21.

Ruggero

Je suis sur le terrain de basket, il est treize heures douze. Les garçons et moi devons nous entraîner pour le match à venir, ils doivent me rejoindre d'une minute à l'autre, alors je m'assois pour les attendre, le ballon de basket à côté de moi.

- Tiens Pasquarelli tu es là !

Une voix masculine, qui n'est pas celle de mes amis, retentit un peu plus loin. Je relève la tête, et tombe nez à nez avec Sebastian sortie de nulle part.

- Comme tu peux le voir.

Il s'avance petit à petit en ma direction, et je n'ai pas vraiment envie d'avoir une quelconque discussion avec lui.

- Tu m'excuseras Sebastian, mais j'ai pas le temps.

- Je devais te parler me dit-il.

Je soupire.

- J'ai pas le temps je t'ai dit.

Je commence à me lever, je reprends le ballon et me dirige vers le terrain, près des paniers.

- C'est par rapport à Karol dit-il dans mon dos.

Je m'arrête en fronçant les sourcils, puis me retourne vers lui.

- Je savais que ça allait t'intéresser.

Il me regarde avec un sourire au coin des lèvres, d'un air amusé.

- J'ai pas le temps de jouer Sebastian, qu'est-ce que tu veux me dire ? dis-je lassé.

- Ça ne me plaît pas que tu sois aussi proche d'elle.

Je ris un peu.

- Je suis désolé de te frustrer Seb, mais si il n'y a que ça je peux rien y faire dis-je en partant.

- Éloigne toi d'elle.

Un silence s'abat entre nous. Je m'arrête, et lui fais face une seconde fois.

- Quoi ?

- Éloigne toi d'elle, elle n'a pas besoin que tu sois dans ses pattes.

- Non, tu n'as pas envie que je sois dans ses pattes. C'est certainement pas toi qui vas me dire ce que je dois faire ou non.

- Je n'ai pas peur de toi Ruggero.

- Tu devrais.

Je m'approche un peu plus de lui.

- Mais je ne ferais rien si tu laisses Karol tranquille.

- Et tu vas faire quoi ? me dit-il en riant.

- Je sais assez de choses sur toi pour te pourrir la vie, au cas où tu aurais oublié certains détails.

Son visage change, son sourire s'efface et le mien apparaît. Sebastian n'a pas un passé des plus clair, que ça soit niveau relation avec les filles, avec l'alcool ou avec les gens en général. On se connaît depuis un bout de temps lui et moi, je l'ai vu en faire des faux pas, et je les ai vu passer les mauvaises actions.

- Ne tentes rien avec Karol, et je garde tout ça pour moi.

Je lui souris une dernière fois, et me dirige une bonne fois pour toute vers le terrain de basket. Je laisse rebondir le ballon sur le goudron, avant de voir Agustin et Michael arriver au loin.

- Alors, prêt pour l'entraînement ?

- Vous avez quinze minutes de retard les gars leur fit-je remarquer.

- C'est bon, on a tout notre temps on peut rester jusqu'à ce soir si il faut rétorque Agustin.

- Non, moi je peux pas je vais chez Karol pour l'extrait de théâtre.

- Mais tu vas finir par ne plus pouvoir t'en passer de ta petite Karol dis moi.

- Arrête de parler Agus, il faut qu'on s'entraîne.

- C'est ça change de sujet ! dit-il en riant.

**

Ruggero
Je peux avoir ton adresse ?

Karol
36 rue des ***

Ruggero
J'arrive dans 15 min Sevilla

Karol
Si t'es en retard je te laisse dehors

Ruggero
Mais quel accueil ! C'est comme ça que tu traites tes invités de marque ?

Karol
Ah non mes invités de marque sont bien traités merci de t'inquiéter pour eux ☺️

Ruggero
Je vais devenir ton invité préféré

Karol
Oui, dans une autre vie peut-être 🧚

Ruggero
Ça va arriver 😌

**

J'arrive enfin devant le numéro 22, je fais face à un grand portail électrique situé dans un rue près de la plage. Il est quinze heures cinquante-six. Je ne perds pas plus de temps avant de lui envoyer un message pour l'avertir de ma présence.

**

Ruggero
Je suis là

Ruggero
Et à l'heure

**

Son portail s'ouvre au moment où un petit « lu » s'affiche en dessous du message.
J'entre et la porte d'entrée s'ouvre presque instantanément, faisant apparaître sa tête au chambranle.

- Pile à l'heure Pasquarelli, tu m'étonnes tous les jours.

Je lui souris en arrivant au pied des marches.

- Je suis toujours à l'heure pour toi Sevilla.

Elle lève les yeux au ciel, et s'efface pour me laisser entrer avant de refermer la porte derrière nous. Sa maison est très grande. L'entrée donne sur un salon lumineux et ajourné par ses deux baies vitrées, de grands escaliers montent à l'étage et j'aperçois la cuisine de loin.

- On va se mettre dans le salon, mes parents sont pas là ça sera plus simple me dit-elle.

- Tu veux un truc à boire ?

- Je veux bien. La même chose que toi s'il te plaît.

- Attends moi là je vais chercher de quoi écrire et les verres. Assis toi si tu veux.

Je m'avance dans le salon, et prends place autour de la table avant de sortir mon téléphone qui avait vibré plusieurs fois dans ma poche.

**

Mick
C'est toi qui as les clefs de chez moi ?

Mick
Rugge réponds je suis à la rue

Mick
Tu repasses tes caleçons un par un pour mettre autant de temps à répondre ????

Mick
JE SUIS À LA RUE RUGGE

Mick
Tu avais remarqué la voisine devant chez moi ?

Mick
Elle est vraiment pas mal

Mick
Bon

Mick
Tu es insupportable Ruggero

Mick
Ah je crois que j'ai retrouvé mes clefs

Mick
😅😅

Mick
Elles étaient dans la poches de mon pantalon. Quelle coïncidence

Mick
J'ai eu le temps de mourir 3 fois par contre. Quelle efficacité pour un meilleur pote

Mick
Pfff

Ruggero
J'étais en route pour aller chez Karol

Ruggero
C'est quand même pas de ma faute si t'es pas capable de te rappeler où tu as mis tes clefs

Mick
Eh, chez Karol tu dis ?

Ruggero
Oui, elle m'aide pour l'extrait de théâtre

Mick
T'es avec elle la ?

Ruggero
Oui

Mick
Petit cachotier 😏

Ruggero
Je vous en ai parlé Mick

Ruggero
Tu m'as juste pas écouté

Mick
😅

Mick
Profite de ta belle

**

Karol revient, elle dépose les deux verres sur la table ainsi que des feuilles et deux stylos avant de s'installer en face de moi.

- Bon alors, tu as réfléchi à ce que tu voulais écrire ?

- Mmh pas vraiment, je sais pas ce que je pourrai raconter comme histoire avec Cindy.

- Une histoire d'amour me dit-elle.

Je la regarde, légèrement surpris. Elle prend une feuille et griffonne quelques trucs dessus, avant de relever la tête vers moi voyant que je n'avais rien répondu.

- Une histoire d'amour ?

- Oui, votre duo est un garçon et une fille, ça peut être une idée. Enfin disons que c'est le plus facile.

Je semble légèrement déstabilisé. Je ne me vois pas du tout dans ce genre de rôle débile, avec un scénario à l'eau de rose. Je ne me sens pas à l'aise avec ça.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? rit-elle. Ça te gênerai de jouer une histoire d'amour avec boucle d'or ? Je pensais que tu l'appréciais bien.

- Oui mais, c'est pas ça le problème c'est que...

- Oh je crois que j'ai compris.

Elle s'enfonce un peu plus dans sa chaise son stylo à la main, et plante son regard dans le mien.

- Pasquarelli a un coeur de pierre.

Je croise les bras sur mon torse, intrigué.

- Qu'est-ce que tu sous entends ?

- Tu as peur de l'amour.

Mon coeur rate un battement. Il me faut un effort surhumain pour me contenir, mais son aveu me déstabilise.

- Et qu'est-ce qui te fait dire ça inspectrice Sevilla ? j'arrive à articuler.

- Tes yeux.

Elle croise ses bras contre sa poitrine, en continuant de m'analyser un peu.

- Tu n'aime pas l'amour, du moins tu ne veux pas l'aimer. Ça te fait peur et c'est pour ça que tu joues avec les filles.

- Donc si je joue avec les filles c'est parce que j'ai peur de l'amour ?

Elle prend un petit temps pour répondre. Elle hésite, mais finalement elle finit par me dire :

- Non, il n'y a pas que pour cette raison.

Ça me déconcerte, qu'elle puisse autant lire dans mes yeux. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou non. Elle voit des choses que beaucoup de personnes n'ont jamais vu. N'ont jamais compris.
Je crois que je déteste ça. Si elle lit aussi bien à travers mes yeux, mes faiblesses ne lui seront pas difficiles à trouver.

- Eh bien je suis désolé de te décevoir Sevilla, mais je n'ai peur de rien.

Elle acquiesce en souriant.

- Qu'est-ce qui te fait sourire ?

- Rien du tout, on reprend ?

**

- Sevilla je ne ferai jamais ça.

- Oh Pasquarelli c'est une pièce de théâtre ce n'est pas la réalité, fais un effort avec ça je suis sure que vous aurez une bonne note.

- Je ne me mettrai pas à genoux pour lui déclarer mon amour ou je ne sais quoi.

- Et après vous vous embrassez, et c'est la bonne note assurée !!

- Tu es devenue folle Sevilla ?

- Non, visiblement je suis juste un génie incompris.

- Déjà tu m'as obligé à écrire une pièce de théâtre basée sur une relation amoureuse, donc je ne ferai pas ça.

- Oh pourtant je suis sure que boucle d'or serait ravie de jouer cette pièce me dit-elle un faux sourire aux lèvres.

- Oui et ben pas moi je réponds avec la même mimique.

- Bon elle regarde l'écran de son téléphone je pense qu'il va falloir que tu rentres Pasquarelli il est un peu tard. On continuera une prochaine fois

- Tu me jettes dehors ?

- Non, je ne me permettrais pas me dit-elle en riant

Je commence à me lever, en même temps qu'elle. On s'avance calmement vers la porte d'entrée, qu'elle ouvre. Je commence à descendre les marches, puis me retourne vers elle.

- Merci pour ton aide Sevilla.

Elle fait les gros yeux, surprise.

- Je rêve ou tu viens de me remercier ?

Je ris un peu.

- Tu ne rêves pas, savoure ce moment.

- Je vais faire ça. À demain Pasquarelli dit-elle en riant à son tour.

- À demain Sevilla.

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