Le portail s'ouvre et je me précipite à l'extérieur.

Le parfum sucré des sakura m'emplit aussitôt les narines, me récompensant pour cette journée de cours assidue. Ce début d'année sent bon la cerise et la joie, mais je n'ai pas le temps de m'arrêter: je dois me dépêcher de rentrer.

Dans la vitrine de la pâtisserie, un garçon me sourit. Ses cheveux verts partent en tous sens à cause de son empressement et ses joues rose colorent joyeusement son visage. Des tâches de rousseur vives ajoutent un grain de folie à son portrait. Là comme ça, il a l'air tout à fait fou. En même temps, je comprends son excitation. Ce soir, je vais regarder un documentaire inédit sur All Might !

Je reprends rapidement ma route, direction le tunnel.

L'année dernière, je ne passais pas trop par ici. L'endroit me semblait sombre, mal-fâmé et sordide. Mais à la rentrée, des camarades se sont faits prendre à en taguer les murs. Depuis, lorsque j'y passe, je vois toujours un arc-en-ciel de couleurs, accompagné de leurs noms joliment calligraphiés. Ce serait vraiment dommage de louper de si belles œuvres d'art, vous ne pensez pas ?

Je m'assène aussitôt une gifle mentale.

Il faut croire que j'aime vraiment trop parler, pour m'imaginer ainsi des interlocuteurs. Ha ha, il faut croire que Deku le bavard a encore frappé !

« Enfin Izuku, les discussions c'est bien, mais être sain d'esprit aussi. Et un héros c'est parfaitement sain d'esprit. All Might est parfaitement sain d'esprit. » je me répète en boucle.

Après m'être repris, je traverse le parc des rires. J'aime m'y rendre après une éreintante, bien que géniale, journée. Il faut dire qu'il porte bien son nom, avec les rires sonores d'enfants qui y retentissent depuis toujours. La musique de leurs éclats de voix est comme un sourire, mais en plus heureux et plus joueur. Je dois bien avouer, même si j'aime beaucoup ma vie actuelle, que j'envie, parfois, leur énergie et leurs jeux.

Mon regard se perd dans le paysage joyeux qui se présente à moi. Les balançoirent se balancent, le toboggan glisse et le tourniquet tourne. Les arbres verdissent de jour en jour, avec l'arrivée de l'été. En quelques secondes à peine, je me croirais presque revenu quelques années en arrière. Je me reverrais presque me prétendre explorateur là, avec...

Je souris et continue mon chemin.

Je vis à la résidence du chêne, avec ma mère et ma collection de merch All Might. C'est un ensemble de bâtiments forts et beaux entretenus par un aimable et passionné propriétaire. Même si les passants n'y voient que de grisâtres immeubles, je ne peux m'empêcher de les sentir arc-en-ciel. Les souvenirs que je m'y suis fait, comme pleins de touches de peintures, sont venus décorer mon chez-moi.

Je rentre mon code et accourt vers les escaliers.

En moins de cinq minutes, je suis arrivé devant mon appartement, en sueur et haletant mais à temps. Je rentre, salue ma mère chaleureusement et me précipite devant la télévision. Je m'empars de la télécommande, règle quelques paramètres et voilà mon émission enregistrée.

« Désolé Maman, je ne voulais vraiment pas rater ce documentaire. Tu as passé une bonne journée ?

- Superbe, et toi mon lapin ? (Ma mère fronce les sourcils, en désignant ma nuque.) Tu t'es blessé ?

- Je me suis un peu amoché en cours de sport mais rien de grave, juste quelques bleus. Et puis l'infirmière m'a super bien soigné. »

Ma mère acquiesce, à peine plus rassurée, et je pars faire mes devoirs.

Après du bon travail, une bonne douche et un merveilleux instant cuisine, ma mère et moi nous préparons un plateau-repas bien mérité, avec du katsudon au menu. Manger devant la télé n'est pas vraiment une habitude chez les Midoriya, mais pour cette émission spéciale, la seule officielle sur All Might que je n'ai pas encore regardée, une exception est faite.

All Might a été repéré en ligne au Japon pour la première fois lors d'un sauvetage de civils pris dans incendie. Il a sauvé plusieurs vingtaines de personnes en un temps record, et grâce à lui il n'y a eu aucun blessé grave et aucun mort. Il transportait les civils par dix grâce à sa force et utilisait sa vitesse pour faire de rapides allers-retours. Mais ce qui a le plus marqué les gens, ce jour là, ce n'était pas sa force, ni sa vitesse. Ce n'était pas non plus sa corpulence digne des meilleurs comics américains, ni son efficacité. C'était son sourire, car oui, il souriait. Il montrait toutes ses dents parfaitement blanches, comme si tout ce qu'il faisait était complètement banal, comme si il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

"Tout va bien, car la cavalerie est là !"

Après l'émission, je dis bonne nuit à ma mère et pars me coucher. Après m'être soigneusement installé dans mon lit douillet, je règle mon réveil All Might et éteins ma lampe de chevet All Might.