Chapitre 1
Charline
Je termine ma dernière commande de livres de la journée. Enfin! J'ai dû me battre avec un distributeur à cause d'un problème avec une maison d'édition. Comme si j'avais besoin de gérer les problèmes des autres et de jouer les médiateurs. Je ferme mon ordinateur, prend mon sac et ferme la porte de mon bureau. Je m'arrête devant le bureau de Rosa.
- J'ai réglé le problème avec le distributeur, c'était seulement un problème de communication avec le représentant de la maison d'édition.
- Ah, parfait! Merci Charline, tu m'enlèves une épine du pied, vraiment.
- Ce n'est rien voyons, tu me paies pour le faire, lui dis-je en souriant.
- Et tu le fais parfaitement ma chérie. Maintenant, file. Je ne t'ai pas laissé partir une heure plus tôt en week-end pour que tu restes me parler travail, même si tu es toujours de bonne compagnie.
Elle sourit et me fait un clin d'œil. Je la remercie et passe devant mes collègues pour rejoindre la sortie. Je vois qu'elles sont occupées avec des clients, alors je leur fais simplement un petit signe de la main. Elles me répondent de la même manière.
J'adore mes collègues de travail. J'ai eu de la chance de tomber sur elles. Nous sommes toutes différentes, mais nous nous complétons. Elena est l'énergique de notre trio. C'est une grande blonde aux yeux bleus magnifique avec les cheveux courts coupés au carré. Elle est extravertie, souriante et parle beaucoup. C'est notre charmeuse. Elle adore les garçons et les garçons l'adorent, mais l'amitié passe avant tout. C'est une des filles les plus loyales que je connaisse. Elena est passionnée dans tout ce qu'elle fait et est fidèle à ses amies.
Léanne est tout son contraire, elle est douce comme un agneau, elle ne ferait pas de mal à une mouche. Légèrement plus petite qu'Elena, elle a les yeux et les cheveux bruns, ondulés et long qui lui arrivent au milieu du dos. Elle est la maman du groupe, celle qui prend soins de nous et qui est de très bon conseil. Léanne est timide, calme et réfléchie. C'est notre éternel romantique, elle croit au grand amour de toute son âme, et bien qu'elle ait eu quelques petits-amis, elle cherche encore l'amour avec un grand A.
Et puis, il y a Rosa. Ma Rosa. C'est notre patronne, la librairie lui appartient. Elle est comme une deuxième mère pour nous. Elle prend soins de nous, tout en nous remontant les bretelles lorsque nous en avons besoin. C'est une perle tout simplement. Elle est la meilleure patronne que j'ai eue. Elle a peut-être la cinquantaine avancée, mais elle régit ses affaires avec douceur et fermeté. C'est à elle que j'aimerais ressembler plus tard, elle est mon modèle.
Je sors de la librairie et monte dans ma voiture. C'est une magnifique Lexus noire, je viens de me l'offrir et je dois dire que j'en suis plutôt fière. Ce n'est pas une voiture de l'année, mais elle est tout de même assez récente et plus que tout, je l'adore.
Je suis déjà en retard, alors je roule légèrement au-dessus de la limite de vitesse. Et ce putain de trafic qui ne m'aide pas du tout. Je m'arrête à une lumière rouge et je tapote mon volant des doigts. Allez, allez... Dès que la lumière passe au vert, je décolle et coupe une autre voiture qui allait tourner. L'homme me fait un doigt d'honneur en me criant des insultes, mais je suis déjà loin. J'arrive à un arrêt à quelques rues de mon appartement, où une vieille dame est en train de traverser. Qu'est-ce que je dis, elle doit compter les fissures qu'il y a sur la route au vu de la vitesse à laquelle elle va. Bordel! Vas-y, avance! Une tortue irait plus vite! Oups... Je dois l'avoir dit à voix haute, car elle me jette un regard noir, J'avais oublié que ma fenêtre était ouverte. Et bien sûr, elle trouve le moyen de ralentir. Le Karma sans doute.
Une fois arrivée dans mon parking, je me dépêche de descendre de ma voiture et de monter à mon appartement. Je ne prends même pas la peine d'attendre l'ascenseur et monte les escaliers deux par deux, jusqu'au dernier étage. Encore heureux qu'il n'y ait que trois étages dans cet immeuble ou je crois que je me serais effondré avant même d'arrivée sur mon palier. J'essaie encore de reprendre mon souffle quand j'entre dans mon appartement. Je vais devoir penser à me remettre au sport si je veux éviter de mourir d'une crise cardiaque à 40 ans. Je file sous la douche et me lave en vitesse. J'ai à peine un pied en dehors que j'entends une sonnerie sur mon téléphone, ce doit être ma mère qui m'envoie un message pour me dire que je suis en retard et que je les fais encore attendre. Je me prépare rapidement, tout en essayant d'avoir l'air présentable. Je laisse mes cheveux bouclés à l'air libre et met seulement une couche de mascara. Une chance que je n'ai jamais été porté sur le maquillage, ça m'évite de passer des heures dans la salle de bain.
Vingt minutes plus tard, je suis prête à repartir. Cette fois, je me dirige vers la maison de mes parents. Ils habitent à trente minutes de chez moi. Ils ont préférés la campagne à la ville. Même si ma mère travail pour une grosse compagnie en ville, elle ne déménagerait pour rien au monde, quitte à faire beaucoup de route et de passer des heures dans les embouteillages. Mon père, quant à lui, travail dans un petit garage tout près de leur maison donc il ne se plaint pas.
Quand j'arrive chez mes parents, mon père est déjà installé derrière le volant. Ma mère m'attend sur le perron et mon frère est en train de mettre la glacière dans le coffre.
- Enfin, tu es là! Ton frère est arrivé depuis presque une heure déjà! Tu devrais prendre exemple sur lui, ton patron te donnerait peut-être une promotion.
Je m'approche pour lui faire la bise.
- Je suis désolée maman, mais justement si je veux avoir une promotion je dois travailler, je lui réponds, tout en la suivant pour m'installer dans la voiture à côté de mon frère.
Dans la voiture, je salue mon père et mon frère, puis ma mère se met à parler avec mon frère de ses études. Mathieu fait des études de droit à l'université. Pour ma mère, il est un modèle de réussite, et je devrais prendre exemple sur lui. Moi qui n'ai pas été foutue de poursuivre mes études à l'université pour enfin avoir un "vrai" diplôme. Ce n'est pas comme si je n'avais pas un bon travail. Je travaille aux achats dans une librairie qui fait un très bon chiffre d'affaire. Je suis en contact avec plusieurs maisons d'édition, et pour moi qui est une passionnée de littérature, c'est une vraie chance de faire ce que je fais. Je suis spécialisée dans la littérature sentimentale, c'est mon côté fleur bleue qui ressort. J'ose rêver que le grand amour, le vrai, celui qui est fait de passion, existe. Je veux croire que c'est possible de ressentir tout ça, d'avoir les papillons dans le ventre dès qu'on voit l'autre personne, ou que l'on entend sa voix. Je veux croire que c'est possible de fondre complètement devant un simple sourire, d'avoir des frissons à la seconde où ses doigts se posent sur nous... Je veux tellement y croire, mais je ne sais pas si j'en ai le droit.
Pourtant, je suis dans une relation depuis près de deux ans maintenant. Christophe, 24 ans et infirmer. Il est plutôt gentil et me respecte, enfin la plupart du temps, et il a un bon travail. Puisque nous somme ensemble depuis deux ans, nous avons commencés à regarder les maisons à vendre et nous pensons avoir un bébé. Notre relation est apparemment parfaite, tout ça est donc simplement la suite logique et c'est ce que j'ai toujours voulu : un mari, une maison et des enfants. Mes parents l'aiment beaucoup, et nous encouragent à poursuivre sur cette lancé.
***
Nous arrivons enfin chez mes grands-parents. Nous avions décidé de faire la route tous ensemble puisqu'ils habitent à une heure de route. Nous étions là pour l'anniversaire d'un cousin. Mes grands-parents habitent une jolie maison en banlieue. Ils vivent une retraite paisible dans un endroit calme. Ils sont très actifs pour leur âge et restent rarement en place. Ils sont toujours partis quelque part avec leurs amis. Je les admire vraiment à voir tout ce qu'ils font, ils ont de l'énergie à revendre.
- Mamy!
Je saute de la voiture dès qu'elle est arrêté, cours la rejoindre et la serre contre moi.
- Ah, ma petite chérie! Ça me fait vraiment plaisir de te voir, me sourit-elle avec douceur.
Mes parents et mon frère nous rejoignent et nous allons saluer les autres membres de ma famille. Nous nous mettons à table et les discussions vont bon train. Ma cousine qui est à côté de moi, parle de son dernier voyage en Allemagne, la chanceuse. Je l'envie d'être partie en voyage. J'y pense sérieusement moi aussi, je ressens de plus en plus le besoin de m'évader. J'ai souvent l'impression d'être prisonnière de ma vie, la sensation d'un vide à l'intérieur de moi. J'ai la sensation... qu'il me manque quelque chose. Je ne comprends pas ce qu'il peut bien me manquer, j'ai tout ce que j'ai toujours voulu. J'ai un petit-ami qui m'aime et tout est en bonne voie pour avoir la maison et les enfants que je désire tant. Je sais que j'ai seulement 22 ans, mais j'ai hâte d'avoir ma famille et de me sentir complète. C'est ce pour quoi je vis, avoir ma propre famille. C'est le but de la vie, non? J'ai déjà eu la chance partir en Italie pour un court séjour et c'était parfait, mais trop court. Cela fait déjà un an et depuis ce temps, je rêve de partir à nouveau. J'ai envie de voir autre chose, j'ai envie de voir le monde. J'ai envie... j'ai envie de vivre! Pourtant, je ne fais rien, je reste enfermée dans ma routine. J'essaie tout de même de repartir bientôt en voyage.
- Et toi Charline, où comptes-tu aller pour ton prochain voyage? Me demande Océanne, ma cousine.
Je sors de mes pensées et lui réponds. Ce n'est pas le moment de gâcher l'ambiance par des questions existentielle.
- Je ne suis pas encore certaine de la destination, mais je penche pour les pays nordiques. Donc soit l'Islande ou la Norvège. Sinon il y a l'Écosse qui me tente beaucoup.
- Ah! L'Islande! J'aimerais tellement y aller moi aussi!
- Tu n'as qu'à venir avec moi. J'aimerais partir cet hiver.
- J'aimerais beaucoup, mais ce n'est pas possible pour moi cette année avec les cours.
- C'est dommage. Une autre fois alors.
Je suis déçue. J'ai vraiment envie de partir en voyage, mais je n'ai pas l'impression que je vais trouver quelqu'un pour m'accompagner. Je pourrais y aller seule, mais j'ai de la difficulté à sortir de ma zone de confort. J'ai toujours peur de faire un mauvais pas et de faire une erreur.
- Christophe ne veut pas y aller avec toi? Me demande-t-elle.
- Euh... Eh bien, c'est plus compliqué pour lui de demander congé à cause de son travail à l'hôpital donc...
- Ah, ok. C'est sûr que ce ne doit pas être évident.
- Non, il manque beaucoup de personnel à l'hôpital, alors il travaille beaucoup.
En fait, je ne lui en ai même pas encore parlé. Il sait que j'ai envie de voyager, mais c'est tout. Lui, il considère les voyages comme une perte de temps et d'argent. Il préfère passer son temps libre à jouer aux jeux vidéo avec ses amis. Chacun ses hobby...
Nous continuons de parler destination voyage, puis nous parlons de ses études et de mon travail. Ma cousine est toujours de bonne compagnie. C'est toujours agréable de parler avec elle, elle m'apaise.
Vient le temps du gâteau d'anniversaire et tout le monde chante « Joyeux anniversaire ». Mmm... Ma grand-mère fait définitivement les meilleurs gâteaux. Elle a une technique bien à elle, j'ai beau suivre exactement la même recette, je n'arrive jamais au même résultat. Son gâteau fond dans la bouche, c'est délicieux.
Lorsque le soleil commence à se coucher, mon père prépare le bois et le papier pour faire un feu dans le foyer à l'extérieur. Nous sortons les chaises et les installons autour du feu. Quelqu'un met de la musique et l'ambiance est légère et bon enfant. Tout le monde rit, s'amuse et profite de la soirée magnifique qui nous est offerte. Nous sommes à la mi-juillet donc la soirée n'est pas trop fraîche, surtout avec le soleil qui décline doucement. La soirée ne pourrait être plus parfaite. Je ferme les yeux et je profite de tout ce qui m'entoure. J'écoute ma famille qui discute, rit et chante. Je sens la légère brise qui fait voler des mèches de mes cheveux et qui me reviennent dans les yeux. Je respire l'odeur humide de la rosée qui se mélange à l'odeur de fumée et du bois qui brûle. J'ouvre les yeux et tourne la tête sur le côté quand j'entends la voix de mon oncle. Il a de la difficulté à tenir debout et parle fort. Visiblement, il est bourré, encore heureux qu'il ne soit pas trop désagréable quand il a bu. De toute façon, il n'est pas le seul à avoir bu donc il ne dérange personne.
Il est 1h du matin quand nous décidons de partir. La plupart sont déjà partis et mes grands-parents sont couchés depuis un moment maintenant. Mon père décide de ramener mon oncle qui n'est clairement pas en état de conduire. Il prendra la voiture de mon oncle et lui ramènera demain dans l'après-midi. Ma mère, mon frère et moi partons avant mon père qui nous rejoindra à la maison. Je suis tellement fatiguée que j'ai de la difficulté à garder les yeux ouverts. Je crois que je vais faire comme mon frère et que je vais dormir chez mes parents ce soir, ou plutôt ce matin vu l'heure qu'il est rendu. Nous sommes à mi-chemin de la maison de mes parents quand le téléphone de ma mère sonne. Puisque c'est elle qui conduit, c'est mon frère qui répond.
- Allo?... Allo?
Il regarde le téléphone et voit que c'est mon père qui a essayé d'appeler. Ce n'est pas normal, il est supposé être en train de conduire.
- Qu'est-ce qu'il se passe? Demande ma mère.
- Je n'en sais rien, la ligne a coupé quand j'ai répondu, répond Mathieu. Je vais réessayer d'appeler.
Mon frère tente de rappeler mon père, mais au bout de quelques secondes, il raccroche. Puis, mon père tente à nouveau de nous rejoindre, mais à voir son visage, mon frère n'a toujours pas réussi à avoir la communication. Le silence se fait dans la voiture pendant que mon père et mon frère tente de se rejoindre l'un l'autre. La tension est à son maximum, tellement, que l'air est de plus en plus lourd. Soudainement, la voix de mon père résonne dans l'habitacle.
- J'ai eu un accident.
La tension qui était présente dans le véhicule explose d'un coup, et revient plus puissante que jamais. Ma mère freine brutalement, fait immédiatement demi-tour et fonce pour retrouver mon père. Une chance qu'il n'y avait personne d'autre que nous sur la route, car ça ne nous aurait avancé à rien d'avoir un accident à notre tour. Je ne suis même pas capable de dire comment je me sens. J'ai l'impression que rien n'est réel, que lorsque nous allons arriver, nous allons nous rendre compte que c'est un accident mineur et qu'il va seulement avoir quelques réparations à faire sur la voiture de mon oncle. Je sens la panique de ma mère augmenter au fur et à mesure que nous approchons. Nous avons déjà une idée d'où l'accident aurait pu avoir lieu. Il y a un endroit sur la route qui mène chez mes grands-parents qui est particulièrement propice aux accidents.
Le temps semble suspendu, comme si nous nous trouvions dans une dimension parallèle. Je pense à ma relation avec Christophe qui ne mène nulle part et qui me donne l'impression d'être prisonnière. Pourtant, je reste avec lui, c'est plus facile. Tout à coup, je me sens affreusement coupable, je devrais être inquiète pour mon père, mais je me suis surprise à être perdue dans mes pensées.
Après ce qui pourrait être des heures comme des fractions de secondes, nous voyons une voiture sur le toit en travers de la route. Nous débarquons tous les trois en vitesse de la voiture et courons vers l'accident. Quand nous arrivons près de mon père, nous le voyons qui n'est plus attaché au siège, il se trouve de travers sur le sol, ou le toit, tout dépend du point de vue. Ma mère se dépêche de se mettre à genoux à ses côtés, mon frère, quant à lui, prend le téléphone des mains de mon père qui était en ligne avec les secours. Je vais rejoindre ma mère aux côtés de mon père et je commence à enlever les débris de verre qui le recouvrent. C'est à ce moment que je réalise qu'il y a vraiment beaucoup de sang. Je fais ce que je peux pour trouver la source du saignement.
- Comment vas-tu? As-tu mal quelque part? Ne bouge surtout pas, les secours vont arriver, dit ma mère avec une voix paniquée.
Je vois que le saignement semble venir de son abdomen, au niveau des poumons. J'applique alors une pression pour tenter de diminuer le saignement. Comme quoi il y a des avantages à sortir avec un infirmier. J'entends mon père répondre difficilement à ma mère.
- J'ai... de la difficulté... à respirer, et... je ne sens... plus mes jambes...
Je relève la tête, mes yeux rencontrent ceux de ma mère et, si c'est possible, je vois la panique et l'inquiétude l'envahir un peu plus.
- Les secours arrivent, ça ne devrait plus tarder, dit mon frère qui est toujours en ligne avec eux.
Mon frère fait des allers-retours à quelques pas de nous, pendant que ma mère pleure et répète encore et encore à mon père qu'elle l'aime. Je lève la tête que j'avais rabaissée pour garder les yeux et la pression sur la blessure. J'ai l'impression d'être sortie de mon corps et d'observer des inconnus au lieu des membres de ma famille. Je suis là, pourtant, je pourrais être ailleurs que ce serait la même chose. Une voiture passe près de nous et je vois les passagers nous regarder comme des animaux en foire, mais je ne ressens rien. Puis, j'entends les sirènes. Je reviens à moi quand je sens la présence des ambulanciers près de moi. Je leur laisse la place et ils sortent mon père de la voiture et le mettent sur une civière.
- Pronostic vital enclenché. On se dépêche, on l'emmène, dit l'un des ambulanciers.
Les ambulanciers empêchent ma mère de monter avec eux puisqu'il s'agit d'une urgence et qu'ils n'ont pas de temps à perdre. Mon frère prend le volant puisque ma mère est en état de choc. Nous arrivons à l'hôpital quelques minutes après l'ambulance. Dès que nous franchissons les portes de l'urgence, nous nous dirigeons vers l'accueil.
- Bonjour, mon mari vient tout juste d'arriver en ambulance dit ma mère toujours en pleure et en panique. Il s'appelle Charles Sullivan.
- Très bien Madame Sullivan. Vous pouvez aller attendre dans la salle d'attente juste à côté. Je vais avertir son médecin que vous êtes ici et il viendra vous voir, répond l'infirmière en charge de l'accueil.
Nous nous installons donc dans la salle d'attente, mon frère part chercher un café pour ma mère. Je m'assois à côté de ma mère et lui prend la main. Mathieu revient, donne le café à ma mère, puis prend place à ses côtés. Nous patientons 2h avant de voir un médecin se diriger vers nous.
- Madame Sullivan?
Nous nous levons tous d'un coup.
- Oui? Comment vas mon mari? Est-ce que c'est grave? Est-ce qu'il va s'en sortir? Demande ma mère sans reprendre son souffle.
- Je suis le docteur Anderson. Je vous rassure, le pronostic vital n'est plus enclenché. Nous lui avons fait passer un scan pour connaitre l'étendue de ses blessures. Il a plusieurs fractures, dont une au niveau de la clavicule gauche et plusieurs au niveau des côtes. Il a également fait un pneumothorax donc nous avons dû poser un drain thoracique.
- Donc tout va bien, il va s'en sortir? Demande Mathieu.
- En fait, ce n'est pas tout.
Le médecin fait une pause et nous regarde chacun notre tour. Je sens que le pire est encore à venir. Je me sens encore dans une autre dimension. Ça ne peut pas être réel. Par contre, je sens que lorsque j'aurai réalisé ce qu'il se passe, je vais être frappé par un camion de dix tonnes.
- Sur le scan, nous avons pu constater que la moelle épinière a également été touchée. Elle a été sectionnée au niveau des vertèbres dorsales 4 et 5.
- Sectionnée? Qu'est-ce que ça veut dire? Est-ce qu'il va avoir des séquelles? Demande ma mère.
- Eh bien, lorsque la moelle épinière est sectionnée cela amène la perte de sensibilité à partir de cet endroit. C'est-à-dire que le cerveau n'envoie plus d'information au-delà de cet endroit. Les messages sensitifs et moteurs ne se rendent plus aux niveaux inférieurs de la lésion. Je suis désolée Madame Sullivan, mais ce que j'essaie de vous dire c'est que votre mari est désormais paralysé à partir de la poitrine jusqu'aux orteils. Il ne pourra plus marcher.
C'est un silence de mort qui accueille les dernières paroles du Docteur Anderson. Les jambes de ma mère ne la soutiennent plus et elle s'écroule sur la chaise qu'elle occupait. Mon frère se passe une main sur le visage et commence à faire les cents pas devant les chaises où nous sommes installés. Quant à moi, je ne réagis pas. J'ai le regard dans le vague,je ne ressens rien. La seule pensée qui me vient à l'esprit est que je n'ai pas le droit à l'erreur. Je dois être forte pour eux. Je ne peux pas succomber, pas maintenant.
********
Alors?? Vos avis?
C'est une première histoire donc soyez indulgent! Je prends tout commentaire constructif vous n'avez qu'à venir en PV !
N'oubliez pas de voter, commenter et partager!!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top