10.

Karol

"silence radio de la part de Ruggero Pasquarelli"

    "les gens se posent des questions"

"va-t-il prendre sa défense ?"

             "les médias vont lui créer une réputation de petit ami qui s'en fou"

Je lance mon téléphone sur le canapé du salon et passe mes mains dans mes cheveux, en soupirant. Mon menton tremble, laissant quelques larmes rouler sur mes joues.

"aucune réaction de la part de l'italien face à ce que traverse sa petite amie"

S'en est trop. Ça en est vraiment trop pour moi. Tous ces gens qui attendent la moindre petite chose, la moindre petite faille pour déverser leurs réactions sur tous les médias du monde.
Je n'ai pas envie d'avoir leur avis, pas envie qu'ils s'amusent a juger ma vie en se basant sur ce qu'ils voient dans la presse ou sur les réseaux sociaux.
Je n'ai pas besoin de ça. Pas besoin de quelqu'un qui commente tous mes faits et gestes, qui analyse toutes mes paroles et mes non-dits.

C'est difficile moralement de lire et d'écouter des inconnus parler à votre place, sur votre vie, mais ça l'est dotant plus lorsqu'ils s'en prennent aux personnes qui vous entoure. Comme s'ils savaient tout, mieux que tout le monde.

J'efface l'eau sur ma peau d'un geste de main, en reniflant. Tandis que j'entends la porte de la chambre s'ouvrir, signe que Ruggero s'est réveillé.

Je sèche mes larmes à la vitesse de la lumière, essayant de dissimuler mes yeux rouges et de reprendre une respiration normale.

Il arrive dans la salon, une mine endormie et les cheveux en bataille. Je lui lance un sourire puis il s'avance vers moi, attrape mon menton de son index et de son pouce et m'embrasse doucement, avant de reculer mon visage et de m'analyser.

- ça va ? me demande-t-il en fronçant les sourcils.

J'affiche un petit sourire, lui réponds que oui et m'extirpe de sa main pour reprendre ma tasse à café, laissée à l'abandon sur la table basse.

- Tu as bien dormi ? je lui demande en essayant de changer de sujet.

- T'as les yeux rouges, karol.

Je me pince les lèvres, dos à lui, et bois une gorgée de mon café devenu froid, avant de le reposer.

- Est-ce que tu peux me dire ce qu'il se passe dans ta tête ? me dit-il en me tapotant l'épaule.

Je reste immobile, les yeux rivés sur mon portable rageusement jeté sur le canapé quelques minutes auparavant.

Il se passe des tas de choses que j'aimerais pouvoir oublier en un claquement de doigts, des phrases lues dans les médias qui tournent en boucle, mes angoisses qui s'entassent, mes doutes qui resurgissent, lentement.

- Eh..me souffle-t-il doucement. Qu'est-ce qui se passe ?

Je veux juste que ça s'arrête. L'espace de quelques minutes, de quelques petites secondes. Je veux qu'on me laisse tranquille. Moi, ma vie et ma relation amoureuse. Je veux qu'on arrête de m'épier, d'interpréter chacun de mes silences comme si on me connaissait suffisamment pour le faire.
Mais j'ai l'impression que ça ne s'arrêtera jamais. Maintenant que les gens savent, maintenant que j'ai mis un pied sous les projecteurs. C'est comme si, ma vie était à présent piégée dans une prison dorée, sans issue ni retour en arrière.

Et ça me terrifie.

Mes larmes reviennent de plus belle, comme si elles n'avaient jamais quitté mon visage, et il est dotant plus difficile pour moi de me retenir, lorsque Ruggero me tourne vers lui pour me prendre dans ses bras. Sans vraiment comprendre ce qui m'arrive, sans avoir la moindre idée de ce qui est en train de se bousculer dans ma tête.

Sa main caresse délicatement mes cheveux, tandis que les miennes agrippent fermement son t-shirt.
Comme si, j'avais peur qu'il s'en aille.
Mes larmes coulent sur son torse, à tel point que j'ai l'impression que je n'arriverai jamais à m'arrêter. Parce que mes peurs s'imprègnent dans ma peau, et compriment un peu plus mes poumons chaque instant.

Ils ne peuvent pas s'en prendre à lui.
Pas lui.
Moi d'accord, mais pas lui.

- Explique moi ce qui se passe, mon ange.

Même avec toute la volonté du monde je n'y arrive pas. Ma respiration est trop lourde et mes angoisses trop présentes pour articuler une quelconque phrase ayant du sens.

- Dis-moi ce qui va pas...

- Je suis désolée...lui dis-je entre deux larmes.

- Je suis désolée...répétais-je.

- Pour quoi ?

- C'est ma faute...

Tout est de ma faute.
Si j'avais pris la parole avant. Si les gens étaient au courant depuis le début, peut-être qu'ils ne s'en prendraient pas à lui aujourd'hui. Ou à nous.

"ça va pas durer"

"ses chansons n'auront plus la même saveur s'il est en couple"

"je veux pas qu'il soit en couple"

- Je suis désolée...je voulais pas que ça prenne cette tournure...dis-je en pleurant de plus belle.

- De quoi tu parles ?

Les larmes dévalent ma peau et mon cerveau menace d'exploser sous la cascade d'angoisse qui est en train de me noyer.

Il se détache doucement de moi, et prend mon visage en coupe pour me forcer à le regarder.

- Explique moi, tu commences à m'inquiéter.

- Ils parlent de toi...sur les réseaux, ils parlent tous de toi parce que tu n'as pas pris ma défense sur ce qui est en train de se passer.

Je l'aperçoit froncer les sourcils malgré ma vision complètement floue.

- C'est à cause de moi rugge...

- Pourquoi ça serait de ta faute ?

- Ils s'en prennent à toi à cause de moi. Tu comprends pas...si j'avais pris la parole ils ne parleraient pas de toi...

Il semble confus, comme si mes paroles n'étaient pas claires, ou qu'il n'était pas sûr de ce que j'étais en train de dire.

Une nouvelle larme roule sur ma joue, ses yeux me transpercent, je me perds dans ses pupilles marrons en espérant n'y trouver aucune once de mécontentement.

- Je te demande pardon...je ne voulais pas qu'ils s'en prennent à toi, je te le jure.

Sans attendre, il efface mes larmes de ses deux pouces.

- Comment tu peux dire ça ?

- Je veux pas ruiner ta carrière...

- Arrête de dire ça. C'est toi qui m'a fait commencé, c'est toi qui m'a amené là où je suis aujourd'hui, comment tu peux croire une seule seconde que t'es en train de ruiner ma carrière ?

Il efface une seconde larme.

- Parce qu'ils parlent mal de toi, à cause de moi.

- C'est pas à cause de toi.

- Si j'étais pas là, rien de tout ça ne serait arrivé.

- Enlève toi ça de la tête ! Putain Karol, si t'étais pas là il n'y aurait même pas eu une seule chanson ! Pas une ! J'aurais rien écrit, parce que j'ai commencé l'écriture quand tu es rentrée dans ma vie ! Il n'y avait que comme ça que je pouvais exprimer ce que je ressentais, alors ne remets jamais et je dis bien jamais ton importance en doute dans ma putain de vie.

- Je veux bien te laisser gérer cette situation comme toi tu l'entends, mais s'ils continuent à te mettre dans cet état là, c'est moi qui prendrait la parole que tu sois d'accord ou non, parce qu'il est hors de question que tu pleures une seconde de plus en pensant que tout ce que ces cons racontent est de ta faute.

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