1. ~ December's snowflakes

La neige tombait à gros flocons, recouvrant toutes les terres avoisinantes de son épais manteau blanc. Je tapotais le rebord en bois de ma fenêtre, fixant à travers le verre la neige de décembre. Chaque année, c'était la même chose. Tout le monde préparait Noël et vaquait à ses occupations. Tout le monde préparait une grande fête où toute la famille allait se retrouver, où tout le monde se plaisait. Mais moi pas. Non, moi je restais seule chez moi. Et j'étais bien mieux. Je m'allongeais devant un film avec un chocolat-chantilly et des gâteaux, et je me faisais un marathon de films, me couchant très tard. Et, ce soir, j'allais faire la même chose.

  J'étais en froid avec ma famille depuis bien longtemps déjà. Ça n'avait jamais collé avec mes parents. Mais, j'avais appris à me débrouiller toute seule dans la vie.

C'était seulement le début de la soirée. Mais, ce soir-là, je sentais que cette veillée serait particulière, tout simplement parce que je n'allais pas être seule. Enfin, pas tout à fait. Je ne le savais pas encore à ce moment-là, mais j'allais ressortir différente de cette veillée.

  Je ne me souviens pas de ce que je faisais —mais cela n'a aucune importance— quand l'on a frappé à ma porte. Je suis allée ouvrir, et j'ai vu, sur le pas de ma porte un jeune homme d'à peu près mon âge, aux cheveux blancs comme la neige et aux yeux aussi sombres que les abysses. Je demeurai sous le choc face à cette vision plutôt étonnante un soir de Noël.

— Bonjour, dit-il, d'une voix rauque, en me dévisageant

Je me raclai la gorge, mal à l'aise. Ça pouvait être n'importe qui ! Y compris un psychopathe !

— Bonsoir, répondis-je, tout de même par politesse.

Un silence s'installa. Nous nous observâmes mutuellement.

— Que puis-je faire pour vous ? finis-je par dire, brisant le silence

— Rien, répondit-il, c'est moi qui peut faire beaucoup pour vous.

Je fronçai les sourcils. Ce garçon ne présageait rien de bon.

— Ne vous effrayez pas.

— Que je ne m'effraie pas ?! Un inconnu débarque chez moi en me disant qu'il peut, je cite « faire beaucoup pour moi », le tout en me regardant bizarrement ! m'exclamai-je

Je commençais à paniquer. Non, je devais rester calme. Hors de question que je fasse une crise ! Surtout pas devant un inconnu tordu. Sans compter que cette crise pouvait tourner en une crise d'hystérie.

— Calmez-vous, je sais que vous êtes sujette aux crises d'angoisses.

— Pa-par-pardon ? bégayai-je

— Calmez-vous.

— Mais qui êtes-vous ? m'écriai-je, les larmes aux yeux

  Je m'évertuais à garder ma respiration lente et régulière. Inspire, expire, inspire, sens l'air entrer dans tes poumons, expire, sens l'air quitter tes poumons, me dis-je. Je devrais refermer la porte et me calfeutrer chez moi.

— Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas. Je suis là pour vous aider.

— M'aider à quoi ? haletai-je, peinant à respirer

— À ne pas tout perdre. Mais, calmez-vous d'abord, je ne vais pas vous faire de mal. Je vais rester où je suis et je ne bougerai pas d'un poil.

Il marqua une pause avant de reprendre :
— Je ne peux pas rentrer chez vous, je risquerai de fondre.

— Dites-moi qui vous êtes, ordonnai-je, d'une voix ferme, troublée par les mots qu'il avait utilisés

— Bien, acquiesça-t-il, je suis un flocon de neige. Je suis venu pour t'aider. Je t'apparais sous la forme la plus propice à la discussion, c'est-à-dire une forme normalement rassurante.

Ce garçon était de toute évidence complètement perché, et j'avais décidé d'entrer dans son jeu pour m'amuser un peu.

— Eh bien, qu'attendez-vous pour « m'aider » ?! fis-je, retenant difficilement mon sourire moqueur

— Cessez donc de rire de moi et concentrez-vous plutôt sur ce que vous perdez.

— C'est-à-dire ?

— Vous êtes en train de perdre votre humanité. Vous regardez vos relations s'effondrer mais vous ne faites rien pour les reconstruire. Vous voyez les briques tomber une à une et le ciment qui vous permet de les recoller, mais vous préférez rester assise à les regarder se briser au sol.

— Comment pouvez-vous dire de telles choses ? Vous ne savez rien de moi ! rétorquai-je

— C'est là que vous faites erreur, je sais tout de vous, dit-il, d'un air soudain inquiétant, je connais vos peurs, vos cauchemars. Je sais aussi que rien ne va plus entre vous et votre famille. Vous êtes seule et vous détestez ça, mais vous refusez de vous l'avouer.

— N'importe quoi ! Je suis très bien comme je suis. Ça n'a jamais collé entre eux et moi. C'est mieux comme ça, répondis-je, amèrement

— Vous n'avez jamais fait aucun effort pour améliorer la situation, non, vous l'avez laissée se dégrader.

— Ce n'est pas si grave.

— Vous rendez-vous compte de ce que vous perdez ?

— Je ne perds rien.

— Si. Prenez un exemple actuel : c'est le soir de Noël, et vous êtes seule, tandis que votre famille est réunie, ensemble et partage un bon moment. C'est ça Noël, c'est passer un bon moment aux côtés de nos proches, partager notre bonheur avec ceux qui n'en ont pas, remonter le moral à ceux qui l'ont au plus bas, etc... Noël, c'est partager.

Je ne trouvai rien à redire. Il avait malheureusement raison.

— On rit, on danse, on blague, on chante, tous ensemble. On se retrouve autour d'un bon repas, continua-t-il, et il faut en profiter tant qu'il en est encore temps, car un jour, tout s'arrête. Et ce jour-là, on regrette. 

Il marqua une pause avant de reprendre :
— Nous, flocons de neige, ne vivons que brièvement. Nous sommes des êtres éphémères qui ne vivent que l'hiver pendant quelques secondes. Vous marchez ensuite sur nos corps sans vie. Nous n'avons pas le temps de vivre, nous n'avons pas le temps de profiter. Nous avons à peine le temps de nous rencontrer que nous sommes déjà morts. Et ça recommence, encore et encore. Alors, vous qui avez la chance d'avoir du temps devant vous, ne le gâchez pas en vous éloignant de tout.

À ces mots, le garçon aux pâles cheveux et aux yeux aussi bleus que la nuit disparut en une multitude de flocons de neige.

— Merci, chuchotai-je.

Je restai encore un bref instant à contempler la place où il se tenait il y a encore quelques minutes, avant de rentrer dans ma maison.

*
*  *
*

  Je reposai doucement mon cahier sur mon bureau, repensant à mon aventure étrange qui m'était arrivée il y a un an. Cette année, je passais Noël en famille. Ce que ce mystérieux jeune homme, non flocon de neige, avait voulu dire, c'était de reprendre contact avec ma famille, avant qu'elle ne parte pour l'autre monde, sans que je n'aurais eu le temps de nouer quoi que ce soit. J'aurais regretté.

  Depuis, tout était différent.

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~ Bonjour, bonjour !

Je ne serai pas longue dans cette nda :')
Dites-moi ce que vous en avez pensé même si c'est un peu cliché...

Juste un petit mot avant de vous laisser :

Passez de bonnes fêtes et prenez soin de vos proches ! <3

Honey.

PS : Je publierai la seconde nouvelle ce soir ou demain matin:)

Joyeux Noël ! (Un jour plus tôt )

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