Chapitre 16




ALICE

Le regard vide et fixé sur l'âtre de la cheminée, j'essaie de me détendre, couchée sur le canapé, la tête reposant sur les cuisses de Tristan. Il me caresse doucement les cheveux depuis un bon quart d'heure, durant lequel je suis restée silencieuse. J'inspire à fond son odeur citronnée qui m'avait tant manquée, savourant la sensation de ses doigts dans mes cheveux.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé, Alice ? »demande-t-il finalement avec douceur.

Je ne dis rien pendant quelques secondes.

« Je suis pas sûre de vouloir en parler... »je souffle, la voix rendue tremblante par les larmes.

Il soupire doucement, et je le sens un peu perdu.

« Pourquoi est-ce que tu m'as appelé, Alice? »

Je sens mes yeux se remplir de larmes à nouveau, ne sachant même pas pourquoi, et la boule dans ma gorge empêche ma voix de résonner correctement.

« J'avais besoin de toi, Tris' »je murmure.

Un sanglot m'échappe et aussitôt, il attrape ma main et la serre.

« Pardon, Alice, pardon. Ne pleure plus, s'il te plaît. Ce n'est pas grave, si tu ne veux pas en parler, je comprends. Mais... je veux juste...je veux seulement t'aider, ok? Et ça me rend malade de savoir que cet en...que cet abruti t'a fait du mal, mais de ne pas savoir quoi faire. J'ai juste besoin que tu me parles, Alice. Je suis vraiment perdu là, j'ai eu tellement peur, j'ai cru... j'ai cru... »

Je me redresse d'un coup. Ses yeux sont luisants de larmes. Il est perdu, il est désespéré, et je sais qu'il a eu peur, vraiment peur. Peut-être à raison d'ailleurs, je ne sais pas. Je suis perdue moi aussi, et il y a quelques dizaines de minutes à peine, s'il n'était pas arrivé, qui sait ce que j'aurais pu envisager. Je suis tellement fragile. Tellement naïve. Tellement influençable. Marc m'a blessée profondément avec tellement de facilité que c'en est inquiétant. Je suis pitoyable.

Je jette mes bras autour de son cou et me blottis sur ses genoux. Il est incroyable. Je n'en reviens pas d'être capable de le faire autant souffrir, alors que lui n'a fait qu'être adorable avec moi. Ses bras se referment autour de moi et il me sert contre lui avec force.

« J'ai eu tellement peur, Alice, répète-t-il au creux de mon oreille.

-On a rompu »je le coupe en serrant sa main.

Il se tait, attendant la suite.

« Il voulait... Il a essayé de... Je ne voulais pas... » je bégaye, cherchant mes mots, alors que ma voix monte dans les aigus à mesure que la panique s'immisce en moi.

« J'ai compris, dit-il doucement, les dents serrées.

-Je lui avais déjà dit que je n'étais pas prête pour cela, il le savait. J'ai résisté mais il m'ignorait, alors je l'ai poussé du canapé, et je lui ai crié dessus. Alors il a pété un plomb, et il a dit toutes ces choses... »

Ma gorge se noue et je me tais quelques secondes.

« Il a dit que je n'étais rien pour lui, qu'un pari, que je devais être vraiment désespérée pour l'avoir cru, que...

-Je jure que je vais le tuer, gronde Tristan.

-Ne t'attires pas d'ennuis pour moi, s'il te plaît...

-UN PARI? TOI? Un pari? s'écrie-t-il, tremblant de colère. N'a-t-il donc aucune notion d'à quel point il avait de la chance d'être avec une fille comme toi? »

Je resserre mes bras autour de son cou et souris tristement. Je crois que ce gars est une des meilleures personnes que la Terre aie porté.

« Surtout, Alice, ne crois jamais ce qu'il a dit. Ça n'a rien à voir avec être désespérée, ou naïve, ou stupide. Vraiment. Tu l'as cru parce que tu vois toujours le meilleur dans les gens, et c'est lui qui n'était juste pas à ta hauteur! »

Je me redresse, et lui souris. Il me rend mon sourire, et nous nous fixons dans les yeux pendant quelques instants, nos visages espacés de quelques centimètres seulement.

« T'es le meilleur. soufflé-je. Je suis tellement désolée de ne pas vous avoir écoutés, d'avoir foncé droit dans le mur en ignorant vos conseils, alors que tout ce que vous vouliez, c'était mon bien. Je suis tellement désolée de t'avoir fait souffrir, Tris', de t'avoir traité aussi mal alors que tu es toujours là pour moi, quoi qu'il arrive, même alors que nous étions en froid. Je ne te mérite même pas, mais tu es là, quand même, et je t'aime tellement pour ça. »

Sur ce, je le serre le plus fort possible contre moi, et il fait de même, déposant un baiser sur le haut de mon crâne.

« Je t'aime aussi. Et j'accepte tes excuses. »

****

Tristan reste finalement dormir à la maison. C'est impressionnant comme la soirée a brusquement changé de tournure: passant de soirée en amoureux à soirée rupture, larmes, et désespoir, à, grâce à lui, soirée télé, réconfort et détente  avec mon bisounours d'amour, Tristounet, qui m'avait décidément beaucoup trop manqué.

Nous avons décidé de commencer à regarder une série ensemble: Gossip Girl. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n'avais jamais regardé, et j'ai réussi à le convaincre, grâce à mes talents de persuasion, et à sa gentillesse, aussi, sûrement. Nous sommes donc installés sur le canapé, lui affalé sur les coussins, et moi étendue avec la tête sur ses genoux, piochant de temps en temps dans les pizzas que nous avons commandées. Grâce à lui, mon moral est quasiment entièrement remonté, et je ne pense plus à Marc, ou à notre rupture, ou presque.

Nous regardons une dizaine d'épisodes, durant lesquels nous passons notre temps à commenter les personnages. Il est vite évident que Tristan est complètement fan de la protagoniste principale, Serena, alors je fais de mon mieux pour le charrier le plus possible.

Tristan finit par s'endormir, et je me redresse pour éteindre l'ordinateur. Je m'assis en poussant un long soupir d'aise, la tête posée sur son épaule. Puis, me redressant, j'étudie les traits de son visage. Il est paisible. Ses traits sont détendus, heureux. Ses cheveux chocolats et ondulés, qui mériteraient sans doute une coupe, tombent en mèches légères sur son front. Il a de beaux sourcils arqués et marqués, un nez droit, de hautes pommettes marquées. Ses lèvres rosées et légèrement pulpeuses, figées en un demi sourire ensommeillé. Sa mâchoire ciselée. Il est beau. Vraiment beau. Je souris doucement et dépose un baiser sur sa joue, avant de me blottir à nouveau contre lui, ramenant le plaid sur nous deux.

Et, en cet instant, je suis vraiment reconnaissante à l'univers d'avoir mis ce bout de chou sur mon chemin.

                            ***

Lorsque j'ouvre les yeux, la lumière du petit matin éclaire mon visage. Les yeux plissés, je souris, émerveillée, devant le lever de soleil au dessus des sommets, teintant le ciel d'un rose orangé. Je m'étire en baillant, et jette un œil à un Tristan endormi.

Attrapant mon téléphone portable, je regarde l'heure. 9h17. Je décide d'envoyer un message commun à Michael, Catherine et Benoit. Mes meilleurs amis me manquent trop. Je réfléchis quelques secondes, hésitante, avant de rédiger mon message.

Je suis vraiment désolée. De ne pas t'avoir écouté. D'avoir ignoré tous tes conseils alors que tout ce que tu voulais, c'était m'aider. Tu es une des personnes les plus importantes de mon entourage, et je t'aime depuis toujours, plus que tout. Alors s'il te plaît, pardonne moi. Je te promets que ça ne se reproduira plus jamais.
D'ailleurs, j'ai rompu avec Marc. Et je compte bien ne plus jamais lui parler. Tu avais raison à son sujet, et j'aurais dû t'écouter.
Je t'aiiiiiiime, et je suis désolée <3 :(

Je repose mon portable sur la table basse, et me laisse tomber contre le dossier du canapé en soupirant, avant de rassembler assez de courage pour me lever. Cela fait, je me rends dans la cuisine, où je prépare un latté pour Tristan et un chocolat chaud pour moi, ainsi que deux verres de jus d'orange et deux bols de céréales. Je pose le tout sur un plateau et l'amène dans le salon, pour le poser sur la table à côté de mon téléphone, qui n'a pas encore reçu de réponses à mon message. J'allume la télévision et décide d'attendre que Tristan se réveille, pour pouvoir remettre Gossip girl. Heureusement, je l'entends bientôt grogner et, me tournant vers lui, le vois papillonner des yeux. Je lui souris doucement.

« Salut, grogne-t-il en s'étirant.

- Coucouuu! Je nous ai fait un petit déjeuner regarde!» m'enthousiasmé-je en lui désignant le plateau.

Il m'adresse un grand sourire en me remerciant, et nous commençons à manger, alors que je remets notre série en route.

L'écran de mon portable s'allume et il émet un signal sonore. Je me penche et l'attrape, pour voir une notification de Michaël:

De: Michaël

Je te pardonne ma chouquette <3
J'avoue que je suis content que vous ayez rompu, déso :/ :p

Je souris à sa réponse, soulagée, et lui envoie des cœurs. Je reçois ensuite très rapidement un message de Ben.

De: Ben

Je t'aime aussi chou <3

Reste la réponse de Cath. Je vais voir ma conversation avec elle, elle n'a pas encore vu mon message. L'appréhension s'immisce en moi. Peut-être a-t-elle vu la notification, mais ne veux pas me répondre car elle ne veux plus me parler?

Tristan semble remarquer mon angoisse car il me prend mon téléphone des mains.

« Mais! » je proteste.

Il tiens le portable à bout de bras au dessus de sa tête, et, même debout sur le canapé, je suis beaucoup trop petite pour l'atteindre. Il est quant à lui mort de rire et se moque clairement de moi. Avisant quelques secondes ses bras levés laissant son ventre sans défense, je lui bondis dessus et commence à le chatouiller comme si ma vie en dépendait.

Aussitôt, Tristan s'écroule sur les coussins en hurlant comme une fillette, me priant d'arrêter tout en pleurant de rire. Heureusement pour moi qu'il est chatouilleux!
Je continue jusqu'à ce qu'il lâche mon téléphone, avant de me relever victorieuse, mon cellulaire à la main. Tris' lâche un grognement, vaincu.

« Tu faisais quoi? » baragouine-t-il, la tête dans un coussin.

-J'attendais un réponse de Cath » réponds-je, hésitante.

Il se redresse et me sonde du regard un instant, les sourcils froncés.

« Tu lui as envoyé un message?

-Oui, et à Ben et Michael aussi, pour m'excuser... Ils ont répondu qu'ils me pardonnaient, mais elle pas encore, elle n'a pas vu mon message.

-Bah écoute, j'ai beau ne pas la connaître sur le bout des doigts, si je peux dire une chose sur elle dont je suis certain, c'est que c'est une véritable marmotte! Ne t'en fais pas, elle doit encore être au lit. »

Je souris à moitié. Il a raison, Catherine est une lève tard.
A ces mots, mon téléphone émet un signal sonore.

De: Cat'

Tu m'énerves, mais je t'aime trop pour t'en vouloir.

                      ****

𝕊𝕖𝕚𝕫𝕚𝕖̀𝕞𝕖 ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 💜
𝕍𝕠𝕦𝕤 𝕖𝕟 𝕡𝕖𝕟𝕤𝕖𝕫 𝕢𝕦𝕠𝕚?
ℂ𝕠𝕞𝕞𝕖𝕟𝕥𝕖𝕫 𝕖𝕥 𝕃𝕚𝕜𝕖𝕫 𝕤'𝕚𝕝 𝕧𝕠𝕦𝕤 𝕡𝕝𝕒𝕚̂𝕥 :)

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