Chapitre 17
Après avoir fini notre petit-déjeuner et regardé trois épisodes, Tristan me propose une journée sur les pistes, ce à quoi je réponds un grand oui. Cependant, je décide d'inviter les trois autres également, car ils m'ont décidément trop manqué. À mes mots, Tris' fait une moue triste.
« Bah, qu'est-ce qu'il t'arrive? je ris doucement.
- Je voulait qu'on passe une journée tous les deux moi, grogne-t-il.
-Y'a pas de raisons! » je ris à nouveau.
Il marmonne mais ne proteste plus alors que j'appelle Michaël. Ce dernier décroche rapidement.
« Allô?
- Coucou Chou, ça te dirais une journée de ski avec tout le monde? Il fait super beau!
- Ouais à fond, je suis chez toi dans vingt minutes!
- Ok parfait, à toute! »
Je raccroche et souris à Tristan. Il ne reste plus que les deux autres à appeler, et nous sommes partis!
*
Tous les cinq debout dans le funiculaire montant dans la station, nous écoutons avec amusement Catherine grommeler. En effet, lorsque je l'ai appelée, elle était encore dans son lit en pyjama, et a donc fortement protesté lorsque je lui ai demandé de nous rejoindre chez moi dans un quart d'heure pour une journée de ski. Cat' aime skier, et elle est douée, mais pas vraiment passionnée. Disons simplement qu'elle préfère largement un bon dimanche chez elle à paresser, plutôt qu'un dimanche levé aux aurores et passé dans le froid de la neige.
Au bout d'un moment, Michaël éclate de rire et penche son snowboard vers elle brutalement pour lui en donner un coup sur le casque.
Catherine s'arrête net de parler et relève les yeux vers lui, l'air énervée.
« Toi, dès qu'on est en haut, tu manges de la neige.
-J'ai peur » ricane-t-il.
Elle plisse les yeux d'un air menaçant, faisant redoubler les rires du garçon. Le funiculaire ralentit avant de s'arrêter, et nous en sortons avant de nous diriger vers le télésiège. Alors que Tristan, Ben et moi chaussons nos skis, je vois du coin de l'œil Cath bondir sur le dos de Michaël en hurlant, le faisant basculer à terre. Elle s'assoit sur le dos du garçon, et, attrapant de la neige dans ses gants, la lui étale sur le visage. Mick hurle de rire et se débat. Il finit par réussir à la déloger et se relève en l'attrapant et en la jetant sur son épaule. Il fait quelques pas ainsi avant de s'écraser à nouveau. Ces individus ont six ans d'âge mental. Après cinq minutes de chamailleries supplémentaires, ils nous rejoignent enfin.
« C'est bon? je leur demande en souriant. Vous êtes calmés ? »
Les deux hochent vigoureusement la tête et je souris, amusée.
Arrivés en haut du télésiège, nous en descendons et filons enfin sur les pistes. Je souris en sentant le vent fouetter mes joues. J'entends les cris de joie de mes amis derrière moi.
Détendue, je laisse mes skis glisser seuls sur la piste bleue étroite et presque horizontale qui zigzague à travers la forêt. Il y a peu de monde en général dans la station car nous sommes hors-saison, et, vu l'heure matinale, nous sommes les premiers sur les pistes, alors il n'y a vraiment personne.
Baissant les yeux vers le sol, je sursaute en voyant deux skis s'avancer de part et d'autre des miens, et en sentant un corps heurter doucement mon dos, deux bras s'enroulant autour de ma taille. A la couleur de son anorak, je reconnais Tristan et lâche un léger rire. Nous prenons peu à peu de la vitesse de part nos poids conjugués, et ses bras se resserrant autour de moi, j'éprouve un sentiment de sécurité. Sa tête se pose sur mon épaule, et je sais qu'il sourit. Je suis tellement contente que nous nous soyons réconciliés. J'ai retrouvé mon ours en peluche. Je souris à cette pensée et me laisse aller contre lui.
Michael nous double avec son snowboard, et se retourne vers nous en sifflant. Je rougis et me raidis, gênée. Cependant, agressé par son karma, Michaël se retourne une seconde trop tard sur une gougère qu'il se prend en pleine face. Il fait un vol plané et s'écrase dans la neige avec un grognement. J'éclate de rire et nous nous arrêtons tant bien que mal à sa hauteur, morts de rire et faisant de notre mieux pour ne pas emmêler nos skis.
Cath s'arrête à côté de nous, un sourire en coin aux lèvres, suivie de peu par Ben. A son expression, je sais qu'à la première occasion, elle me harcèlera au sujet de Tris.
Je ne me trompe pas effectivement car au télésiège suivant, qui ne comporte que quatre places, nous laissons les trois garçons devant et prenons un siège pour nous deux.
Dès que j'ai abaissé le garde-corps sur nous, elle se tourne vers moi.
« Il s'est passé quoi hier soir? »
Mon cœur se serre. Hier soir, j'étais mal. Vraiment mal. Grâce à Tristan, j'ai réussi à me changer les idées, mais dire que tout va bien à présent serait un mensonge. Je souris doucement en levant la tête vers le télésiège devant nous, où les trois garçons se battent à coups de bâtons sur le casque. C'est incroyable à quel point Tristan, que je ne connais pourtant que depuis quelques semaines à peine, arrive à me remonter le moral par sa présence et quelques mots.
« Alice! s'impatiente-t-elle. Réponds-moi! »
Ma gorge se serre à nouveau, ma bouche est pâteuse et je suis contrainte à déglutir plusieurs fois avant de parler.
« Tu le sais déjà, Cath'.»
Elle se renfrogne et tourne la tête en grognant. Après un soupir, elle me répond pourtant avec douceur.
« Je sais que Marc et toi avez rompu. Je crois savoir que Tristan a passé la nuit chez toi ensuite. Et ce matin, vous avez l'air plus proches que jamais alors qu'hier encore il ne te parlait plus. Je ne veux pas te brusquer, Alice, je suis juste ta meilleure amie qui cherche à savoir ce qu'il se passe. »
Elle marque une pause, et se tournant vers moi, relève son masque de ski, le révélant deux yeux noirs inquiets et curieux à la fois.
« Parle-moi, s'il te plaît. »
J'inspire à fond, hésitante. Je n'ai vraiment pas envie d'en parler, surtout après-coup.
« Marc est venu à la maison, et il a essayé de faire des choses que je ne voulais pas. On s'est engueulés, il a eu des paroles vraiment méchantes, et je me suis rendue compte de qui il est vraiment. Je lui ai demandé de partir, et c'était fini. »
Ma voix déraille alors que je me remémore l'état dans lequel ces événements m'avaient mise hier soir. Les conneries que j'aurais pu faire, si Tristan n'était pas arrivé. Mon Dieu ce que je peux être fragile. Je décide cependant de ne pas trop mettre l'accent sur ma détresse de la veille, je ne veux pas l'inquiéter.
« J'ai appelé Tristan, il est venu. »
Cette simple phrase me choque moi-même lorsque je me rends compte à quel point il est dévoué. Il est toujours là pour moi, et je ne lui rends même pas cette amitié à toute épreuve. La preuve, j'ai ignoré ses mises en garde et me suis ruée tête baissée dans les bras d'un pauvre type.
« Ok, reprend-elle, hésitante. Et après? »
Je me tourne vers elle, surprise.
« Comment ça, "après"?
- Et bien...Est-ce qu'il s'est passé quelque chose entre vous? »
Mes sourcils se froncent. Comment peut-elle me poser cette question? Ne me connaît-elle donc pas?
« Mais enfin Cath', je te rappelle que j'avais vécu une rupture une heure avant! Tu crois que j'avais la tête à ça? Tout ce dont j'avais envie, c'était de pleurer! »
J'ai les larmes aux yeux à présent. Pourquoi suis-je aussi sensible? J'ai envie de me gifler. Catherine pose sa main sur mon bras, des excuses plein les yeux.
« Je suis désolée Alice, tu as raison, ça n'a pas de sens, et c'est beaucoup trop tôt de te parler de ça, mais... »
Un sourire espiègle étend ses lèvres et je sais déjà que ce qu'elle va dire ne va pas me plaire.
« ...mais vous seriez vraiment mignons ensemble . »
Je rougis jusqu'à la racine des cheveux.
« Catherine Gisèle Tessa Tissier, grogné-je, tu me fatigues.
-Oh aller, c'est bon, j'ai raison ou j'ai raison?
-Tu as tort! Arrête avec ça! Déjà, je n'ai aucune envie de recommencer une relation maintenant, vraiment aucune! Ensuite, qui te dis que Tristan en aurait tout simplement envie? »
Catherine ouvre la bouche. La referme. Hausse un sourcil. Plisse les yeux.
« T'es sérieuse là?
- Bah... oui? »
Elle marque une pause et ricane.
« Ok je démissionne. Non mais sincèrement, quand tu seras prête, donne lui sa chance, je suis sûre à cent pourcents que ça en vaudra la peine. Et en attendant, fait gaffe à lui, c'est un mec bien. »
Ses yeux dérivent vers les garçons et elle sourit. Je sais déjà tout cela. Je sais déjà que Tristan mérite tout le bonheur du monde. Je sais déjà qu'il est l'une des plus belles personnes que la Terre aie portées. Elle ne m'apprend rien. Cependant, une boule d'affection pour lui gonfle dans ma poitrine et, une fois arrivée en haut, je lui fonce dessus et le serre dans mes bras.
Il rit doucement, surpris et manquant de tomber à la renverse.
« Ça va Alice, tu te sens bien?
- Oui, ça va. » souris-je.
*
Pour déjeuner, nous prenons un télésiège appelé Comborcière, qui nous amène en haut d'une crête d'où la vue est absolument magnifique. Des tables de pique-nique ont été installées là, c'est pourquoi nous nous y asseyons avant de sortir nos repas de nos sacs à dos.
Tristan s'assoit à côté de moi et me souris niaisement. Méfiante, je plisse les yeux.
« Quoi? je grogne.
- Rien, rien. » sourit-il innocemment.
Peu sereine, je me retourne donc vers mon sandwich, et mon cœur s'arrête lorsque je sens une masse froide et mouillée s'écraser sur ma tête. Je me tourne brutalement vers Tristan alors que de la neige s'écroule sur mes épaules et mes cuisses. Dans le plus grand des calmes, il est en train de consciencieusement écraser une boule de neige sur mon crâne. Je m'écarte vivement, et, me baissant, attrape une poignée de neige sous mes pieds pour la lui lancer au visage. Nous continuons à nous chamailler pendant cinq bonnes minutes, sous les rires de Michaël. Lorsque nous nous calmons enfin, nous nous retournons vers nos amis, et mon sourire disparaît en voyant les expressions de Benoit et Catherine, qui tentent de cacher leur mal-être. Je fronce les sourcils et décide de parler à cette dernière.
« Cath, l'appelé-je en me levant, tu peux venir deux secondes s'il te plaît? »
Elle semble surprise mais se lève et me suit à l'écart. Je m'adosse à une rambarde, les bras croisés.
« Pourquoi t'as l'air pas bien d'un coup? »
Son regard noir se perd dans les montagnes, et elle semble chercher ses mots.
« Franchement j'ai honte de te dire ça alors que tu sors d'une rupture mais, pour être honnête je suis juste jalouse de toi. Je sais qu'une bonne amie ne devrait pas ressentir ça, mais c'est juste plus fort que moi.
- Jalouse? je marque une pause. Mais de quoi?
- Mais enfin Alice, regarde-toi... Tu es intelligente, talentueuse dans tout ce que tu entreprends, belle comme un cœur... Ta famille est parfaite, ta vie est presque parfaite puisque même si tu traverses des épreuves, elles débouchent toujours sur quelque chose d'encore mieux...Et maintenant, un mec parfait débarque et se comporte de manière tellement parfaite avec toi...Et je suis heureuse pour toi, ne pense pas le contraire, simplement, il y a des moments où j'aimerais simplement être aussi géniale. »
Elle se tait et m'observe, penaude. Catherine a eu de gros problèmes de confiance en elle au collège, sous sa façade de dure à cuire, et je pensais qu'elle s'en était débarrassée, mais visiblement j'étais simplement trop centrée sur ma petite personne pour me rendre compte que ce n'était pas le cas. J'attrape ses mains et lui sourit.
« Toi, tu dis n'importe quoi! Tu es une personne géniale, et j'ai autant de raisons de t'admirer que vice-versa! Tu es super forte en maths, tu parles quatre langues donc ne vas pas me dire que tu n'es pas intelligente! Tu es une musicienne incroyable, tu ressembles à la fille dans Twilight, clairement tu es trop belle! Et tu as tellement de qualités multiples et variées, je ne te permettrai pas de dire du mal de ma meilleure amie d'accord? »
Je lui souris et la serre dans mes bras alors qu'elle hoche doucement la tête. Nous revenons à la table et je vois Benoit rire avec Tristan et Michael, donc je décide de le laisser tranquille pour l'instant.
***
ℂ𝕠𝕦𝕔𝕠𝕦!
𝕍𝕠𝕚𝕝𝕒̀ 𝕝𝕖 𝕕𝕚𝕩-𝕤𝕖𝕡𝕥𝕚𝕖̀𝕞𝕖 𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 💜
𝔹𝕠𝕟𝕟𝕖 𝕒𝕟𝕟𝕖́𝕖 𝕒̀ 𝕥𝕠𝕦𝕤!
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