Chapitre 27
Assise sur le télésiège, je m'amuse à retirer la neige qui reste sur mes skis après une énième descente. Les championnats de France sont dans un peu plus de deux semaines à peine, et l'entraînement est devenu vraiment intensif. Je n'arrive pas à croire que dans moins d'un mois, j'aurai participé à un concours à l'échelle nationale. Pendant toute la deuxième semaine des vacances, j'ai été totalement monopolisée par Laurent, tous les jours de huit heures à dix-sept heures trente. Je suis complètement exténuée, car malgré les nombreuses heures d'entraînement, je ne peux m'empêcher de rester au téléphone avec Tristan jusqu'à tard dans la soirée, cela rognant clairement sur mes nuits de sommeil réparateur.
Lui et moi sommes plus ou moins en couple à présent, mais ce n'est pas vraiment officiel puisque personne n'est encore au courant. Il est venu me récupérer tous les soirs après l'entraînement, pour m'inviter à boire un chocolat chaud.
J'apprécie à quel point tout est simple avec lui à présent que nous sommes lancés. Contrairement à lorsque j'étais avec Marc, je sais que je peux rester moi-même, que c'est ce qu'il aime. Dans ma relation précédente, je me prenais souvent à agir différemment de d'habitude. Je changeais au gré de ses envies, me perdant petit à petit.
Je sens une pichenette résonner sur mon casque, et relève la tête vers Laurent qui, assis à côté de moi, boit une gorgée de son café dans son thermos métallique.
« Oui? je demande.
- Tu m'as l'air bien pensive, pitchoune. »
Je souris en entendant ce surnom. Il m'appelait toujours comme cela quand j'étais plus jeune.
« Comment ça? je l'interroge avec une mine innocente.
- Je ne sais pas, sourit-il. Tu as l'air plus épanouie qu'avant les vacances, plus distraite aussi. »
Il marque une pause et relève son masque qui couvrait la partie supérieure de son visage.
« Un certain garçon y serait-il pour quelque chose?
- Hum... c'est possible. »
Mon coach rit dans sa barbe.
« Des précisions? » demande-t-il avec curiosité.
C'est à mon tour de rire. Cet homme d'une soixantaine d'années, est aussi curieux qu'une adolescente amatrice de potins. Je retire mon gant et lui tends la main, arquant mon auriculaire dans sa direction. Automatiquement, il fait de même, crochetant mon petit doigt avec le sien. C'est notre code de promesse, depuis toujours. De cette façon, on jure à l'autre qu'il peut nous faire confiance.
« Tu diras rien à personne, hein?
- Comme d'habitude. me rassure-t-il en souriant.
- Ok. C'est Tristan. On est ensemble. »
Un grand sourire illumine son visage au teint basané, creusant les rides autour de ses yeux bleus perçants.
« Du peu que j'en ai vu, il me semble que c'est un brave petit. Je l'aime bien. »
Un sourire amusé étire mes lèvres. Il me donne sa bénédiction, alors. Bien que sa manière de s'appliquer lui-même un rôle de père ou de grand-père à mon égard me fasse rire, c'est aussi indispensable pour moi. Cela peut paraître bête, mais je pense que si Laurent m'avait fait part de doutes à propos de Tristan, j'aurais sérieusement remis en question notre relation. Après tout, il n'avait jamais apprécié Marc, et il avait eu raison.
Nous arrivons en haut du télésiège et en descendons pour rejoindre le début du slalom. Je le descends une nouvelle fois, laissant les sensations familières que j'aime tant me submerger alors que je force mon corps à aller plus vite. Je sens le vent siffler contre mes oreilles alors que je fends l'air, mes skis crissant sur la neige. Un sentiment de plénitude et de détermination à la fois m'envahit, emplissant tout mon corps et faisant courir l'adrénaline dans mes veines, électrisant ma peau.
Les muscles de mes cuisses sont contractés par l'effort demandé pour rester la plus fléchie possible. Je sens chaque piquet claquer contre mes protège-tibias à chaque fois que j'en passe un, skiant au plus près des portes pour ne perdre aucune seconde. Je me penche en avant, toujours plus, jusqu'à ce que mes genoux cognent mon torse à chaque virage que j'entreprends. Je balance mon corps sur les côtés, créant un effet de balancier pour tourner plus facilement et plus vite. Je franchis la ligne d'arrivée du slalom, sous le regard attentif de Laurent.
« De mieux en mieux Alice, c'est bien! Essaye de plus corriger ta posture, tu es encore trop en arrière sur tes skis. Range aussi tes bras, ils ne devraient pas être aussi écartés. Garde bien tes poings juste devant tes flancs, voire plus en avant pour accélérer dans le premier tiers du slalom. »
Je garde le silence en hochant docilement la tête, prenant bien en compte toutes ses remarques. Ce sont toujours les mêmes, et cela m'agace d'avoir du mal à progresser sur certains points. Cependant, je sais que tout ce que me dit Laurent est judicieux et précisément organisé, visant à corriger les détails les plus infimes, qui pourraient pourtant me faire gagner de précieuses secondes.
De plus, mon entraîneur est deux fois plus exigeant qu'habituellement, à l'approche des championnats. Il m'a dit plusieurs qu'il était confiant quant à ma performance, mais je le sens plus tendu qu'à l'accoutumée. Il se met toujours trop la pression, et s'inflige toutes les responsabilités de mes échecs s'il en advient.
Je hoche la tête d'un air réfléchi alors qu'il jette un œil à sa montre.
« Ok, c'est l'heure. Tu peux me refaire une dernière descente, et ensuite je te lâche.
- Ça marche. »
Je prends donc le télésiège une dernière fois pour aujourd'hui, avant de redescendre à toute vitesse. Même si cette dernière descente ne compte pas vraiment pour l'entraînement, je skie le plus vite possible, car je sais qui m'attends en bas.
Je rejoins Laurent qui, skis aux pieds, est posté en bas du slalom, et nous finissons la piste côte à côte.
En apercevant la silhouette élancée de Tristan, mon cœur fait un léger bond dans ma poitrine, et j'amorce quelques virages pour perdre de la vitesse, et pouvoir lui foncer dessus sans danger.
Il ouvre grand les bras en riant en me voyant arriver, et je le heurte de plein fouet, le déséquilibrant légèrement. Relevant la tête vers lui, je l'observe, admirative. Il n'a pas pris son anorak kaki, juste une veste en jean fourrée par-dessus un col roulé noir qui lui va à merveille. Ses cheveux châtains sont recouverts par un bonnet en laine, qui laisse quelques mèches s'échapper. Son sourire laissant entrevoir ses belles dents blanches m'est destiné à moi, rien qu'à moi. Il est décidément trop beau pour mon petit cœur qui flanche.
« Tu t'es bien battu petit! » lance Laurent en passant à côté de nous.
Tristan m'interroge du regard, interloqué, et j'éclate de rire en entreprenant de déchausser mes skis.
« Il est au courant? me demande-t-il en s'emparant de ceux-ci pour me les porter.
- Ouais, il m'a posé la question, il avait remarqué mon changement d'attitude. Ça ne te dérange pas?
- Non, non. il marque une légère pause avant d'esquisser un sourire en coin. Ton changement d'attitude?
- Oui, il m'a dit que j'avais l'air plus épanouie et plus distraite. »
Il tente de réfréner l'immense sourire qui éclaire son visage au mot « épanouie », tout en regardant droit devant lui, mais je ne suis pas dupe. Attendrie, je passe son bras libre autour de mes épaules en continuant à marcher.
« Distraite hein? Tu penses trop à moi, c'est ça? Je te comprends, en même temps, je suis tellement incroyable, c'est n... »
Je le coupe en lui assenant un petit coup sur la tête avec la poignée de mes bâtons.
« Aïe! il proteste.
- Tais-toi un peu, tu digères mal le narcissisme. »
Il lève les yeux au ciel d'un air scandalisé, et pose mes skis contre un muret en face du café où nous allons. Se retournant vers moi, il pose ses mains sur mon dos pour m'attirer à lui.
« Tu veux pas retirer ton casque, que je puisse enfin t'embrasser? »
Je ris doucement et m'exécute. Il m'embrasse tendrement, ses mains posées sur mes joues.
« Aller, ça caille! je me plains après quelques instants.
- T'as un don pour gâcher les moments toi. »grogne-t-il avant de me suivre à l'intérieur du bar.
Je souris et laisse un serveur nous placer à notre table habituelle. Comme d'habitude, je me laisse tomber sur la banquette avec un soupir d'aise. Une fois que nous avons nos boissons, Tristan se tourne vers moi.
« Tu sais que Cath va te tuer quand elle va apprendre qu'on est ensemble et que tu ne le lui as pas dit. »
Je lâche un petit rire en sirotant mon chocolat chaud.
« Ouais, c'est clair. Elle va nous faire la gueule je suis sûre! Qu'est-ce qui t'y fais penser? »
Un sourire en coin étire ses lèvres et il me tend son portable en reposant sa tasse de café. J'y vois sa conversation avec Catherine, ou plutôt le monologue de Cath'.
Tristaaaan
Alice évite mes questions
Mais si j'arrive pas à lui sortir les vers du nez à elle, alors je me rabats sur toi!
Je suis sûre qu'il s'est passé un truc entre vous!
Je veux tout savoir!!
Réponds moi !!!
Aller sale troll!!!!
Je souris, amusée, en lui rendant son téléphone. Les messages datent de quelques heures à peine.
En effet, depuis que je suis rentrée, et dès qu'elle nous a vus rentrer dans le fast-food, Catherine essaye de me soutirer des informations, d'une manière pas vraiment subtile, mais j'esquive ses questions à chaque fois.
« Je lui réponds quoi? me demande Tristan.
- Rien, t'inquiète, la rentrée c'est demain de toutes façons, on verra bien ce qui se passera...
- Mouais... J'aimerais bien éviter qu'elle vienne me séquestrer dans mon sommeil cette nuit quand même. » il grogne, hésitant.
Il a l'air presque effrayé par notre amie, et cela m'arrache un léger rire. Il est trop mignon. J'attrape son bonnet et le lui enlève, laissant libres ses cheveux en bataille. Enfonçant le couvre-chef sur ma tête, je lui souris.
« T'inquiète je te dis. J'ai la situation sous contrôle. Quand elle verra comme on est mignons, elle oubliera tout de suite qu'on le lui a caché pendant une semaine. »
Ouais. Ou pas.
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ℂ𝕠𝕦𝕔𝕠𝕦 𝕝𝕖𝕤 𝕕𝕣𝕒𝕘𝕚𝕓𝕦𝕤! 💜
ℂ𝕖 𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝕖𝕤𝕥 𝕦𝕟 𝕡𝕖𝕦 𝕡𝕝𝕦𝕤 𝕔𝕠𝕦𝕣𝕥, 𝕕𝕖́𝕤𝕠𝕝𝕖́𝕖...
𝕁'𝕖𝕤𝕡𝕖̀𝕣𝕖 𝕢𝕦'𝕚𝕝 𝕧𝕠𝕦𝕤 𝕒𝕦𝕣𝕒 𝕡𝕝𝕦 𝕢𝕦𝕒𝕟𝕕 𝕞𝕖̂𝕞𝕖, 𝕝𝕖 𝕤𝕦𝕚𝕧𝕒𝕟𝕥 𝕒𝕣𝕣𝕚𝕧𝕖 𝕛𝕖𝕦𝕕𝕚 𝕡𝕣𝕠𝕔𝕙𝕒𝕚𝕟!
𝕊𝕚𝕟𝕠𝕟 𝕔𝕠𝕞𝕞𝕖𝕟𝕥 𝕒𝕝𝕝𝕖𝕫-𝕧𝕠𝕦𝕤 𝕖𝕟 𝕔𝕖𝕥𝕥𝕖 𝕡𝕖́𝕣𝕚𝕠𝕕𝕖 𝕕𝕖 𝕔𝕠𝕟𝕗𝕚𝕟𝕖𝕞𝕖𝕟𝕥? 𝕋𝕠𝕦𝕥 𝕧𝕒 𝕓𝕚𝕖𝕟 ? 𝔹𝕠𝕟 𝕔𝕠𝕦𝕣𝕒𝕘𝕖 𝕖𝕟 𝕥𝕠𝕦𝕤 𝕔𝕒𝕤 ❤️
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