10.
Karol
- Et je lui ai fait comprendre qu'il n'avait pas de coeur.
- Karol...
Assise autour d'une des tables du self, accompagnée de Valentina et Carolina, je viens de leur expliquer mon altercation d'il y a deux jours avec Ruggero. Et le pourquoi du comment il m'évite comme la peste.
- Il faut que tu ailles t'excuser me dit Caro
- Pourquoi faire ? On n'a jamais vraiment été proche et tout à coup il s'amuse à vouloir comprendre ce qu'il se passe dans ma vie, j'ai juste dit ce que je pensais.
- Mais peut-être qu'il veut juste être ami avec toi, et ce que tu lui as dit ne ferait du bien à personne continue Valu.
Je soupire en remuant la purée étalée dans mon assiette. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais même pas si le fait qu'il ne me parle plus me dérange, ou si j'ai juste peur qu'en lui faisant part de certains détails de ma vie, je sois un peu plus vulnérable vis à vis de lui.
- Puis t'es même pas obligée de lui raconter si tu n'en as pas envie. Je veux dire il ne te forcera pas, soyez juste amis pour le moment si ça te fait peur ou que tu n'as pas confiance en lui renchéri la blonde.
Je hausse les épaules, le regard dans le vide. Si je continue à trop penser, je crois que mon stress va finir par me tuer.
Valentina a raison après tout, je ne suis pas obligée de lui raconter, je peux juste être amie avec lui et me contenter de ça.
- Allé K' t'en fait pas, et même si tu ne vas pas t'excuser on te soutiendra me sourit Carolina.
**
Je déambule dans les couloirs depuis une bonne dizaines de minutes à la recherche de Ruggero sans franc succès. Les filles ont raison, il faut que j'aille lui présenter des excuses. Ce que je lui ai dit était méchant, et même si j'ai peur d'une manière ou d'une autre de lui faire confiance, ce n'est pas une raison pour lui balancer des atrocités au visage. Alors je le cherche, désespérément dans les longs couloirs du lycée, mais j'ai l'impression que même le monde est contre moi.
Un peu plus loin je vois le groupe de garçons sortir du gimnase, et une pointe d'espoir s'empare de moi, jusqu'à que je me rende compte que Ruggero n'est pas avec eux.
- Mick ! je crie.
Le brun se retourne, un ballon de basket sous le bras et s'approche de moi.
- Salut K', qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il en souriant
- Je cherche Ruggero, tu l'aurais pas vu ?
Il semble hésiter quelques secondes, il ouvre sa bouche mais ne dit rien de plus tout en passant d'un pied à l'autre, comme s'il ne savait pas comment me le dire.
- Ne vas pas le voir, c'est...je pense que c'est pas une bonne idée.
- Pourquoi ?
Il se gratte l'arrière du crâne l'air gêné.
- Il à mal pris ce que tu lui as dit, et il est plutôt énervé contre toi.
- Justement, je veux lui demander pardon. S'il te plaît Mick dis-moi où il est je le supplie.
Il me regarde un instant, avant de balayer le couloir des yeux.
- Il est au terrain de basket, on devait le rejoindre cède-il.
- Va le voir, on va s'entraîner ici dit-il en me faisant un clin d'œil.
- Je te revaudrais ça Mick ! je lui crie en marchant vers la porte de sortie.
J'arrive assez vite au terrain de basket. À cette heure ci, il n'y a pratiquement personne, j'entends seulement le ballon rebondir plusieurs fois sur le béton. Ruggero est le seul sur le terrain, il drible sans but précis, marque quelques paniers et je décide de m'approcher un peu plus.
- Alors comme ça tu joues au basket ?
En y réfléchissant bien, j'ignorais cette partie de lui. Je savais qu'il faisait du sport, mais pas qu'il jouait vraiment au basket de façon régulière.
Il se retourne plus ou moins surpris, et me regarde un instant avant de reprendre le contrôle de sa balle.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Sa question était sèche, sans aucun signe d'envie dans sa voix.
- Je voulais te parler je continue quand même.
- Je vois ça, mais j'ai pas le temps.
Je soupire, et quitte la balustrade sur laquelle j'étais accoudée depuis le début.
- Je voulais te demander pardon, pour ce que je t'ai dit la dernière fois.
- Tes excuses ne sont pas acceptées, maintenant si tu veux bien, j'ai un entraînement dans cinq minutes.
Il marque une nouvelle fois un panier, et semble fermer à toute discussion. Mais je ne m'appellerais pas Karol si je n'étais pas têtue, et je suis bien décidée à parler avec lui.
- Super, ça prendra moins de cinq minutes. Tu ne seras pas en retard pour ton entraînement je lui souris.
Il me regarde, fronce les sourcils et place son ballon sous son bras pour me faire face.
- J'ai pas envie d'écouter quelqu'un parler de moi comme s'il me connaissait.
Je me sens mal lorsqu'il me dit ça. Je n'aurais pas du je le sais, je ne le connais pas assez pour admettre quoi que se soit, et je m'en veux de lui avoir balancé ça au visage comme si c'était une évidence.
- J'ai pas voulu dire ça la dernière fois...
- Pourtant tu l'as fait.
Un petit blanc s'installe entre nous. C'est vrai, je l'ai fait et sincèrement je n'ai pas vraiment d'explication à cela. C'était certainement ma manière à moi de me protéger, et c'est sorti.
- Tu le penses vraiment ?
Je relève la tête, surprise par sa question et le questionne du regard en fronçant les sourcils.
- Que j'ai pas de coeur. Tu le penses vraiment ? répète-t-il.
- Non, j'avais juste pas envie de te parler de Sebastian j'avoue finalement.
- Pourquoi tu as autant de mal à m'en parler ?
- J'ai juste...pas envie de parler de lui.
Quelques secondes passent. Secondes durant lesquelles je sens son regard peser sur moi.
- Karol ?
Je le regarde, l'encourageant à continuer.
- Peu importe ce qu'il se passe avec lui. Si il fait quelque chose de déplacé, ou qui ne te plaît pas, parle en a quelqu'un.
J'acquiesce d'un mouvement de tête. En parler, je l'ai déjà fait, à Valentina et Caro est plus ou moins au courant aussi. Elles ont toutes les deux essayé plusieurs tentatives pour l'éloigner, mais j'ai l'impression que chacun de nos essais sont de grands échecs.
Mes parents ne sont pas au courant. Mon père n'est presque jamais chez moi, et je n'ai pas envie d'embêter ma mère avec une nouvelle histoire, elle a d'autres choses à penser bien plus importantes.
Dans un élan, je m'approche un peu plus de lui, chassant toutes ces pensées de mon esprit, et lui affiche un petit sourire.
- On fait la paix ? je dis en tendant ma main devant lui.
Il la regarde, puis ses yeux passent de ma main à mon visage. Mais il ne semble pas vouloir la prendre pour autant.
- Je prends un verre avec toi si on fait la paix je rajoute.
Un large sourire s'étend sur ses lèvres et il empoigne ma main.
- Tu me prends par les sentiments là Sevilla.
On sépare nos mains, et je lui prends le ballon.
- En fait il se pourrait que les garçons ne t'attendent pas vraiment pour l'entraînement. J'ai demandé à Mick où tu étais et, il m'a dit qu'ils allaient s'entraîner au gymnase.
Il me reprend la balle en tapant dessus, la faisant rebondir en un dribble qu'il réceptionne.
- T'as de la chance alors, parce que ton explication a prit plus de cinq minutes dit-il en riant.
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