Chapitre 2
Charline
C'est douze heures plus tard que nous pouvons enfin voir mon père. Il a passé tout ce temps au bloc opératoire et en salle de réveil. Ma mère a les yeux rouge et bouffis d'avoir passé ces dernières heures à pleurer. Mon frère a les cheveux ébouriffés à force de passer ses mains dedans. Moi, je préfère éviter les miroirs.
Nous entrons dans la chambre et voyons mon père endormis. Il est branché à un électrocardiogramme pour surveiller son cœur, une intraveineuse avec un mélange de sérum physiologique et d'antibiotique, un drain thoracique lui sort du poumon gauche et il porte un masque à oxygène sur le visage. Je sais que nous ne pouvons pas rester longtemps, donc je vais directement le voir et lui embrasse le front.
- Je t'aime papa. Je ne vous décevrai pas. Je lui murmure à l'oreille.
Je laisse la place à mon frère qui lui murmure, lui aussi, des paroles à l'oreille. Mathieu me rejoins et passe un bras autour de mes épaules. Nous regardons en silence ma mère qui sert mon père dans ses bras. Une infirmière entre et nous dit que nous devons partir. Nous quittons donc l'unité des soins intensifs et nous dirigeons vers la voiture. Nous avons tous besoin de nous reposer.
Une fois arrivés à la maison de mes parents, chacun part se coucher même s'il est seulement 17h. Je me dirige vers mon ancienne chambre, prend un vieux pyjama et me dirige vers la salle de bain. J'ai besoin d'une bonne douche chaude. Je me déshabille et entre sous l'eau déjà brûlante. Je sens l'eau chaude commencer à détendre les muscles tendus de mes épaules. Je pousse un soupir de bien-être et ferme les yeux. Quelques larmes m'échappent et je les laisse couler. Elles se mélangent à l'eau et disparaissent à leur tour. Quand l'eau devient tiède, je me lave et sors de la douche. Je me sèche et me regarde dans le miroir. Mes cheveux bruns qui commence déjà à bouclés m'arrivent en bas des épaules et mes yeux bleus semblent avoir perdus de leur éclat. Moi qui est plutôt grande, 1m67, me sens toute petite pour la première fois de ma vie. Je m'habille et vais dans ma chambre, je m'endors dès que ma tête touche l'oreiller.
Je suis réveillée par un filet de lumière dans les yeux. Je regarde l'heure et vois qu'il est 8h15 du matin. Eh bien, je devais vraiment en avoir besoin pour dormir quinze heures d'affilés. C'est mon estomac qui me ramène à l'ordre. Je me dirige donc vers la cuisine et vois mon frère et ma mère qui sont installés devant un café.
- Bon matin marmotte! Tu es sûre que tu ne veux pas dormir plus longtemps? Me dit mon frère avec un sourire moqueur au coin des lèvres.
- Ha. Ha. Tu es drôle. Je lui réponds en levant les yeux au ciel.
- Laisse ta sœur tranquille, elle en avait besoin! Bonjour ma chérie, dit ma mère.
Je m'approche d'elle et la serre dans mes bras.
- Bonjour maman. Je réponds en lui faisant la bise.
Je vais ensuite me servir un bol de céréale que je mange en silence. Nous écoutons d'une oreille distraite les infos du matin, chacun perdu dans ses pensées. C'est la voix de ma mère qui nous sort de nos pensées.
- Je vais prendre un congé pour m'occuper de votre père et j'ai déjà appelé le reste de la famille pour les mettre au courant.
- Et ton travail? Je lui demande.
- J'ai contacté le cabinet de mon médecin avant de me coucher quand nous sommes arrivés hier. Il m'a mis en arrêt de maladie indéterminé pour temps dont j'aurai besoin. Alors je vais prendre une chambre dans une petite résidence en face de l'hôpital qui vient en aide aux familles. Je tiens à rester près de lui donc je ne veux pas perdre de temps dans les embouteillages.
- Moi Je vais devoir retourner sur le campus universitaire. J'ai encore mon cour d'été à terminer et je dois me préparer pour mon stage qui commence dans deux semaines. Tu n'as qu'à m'appeler si tu as besoin de quoi que ce soit. Répond mon frère.
- Ce ne sera pas nécessaire, je suis là moi. Je vais demander un congé à ma boss, je vais pouvoir t'aider, je réplique.
- Merci les enfants. Dit ma mère avec un sourire triste.
Je mets mon bol dans l'évier et repars dans ma chambre. Je regarde mon téléphone et vois plusieurs messages de Christophe.
De Christophe
«Coucou ma chérie, on se voit toujours cette après-midi?»
De Christophe
«Tu es fâchée parce que je ne suis pas venu au souper avec ta famille? Je t'ai dit que j'étais désolé. J'ai dû remplacer un collègue à la dernière minute...»
De Christophe
«Arrête de faire ton bébé. Je suis chez toi ouvre moi!»
De Christophe
«Tu es sérieuse là? Tu me laisse en plan comme ça, sans me donner de nouvelles? Tu pourrais arrêter de penser à toi des fois!»
Plus je lis les messages et plus la colère gronde en moi. J'ai dit que nous ne nous disputions pratiquement jamais? Eh bien, c'était vrai avant, mais maintenant j'ai de plus en plus de difficulté à le tolérer. Il y a toujours quelque chose qu'il peut me reprocher, moi par contre je ne peux rien dire sinon ça vire mal. Alors je ne dis rien et j'évite les disputes. Je tente de l'appeler plusieurs fois, mais je tombe directement sur sa boite vocale et finis donc par me résigner à lui envoyer un SMS.
De Moi
«Je ne suis pas fâchée. Mon père a eu un accident, il est à l'hôpital.»
De Christophe
«Tu aurais tout de même pu m'avertir. J'ai attendu 15 minutes devant chez toi pour rien. La prochaine fois, ne me fais pas perdre mon temps.»
Quoi?? Il est sérieux là?? Je bouillonne littéralement de rage. Je serre mon téléphone à m'en faire blanchir les jointures. Une chance qu'il ne se trouve pas en face de moi parce que je serais capable de le frapper et lui bien capable de me le rendre. Des larmes de rages coulent sur mes joues, je les essuie d'un mouvement sec de la main. Je ne prends même pas la peine de répondre à son message. Je compte jusqu'à dix tout en prenant des grandes respirations pour me calmer. Une fois que j'ai repris mon calme, du moins ce que je pouvais, j'appelle Rosa pour l'avertir que je dois prendre des congés.
- Allo?
- Bonjour Rosa, c'est Charline.
- Charline? Pourquoi m'appelles-tu de si bon matin un dimanche? Tu sais si tu t'ennuies tu peux toujours venir travailler à la librairie, me dit-elle en riant.
- En fait, je t'appelle pour te dire que je vais devoir prendre quelques jours de congés.
- Ah oui? Qu'est-ce qu'il se passe? Il s'est passé quelque chose? Me demande-t-elle avec une pointe d'inquiétude.
- Mon père a eu un accident, il est à l'hôpital. Je dois m'occuper de lui et de ma mère, je ne peux pas la laisser tout gérer seule.
- Oh seigneur! Il va bien? Ne t'inquiète pas pour le travail, nous allons nous arranger. Prends le temps qu'il te faut et si tu as besoin de quoi que ce soit surtout n'hésite pas. Je passerai te voir durant la semaine.
- Merci Rosa. Ça me soulage d'un poids.
- Ce n'est rien m'a chérie. Prends soit de toit surtout. Nous pensons fort à toi! Je t'aime fort.
Je raccroche avec les larmes aux yeux. Après l'échange raté avec Christophe, ça fait du bien de parler à quelqu'un qui tient à nous. Comme je connais ma mère, elle va vouloir retourner très bientôt rendre visite à mon père. Alors, je remets mon pantalon de la veille et regarde dans mon ancien garde-robe pour trouver un chandail qui me va encore. Une fois fait, je descends rejoindre mon frère et ma mère.
- Tu tombes à pic, j'allais venir te dire que je retourne à l'hôpital voir ton père. Me dit ma mère.
- Je suis prête, nous pouvons y aller.
Nous arrivons à l'hôpital et nous nous dirigeons directement vers sa chambre. Une fois arrivé sur l'étage, une infirmière se dirige vers nous, une qui était présente quand nous étions là hier.
- Vous êtes la famille de Monsieur Charles Sullivan?
- Oui, pourquoi? Tout va bien? Demande ma mère.
- Il va bien, son état est stable. Il est réveillé depuis un moment maintenant. Il n'est pas totalement lucide, les médicaments contre la douleur l'embrouille un peu.
- D'accord, merci.
L'infirmière nous sourit et retourne voir ses autres patients. Dans la chambre, mon père est allongé, mais le masque à oxygène a laisser place à la lunette nasale. C'est bon signe, ça signifie qu'il a moins de difficulté à respirer. Mon père tourne la tête vers nous quand il nous voit entrer et nous sourit. C'est un tel soulagement que les larmes se mettent à couler le long de mes joues.
Nous passons le reste de la journée à parler de tout et de rien. Nous prenons plaisir à être simplement ensemble. À la fin des heures de visite, nous repartons à la maison. Mon frère nous quitte pour retourner sur le campus de l'université et moi je vais aider ma mère à faire ses valises pour la résidence où elle va s'installer. Je la quitte à mon tour pour retourner à mon appartement. Je vais rendre visite à mon père demain également, donc nous nous verrons à l'hôpital.
Je passe tout le trajet à stresser à chaque fois qu'un autre véhicule passe trop près de moi. J'ai toujours le sentiment qu'il va y avoir un accident, mon cœur bat vite tout le temps que je prends pour me rendre chez moi. J'arrive dans le parking de mon immeuble et prend quelques secondes avant de descendre et d'entrer dans l'immeuble. Cette fois, je me dirige vers l'ascenseur et évite à mon cœur un effort supplémentaire. Quand j'arrive sur mon palier je vois mon voisin de palier se débattre avec des sacs dans les bras tout en essayant de débarrer sa porte. Je me dirige donc vers lui et prends les sacs qu'il tenait pour le laisser ouvrir sa porte les mains libres. Il me remercie et reprend ses sacs. J'ouvre ensuite ma porte et entre dans mon appartement.
Mon appartement est silencieux et sombre. J'ouvre les lumières une à une, je déteste être dans le noir ça me renvoie à ma solitude. J'aime beaucoup mon appartement, le salon et la cuisine sont une aire ouverte et j'ai une grande fenêtre dans le salon qui fait que le matin mon salon est très lumineux. Par contre, le soir c'est le contraire. J'ai un petit balcon et comme il donne sur la cour arrière de l'immeuble d'à côté je peux me faire bronzer sans me sentir gênée. Puis, j'ai une salle de bain assez grande qui fait également une salle de lavage. Ça m'évite de devoir sortir de mon immeuble avec mon linge sale. J'ai deux chambres, la mienne et l'autre qui sert de chambre d'ami et également de bureau. Il m'arrive de garder les filles à dormir quand nous sortons au bar et qu'elles ne sont pas en état de reprendre la route. Ce qui arrive pratiquement à chaque fois en fait. Je crois qu'elles aiment bien mon appartement ou c'est le brunch que nous nous offrons le lendemain. Des fois, je pense à prendre un chat, mais je suis tellement lunatique que je finirais par oublier de le nourrir.
Je m'installe devant la télé qui passe une comédie romantique que j'ai déjà vue. Je me mets à penser à ce que je peux faire pour aider ma mère et la soulager d'un poids. Je sais qu'elle voudra se concentrer sur mon père donc je dois lui éviter d'avoir à se soucier d'autre chose. Je sais qu'elle a remarqué que Christophe vient moins souvent avec moi lors de nos soupers de famille. Je ne lui ai jamais parlé de comment je me sentais dans mon couple et ce n'est visiblement pas maintenant que je vais sauter le pas, ce n'est pas le moment. Mes parents aiment beaucoup Christophe, alors si je leur dit tout d'un coup que ma relation ne me satisfait plus et que je ne le tolère plus, ils ne comprendraient pas.
Vers 22h, mes yeux commencent à se fermer tout seul, alors je vais me coucher après avoir mis une alarme pour arriver à l'hôpital dès le début des heures de visites. Malgré la fatigue, j'ai de la difficulté à m'endormir. Je n'arrête pas de me retourner dans mon lit et d'essayer de trouver une position confortable pour dormir. Après avoir passé deux heures à tourner dans mon lit, je finis par trouver le sommeil. Un sommeil agité.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top