67.

Karol

Michael nous ouvre la porte d'entrée, et nous laisse passer doucement. L'air frais me fouette le visage, des frissons me parcourent les bras et je me maudis d'avoir laisser mon gilet sur la terrasse avant de rentrer.

Ruggero et moi gagnons le jardin, nos amis restent assis sur les marches à quelques mètres de nous.

- Est-ce que ça va ? lui demandais-je doucement.

Il secoue la tête de gauche à droite, le teint blanc comme un linge. Il passe ses mains dans ses cheveux en m'avouant qu'il a chaud, je l'aide alors à lui retirer le gilet qu'il porte et il s'assoit sur l'herbe humide du jardin. J'enfile son gilet, tandis qu'il se concentre sur sa respiration. Il prend sa tête entre ses mains pour tenter de se détendre, et d'une petite voix je l'entends me dire :

- Je suis désolé que tu ai à me voir comme ça.

- C'est pas grave Rugg'.

- Si ça l'est, tu dois me trouver nul maintenant.

Je ricane un peu face à sa phrase qui sonne très enfantine. Je m'avance ensuite vers lui, et m'accroupis pour être à sa hauteur.

- Je te trouve pas nul Rugge lui dis-je pour le rassurer.

Il reste silencieux, les yeux baissés vers l'herbe qui s'étend autour de nous.

- Pourquoi tu as autant bu ? lui demandais-je calmement.

- Parce que ça va pas.

- Tu veux m'expliquer ?

Un ange passe, quelques secondes s'écoulent sans qu'il ne prononce aucun mot, comme bloqué dans sa réflexion. Au loin, on entend le bruit des basses cogner les murs de la maison, et nos amis discuter à quelques mètres de nous. Ruggero triture ses bagues nerveusement, le visage baissé, tandis que je m'assois plus confortablement pour lui faire face.

- Qu'est-ce qui ne va pas Rugg' ? tentais-je une nouvelle fois.

- Ils me manquent me dit-il tout bas.

- Qui te manque ?

- Mes parents. Je suis en train de prendre conscience qu'ils se sont séparés, et que je ne les reverrai plus jamais ensemble ou comme avant.

Il marque une pause, dans laquelle je le laisse simplement trouver ses mots.

- Ils étaient mon exemple Karol, je pensais qu'ils s'aimeraient toute leur vie.

Il lève son regard vers moi, et ses yeux humides se plantent dans les miens. Il n'est plus maître de ses émotions, parce que Rugge déteste pleurer devant les gens. L'alcool qu'il a dans le sang le rend plus émotif, et lui permet de parler malgré lui plus ouvertement de ce qui le touche.

- Je voulais pas t'en parler, parce que je ne trouve pas ça juste de te dire que mes parents me manquent alors que tu as tout fait pour que je reste à Buenos Aires quand je le voulais. Je suis désolé K'...

Ma main se pose délicatement sur son bras, et mes doigts commencent des vas être viens sur sa peau comme pour lui apporter du réconfort.

- Rugg' tes parents ont le droit de te manquer, et je suis là pour te réconforter quand c'est le cas. Je ne peux pas t'en vouloir pour ça, d'accord ?

Il ne répond pas, son regard reste encré vers l'herbe et son expression me montre qu'il n'est pas convaincu par ce que je lui dis.

- Écoute, l'amour c'est aléatoire Rugge. Tu ne sais pas de qui tu vas tomber amoureux, et avec qui tu vas finir ta vie. C'est un risque à prendre, c'est même toi qui me l'a dit et tes parents ont prit ce risque. Mais le fait qu'ils ne soient plus ensemble aujourd'hui, ne doit pas autant t'effrayer de l'amour. Chaque relation est différente, et tu n'es pas destiné à recréer ce même tableau.

- Et si ça nous le fait à nous hein ? Si ça nous arrive, qu'est-ce qu'on va faire ?

- On souffrira. Parce que malgré que toutes les ruptures soient différentes, elles sont toutes douloureuses. Alors on va souffrir, on va peut-être pleurer, mais on se relèvera. Et si ce n'était pas moi, ça sera une autre fille et avec le temps tu iras mieux.

- C'est la pire image au monde.

- Ou alors peut-être qu'on se retrouvera plus tard, quand on sera à même de s'aimer encore plus fort que la première fois.

- Tu y crois en ces trucs toi ?

- Je crois que ceux qui doivent se retrouver se retrouveront. Chaque tableau est différent Rugg', et tous ne mènent pas à la même finalité.

- Si jamais on se sépare, je te promets de te retrouver pour t'aimer encore plus que maintenant.

Je ris face à sa phrase, et enlace nos mains. Ses yeux ont cessé de briller de tristesse, un petit sourire a refait surface sur ses lèvres, et son teint n'est plus si blanc qu'auparavant.

- Je sais que je vais regretter tout ce que je viens de te dire me dit-il finalement en soufflant un rire.

- C'est sûr et certain même dis-je sur le même ton.

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