36.

Ruggero

- Alors ? Tu comptes faire comment maintenant ? me demande Michael.

Je hausse les épaules, les yeux dans le vide. Je ne vois pas ce que je peux faire, je me demande s'il y a vraiment une solution pour réparer toutes ces erreurs.
Je souffle, les mains agrippant quelques boucles de mes cheveux.

- Je sais pas.

- Rugg', il va vraiment falloir que tu saches ce que tu veux parce que c'est pas comme ça qu'on va pouvoir t'aider.

Un ange passe. Michael se redresse sur son transat, et s'assoit au bout de celui-ci avant de se frotter le visage, éblouie par ce soleil matinal.

- Tu l'aimes ? me demande Agustin.

- J'en sais rien.

- Tu n'en sais rien ? s'étonne mick. Excuse moi, mais c'est pas la réaction d'un mec qui ressent rien là.

- On est censé ressentir quoi ? Comment on sait qu'on est amoureux hein ? dis-je en les regardant tour à tour.

Ils se jettent un regard, et hausse les épaules sans pouvoir m'en dire réellement plus.

- J'en sais trop rien. Je crois que c'est ressentir des choses que l'on a pas l'habitude de ressentir, s'inquiéter pour la personne, vouloir être avec elle. Je crois qu'elle doit nous manquer aussi, elle doit nous faire voir les choses d'une façon différente, en plus beau commence Agustin.

- Il doit se passer quelque chose de spécial quand tu es avec elle, tu ne t'es rendu compte de rien ? me demande michael.

Je me suis rendu compte d'énormément de choses à ses côtés, et peut-être qu'au fond j'ai la réponse à toutes mes questions, mais que j'ai simplement peur. Tomber amoureux est un risque, que je n'ai jamais prit de ma vie, parce que je n'en ai jamais vraiment eu le courage.

- Rugge sincèrement, tu as peur de quoi ?

J'ai peur de ne plus rien savoir contrôler si je tombe pour cette fille. Parce que je le sais, une fois que je lui aurais avoué et que je prendrais ce risque, toutes mes barrières tomberont. Je serais vulnérable et je déteste ça, j'ai terriblement peur qu'elle arrive malgré elle à me briser le coeur. Parce qu'elle en aura le pouvoir.

- De tout. Tout ça me fait peur. Et si j'étais amoureux d'elle hein ? Ça voudrait dire quoi ? Je dois faire quoi ?

- Écouter ton coeur.

- C'est plus facile à dire qu'à faire.

- Non Rugge ce n'est pas plus facile à dire qu'à faire. Écoute ton coeur pour une fois, toutes les relations ne sont pas destinées à finir comme celle de tes parents.

- Mais je suis destiné à les bousiller comme mes parents ont brisé la leur.

- Tu peux encore te rattraper. Si tu es sur de ce que tu veux, alors dans ce cas mets tout en œuvre pour lui prouver que tu en vaut la peine et que tu ne te réduit pas seulement à faire des pari stupides me dit Agus.

- Prouve lui que tu l'aime, parce que même si tu ne veux pas encore complètement te l'avouer par peur de souffrir, nous on le sait continue mick.

- Et alors ? Je commence par quoi ?

Ils s'échangent un regard, et me lance chacun leur tour un sourire immense.

- Cette fois mon pote, on va t'aider.

**

J'arrive devant sa maison, le portail est ouvert alors je rentre et viens taper à la porte d'entrée. Ça met un certain temps, personne ne vient m'ouvrir, alors je tape une seconde fois et la tête qui passe dans le chambranle de la porte me surprend un peu.

- Ruggero ?

- Ah salut Jules, désolé si je dérange mais est-ce qu'il y a Karol dans les parages ?

- Euh oui bien sûr, elle est dans le salon.

Il semble hésitant mais, s'efface pour me laisser l'occasion d'entrer.

- Tu peux rentrer, je suppose.

Je lui souffle un remerciement à peine audible, et entre dans la maison. Je m'avance d'un pas pressé vers le salon, j'espère qu'elle voudra me parler. M'écouter, au moins. Je m'empresse d'arriver dans la pièce, mais lorsque j'arrive c'est un tout autre tableau que j'aperçois. La mère de Karol apparaît derrière le comptoir avec un plat chaud à la main, les parents de Jules sont autour de la grande table avec ce qui semble être le père de Karol et celle-ci dépose une bouteille près de lui lorsque sa mère m'interpelle.

- Ben qu'est-ce que tu fais là mon grand ?

Karol se retourne et semble tout aussi surprise que le reste des invités présents.

- Ruggero ?

Je me racle la gorge, soudainement un peu gêné par la situation. Jules revient, et reste près du comptoir. Je me gratte la nuque, signe de nervosité.

- Euh, je suis désolé de vous interrompre. J'aurais voulu parler à Karol, si c'est possible.

- Mais oui je t'en prie ! Il faut que je remette le poulet au four, allez parler cinq minutes intervient sa mère en souriant.

- Oui, ne vous dérangez pas pour nous dit ensuite la mère de Jules sur le même ton.

- Quelqu'un peut-il m'expliquer qui est ce garçon ? intervient soudainement son père. Comment tu t'appelles ? Quel âge as-tu ? Pourquoi veux-tu parler avec ma fille ?

La brune se retourne vers lui en levant les yeux au ciel.

- C'est bon papa dit-elle en se tournant une nouvelle fois vers moi. Viens on va dans le jardin.

Je m'excuse auprès des invités et de son père, qui me regarde un peu de travers lorsque je passe devant la table en suivant sa fille. On arrive près du salon de jardin, où elle s'assoit sur le canapé qui fait face à la baie vitrée donnant sur le salon. On est assez excentré de la maison. Elle croise les bras sur sa poitrine, et laisse son regard devant elle, son air devient soudainement plus dur.

- Je t'écoute. Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Son ton est dotant plus sec lorsqu'elle prononce cette simple phrase. Et le courage que j'avais tout à l'heure c'est presque soudainement envolé.
Je m'installe à ses côtés, dans le silence.

- Je voulais te parler.

- Merci ça j'avais compris, je doute que tu sois venue prendre des nouvelles de Jules me dit-elle sarcastiquement.

- Je voulais te parler du pari.

- Ruggero je passais une bonne journée et j'ai vraiment pas envie d'entendre tes excuses bidon, donc si tu es venue pour ça tu sais où se trouve la porte.

- C'est pas des excuses, c'est des explications et si tu ne veux pas me répondre, juste écoute moi s'il te plaît m'empressais-je de dire avant d'être coupé.

Elle soupire.

- Maintenant que t'es là, vas-y.

- Mick m'a lancé un pari en début d'année, le but était d'obtenir un rendez vous avec la fille qui nous plaisait le plus et plus si j'y arrivais.

Je fais la grimace, et plisse les yeux lorsque je lui avoue ça. Je ne suis pas spécialement fier d'avoir accepté ce gage tout compte fait.

- C'était soit ça, soit je payais sa première année de loyer à Paris.

- Donc tu es en train d'insinuer que je vaux moins qu'un loyer ?

Je me passe une main dans les cheveux, en me détestant un peu plus chaque secondes. J'ai l'impression que plus j'ouvre ma bouche pour tenter d'apaiser la situation, plus elle empire.

- Non pas du tout, on a fait ça au début d'année. Je pensais que j'allais avoir un rendez-vous avec toi, qu'on ne se verrait plus et que tu n'aurais jamais été au courant de ça. Ça ne devait pas se passer comme ça, je voulais pas te faire souffrir.

Elle se retourne soudainement vers moi, les sourcils froncés comme si elle venait de réaliser quelque chose.

- C'est pour ça que tu t'es rapproché de moi ? Tu te foutais complètement de savoir ce qui se passait avec Seb ou de comment j'allais, tu voulais juste ton rendez-vous pour gagner ton pari ?

Je reste interdit quelques secondes. Même si je sais que ça va m'enfoncer une fois de plus, je ne peux pas la contredire. Je l'ai fait pour ce pari, parce que j'étais con et parce que ressentir quelque chose pour elle n'était pas du tout dans mes plans. 

- J'y crois pas souffle-t-elle.

- Mais c'était les premiers temps, je pensais plus à ce jeu depuis un moment !

- Et tu vas me dire que tu n'as jamais trouver le temps de me le dire ?

- Si, mais...j'avais peur de te perdre.

Elle se met à rire, et commence à se lever du canapé.

- Tu ne me feras pas avaler ça.

- C'est la vérité Karol.

- Tu es très fort, je te félicite elle m'applaudît tu es un beau parleur Ruggero.

- Il faut que tu me crois Karol.

- Pourquoi je te croirais maintenant alors que toute notre relation est basée sur un mensonge ?

- Tu comptes vraiment pour moi je m'en suis rendu compte, ce n'était plus un jeu insistais-je.

- Ah oui, et tu t'es rendu compte de ça avant ou après m'avoir embrassé ?! dit-elle en criant.

- Avant ! dis-je sur le même ton.

Je me lève à mon tour et me place devant elle.

- Crois moi, je ne joue plus depuis un moment Karol !

- Et je peux savoir pourquoi ? Pourquoi du jour au lendemain tu t'es dis que finalement ça n'en valait plus la peine ?!

- Mais parce que je t'aime !

Nos cris résonnent dans le jardin. On est à quelques centimètres l'un de l'autre, mes yeux sont bientôt humides et ses sourcils froncés. Ma dernière phrase m'a totalement échappé de la bouche. Je ne contrôle plus rien, mes mots vont plus vite que mes pensées, et je l'ai remarqué quand j'ai vu son visage changer. Ses sourcils et les traits de son visage se sont durcis. Elle me regarde intensément dans les yeux, et j'ai soudainement peur de sa réaction.

- Sors de chez moi.

Je déglutis.

- Quoi ? dis-je plus calmement qu'avant.

Elle tend son bras, son doigt m'indique la baie vitrée et du même ton, elle me dit :

- Sors de chez moi Ruggero.

Elle ne me regarde plus, elle me fuit et même si ce moment me brise de l'intérieur, j'ai compris qu'il fallait que je m'en aille. Quelle le voulait vraiment.

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