Chapitre 7, part 2
Le bruit strident retentit, réveillant alors Abby qui fait la grimace. Oh mon bébé, non, ne pleurs pas ! Je la prends dans mes bras et la berce contre mon cœur en espérant que ça la calme devant mes élèves ahurit.
"- Chuuut trésor. Mon bébé ne pleur pas ... Qu'est ce que vous attendez pour sortir ? M'agaçais-je en tapotant son dos. Et pas un mot de tout ça à qui que ce soit. Vu ? Sifflais-je, les yeux réduit à deux fentes et la langue fourchus passant mes lèvres compulsivement."
Tous les élèves se liquéfièrent et je perdit dans leur esprit mon étiquette de "prof cool" aux cours "drôles et sympas" pour celle de "prof flippant" et accessoirement "qui fait grave chier". Ils sortirent en silence tandis que je devinais dans le esprit tout le mépris qu'ils pouvaient avoir pour un homme comme moi. Je câlina ma petite en regardant la classe se vider mais contrairement à mes attentes ils ne disparaissent pas tous. Un petit groupe vint s'agglomérer à mon bureau.
"- Qu'est ce qu'il y a ? Soupirais-je en tentant de calmer les geignements de ma fille.
- C'est vraiment votre bébé ? Demanda une jeune curieuse.
- Oui, je ne l'ai pas kidnapper. Là~ trésor, je suis là. Tenez plutôt que de rester scotcher les bras ballant l'un d'entre vous peut il me passer le T-shirt dans son cosy ? Merci, fit-je en réceptionnant l'objet portant l'odeur de mon mari. Tu sent bébé ? C'est papa Jo ... Voilà ... Souriais-je soulager en la voyant se calmer une fois le nez dans le parfum de son géniteur.
- Elle est trop mignonne ! Minauda le groupe d'ados.
- Pas un mot de tout ça à mon supérieur. Je ne veut pas perdre mon boulot. C'est compris ?"
Ils hochèrent la tête et n'y tenant plus me bombardèrent de questions :
"- C'est une fille ?
- Comment elle s'appelle ?
- C'est un serpent comme vous ?
- Elle a quelle âge ?
- Vous avez deux enfants ?
- C'est vrai que vous êtes androgynus alors ?
- Doucement les questions. Tout ça relève de ma vie privé les jeunes. Mais si je réponds vous quittez la salle ? Vraiment ?
- On vous le jure.
- Très bien. Oui c'est ma fille, la deuxième, elle a six mois et s'appelle Abby et pour la questions la plus indiscrète c'est oui. Je ne m'en cache pas, je suis androgynus et j'ai porter mes enfants. Si c'était à refaire je le referait. Ceci dit je doute que vous intéresser à tout ça soit essentiel dans votre vie. Vous pouvez vous en passez.
- Mais c'est pas un peu bizarre d'avoir fait ça ?
- J'ai entendu dire que les androgynus ont tout un tas de problèmes de santé en plus de pas être intégrer.
- J'ai l'air si mal intégrer que ça ?
- Bah ... non.
- Cette discutions jeunes gens n'est pas de ma responsabiliser. J'ai déjà assez à faire avec le club de journalisme qui me considère comme une bête de foire. Allez disparaissez. Oust ! Zou ! Filez ! Je ne veut plus vous voir."
Je parvient enfin a les chasser mais je sais très bien que le même manège va se produire toute la journée. Les gens sont curieux c'est ainsi. Cependant cette curiosité stresse ma fille et ça je ne le supporte pas. Après des années je m'étais endurcis au fait d'être sujet de beaucoup d'attention et qu'on parle de moi à mes dépens en bien comme en mal. Mais c'est aujourd'hui que je réalise à quelle point cet intérêt peu être gênant voir même préjudiciable. Je suis observé, je suis jugé par des inconnus, par mes semblables, par les passants. Mes filles sont jugées par ce que je suis, mes choix influerons les relations que les autres aurons vis à vis d'elle c'est évident. C'est injuste pourtant je le savais au fond de moi. On empêche pas les gens de se faire une idée de qui tu es à partir de ce qu'ils perçoivent, de leur culture. C'est humain. C'est moche mais c'est humain. Ou plutôt non, c'est bestiale, c'est du pur instinct sauvage : jugé c'est jaugé les risques lié au fait d'approcher une personne. Jugé c'est essayer de se préservé au fond.
Comme prévus j'ai sauté le déjeuner pour manger dans ma salle et nourrir ma fille. Et comme prévus elle a eu une crise de larme à cause de ses dents. Comme prévus j'ai eu des problèmes en conséquence.
L'heure de cours venait à peine de commencer et Abby ne dormais que d'un œil. La classe était agité, mon attention constante m'avais peut être trop fatigué pour être encore bien menaçant. Ou bien étais ce la fatigue des élèves qui les rendais plus turbulent et moins discipliné. Sans doute un peu des deux. Il y avait ce brouhaha de fond et je sentais que les choses allaient mal tournée alors je la berçait doucement du bout du pieds. Il y eu un éclat de voix, je ne sais trop quoi, mais cela réveilla la petite canidé alors qu'elle peinait déjà à trouver le sommeil à cause de la fièvre. Elle se mit à pleurer, ses gencives toutes gonflée par la percé de ses petits crocs lui faisait mal. Pour moi ce n'étais rien d'inhabituelle. J'avais sans doute minimisé les risques que je prenais. Les élèves se mirent à parler fort, à râler, à se plaindre. Et je ne pouvais pas les en blâmer car les pleurs des enfants sont toujours difficilement supportable. En très peu de temps je perdis le contrôle de la situation. Impossible de faire sortir la masse d'adolescente bruyante : ils étaient encore sous ma responsabilité. Et impossible également de faire taire ma fille, elle était mal en point. C'était un brouhaha sans nom, et mon voisin de classe fit ce qu'il y avait à faire quand une classe fait trop de bruit.
Alors que je sifflais à tous un énorme "SILENCE !" on toqua à la porte. Sans attendre que je dise d'entrée un élève jeta un coup d'œil. Il me vit avec ma fille dans les bras et referma la porte aussi sec. Je sût à cet instant que j'allais avoir des problèmes. Ça ne manqua pas. J'aurais préféré avoir tords mais rapidement le professeur de la salle voisine entra et tomba des nu en voyant ma classe à peu prêt tranquille et moi entrain de bercé une petite en larme.
"- Qu'est ce que c'est que ça ? Me demanda il stupéfait.
- S'il te plait Frank, pas maintenant.
- Mike qu'est ce que cette gamine fait là ?
- C'est sa fille ! Cria un élève."
Mon collègue me dévisagea avec stupeur et je ne put qu'hocher platement des épaules.
"- Frank s'il te plait ...
- C'est vraiment ta fille.
- Oui, je lui ait pas trouver de baby-sitter, c'est juste pour aujourd'hui.
- Tu peut pas faire cours comme ça. Non seulement ta classe dérange mais je ne vois pas comment les élèves peuvent apprendre quelque chose dans de telles conditions. Pourquoi tu n'as pas prit un jour de congés ?
- Mais parce que je n'en ai plus. Avec mon congés maternité j'ai tout cramé. Je tient à mon poste. Enfin ce n'est même pas la question. Frank je n'avais pas vraiment le choix. Tu sais comment est le directeur.
- Justement, tu t'accordera avec lui. Moi je ne veut pas de problème. Comprends moi Mike moi aussi j'ai des enfants à nourrir."
J'eu l'impression de recevoir une douche froide. En me saluant d'un air désolé mon collègue quitta la pièce, me laissant dans la mouise avec ma fille pleurant dans les bras et sur les épaules la menace d'un licenciement pour faute professionnelle grave. Perdre mon travail c'était perdre presque toute ma vie. Ce poste j'avais tout fait pour l'obtenir. J'avais eu Lucile uniquement parce que mes études en dépendait. J'avais retarder l'arrivé de Abby que Jonathan et moi désirions énormément pour obtenir un CDI dans ce lycée. Et maintenant à cause d'une baby-sitter absente, d'une garderie idiote ou d'un soucis de professionnalisme j'allais tout perdre ? Je tira ma chaise de bureau et me laissa tomber dessus mollement. Qu'est ce qu'on allait devenir sans mon salaire ? Comment j'allais pouvoir nourrir mes enfants ? Et payer la maison ? Et rembourser la voiture ? La machine à laver ... Le prêt étudiant de Jo .... Tout .... Le faible équilibre que mon mari et moi avions trouver dans notre vie à crédit était sur le point de se casser la gueule. Une mise à pieds d'une semaine serais suffisante pour nous mettre définitivement dans le rouge. Ainsi me laissa mon collègue, seul, dans une pièce bondé d'élèves désormais dissipé avec pour seul certitude que je serais mal barré.
Dans l'heure qui suivit, pas plus, un surveillant vint se présenter dans ma salle avec une missive de mon supérieur me disant de me présenter immédiatement à son bureau. Le chat tigré qui était venu me porter le message fut affecté à la surveillance de mes élèves pendant mon "absence" et je fut donc obliger de m'y rendre en vitesse, traversant honteusement l'établissement avec ma fille larmoyante dans les bas sous les regards circonspect étonné et accusateurs des élèves comme de mes collègues. J'avais honte, tellement honte. Mais je n'avais pas eu le choix. Une baby-sitter ça coûte déjà cher mais une journée d'absence sans salaire ça me revient encore plus cher. J'essaie de me persuadé à chaque pas que je fais qu'il n'y avait pas d'autre solution et que le directeur sera compréhensif mais en toute honnêteté j'ai peur.
Je toque timidement à la porte de mon employeur au travers de laquelle j'entends bien vite un "Entrez" glaçant.
Toujours aussi présentable, comme le veut son statut à la tête d'une des branches de cette école élitiste, le directeur est d'un sérieux exemplaire. Il m'indique d'un geste la chaise devant son bureau et me fait les gros yeux devant ma fille qui gémit encore un peu piteusement.
"- Exc...
- Monsieur Taylor-White, m'interrompt il, vous êtes un jeune élément d'un engagement notable et d'une passion indéniable pour l'enseignement. Je n'imaginais pas vous faire venir dans mon bureau pour discipline.
- Veuillez m'ex...
- Le fait est que vous ne pouvez nier ne pas avoir respecter notre règlement. Tout comme on sanctionne pour cela un élève vous conviendrez qu'il faut vous sanctionner.
- S'il vous plait, monsieur, je n'avais pas le choix, personne n'a voulu la garder. Elle est encore petite et ...
- Pourquoi n'avez vous pas prolonger votre congé maternité dans ce cas. Où alors posé un arrêt maladie. Vous aviez bien des moyens de pallier à ce problème. Ce n'est pas une raison suffisante. Vous venez de montrer à vos élèves un des exemples les plus déplorables d'ingérence.
- Je n'avais pas les moyens de ne pas venir travailler aujourd'hui. J'ai déjà poser tout mes congés payé pour les vacances de Noël et un weekend cet été alors ... Mon mari ne travail toujours pas, je ne pouvais pas contracter des dettes ... Essayais-je d'expliquer en recalant ma fille contre mes côtes.
- Et donc vous vous êtes dit qu'il serait une bonne idée d'amener ici une enfant de son âge.
- Elle est trop jeune pour la crèche, soit disant ...
- Une assistante maternelle, vous y aviez penser ?
- Ça me coûterais trop cher. Si j'en prends une proposer par l'aide sociale je perds certaines aides financières de l'autres cotés.
- Comment faisiez vous alors auparavant ?
- Une baby sitter nous faisait un prix, mais elle a annulé au dernier moment. C'était exceptionnel, je vous le promet. Je suis dés....
- Je peut comprendre votre situation. Je vais m'efforcer de ne pas être trop sévère. Je traiterais votre cas dans la semaine, vous serrez donc de nouveau convoquer. En attendant je vous prierais de rentrer chez vous.
- Merci !
- Ce n'est pas de la pitié monsieur Taylor-White mais une sanction. Je vous rappel que vous aviez des heures à assurer cet après-midi. Maintenant sortez, je réfléchirais à votre sanction avant de vous recontacter."
Je sort tête basse, ne sachant pas trop quoi penser. Cet homme est dit on aussi droit et sec qu'une branche morte, impossible de prévoir si la sanction sera clémente ou plutôt impitoyable. Congédié comme un malpropre, je rentre avec les affaires d'Abby dans la voiture jusque chez moi, mécaniquement. Tel un automate je m'occupe de la maison l'après-midi, la tête vide, incapable de faire descendre l'angoisse du licenciement. Je vais chercher Lucile avec cette même attitude presque amorphe, incapable de me concentrer sur ce qu'essaie de me raconter mon petit rayon de soleil. Je en pense qu'à une chose "Comment nous allons faire ?". Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit, toujours plus terrible, plus menaçante, plus imposante, plus évidente. Comment allons nous faire ? Quel que soit ma sanction elle rompra l'équilibre. Et Jonathan ? Dois-je lui en parler alors qu'il est dans ses examens et qu'il fait déjà de son mieux pour se ré-intégrer à la vie de famille ? Dois je perturber sa recherche d'emplois avec la pression de la perte éventuelle du mien ? Dois-je mettre un tel fardeau sur les épaules de ma famille ? La question me taraude le reste de la journée jusqu'à ce que j'entende tourner la clef dans la porte.
"- Je suis rentré ! sourit Jonathan
- Tu es rentré tôt, sursaut-ai-je
- Pas tant que ça. Il est presque 20h.
- Déjà !? Je n'ai rien préparer.
- Laisse, je m'en occupe. Ca a été ta journée ?
- ... Oui. Et toi ?
- Très bien. Je pense avoir bien réussit mon concours, c'est engageant pour la suite.
- Tant mieux alors..." le souriais-je.
Oui, je lui avait menti. Mais comment faire autrement ? Il avait encore quelques épreuves à passer, je le lui dirais plus tard.
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