Chapitre 26
J'éternue en posant ma valise dans le coffre, avant de pousser un juron. Je n'arrête pas de me moucher depuis qu'Axel m'a balancée dans la Seine il y a trois jours, je crois bien que j'ai pris froid. Il a finit par s'en vouloir en me voyant cracher mes poumons d'ailleurs. Il est venu nous dire au revoir aujourd'hui, car nous quittons Paris. Debout aux côtés de ma cousine, il m'observe dire au revoir à mon oncle et ma tante. J'enlace Sarah longuement, avant de me tourner vers lui. Le jeune homme sourit et me prend dans ses bras. Il m'embrasse le haut du crâne avant d'approcher sa bouche de mon oreille.
« T'as intérêt à suivre mes conseils, toi. Je t'ai pas laissée filer entre mes doigts pour rien ok? »
Il pose ses mains sur mes épaules et m'écarte de lui pour mieux me voir. La bienveillance qui émane de ses iris vertes me secoue de l'intérieur. Ce gars mérite le meilleur que le monde puisse lui offrir.
Je hoche la tête en déglutissant difficilement. J'ai tout arrêté entre nous et je sais que nous ne demeurerons qu'amis, mais je ne peux pas dire que je ne suis pas triste de le quitter. Paradoxalement, c'est en le repoussant que je me suis le plus rapprochée de lui. Il faut croire que nous ne sommes pas faits pour plus que de l'amitié.
« Bien. il sourit. Tu me tiendras au courant?
- Oui. Merci Axel, vraiment merci. »
Je lui claque un baiser sur la joue, avant de m'engouffrer dans la voiture à la suite de mon frère. J'ouvre ma fenêtre alors que mon père démarre, et passe ma main dans l'ouverture pour l'agiter dans leur direction tandis que nous nous éloignons.
Ils vont tous me manquer, et je suis heureuse d'avoir passé une semaine ici. J'ai pu me détendre, retrouver des gens que j'apprécie, et surtout réfléchir. Mais je suis surtout impatiente de rentrer à Bourg, car je sais que la personne qui me manque le plus, qui n'a, malgré tout, pas quitté ma tête en une semaine, m'y attends.
*
Dès que nous arrivons, en fin d'après-midi, j'envoie un message à Cath pour la prévenir. Elle me répond qu'ils sont tous au skatepark, et qu'ils vont dîner au fast-food ensuite. Ainsi, après avoir aidé mes parents à décharger la voiture, je monte dans ma chambre pour me préparer à sortir. Je troque mon bas de jogging et mon sweat, que j'avais choisis pour leur confort, pour un jean taille haute noir, et un large pull bordeaux. Je m'observe quelques instants dans le miroir, indécise. Pourquoi t'as besoin d'être belle de toutes manières? Tu vas juste au skatepark imbécile! Une part de moi est exaspérée, mais l'autre, au fond d'elle, sait très bien pourquoi je m'apprête. Pour qui. Dans tous les cas, je devrai me contenter de cela. Je descends les marches à la volée et une fois en bas, enfile une paire de baskets blanches.
Il fait plutôt doux pour la saison, on se croirait presque au printemps. Je prends donc seulement ma grosse écharpe crème, avant de crier à ma mère que je sors et claque la porte derrière moi, mon skate à la main. Je roule jusqu'au parc, le cœur battant. Des dizaines d'émotions contradictoires s'entrechoquent dans la tête. Je suis à la fois impatiente d'arriver, et plongée dans l'appréhension. A la fois anxieuse, et confiante.
Quand je les aperçois au loin, et que je le vois, lui, je ralentis inconsciemment. C'était une chose de décider que je devais agir lorsque j'étais à Paris, loin de lui, et c'en est une toute autre d'agir là, maintenant, tout de suite, alors que je sens déjà ses yeux ambrés me brûler du regard. Assis là, un bras posé sur le dossier du banc, il semble décontracté. Tout le contraire de moi. Je le détaille rapidement du regard. Il était aussi beau que ça avant que je parte? Son jean noir et son sweat bleu pâle lui vont merveilleusement bien, et ses cheveux chocolats sont décoiffés, comme d'habitude. Mon cœur flanche et je détourne les yeux, commençant à paniquer. Heureusement pour moi, une petite cycliste aux longs cheveux auburn me fonce dessus avec son vélo, me distrayant quelques instants. Elle saute de sa bicyclette et me rejoint en trois bonds en hurlant. Je ris légèrement lorsqu'elle me percute sans aucune délicatesse, manquant de me faire tomber en arrière dans l'herbe. Cath me serre contre elle avec force, et je lui rends son étreinte. Quand elle me lâche enfin, je m'avance vers le banc où sont assis Ben, et Tristan. Le blond se lève en souriant et m'enlace. Lorsqu'il me lâche, mon cœur plonge alors que je me retrouve face à Tris', qui s'est levé.
Nous restons quelques secondes face à face, sans rien dire. Agis, Alice, AGIS. Tous les conseils d'Axel me reviennent en tête, et j'inspire un bond coup avant de passer mes bras autour de la taille de Tristan pour le serrer contre moi sans rien dire. Il semble d'abord surpris, puisqu'il ne réagit pas. Mais, très vite, je sens ses bras se refermer autour de moi, et son visage effleurer mes cheveux.
« Tu m'as manqué. » me murmure-t-il à l'oreille.
Sa voix seule m'électrise toute entière, et je frissonne en sentant les poils de mes bras se hérisser. Je lui ai manqué.
Cependant, le moment est interrompu par deux bras qui s'enroulent autour de moi par derrière, me soulevant de terre. En une demi-seconde, je me retrouve jetée sur l'épaule de Michael comme un vulgaire sac de pommes de terre.
Je ris légèrement alors qu'il me dépose par terre, me serrant dans ses bras à en faire craquer tous les os de mon corps. Le grand métisse rejoint les autres sur le banc sans me lâcher, m'asseyant sur ses genoux. Je ne prends pas la peine de protester et tente de discuter avec mes amis le plus naturellement possible, tâchant de rester détendue malgré le regard de Tristan que je sens du coin de l'œil braqué sur moi.
Après quelques temps, Cath se lève d'un coup et marche d'un pas vif vers son vélo.
« Aller, on va dîner! » lance-t-elle à la cantonade en l'enfourchant.
Je me lève, et presque aussitôt Michael est aussi sur son vélo, Benoît à cheval sur son porte-bagages. Ils s'éloignent tous, nous laissant en plan.
Je me tourne vers Tristan, le cœur battant à tout rompre. Nos regards se croisent une seconde, avant qu'il détourne le sien, les joues roses. Il attrape le guidon de son vélo et le redresse avant de l'enfourcher, se tournant vers moi.
Je reste plantée là, les bras ballants, ne sachant pas quoi faire. Clairement, tout le courage que j'ai accumulé cette semaine semble avoir fondu comme neige au soleil.
« Alors, tu viens? » me demande-t-il d'un air incertain.
Je me secoue et m'avance vers lui. Jaugeant rapidement du regard la hauteur de la selle, je me résous à m'appuyer sur lui pour monter. Mais, à la seconde où ma main se pose sur son bras, tous mes poils se hérissent et les battements de mon cœur deviennent incertains.
Il doit le sentir aussi, puisqu'il tourne la tête vers moi, plongeant son regard mordoré dans le mien. Bordel non, pas encore. Je ne détache plus mon regard du sien, et il fait de même. C'est comme si nous cherchions tous deux à lire dans les pensées de l'autre, à le décrypter. Fascinée, je le détaille du regard. Ses cheveux soyeux et en bataille, qui semblent appeler mes doigts à les remettre en place. Ses sourcils sont légèrement froncés, il semble perturbé. Ses yeux qui me sondent, lisent en moi, me transpercent. Ses lèvres roses. Mon regard se bloque sur elles alors qu'elles s'entrouvrent légèrement quand il expire. Il ouvre la bouche pour parler, mais se ravise et la referme.
« Alice... » il souffle.
Je relève les yeux vers les siens. Ses prunelles parcourent mon visage sans relâche, traversées par une multitude d'émotions que je ne parviens pas à déchiffrer. Je sens son souffle s'échouer sur mon visage, nos visages si proches l'un de l'autre que nos nez se frôlent presque.
Mon cerveau est comme déconnecté de la réalité, et je n'arrive plus à penser correctement. Cependant, c'est à ce moment que je me rends compte à quel point c'est évident. Évidemment que c'est ce que je veux. Comment est-ce que j'ai pu douter. Là, maintenant, tout de suite, il n'y a qu'une seule chose que je veux. Et elle est juste devant moi. Agis, Alice, agis. Alors, je prends mon courage à deux mains, et, remontant ma main de son bras vers sa nuque, tâchant de contrôler ma voix le plus possible pour éviter qu'elle ne tremble, je me lance.
« Tu vas m'embrasser, ou non? » je souffle en esquissant un sourire.
L'espace d'une instant, Tristan, sous le choc, ne réagit pas et reste immobile. Cependant, en une fraction de seconde, l'expression de son visage change, et il lâche son vélo, le laissant tomber avec fracas avant d'attraper mon visage entre ses mains pour m'attirer à lui.
Ses lèvres effleurent les miennes délicatement avant de m'embrasser vraiment. Souriant contre ses lèvres, je me laisse porter par mes émotions, agrippant les cordons de son sweat.
Il s'écarte après quelques instants, posant son front contre le mien. Un sourire béat sur les lèvres, je garde les yeux baissés sur mes mains jouant machinalement avec son sweat. Sa main droite toujours posée sur mon visage, il caresse ma joue avec son pouce.
« Putain ça faisait tellement longtemps que je voulais faire ça... » il murmure.
Je relève les yeux vers lui et lui sourit. Me hissant sur la pointe des pieds, je pose mes paumes sur ses joues et l'embrasse à nouveau brièvement, lui arrachant un sourire.
Un vent frais se met à souffler et je frissonne. Tristan passe ses bras autour de moi et m'enlace, et je me blottis contre lui. Nous restons immobiles plusieurs minutes, sa tête reposant sur le sommet de mon crâne. Je repousse toutes les questions qui affluent dans ma tête. Pas maintenant. Pour l'instant, je profite de notre moment, sans prise de tête.
« On dit quoi aux autres? demande-t-il.
- Rien. » je réponds aussitôt.
Je le sens se tendre légèrement, et m'éloigne de lui pour l'observer.
« Pas parce que je regrette. je précise. Parce que je veux que ce moment nous appartienne, rien qu'à nous deux, pour un temps au moins. »
Il sourit et hoche la tête avant de déposer un baiser sur mon front.
« On devrait y aller alors. »
Il m'aide à monter sur son vélo avant de s'installer lui-même sur la selle, commençant à pédaler. J'encercle son buste de mes bras, et me blottis contre son dos. Le cœur gonflé de bonheur et la joue collée à son sweat, je regarde le paysage montagneux défiler devant moi. Les battements de mon cœur n'ont toujours pas ralenti, et je sens mes joues me brûler alors que je me rejoue notre baiser dans ma tête. Tendant mes jambes, j'effleure le sol du bout des pieds.
Arrivant sur le parking du fast-food, Tristan arrête de pédaler, laissant les roues rouler seules avec leur élan. Il arrête le vélo près d'un arbre, et en descend, tout en le maintenant droit par le guidon. Je pose mes mains sur ses épaules pour m'aider à descendre, mais je n'en ai pas besoin car je sens ses mains se poser sur ma taille et me soulever, me reposant à terre avec délicatesse. Ses mains ne bougent plus de mes flancs, qu'il caresse de son pouce à travers mon pull.
Je lui souris et l'embrasse une nouvelle fois, enroulant mes bras autour de son cou.
« Aller, on y va. » je chuchote en effleurant le bout de son nez du mien.
Je me défais de son emprise et commence à m'éloigner, avant qu'il ne m'attrape par la main pour me retenir.
« Encore un. » implore-t-il avec une mine de chien battu.
Je ris doucement, dépose un baiser sur sa joue et lui échappe, entrant dans le restaurant avant qu'il ne me rattrape. Les autres sont déjà installés à notre table habituelle, et nous observent rentrer. Catherine me scrute d'un regard suspicieux, auquel je réponds en feignant l'innocence. Je m'assois sur la banquette en face d'elle, près de la fenêtre, et sens Tristan s'installer à mes côtés.
Benoit part chercher nos commandes, et, pendant que nous mangeons tout en discutant tous ensemble de cette première semaine de vacances, je sens la main de Tristan attraper la mienne sous la table, et entrelacer nos doigts, m'arrachant un sourire.
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ℂ𝕠𝕦𝕔𝕠𝕦𝕦𝕦𝕦𝕦
ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟚𝟞 𝕡𝕠𝕦𝕣 𝕧𝕠𝕦𝕤 𝕤𝕖𝕣𝕧𝕚𝕣!
𝔼𝕥 𝕠𝕦𝕚𝕚𝕚𝕚𝕚 𝕖𝕟𝕗𝕚𝕟 𝕥𝕙𝕖 𝕓𝕚𝕤𝕠𝕦 𝕖𝕟𝕥𝕣𝕖 𝕟𝕠𝕤 𝕕𝕖𝕦𝕩 𝕥𝕠𝕦𝕣𝕥𝕖𝕣𝕖𝕒𝕦𝕩 !! 𝕁𝕖 𝕤𝕦𝕚𝕤 𝕥𝕣𝕠𝕡 𝕖𝕩𝕔𝕚𝕥𝕖́𝕖 𝕖𝕥 𝕔𝕠𝕟𝕥𝕖𝕟𝕥𝕖 𝕕𝕖 𝕧𝕠𝕦𝕤 𝕡𝕣𝕖́𝕤𝕖𝕟𝕥𝕖𝕣 𝕔𝕖 𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝕝𝕒̀ 𝕠𝕙𝕝𝕒𝕝𝕒𝕝𝕒𝕒𝕒𝕒!! 😁
𝕍𝕠𝕦𝕤 𝕖𝕟 𝕡𝕖𝕟𝕤𝕖𝕫 𝕢𝕦𝕠𝕚𝕚𝕚𝕚𝕚?
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