24.
Karol
Il est treize heures cinquante, j'enfile mes talons, replace mes cheveux correctement, vérifie mon maquillage et ma robe pour la dernière fois. Ça me parait pas mal. Les invités sont déjà nombreux dans le jardin et le salon, ma mère est déjà en bas et j'attends patiemment l'arrivée de Ruggero qui ne devrait pas tarder. En parlant de lui, une notification vient faire vibrer mon téléphone.
Ruggero
Je suis là
Je lui réponds que j'arrive et descends les escaliers pour rejoindre l'entrée. J'ouvre la porte, et je le vois en bas des quelques marches, les mains dans le pantalon de son costume. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi bien habillé. Lui qui ne voulait pas venir, il a pourtant joué le jeu, alors que je ne lui avais pas vraiment demandé de s'habiller aussi classe.
- Eh ben Pasquarelli, tu as sortie le grand jeu !
- Je suis venu accompagner une belle demoiselle, il fallait que je sois à la hauteur me dit-il.
Il s'avance et je m'efface pour le laisser entrer. Il me tend son bras avant d'ajouter :
- Tu permets Sevilla ?
Je lui prends le bras et nous commençons à marcher jusqu'au salon. Les baies vitrées sont ouvertes, laissant un accès direct au jardin où les invités sont déjà tous en pleine discussion.
- C'est à partir de ce moment que ça devient ennuyant lui dis-je avant que l'on atterrisse dehors.
- Rien n'est ennuyant avec moi Sevilla me chuchote-il a l'oreille.
Je vois ma mère s'approcher à grands pas de nous, un immense sourire aux lèvres.
- Ça me fait plaisir de vous voir nous dit-elle en nous regardant tu es Ruggero c'est ça ?
- Oui c'est ça, enchanté madame Sevilla.
Elle lui souris d'autant plus, et je connais bien trop ce sourire. Ma mère a le don d'être plus enthousiaste que moi lorsqu'il s'agit d'un garçon.
- Appelle-moi Lucie je t'en prie elle se tourne vers moi et plaque ses mains sur mes deux bras pour m'admirer tu es sublime ma chérie.
- Merci maman.
- Ça me fait vraiment plaisir que tu sois là tu le sais hein ? me dit-elle en me caressant la joue.
Et ce que j'avais peur d'apercevoir traverse ses yeux. Dans cette phrase, je comprends un peu la détresse de ma mère. Mon père n'est jamais là, et il n'y a pas qu'à moi que ça fait du mal. Elle aurait aimé qu'il soit présent aujourd'hui, qu'il le soit les autres jours de la semaine, mais on ne le verra que dans quelques semaines juste quelques jours.
J'acquiesce, un sourire doux au coin des lèvres pour lui montrer ma compassion.
Elle me caresse une dernière fois les cheveux et reprends un peu ses esprits.
- Je vous laisse les enfants, si il y a un problème dites-le moi.
Elle s'éclipse ensuite, et nous continuons de marcher à travers les invités. Je pense que Ruggero a compris à mon changement de tête, que quelque chose de moins cool m'avait traversé l'esprit puisqu'il dévie sur un autre sujet.
- Bon alors, comment se passe un gala chez les Sevilla j'aimerais savoir.
Je ris un peu face à sa demande.
- Tous les collègues ou collaborateurs de ma mère parlent ensembles pendant un long moment avant qu'elle ne prenne la parole, généralement ses créations sont exposées quelque part après. Donc en attendant moi je continue à faire connaissance avec les buffets dis-je en le tirant par le bras.
Il m'accompagne, et prend à son tour quelques fours présents sur les tables.
- Pourquoi tu viens si ça ne t'enchante pas plus que ça d'être ici ? me demande-t-il.
- Ça fait plaisir à ma mère. Mon père n'est jamais là et je sais que ça l'affecte plus qu'elle ne le laisse paraître, lui aussi devait être là aujourd'hui. Alors me retrouver entourée de tous ces gens ne m'enchante pas, mais ça permet à ma mère de tenir un peu mieux l'absence de mon père.
Un ange passe. Je n'ai pas envie d'avoir plombé l'ambiance, alors je m'empresse de compléter ma phrase.
- Mais bon, j'adore voir ma mère parler de son métier. Elle aime ce qu'elle fait et ça la rend vraiment heureuse alors, ça fait plaisir de la voir comme ça
- Et ces petits fours sont vraiment super bons ! me dit-il la bouche pleine.
Je m'esclaffe en le voyant se resservir, les joues gonflées de petites gourmandises. Il ne semble pas avoir été dérangé par mes aveux, et ça me rassure un peu.
**
- Euh Karol
Je bois une gorgée de ma boisson, avant de me retourner vers Ruggero qui venait de revenir de sa contemplation de la collection de ma mère.
Il a l'air plutôt confus, les sourcils froncés.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande.
- Qu'est-ce que Sebastian fait dans ton jardin ?
Je fais les gros yeux, et je m'étouffe lorsqu'il s'efface pour me montrer l'individu. Il prend un verre de l'un des serveurs qui fait des vas et viens dans le jardin avec un plateau, et souris à pleines dents aux invités.
- Rugge je ne l'ai pas invité, je sais pas ce qu'il fait là.
Il me jette un coup d'œil, et aperçoit ma mine décomposée. Il se remet devant moi, et pose ses mains sur mes épaules en me faisant face.
- C'est pas grave Karol, je vais aller le voir.
- Il a mon adresse. Il sait où j'habite Rugge.
Je me sens tout à coup moins bien dans mon propre jardin. Il a réussi à avoir mon adresse par je ne sais quel moyen, et je n'imagine pas ma vie avec ce stress permanent. Je sens mon coeur s'affoler dans ma cage thoracique, mon poul s'accélérer à mesure que ma chaleur corporelle augmente.
- Karol calme toi, respire.
Il m'attrape par la taille et fini par m'amener plus loin, et rejoindre le canapé du salon pour m'y assoir.
- Eh, il te fera rien tant que je suis là d'accord ?
- Et quand tu vas partir ? Il pourra revenir quand il veut Ruggero, je vais faire comment maintenant qu'il sait où j'habite ?
Je sens mes yeux s'embrumer de larmes, j'ai de nouveau du mal à respirer. Ruggero me tient les mains, assis en face de moi. Je le vois regarder derrière lui à plusieurs reprises, pour s'assurer que Sebastian ne vient pas par ici.
- Respire, il ne t'as pas vu je ne le laisserais pas t'approcher.
- Tu peux rester ici quelques secondes ? Je vais aller le voir pour qu'il parte me dit-il.
Il commence à se détacher mais je rattrape ses mains lorsque je prends conscience de sa demande.
- Non, Rugge me laisse pas s'il te plaît.
- Je vais juste lui dire de partir et je reviens.
- Non, non restes ici.
Il se rassois. Essuie les larmes qui ont perlé sur mes joues, et tente de me calmer une seconde fois.
- Karol tu ne peux pas rester comme ça. Je te propose un truc. Vas te mettre dans ta chambre, tu la fermes à clefs, je vais voir Sebastian et je viens te rejoindre c'est d'accord ?
- T'es sûr que c'est une bonne idée ? Et si il me voit monter et qu'il me suit ?
- Je suis derrière toi, si il monte je le verrai. Tant que tu n'entends pas trois coups sur ta porte, et ma voix tu n'ouvre pas. Je monterai plus vite que ce que tu ne penses m'assure-t-il.
J'acquiesce, et nous nous levons en même temps. Je rejoins vite les escaliers en me frayant un chemin à travers les invités, et monte à l'étage pour m'enfermer dans ma chambre.
**
Ruggero
Je m'assure qu'elle soit bien montée seule, puis prends le chemin inverse pour rejoindre le jardin. Sebastian est au buffet, l'air serein, comme si il avait été invité à cet événement. Parfois je ne comprends vraiment pas son attitude, ses actions sont étranges et mal placées mais j'ai l'impression qu'il ne s'en rend pas forcément compte.
Je m'approche de lui, je lui tapote l'épaule, et il se retourne.
- Villalobos, bonjour.
- Pasquarelli, je peux savoir ce que tu fais là ?
J'étouffe un rire sarcastique devant son air surpris.
- C'est à moi de te demander ça, l'évènement n'est pas ouvert au public.
- Karol m'a invité. Par contre toi ça m'étonnerait.
- Karol ne t'as pas invité, c'est moi qui l'accompagne pour le gala donc je vais te demander de partir Seb.
- Et je peux savoir en quel honneur je partirais parce que tu me le demandes ?
- Tu n'es pas le bienvenue ici, je ne sais même pas comment tu as fait pour te procurer l'adresse de Karol. Tu n'as rien à faire là, donc s'il te plaît pars.
Il ne bouge pas, il reste devant moi avec son verre à la main et son regard suffisant.
- Je vais te le répéter une dernière fois. Tu pars parce qu'il me semble que notre pacte tien toujours, et que tu n'es pas en train de le respecter.
Il me regarde une dernière fois, et fini par poser son verre sur le buffet.
- Surveille bien ta nouvelle petite protégée Pasquarelli. C'est un conseil.
Je lève les yeux au ciel tandis qu'il me contourne, et part.
Je rebrousse chemin à mon tour, et avant de rentrer j'interpelle la mère de Karol :
- Excusez moi Lucie ?
Elle se retourne vers moi et m'adresse un grand sourire, je sais dorénavant d'où vient celui de sa fille.
- Oui, il y a un problème mon grand ?
- Non non, je voulais juste savoir où se trouve la chambre de Karol il faut que j'aille récupérer mon portable s'il vous plaît.
- Ah oui, tu prends les escaliers et une fois en haut tu tournes à gauche c'est la deuxième porte au fond du couloir.
- D'accord, merci.
Je suis ses instructions et me retrouve devant la porte qu'elle m'a indiqué. Je toque trois fois, et lui assure que c'est moi. Elle déverrouille, et m'ouvre.
- J'ai été rapide tu vois lui dis-je en souriant.
Elle répond un peu à ce sourire et me laisse entrer.
- Il est partie ? me demande-t-elle d'une petite voix.
Elle semble inquiète, son ton de voix est différent que celui de d'habitude j'ai presque l'impression de ne pas le reconnaître.
- Oui. Ça va mieux toi ?
Elle acquiesce et un silence s'installe dans la pièce. Elle baisse la tête, tandis que je la regarde en essayant de décrypter les émotions de son visage.
- Eh, il ne reviendra pas je dis doucement.
Elle relève la tête, je lui attrape la main délicatement en essayant de capter son regard.
- Comment tu peux en être aussi sur ?
- Mmh parce que je m'appelle Ruggero Pasquarelli elle commence à rire un peu et que j'ai toujours raison.
Ses joues sont encore humides, et malgré son sourire je vois bien qu'elle n'est pas vraiment bien.
- Non sérieusement, peut-être que lundi matin il m'attendra devant la maison. J'ai peur qu'il me suive, ou qu'il vienne là souvent.
Je me sens un peu impuissant, je ne sais pas réellement comment l'aider sachant que je ne sais pas tous les détails de cette histoire. Elle est complètement paniquée à l'idée de le revoir, mais en réalité je n'ai pas de solution miracle, alors je lui propose la première chose qui me vient à l'esprit :
- Alors envoie moi un message. Si tu le vois tourner autour de chez toi, ou qu'il te suit, envoie-moi un message n'importe quoi le premier emoji affiché et j'essayerai de te rejoindre le plus tôt possible.
- T'es sûr que ça ne te dérange pas Rugge ?
Je secoue la tête de gauche à droite, pour lui affirmer que ça ne me dérange pas.
- Ça va aller ? je demande quand même.
Elle acquiesce et m'offre un demi sourire
- Merci.
Je glisse mon bras sur ses épaules et l'entraîne avec moi jusqu'à sa porte, puis nous rejoignons une seconde fois le jardin et l'événement de sa mère.
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