité qu'il me reste, et puis mes parents seraient si déçus. Je vais avoir une famille avec Christophe, c'est ce que j'ai toujours voulu. Ce que j'ai toujours voulu, oui, mais de cette façon? Et avec cet homme? Je décide de me joindre un peu à la conversation pour ne pas les inquiéter plus qu'elles n'en ont besoin.

- Et toi? Léanne m'a dit que tu étais partie chasser hier... Je demande à Elena avec un maigre sourire au coin des lèvres.

- Beau gosse et physiothérapeute, donc il connait très bien le corps humain, si vous voyez ce que je veux dire. Nous dit-elle avec un clin d'œil salace.

- Tu comptes le revoir? Demande Léanne.

- Non merci! C'était bien, mais je suis déjà passé à autre chose. Nous étions sur la même longueur d'onde, lui non plus ne cherchait rien de sérieux. Vous n'avez donc pas à vous en faire pour lui. Répond-t-elle en haussant les épaules.

Les filles finissent finalement par quitter mon appartement, elles me serrent dans leurs bras. Elles me font promettre de leur envoyer un message au moindre souci. Je ferme la porte de mon appartement et soupire. Je ressens un énorme poids sur mes épaules. Je suis fatiguée, tellement fatiguée... Je me dirige donc vers mon lit et me couche sans même prendre le temps de me déshabiller. Je finis par m'endormir après avoir versé toutes les larmes de mon corps, complètement épuisée.

Quand je me réveille, j'ai les yeux bouffis. Je regarde mon téléphone et vois un message de Christophe.

De Christophe

« Ne fais pas ton bébé, j'ai dit que j'étais désolé! »

Je ne lui réponds pas et vais dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur mon visage. Je décide ensuite de retourner me coucher dans mon lit. Mes pensées tourbillonnent. Je n'arrive pas à faire taire cette voix dans ma tête. J'ai le sentiment d'être impuissante. Je voudrais tellement... Comment me libérer de ce poids sans en être un? Je n'ai jamais atteint le niveau espéré par mes parents. J'ai une relation avec un homme qui me laisse vide. Ma meilleure amie ne l'est plus, car je n'étais vraisemblablement qu'une option dans sa vie. J'ai l'impression de n'être qu'entourée d'enveloppe vide, de n'être moi-même qu'une enveloppe vide. Ça fait des mois que je ne me sens plus vivante. J'ai la sensation d'être morte avant l'heure.

Je me rendors et me réveille plusieurs fois. Je vois le soleil se coucher, puis se lever à nouveau. Mon cerveau lui ne s'arrête jamais. Ma relation avec Christophe est définitivement un problème pour moi, mais je ne sais pas quoi faire. Il m'apporte de la stabilité, mais rien d'autre. N'existe-t-il pas un mélange de stabilité et de passion? Je n'arrive pas à me remémorer la dernière fois où j'ai senti les fameux papillons. J'ai déjà l'impression d'être une charge pour ceux qui m'entoure, je n'ai pas envie d'en rajouter d'avantage avec ma relation avec Christophe. Je ne peux donc pas me vider le cœur, ils en ont suffisamment sur les épaules. Et si je... Non, impossible...

Je ne sais plus quoi faire. Je n'en peux plus de cette douleur dans ma poitrine. Je me sens si lourde, comme si j'avais les pieds englués dans du béton. J'en ai assez de devoir me battre contre moi-même. Je ne suis pas forte, je ne sais pas comment faire. Pourtant, je ...

Les heures passent et je ne bouge toujours pas. Je ne sais plus combien de temps a passé. Une heure? Six heures? Un jour? Je ne ressens même plus la faim. Même mes sentiments ont foutu le camp.

À la fin de la deuxième journée à me morfondre, je suis réveillée par des coups frappés à ma porte. Je cache ma tête sous l'oreiller. Je me dis qu'avec un peu de chance la personne se fatiguera et se décidera à partir. Après dix minutes à frapper dans le vide, mon visiteur indésirable fini par abandonner. Par contre, à peine deux minutes plus tard, j'entends la porte de mon appartement s'ouvrir. Tant pis, si c'est un voleur, il n'a qu'à se servir.

J'entends des pas se diriger vers ma chambre, puis la porte s'ouvrir. L'intrus chuchote, ou devrais-je dire les intrus, car je crois qu'ils sont deux. Une main retire l'oreiller qui recouvre encore ma tête.

- Oh Charline... Dit Léanne d'une voix triste.

J'ouvre les yeux et vois Léanne et Elena qui me fixe, debout près de mon lit avec chacune un air triste.

- Allez, maintenant ça suffit! Tu vas à la douche. Dit Elena

Je les regarde sans faire un seul mouvement pour sortir de mon lit. Elles se regardent et se mettent en mouvement. L'une sort de la chambre et fait couler un bain. Pendant que l'autre s'active dans ma chambre, ouvre les rideaux et la fenêtre, puis va dans ma penderie et en sors des vêtements.

- Maintenant, tu vas prendre un bain. Ça va te faire du bien. Dit Léanne en retirant la couverte qui me couvre.

Je finis par les écouter et me rends dans la salle de bain. Elles me laissent seule, et en profitent pour aérer et faire le ménage de mon appartement. Je me glisse dans le bain, et ferme les yeux. Je les ouvre à nouveau quand j'entends Léanne cogner doucement à la porte.

- Tu as finis?

Je me lave ensuite rapidement et sors du bain pour mettre les vêtements que les filles ont sorti pour moi. Je vais ensuite les rejoindre dans la cuisine. Le soleil a déjà commencé à disparaître. Je m'aperçois que j'ai perdu le fil du temps, nous sommes en soirée et les filles viennent probablement juste de terminer de travailler. Elles ont préparé à manger, car elles se sont bien évidemment douté que je n'avais rien avalé depuis notre dernier repas ensemble. Nous nous installons autour de la table et commençons à manger.

- Parles nous, tu n'as pas à te renfermer sur toi-même. Dit Léanne.

- J'en ai assez d'être un poids pour tout le monde c'est tout!

- Mais qui a dit que tu en étais un?

- Où as-tu été prendre cette idée?

- Je ne peux rien faire pour aider mon père ou ma famille, et puis je ne sais plus quoi penser de ma relation avec Christophe et je ne peux même pas en parler avec ma mère parce que, clairement, elle n'a pas besoin que je l'embête avec ça. Je réponds.

- Tu sais Cha, ta famille a seulement besoin que tu sois présente. Me dit Léanne un doux sourire aux lèvres.

- Et puis, tu peux nous embêter quand tu veux avec Christophe. Dit Elena. Particulièrement, si tu doutes de votre relation, ajoute-t-elle avec un clin d'œil.

Léanne lui donne un coup sur le bras pour la réprimander, mais elle réprime elle aussi un sourire. Nous savons toutes les deux que c'est la manière d'Elena pour détendre l'atmosphère, tout en démontrant qu'elle est présente. Nous rangeons les plats et les filles m'aident à faire la vaisselle.

- Maintenant, on sort! S'écrie soudain Elena.

- Quoi? Je demande surprise.

- Oui, tu dois sortir de chez toi. Tu n'iras jamais mieux si tu te refermes sur toi-même et te cloître dans ton appartement.

Je jette un regard suppliant à Léanne, qui elle hausse simplement les épaules. Elle est clairement du même avis qu'Elena.

- Mais je n'ai pas envie de sortir moi... Je leur dis d'une voix plaintive.

- Une fois dehors avec un verre dans le nez tu nous remercieras. Dit Elena.

- Après tout, tu as l'alcool joyeux, c'est une chance! Rajoute Léanne avec un sourire moqueur.

Je sais qu'elle pense à toute les fois où nous sommes sorties ensemble après le travail et au nombre de cuites que nous avons pris. Pour ça, elle a raison, l'alcool me rend joyeuse. Nous avons toutes ce point en commun, c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles nous nous entendons si bien, tout a commencé autour d'un verre ou devrais-je plutôt dire plusieurs. Je souris et me décide à les suivre. Après tout, elles ont raison, ça ne peut que me faire du bien.

Elena conduit et nous amène dans un pub qui, selon ses dires, fait les meilleurs daiquiris aux fraises. Elle me connait bien. Nous entrons et nous installons sur une banquette, en attendant que Léanne revienne avec nos consommations. Un long island iced tea pour elle, un sex on the beach pour Elena et bien sûr, un daiquiri aux fraises pour moi. Les filles réussissent à me sortir de la bulle dans laquelle je m'étais enfermé. Nous rigolons toutes la soirée et j'ai enfin un vrai sourire sur le visage. Dans le pub, l'ambiance est électrique, un match de boxe est diffusé sur les écrans, ce qui ajoute à notre bonne humeur.

- Merci les filles, vraiment. Ça me fait franchement du bien de me lâcher.

- Quand tu veux ma poulette. Dit Léanne.

- C'est rien, tu avais besoin de te défouler. D'ailleurs, je connais un excellent moyen pour se défouler et qui fait énormément de bien. Dit Elena en souriant.

- Je ne sais pas si je veux le savoir. Je dis en prenant une autre gorgée de mon cinquième ou sixième verre, j'ai perdu le compte.

Léanne rit et ajoute :

- C'est sûr que venant d'elle, on doit s'attendre à tout.

Elena lui fait une grimace.

- Tu devrais te trouver un coup d'un soir et t'envoyer en l'air. ÇA, ça défoule. Répond-t-elle en me lançant un clin d'œil salace.

Léanne et moi éclatons de rire. Je rejette l'idée d'emblée, elles ne me verront jamais être infidèle. Ce n'est pas dans mes valeurs, je crois qu'il vaut mieux terminer une relation plutôt que de blesser encore plus l'autre personne, car visiblement si tu penses à être infidèle c'est qu'il y a déjà un problème. Par contre, son idée n'était pas complètement folle. Je ne parle pas de me trouver un coup d'un soir, mais plutôt de me trouver un défouloir. Je décide donc de faire des recherches pour trouver quelque chose qui ne me ressemble pas.

À la fin de la soirée, nous décidons d'appeler un taxi pour rentrer, car aucune de nous n'est en état de conduire. Je les invite à dormir chez moi pour leur éviter un trajet en taxi qui leur coûtera une fortune.

Léanne s'installe à côté de moi dans mon lit et Elena prend place sur mon canapé. Je leur prête à chacune un pyjama et dès que ma tête se pose sur l'oreiller je revois le match de boxe qui a passé durant la soirée. Christophe trouverait barbare de se livrer à ce genre de sport. Lui qui est si classique dans ses choix. Il doit avoir assez de piment dans sa vie avec son travail comme infirmier aux urgences de l'hôpital parce que ça n'a pas l'air de le déranger d'avoir une vie privée ennuyeuse.

Le lendemain, je me réveille la première. Je me lève et vais silencieusement dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner et du café, car elles en auront nettement besoin. Les filles se lèvent chacune leur tour et viennent me rejoindre.

- Comment fais-tu pour avoir l'air aussi fraîche après une cuite? Demande Elena en passant sa main dans ses cheveux.

- J'ai la chance d'avoir une bonne génétique il faut croire.

- Tu es juste jalouse parce que tu es celle qui sort le plus souvent et qui a le plus souvent une gueule de bois le lendemain. Dit Léanne à Elena.

Elena fait une grimace et s'installe à la table pour commencer à manger. Je me sens un peu plus légère, mais tout autant confuse. Je reste perdue dans mes pensées. Les filles le remarquent, mais elles doivent comprendre que j'en ai besoin, car elles ne m'en font pas de remarque.

Elles me quittent en début d'après-midi et c'est à ce moment que le match de boxe me revient en tête. Je décide donc de faire quelques recherches. Je finis par trouver un gym près de chez moi qui offre différents cours de groupe et privés dont des cours de boxe. Je décide de les contacter pour avoir plus d'information et nous convenons que je passe à la salle lundi pour faire le tour des installations et de rencontrer mon potentiel coach.

***

Lundi matin, comme convenu, je me rends à la salle d'entrainement.

- Bonjour, j'ai rendez-vous avec Maxime. Je dis à la réceptionniste.

- Vous êtes?

- Charline Sullivan.

- Très bien, je vais le chercher.

La réceptionniste se lève, longe le couloir et disparaît derrière une porte. Quelques minutes plus tard, elle revient suivie d'un homme qui doit avoir la mi-trentaine, aux cheveux rasé court et portant un chandail arborant le logo de la salle qui moule ses bras musclés. C'est évident qu'il passe ses journées à s'entraîner tellement ils sont gros.

- Bonjour Charline, je suis Maxime. Ce sera moi ton coach si tu décides de t'inscrire. Dit-il en me serrant la main.

- Bonjour.

- Viens, je vais te faire visiter.

Nous quittons donc l'accueil, une grande pièce avec des chaises pour la salle d'attente. Le comptoir est au centre de la pièce. Derrière lui, un couloir, que nous empruntons pour nous rendre aux salles d'entrainement. Dans le couloir, il y a plusieurs portes. Maxime m'explique que ce sont les bureaux du patron de la salle et du type qui s'occupe de la comptabilité. Il y a également les vestiaires, qui se trouvent au bout du couloir. Maxime me laisse visiter celui des femmes et m'attend devant la porte. Je remarque que les douches sont séparées du reste par un mur pour plus d'intimité et, qu'heureusement, ce sont des douches individuelles. C'est tout ce qui m'importe. Je ressors et rejoins Maxime qui m'attend un peu plus loin.

Nous continuons la visite et arrivons dans la salle où il y a toutes les machines d'entrainement et de musculation. Il me dit que je pourrai y avoir accès si je le souhaite, même si la salle que j'attends avec impatience a tout ce qu'il faut. Il me fait également visiter les différentes salles où ils donnent divers cours de groupe comme du yoga, de la zumba et pleins d'autres. Finalement, la pièce que j'attendais, la salle réservé aux sports de combats. Le local en question est très spacieux. Elle contient deux rings côte à côte à son centre. Autour, il y a plusieurs sacs de frappe, des ballons-poires, ainsi que des tapis et d'autres accessoires pour s'entraîner. Il n'y a seulement que des hommes présents dans cette salle. Je me sens tout à coup plus petite face à cette pièce remplis d'hommes pour la plupart assez baraqués. Suis-je folle de m'enfoncer volontairement dans la gueule du loup? J'écoute à peine les explications de Maxime, je regarde la salle avec impatience, malgré le stress présent en moi. J'ai, malgré tout, hâte de m'y mettre.

- Je vais te présenter à quelques-uns des habitués. Si tu as des questions et que je ne suis pas là, tu n'auras qu'à aller les voir. Sur le ring, il y John et Vincent. À gauche, c'est Francis, il ne s'entraîne qu'une fois par semaine et ça, depuis des années. Là, c'est Sam, il saura te mettre à l'aise, j'en suis sûr et s'il t'embête ne te retient surtout pas pour le rembarrer. Il a l'air idiot, mais en fait, il est plutôt doué. Dit Maxime avec un sourire moqueur.

Le jeune homme en question relève la tête à ce moment et s'approche de nous, tout sourire.

- J'ai bien compris ou tu m'as traité d'idiot? Tu as oublié que c'est moi qui ai soigné ton épaule quand tu t'es blessé. Dit-il à mon coach en riant.

- Tu as raison, tu n'es pas idiot, pardonne-moi. Charline, je te présente Sam. Un imbécile attachant. Sam, c'est Charline. Une nouvelle recrue. Répond-t-il en riant à son tour.

Je rigole et serre la main que me tend Sam.

- Enchantée Sam.

- Mais tout le plaisir est pour moi. Alors, qu'est-ce qui t'amène ici? C'est plutôt rare de voir des femmes vouloir apprendre à boxer. Je t'en prie, ne me dit pas que tu es de celles qui viennent ici qu'avec l'intention de se rincer l'œil? Me demande-t-il avec un clin d'œil.

- Oh non surtout pas. En fait, j'ai besoin d'un défouloir donc...

- C'est dommage, j'aurais été ravi de servir d'œuvre d'art. HAHA. En tout cas, tu as trouvé le bon endroit pour te défouler. Max est un tyran. Tu auras de la difficulté à bouger le lendemain, tu peux me croire. Dit Sam en donnant un coup de poing à Maxime.

- Ne lui fais pas peur tout de suite, attend au moins qu'elle ait payé ses cours. Réplique Maxime en riant.

- Pourquoi? Comme ça, je pourrais te la voler et être son coach à ta place!

- Tu aurais beau essayer, elle se rendrait vite compte que tu parles beaucoup, mais agit peu. Rit-il.

Nous éclatons de rire. Je sens que je vais bien m'entendre avec eux. Maxime a l'air d'être en effet quelqu'un d'exigent, mais il me fait penser à un papa ours. Sam, lui, est définitivement un drôle de spécimen. Il fait son charmeur, mais j'ai compris que c'est plutôt sa façon d'être et de mettre à l'aise. Il ne tente pas réellement de me séduire et ça me fait plutôt rire. J'ai plutôt la sensation qu'il veut m'intégrer. Max avait raison, il sait mettre les gens à l'aise. C'est une bonne ambiance qui règne dans la salle de combat et je sens que je pourrai m'y plaire.

Nous quittons Sam, et Maxime m'emmène dans son bureau pour remplir les papiers d'inscription. Pendant les vingt minutes suivantes, je remplis de nombreux formulaires et nous discutons de mon plan d'entrainement. Nous planifions de nous voir une fois par semaine et les autres journées, je serai seule pour appliquer les techniques apprises pendant mes cours. Il me dit que, de toute façon, il est presque toujours à la salle et qu'en cas de besoin, il n'est pas loin. Il ajoute également que tous s'entraident et que je peux demander de l'aide aux autres, car ce sont des habitués et, que même s'ils ont l'air d'être des gros durs, la plupart sont doux comme des agneaux. Et puis, il y a Sam que je connais maintenant.

Je quitte la salle et réfléchis à ma vie. J'ai besoin de me sentir vivante, particulièrement en ce moment. Dois-je me contenter de ce que j'ai? Après tout, il y en a qui n'ont pas la moitié de ce que j'ai, je ne peux pas me plaindre. Mais dois-je vraiment n'attendre rien de plus dans ma vie? Vivre une relation sans papillon, sans passion, mais stable, avec Christophe? Est-ce que cela me suffit vraiment? 

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