49.

Ruggero

Je griffonne encore des tas d'idées sur les feuilles de mon carnet. J'arrache une nouvelle page, que je froisse et que jette sur la table en soufflant. Des pâtes cuisent derrière moi, et Karol est sous la douche.
Je passe mes mains dans mes cheveux, énervé de ne pas trouver d'inspiration. C'est ça depuis quelques semaines déjà.

Un téléphone se met à vibrer sur le bois du plan de travail, puis une deuxième fois. Je me lève et me penche pour m'assurer que ça ne soit pas le mien. Le téléphone vibre, et je m'aperçois que c'est celui de Karol.

- Karol ! T'as reçu des messages ! je cris à travers l'appartement.

Aucune réponse. Je ne sais pas si elle m'a entendu ou pas. Le téléphone vibre encore, l'écran s'allume, et une lignée de messages s'affiche sur son téléphone. Je sais que je ne devrais pas, mais je louche un peu sur le nom qui s'affiche, et me surprends à lire le contenu des messages.

Seb ❤️
T'es où ?

Seb ❤️
Karol ça fait trois jours que je passe, et tu n'es pas chez toi

Seb ❤️
Je te jure que si je te vois demain à l'université ça va mal se passer

Seb ❤️
Karol on doit avoir une discussion que tu le veuilles ou non.

Seb ❤️
Et j'espère que tu n'es pas avec l'autre con de service

Je souffle en levant les yeux au ciel. Après les messages qu'elle m'a montré lors de sa soirée d'anniversaire, ceux-ci ne m'étonnent pas vraiment. Je m'inquiète seulement pour l'état de Karol lorsqu'elle les verra.

J'entends d'ailleurs ses pas se diriger vers moi, puis elle apparaît dans la cuisine.

- Tu m'as dit quoi ? me demande-t-elle.

- Tu as reçu des messages.

Je me déplace pour aller remuer les pâtes qui baignent dans l'eau. Je la vois du coin de l'œil attraper son portable et commencer à regarder ses messages. Je me retourne, m'appuie contre le plan de travail et croise mes bras contre mon torse. Elle n'a pas remarqué que je m'étais tourné. Elle reste figée quelques instants, puis passe une main sur son visage l'air désespérée.

- Je les ai lu.

Elle sursaute presque en se rappelant de ma présence, puis tourne la tête vers moi, confuse.

- J'ai lu les messages, j'aurai pas dû mais...j'ai vu que c'était Sebastian et j'ai pas pu m'en empêcher me justifiais-je.

Elle acquiesce un peu indifférente face mon aveux.

- Ne t'inquiète pas Karol.

- Je ne sais plus si je dois m'inquiéter ou pas Ruggero m'avoue-t-elle.

Elle part s'assoir là où j'étais il y a quelques minutes auparavant, puis se tourne dans ma direction les yeux baissés vers ses mains.

- Il ne va rien te faire.

- Mais jusqu'à quand ? Ça fait seulement deux jours que je suis ici, demain on va retourner à l'université, je vais le croiser et qu'est-ce qu'il va se passer ensuite ?

Je reste silencieux, parce que je ne sais pas quoi lui dire pour la rassurer. Elle soupire d'un air triste, et je m'en veux un peu de ne rien trouver à lui dire. Puis une questions me traverse l'esprit.
Qu'est-ce qu'il a bien pu lui faire pour qu'elle ait autant peur de lui ?

- Qu'est-ce qu'il t'as fait ?

Elle relève sa tête vers moi, et j'aperçois dans ses prunelles une lueur que je n'aurais jamais voulu voir apparaître dans ses yeux.

- J'ai pas envie d'en parler maintenant rugge, je suis désolée.

Elle baisse la tête une seconde fois et laisse planer un petit silence dans la cuisine. Je ne veux pas la brusquer ou la forcer à me parler de ses problèmes avec lui, alors je ne dis rien, j'acquiesce silencieusement et puis finalement elle brise ce petit moment de calme assez rapidement.

- Tu dois me trouver nulle de ne pas te parler de cette histoire alors que tu m'héberge chez toi pour ça, je suis désolée.

- Arrête de t'excuser Karol. Je m'en fou que tu ne veuilles pas m'en parler, c'est ton choix et je le respecte. Je veux qu'on essaye de trouver une solution pour que tu te sentes mieux, tu pourras me parler de ça plus tard si tu en ressens le besoin.

Elle acquiesce, la tête toujours baissée sur ses mains. Cependant cette fois, je crois apercevoir son menton trembler.
Je m'approche, tire une chaise et m'assois en face d'elle.

- Karol ?

Elle ne dit rien, elle reste silencieuse, les yeux clos comme si elle se concentrait pour ne pas pleurer.

- Eh ?

Je lui attrape l'une de ses mains qu'elle s'amuse à tripoter nerveusement depuis quelques minutes, pour la faire réagir. Elle relève alors la tête vers moi et ouvre ses yeux, là où s'échappe deux perles salées.

- Ça va aller, je te le jure, on va trouver une solution.

Elle secoue la tête de gauche à droite.

- Il n'y a pas de solution.

- Si il y en a, et tu le sais aussi bien que moi Karol.

- J'ai pas envie rugge, j'ai pas envie. Je veux juste qu'il me laisse tranquille, je veux juste reprendre ma vie comme avant.

Cette vision d'elle qui pleure, d'une manière aussi brisée que celle là, me détruit de l'intérieur.

- Alors on va trouver autre chose, je ne te laisserais pas comme ça.

Je lâche sa main et dégage son visage en passant ses cheveux derrière ses oreilles.

- Écoute, il ne peut rien t'arriver ici, d'accord ? Il faut que tu te reposes, et je te promets qu'on va trouver une solution. Et pour le reste je me déplacerais avec toi n'importe où si il faut, personne ne te laissera seule tu m'entends ?

Elle hoche la tête en me regardant, et j'essuie ses larmes de mes doigts.

- Vas te reposer sur le canapé, je prépare le repas, si il y a quoique se soit tu me le dis.

On se lève à l'unisson, et elle est la première à tendre ses bras vers moi, comme une demande silencieuse. Je la sers un instant contre moi, lui assurant que tout ira bien, puis elle part vers le salon après m'avoir soufflé un dernier "merci" à l'oreille.

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