53. Réveillon, crèche et ouragan


NDA : non, non, vous ne rêvez pas, c'est bien le troisième chapitre en une semaine uwu (même si j'étais censé le poster hier mdrr)

je sais pas si vous aussi mais perso mon wattpad bug sa mère sur mon téléphone, genre je peux pas modifier ou lire mes propres histoires (ce qui veut dire que je ne peux pas non plus répondre à vos commentaires). je sais pas si je suis le seul, mais ça va faire près d'une semaine et j'ai déjà essayé de désinstaller et réinstaller l'appli deux fois donc genre - can someone help me please????

brefffff, trêve de blablabla, je vous laisse à la lecture de ce chapitre :)

ENJOY!

(c'est aussi les trois ans de golden boy aujourd'hui hihi je mets une petite citation en son honneur)





« Je n'ai jamais voulu ressentir ça. Je n'ai pas choisi d'être comme ça. »

ZEDD.

Les fêtes de fin d'années arrivèrent dans un tourbillon de vent froid de solitude et des pluies torrentielles de travail. Zedd avait tellement été pris par ses derniers jours chez Sheppard et par ses travaux d'intérêt général qu'il n'avait même pas remarqué que Noël approchait à grands pas et qu'il n'avait absolument aucun projet ou même de cadeaux de préparés pour ses proches.

Zedd essayait souvent de ne pas vraiment y penser parce que l'idée même de Noël et de toutes les choses que ça impliquait (la famille, les dîners chiants, les disputes, les discours interminables, les remarques déplacées et il en passait), mais pour une fois, ce n'était pas dans le but d'oublier les fêtes de fin d'année qu'il s'était enterré dans le travail, mais plutôt pour ne pas penser à tous les récents événements qui taraudaient son esprit comme deux lions en cage.

Il n'avait pas eu de nouvelles de Gabriel depuis beaucoup trop longtemps et le coffre de sa voiture était toujours rempli d'énormes sacs de drogues, autant dire que Zedd avait vraiment autre chose à faire que penser à quel jouet en plastique il devait acheter pour Thomas.

Zedd soupira après avoir fait le tour du pâté de maison pour la sixième fois. Il jeta un regard à travers la vitre, apercevant le porche décoré de Mike et toutes les voitures garées dans l'allée.

Allez, prends tes couilles à deux mains et vas-y ! hurlait son suricate.

Zedd grogna et activa son clignotant pour aller se garer au bord du trottoir, mais se ravisa en une demie-seconde et décida de refaire encore un tour du pâté de maison.

Mike et Sandy l'avaient convié à passer le réveillon de Noël chez eux. Ils avaient préparé un énorme dîner et avaient invité la famille de Sandy ainsi que des collègues de travail. Zedd n'avait vraiment pas envie d'y aller, mais Oly passait la soirée avec sa famille et Trisha était repartie à Coeur d'Alene pour les fêtes de fin d'année, alors Zedd n'avait pas vraiment d'autres personnes avec qui passer Noël.

Ce n'était pas une fête si importante pour Zedd, mais il savait que ça le serait toujours pour sa mère et il était sûr que s'il passait Noël seul, il serait hanté par le fantôme effrayant de Victoria qui le réprimanderait d'avoir osé passer une fête aussi religieuse et importante seul.

Il faisait l'effort pour le souvenir de sa mère et peut-être aussi un peu pour son père, bien que Zedd n'était pas sûr que Mike mérite vraiment qu'on fasse un effort pour lui.

Zedd repassa pour la septième fois devant son ancienne maison et cette fois-ci, il n'eut même pas la possibilité de retarder son arrivée encore une fois. Thomas se tenait sur le porche, vêtu d'un stupide costume d'elfe avec des collants rayés, des souliers avec des cloches et un drôle de chapeau pointu. Lorsqu'il vit la voiture de Zedd, un énorme sourire vint courber ses lèvres et il s'empressa de faire de grands signes de la main, dévalant les escaliers du porche jusqu'au trottoir.

-Fait chier, marmonna Zedd, mais il fit l'effort de sortir son plus beau sourire lorsqu'il baissa la vitre.

Il trouva le regard illuminé de Thomas et deux adorables joues rougies par le froid.

-Zi ! s'exclama Thomas. Tu m'as tellement manqué !

Zedd sentit son coeur se serrer dans sa poitrine.

-Hé, salut bonhomme, souffla-t-il. J'adore tes collants.

Thomas baissa les yeux sur ses jambes et fit tinter les cloches sur ses chaussures.

-Merci ! s'exclama-t-il. Maman voulait pas me les acheter parce que c'était dans le rayon des filles alors j'ai commencé à pleurer et elle a fini par me les offrir. Je lui ai promis que je mettrai la table jusqu'à la fin de l'année.

Un énorme sourire jouait sur les lèvres de Thomas et il semblait vibrer de bonheur. Zedd ne pouvait qu'être attendri et il détestait vraiment cette sensation, surtout lorsque c'était envers Thomas.

-Tu sais où il reste de la place pour se garer ? demanda Zedd, essayant de changer de sujet.

Thomas pointa vers la droite, montrant la maison de leur voisine.

-Madame Gilbert est partie pour les vacances, elle nous a dit qu'on pouvait utiliser son allée pour se garer, répondit Thomas. Je pense qu'il y a encore de la place.

Zedd fit rapidement marche arrière et trouva une place à côté de la Jeep verte de Krip, le chef cuisinier de Mike's Corner. Il lâcha un énième soupir en coupant le contact, jetant un regard dans son rétroviseur.

Allez, c'est qu'une soirée, tu peux le faire.

Il attrapa le sac en tissu qui reposait sur le siège passager, faisant tinter les bouteilles de vin dedans, et ouvrit la portière. Zedd posa un pied dans l'atmosphère glacial en laissant un autre soupir échapper sa poitrine, un nuage blanc débordant de ses lèvres. Il resserra sa veste autour de lui-même et verrouilla sa voiture avant de finalement se diriger vers la grande demeure des Gert.

Thomas l'attendait toujours en bas du porche. Un sourire plein de dents tordus se dessina sur son visage lorsqu'il croisa le regard de Zedd et il se précipita vers lui, attrapant le sac qu'il tenait dans les mains.

-Qu'est-ce que c'est ? s'exclama-t-il. Tu m'as ramené un cadeau ?

Il fit la moue lorsqu'il réalisa que le sac ne contenait que des bouteilles de vin et une boîte de buñuelos.

Zedd gloussa et lui fit un clin d'oeil.

-Mystère, souffla-t-il en jouant des sourcils et Thomas poussa sa lèvre inférieure vers l'avant.

-Mais je veux mon cadeau maintenant moi, bouda-t-il.

Zedd leva les yeux au ciel, mais il n'arrivait pas à arrêter le sourire attendri qui grandissait sur ses lèvres.

-Hé, sois patient, le réprimanda Zedd.

-Bon, d'accord, céda Thomas.

Il attrapa la main de Zedd et commença à le tirer vers l'entrée.

-Dépêche-toi, il te faut un bonnet de Noël avant qu'il n'y en ait plus !

Zedd se retrouva noyé dans un salon rempli d'une dizaine de visages étrangers, il y avait seulement quelques personnes que Zedd reconnaissait du restaurant de son père ou des collègues de Sandy à qui il avait déjà eu affaire dans le passé. Thomas n'avait pas trouvé de bonnet de Noël, alors Zedd s'était retrouvé coincé avec un stupide serre-tête de renne perché au-dessus de ses mèches sombres.

Il avait croisé son père et Sandy, qui portaient des stupides pulls de Noël de couple, et Zedd avait failli vomir dans le lavabo de la cuisine. Tous deux avaient également été forcés de porter des accessoires de Noël, Mike portait une fausse et longue barbe blanche avec des lunettes et un bonnet tandis que Sandy avait une paire de boucles d'oreilles qui imitaient des branches de houx et de gui et d'adorables barrettes avec des petits bonnets de Noël dessus. Zedd avait demandé où elle avait acheté tout ça seulement parce qu'il imaginait déjà Gabriel porter ça, perdu dans ses boucles dorées, dégageant son visage angélique.

Zedd avait discuté avec deux employés du Mike's Corner qu'il avait croisés, Krip et Sam, puis s'était fait embarquer dans un énorme câlin par Berta, l'une des vieilles amies de son père qu'il n'avait pas vu depuis une éternité. Il s'était laissé faire et avait peut-être menti un peu lorsqu'il lui avait donné de ses nouvelles, omettant volontairement de raconter qu'il faisait des travaux d'intérêt général.

Berta avait disparu après que Sandy ait demandé son aide dans la cuisine alors Zedd s'était retrouvé seul, près de la cheminée. Il se sentait un peu à l'écart, entouré d'un large groupe d'adultes dont la moyenne d'âge devrait être au moins cinquante ans. Il essayait toujours de couper court aux discussions qu'ils partageaient avec les quelques invités seulement parce qu'il s'était déjà pris au moins une dizaine de « ah, pas en prison pour Noël cette année ! »

Il avait alors commencé à se balader à travers la maison, évitant le salon et la cuisine où tous les convives étaient agglutinés. Mike n'avait jamais été un grand fan de décorations de Noël, mais Sandy semblait avoir mis le paquet cette année. Il y avait des guirlandes lumineuses autour des fenêtres et des rampes d'escalier, de grandes chaussettes sur la cheminée et des figurines du Père Noël absolument partout.

Zedd n'avait pas grandi en croyant au Père Noël. Au Mexique, c'était l'enfant Jésus qui apportait les cadeaux alors le Père Noël ne faisait pas du tout parti de ses traditions. Sa mère n'avait jamais voulu en avoir dans la maison et même après son décès, Mike avait toujours fait référence à Jésus plutôt qu'à l'idole de tous les enfants - et Oly.

Voir que cette année, son père avait laissé Sandy mettre des figurines du père Noël dans tous les recoins possibles et inimaginables de la maison, lui brisait le coeur plus qu'il ne voudrait l'admettre. Bien qu'il ait toujours souhaité de voir son père heureux après le décès de sa mère, ce n'était jamais vraiment arrivé et Zedd avait vécu dix ans avec un père célibataire et des traditions mexicaines. Désormais, il se retrouvait dans une maison qui ne semblait plus vraiment la sienne.

Tous ces changements avaient eu lieu lorsqu'il avait encore été au centre ou après qu'il ait déménagé, deux mois plus tôt, et Zedd n'avait jamais vraiment réalisé à quel point tout avait été chamboulé jusqu'à maintenant. En montant les escaliers, il remarqua que les photos encadrées, que Victoria avait un jour accroché sur les murs, avaient été remplacées par une horrible peinture de canards dans une marre.

En traversant le couloir, il vit que la moquette avait été changée. Ce n'était plus la douce moquette en velours rouge qui habillait le sol, mais plutôt une moquette beige à l'aspect douteux. Elle ne semblait même pas douce.

Il entra dans la chambre, qui avait précédemment été la sienne, et remarqua qu'elle avait été transformée en dressing. Son lit était toujours là, mais les murs avaient été repeints en gris et deux énormes placards avaient été rajoutés de chaque côté de la chambre. Zedd ne fut pas particulièrement déçu de voir que son père avait transformé sa chambre, plutôt rassuré de voir que Sandy et Mike avaient bien compris que Zedd ne reviendrait jamais habiter dans cette maison.

Zedd referma la porte et continua de longer le couloir jusqu'à la porte de la chambre principale. Elle était beaucoup plus grande que les autres et avait un énorme balcon. Zedd enfonça une main dans sa poche, jetant un regard autour de la chambre.

Elle aussi avait été complètement refaite. Mike n'avait jamais eu le courage de changer l'apparence de son ancienne chambre parce qu'il l'avait partagée pendant de longues années avec sa défunte femme.

Lorsqu'ils avaient acheté la maison, Victoria avait peint les murs en blanc, à l'exception de celui derrière la tête du lit qu'elle avait peint en orange très criard. Elle avait insisté pour acheter un énorme lit king-size, seulement parce qu'elle voulait avoir la possibilité d'accueillir Zedd entre elle et Mike, et l'avait elle-même transformé en lit à baldaquins, rajoutant de longues perches de bois aux quatre pieds du lit et une tenture rose pâle en mousseline. Elle avait aussi customisé un coffre en métal, sur lequel elle avait fait un patchwork de photos de magazines, et l'avait pressé contre le bout du lit. Les murs avaient étés décorés avec quelques photos de Zedd enfant, ses dessins et une photo du jour du mariage de Mike et Victoria.

Désormais, tous les murs étaient blancs. Il n'y avait plus de photos, seulement des stupides cadres colorés avec de stupides citations glissées à l'intérieur.

« Les bonnes choses viennent à ceux qui savent attendre » imprimé sur un fond de couché de soleil, Zedd ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.

« Une once de prévention vaut mieux qu'une livre de guérison » lui fit froncer le nez parce qu'il avait entendu Sandy dire cette phrase un milliard de fois, quand Thomas partait à l'école sans écharpe ou quand Mike râlait parce que Sandy le réveillait après qu'il se soit endormi sur le canapé en lui rappelant qu'il avait des problèmes de dos.

Mais la pire était bien « La plus grande tragédie de la vie n'est pas la mort, mais une vie sans but » parce qu'encore une fois, c'était exactement le genre de chose que Sandy disait à Zedd chaque fois qu'ils avaient parlé de son avenir. Zedd détestait cette citation parce qu'il s'était trop de fois fait rabâcher ce genre de paroles parce que personne n'avait la même conception de but que lui.

Zedd n'était pas intéressé par la richesse ou la réussite, il voulait juste être heureux. Il ne cherchait pas à faire des projets ou à planifier son avenir, mais plutôt à vivre au jour le jour en faisant ce qu'il avait envie de faire, quand il avait envie de le faire. Mike n'avait jamais été d'accord avec ça et avait toujours essayé de mener Zedd vers les études, mais Zedd ne voyait pas l'intérêt d'en faire. Premièrement parce que ça ne l'intéressait pas, deuxièmement parce que c'était un gouffre de dettes incroyables, et troisièmement parce qu'il détestait le système scolaire. Il n'aimait pas l'idée de devoir se forcer à apprendre un million de dates et comment faire une équation à six inconnues quand il savait qu'il aurait tout oublié au bout de deux semaines.

Le coffre que Victoria avait customisé avait disparu de la pièce et à sa place, il y avait un long banc rembourré avec quelques coussins dessus. Le grand lit avait été remplacé par un lit beaucoup plus petit et sans baldaquins, mais avec une affreuse tête de lit en vinyle argenté. La chambre avait une atmosphère bien moins chaleureuse et personnelle qu'auparavant, elle semblait juste tout droit sortie d'un catalogue IKEA et Zedd détestait ça.

Il détestait le fait que Sandy ait complètement effacé sa mère des murs, l'avait jetée hors de la maison comme si elle n'avait jamais fait partie de ce décor. Victoria avait fait la plupart des travaux dans cette maison, avait abattu des murs au rez-de-chaussée pour ouvrir la cuisine sur le salon, avait changé les fenêtres et refait les salles de bains.

Zedd n'était pas en colère parce que son père était passé à autre chose, il ne le serait jamais. Il était en colère parce que l'esprit de Victoria ne vivait plus dans cette maison. Il était en colère parce que son père semblait avoir complètement oublié qu'il avait un jour partagé la vie d'une femme incroyable.

Tous les meubles, cadres et décorations que Victoria avait créés, étaient portés disparus. Il n'y avait plus que les goûts snob de Sandy et ses stupides cadres de citation cloués à chaque mur de la maison.

Zedd soupira, puis son regard fut attiré par des petites lumières colorées. Juste à côté du grand bureau se trouvait une petite table sur laquelle reposait la Nacimientos Navideños. C'était la petite crèche de Noël qui avait été transmis à Victoria par ses parents. Zedd ne put s'empêcher de sourire, glissant ses doigts sur les petites figurines en terre cuite. Il y avait Marie et Joseph sous une construction en bois usée entourée de petites guirlandes colorées, le petit Jésus installé juste entre eux. Il y avait aussi des animaux et les trois rois mages, ainsi que l'Ange du Seigneur, un dromadaire et des petits sapins en céramique.

Les traditions mexicaines voulaient que chaque année, au moins un nouvel élément soit ajouté à la crèche. Zedd remarqua que cette année-là, la nouveauté était un chien noir, posé juste à côté du berger et son troupeau de moutons. Son sourire s'agrandit alors qu'une douce chaleur se propageait dans sa poitrine seulement parce que son père n'avait pas jeté toutes leurs traditions par la fenêtre. Il avait tout de même gardé, dans l'intimité de sa chambre, une partie de Victoria.

Zedd était un peu ému alors qu'il se laissait tomber à genoux devant la petite crèche. Il lâcha un soupir et se pinça les lèvres en croisant les mains devant lui.

Chaque année, Zedd priait une seule fois. Il priait le vingt-cinq au matin, lorsqu'il se rendait à l'église pour célébrer silencieusement l'anniversaire de sa mère en allumant une bougie pour elle. Mais là, devant la crèche qu'il avait eu l'habitude de décorer avec Victoria pendant ses huit premières années, Zedd fut envahi par le besoin de parler à sa mère.

-Salut, là-haut, chuchota-t-il en penchant la tête en arrière.

Il regarda le plafond une seconde avant de fermer les yeux, se remémorant la sensation des bras de Victoria autour de lui et de la façon dont elle avait eu l'habitude de passer ses mains dans ses mèches sombres.

Zedd lâcha un soupir.

-Ça fait un bail, continua-t-il. J'espère que tu vas bien. Hum - de mon côté, ça va.

Il se pinça les lèvres et sentit son coeur se serrer un peu dans sa poitrine. Il pressa ses mains plus fort l'une contre l'autre jusqu'à ce que ses phalanges virent au blanc.

-Enfin, je ne devrais pas te mentir, souffla-t-il. Ça ne va pas très bien ces derniers temps, pour être complètement honnête. Les fêtes de Noël me font penser à toi et tu me manques encore plus. Mais c'est pas très grave, tant que toi tu es heureuse. Je sais que je le serai un jour aussi, peut-être le jour où je serais à tes côtés.

Zedd ouvrit les yeux et regarda la petite crèche devant lui.

-Seigneur, cette année je prie pour que ma mère continue de reposer en paix, pour qu'Oly réussisse à passer son examen de secouriste, pour que Trisha trouve un petit-copain et pour que - hum-

Il humecta ses lèvres et jeta un regard à l'Ange en terre cuite, installé juste derrière le berceau de Jésus.

-Pour que Gabriel réussisse tout ce qu'il entreprend, pour qu'il se réconcilie avec sa mère et - hum - pour qu'il continue de m'aimer.

Zedd déglutit bruyamment.

-Et est-ce que Tu pourrais aussi faire en sorte qu'il ne se coupe plus les cheveux ? C'est vraiment de la torture.

Il se mordilla le coin de la lèvre inférieure et finit enfin par faire le signe de croix sur son torse, fermant les yeux un instant en chuchotant doucement « en el nombre del Padre, y del Hijo, y del Espíritu Santo. Amén. »

Une sensation inexplicable se glissa dans la poitrine de Zedd lorsqu'il posa ses mains sur ses cuisses en ouvrant les yeux, lâchant un soupir. C'était un mélange entre l'apaisement et l'angoisse que tous ses voeux ne se réalisent pas.

La pièce fut silencieuse pendant quelques secondes alors que Zedd continuait de laisser son regard glisser sur la statuette de l'Ange du Seigneur. Il ressemblait drôlement à Gabriel, avec des boucles dorées et une peau aussi pâle que de la porcelaine. Il commença alors à se demander où Gabriel était, ce qu'il faisait, si sa mère l'avait tout de même invité à passer les fêtes chez eux.

Soudainement, un petit rire brisa le silence étouffant et Zedd se tourna pour découvrir Mike, appuyé contre le chambranle de la porte. Il avait baissé sa barbe de Père Noël en-dessous de son menton et souriait doucement en regardant Zedd, les bras croisés sur sa poitrine.

Zedd s'empressa de sauter sur ses pieds, les joues un peu rouges de gêne, et passa nerveusement ses mains contre la matière rugueuse de son jean.

-Feliz Navidad, fiston, souffla Mike.

-Feliz Navidad, papa, répéta Zedd avec un sourire maladroit.

Mike pénétra finalement dans la chambre, fermant la porte derrière lui.

-Ta mère serait tellement fière de toi si elle te voyait prier devant sa crèche, sourit Mike.

Il croisa le regard de Zedd en s'approchant de lui.

-Elle m'a regardé prier, rétorqua Zedd. Je prie pour elle et elle m'écoute, je le sais.

Mike gloussa doucement.

-Oui, c'est vrai.

-Tu sais que c'est assez flippant d'espionner les gens ? déclara Zedd en se dirigeant vers le balcon.

Il tira sur la lourde baie-vitrée pour sortir à l'extérieur, peut-être juste pour s'éloigner de son père. Le vent froid de décembre frappa son visage et il coinça une cigarette entre ses lèvres en sentant l'humidité dans l'air se glisser jusque dans ses os. Il lui fallut au moins une quinzaine de tentatives pour réussir à allumer sa cigarette.

-Je ne t'ai que vu faire le Signe de Croix, répondit finalement Mike, qui avait suivi Zedd sur la terrasse. Je te cherchais pour te prévenir qu'on allait bientôt entamer la dinde, je ne voulais pas t'espionner.

Zedd hocha lentement la tête, sans même lui lancer un regard. Il tira une longue bouffée sur sa cigarette et recracha la fumée dans un tourbillon de vent et de froid.

-Tu sais que maman serait furieuse si elle était encore là, chuchota doucement Zedd. Elle aurait fait une syncope si elle avait vu tous ces Pères Noël.

Mike émit un rire à côté de lui, faisant un pas de plus vers Zedd.

-On n'a même pas fait les Posadas, répondit-il.

-Tu as acheté une piñata au moins ? demanda Zedd avec un sourire. Ou fait une sauce mole ?

Mike se pinça les lèvres en secouant la tête. Zedd leva dramatiquement les yeux au ciel.

-Bah alors ? T'as pas honte de toi un peu ?

Son père rit en le poussant gentiment par l'épaule.

-Oh, arrête ça, tu détestes cette sauce. Tu disais qu'elle avait le goût de merde quand t'étais gamin.

À son tour, Zedd explosa de rire.

-Mais c'est vrai ! protesta-t-il. Qui a décidé que ce serait une bonne idée d'accompagner le poulet de sauce au chocolat pimentée ?

Mike rit encore plus fort, basculant la tête en arrière.

Ça semblait trop facile. Zedd regarda le sourire de son père et il réalisa que ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas été l'origine d'un d'entre eux. Les yeux de Mike brillaient sous les rayons de la lune et Zedd aspira une autre bouffée sur sa cigarette en se disant que c'était à la fois étrange et agréable de parler à Mike sans qu'ils ne se gueulent dessus.

-J'ai vu que vous aviez fait quelques changements dans la maison, souffla Zedd en laissant son mégot tomber par terre, l'écrasant sous sa botte.

Mike hocha la tête en rangeant ses mains dans ses poches, observant Zedd récupérer une autre cigarette et la coincer entre ses lèvres.

-Ouais, répondit-il. Sandy ne se sentait pas chez elle alors elle a décidé de refaire un peu la déco. Ça te plaît ?

Zedd jeta un regard à son père avant de laisser un gloussement échapper ses lèvres.

-Pas vraiment, non, pour être totalement honnête.

Mike hocha lentement la tête, mais ne semblait pas vraiment blessé. Zedd n'était pas sûr que son père apprécie réellement la déco non plus, mais il était tellement amoureux de Sandy qu'il aurait pu déménager dans un trou paumé en Mongolie pour elle.

-C'est un peu moins chaleureux, mais Sandy a bon goût, déclara-t-il. Ce n'est pas si mal.

Zedd haussa les épaules.

-On dirait que IKEA a chié partout dans votre maison.

Mike rit et ses épaules bougeaient, comme quand son rire était vraiment sincère. Zedd se pinça les lèvres pour retenir un sourire. La dernière fois qu'il avait été aussi complice avec son père remontait sûrement à son enfance, à l'époque où Victoria était encore vivante, et c'était un peu étrange de parler à Mike comme s'il était réellement son père et pas la personne qu'il détestait le plus au monde.

-Je ne suis pas sûr que Sandy serait très heureuse que tu lui dises ça, rit Mike.

-Qu'on me dise quoi ?

La voix de Sandy provenait de la chambre. Mike et Zedd se tournèrent en même temps pour trouver Sandy en train de traverser la grande pièce jusqu'aux baies-vitrées. Un doux sourire jouait sur ses lèvres alors qu'elle venait se blottir sous le bras de Mike.

Zedd se retint de vomir lorsque son père embrassa sa tempe, et il détourna le regard vers les arbres qui tanguaient en rythme avec le vent.

-Oh rien de bien important, mentit Mike. Zedd disait juste qu'il n'aimait pas trop la dinde.

Zedd jeta un regard à son père, le remerciant silencieusement.

-Oh ne t'inquiète pas pour ça, sourit Sandy en tendant une main pour la poser sur l'avant-bras de Zedd.

Zedd regarda ses doigts caresser sa peau à travers son pull comme s'il avait la main d'un extraterrestre sur le bras.

Enlève tes sales pattes de lui ! protesta son suricate.

-On a fait plein de choses à manger, tu auras de quoi te remplir l'estomac.

Elle gloussa en lançant un regard à Mike et détacha enfin sa main de Zedd.

-Hum - ouais, c'est gentil, merci, répondit Zedd.

Il lui offrit un sourire maladroit.

-Les invités sont en train de s'installer à table, vous venez manger ? demanda Sandy en baissant les yeux vers Zedd.

Elle se détacha de Mike et saisit sa main, commençant déjà à le tirer vers la chambre. En traversant la pièce, elle se tourna vers Mike avec des yeux plein d'étoiles.

-Il faut absolument que tu t'assieds à côté de Gregory, souffla-t-elle. Il a proposé de nous prêter sa maison de campagne pour la réception du mariage.

Mariage.

Zedd fronça les sourcils et il ne fallut qu'une demie-seconde pour qu'il ingère l'information.

-Euh - attendez - quoi ?

Il se précipita à l'intérieur de la chambre. Sandy s'immobilisa alors qu'elle s'apprêtait à baisser la poignée de la porte, et se tourna vers Zedd en même temps que Mike.

-Eh bien - notre mariage, répondit Sandy, semblant perplexe. Tu sais que ça fait un moment qu'on est fiancés maintenant, il faut bien qu'on officialise les choses à un moment donné.

Elle regardait Mike avec tellement d'amour dans les yeux que Zedd en eut la nausée.

-On a enfin fixé une date, continua-t-elle. Au printemps prochain, le dix-huit mai.

Zedd crut s'étouffer avec sa propre salive. Cinq mois pouvaient paraître court pour certaines personnes, mais certainement pas pour Zedd. Il lui fallait bien plus que cinq mois pour digérer le fait que son père, la plus grosse ordure sur Terre, allait se marier avec Sandy, la deuxième plus grosse ordure sur Terre.

-Et vous aviez prévu de me prévenir quand ? rétorqua-t-il.

Mike ancra son regard dans le sien.

-Eh bien - c'est pas comme si je n'avais pas essayé de t'appeler ou de t'envoyer des messages, Zedd. Tu es celui qui les as ignorés.

-T'aurais pu me le dire quand je suis venu au resto la dernière fois et pas me lâcher une bombe comme ça la veille de Noël !

-Une bombe ? répéta Mike avec les sourcils froncés. Arrête ça, Zedd, tu es en train de faire un caprice pour rien.

Un rire amer s'échappa de la poitrine de Zedd et il vit le regard de son père s'assombrir.

-Je suis ton putain de fils, merde ! s'exclama Zedd. Je devrais être le premier au courant de ce genre de chose !

-Mais tu étais au courant qu'on allait se marier ! hurla Mike en retour. Tu pensais qu'on allait rester fiancés toute notre vie ?

Sandy pressa une main contre le poignet de Mike, peut-être pour essayer de le calmer, mais il la repoussa d'un geste du bras sans jamais détourner son regard de Zedd. Mike était déjà en colère et Zedd le connaissait assez bien pour savoir qu'il n'allait certainement pas redescendre tout de suite.

De son côté, Zedd ne savait même pas réellement pourquoi il était en colère. Il sentait juste une affreuse douleur battre dans sa poitrine à l'idée que son père allait définitivement tourner la page pour se marier à une autre femme.

Tout était trop. D'abord, Zedd s'était pris un milliard de réflexions déplacées par les invités, puis il découvrait que Sandy avait absolument tout changé dans leur maison, et maintenant ça ? Zedd n'était pas sûr de pouvoir en supporter plus.

-Je pensais que t'aurais au moins eu la décence de prévenir ton seul putain de fils !

-De quel fils tu parles ? s'exclama Mike. Le fils qui ignore tous mes appels, qui tapent une crise de gamin au milieu de mon restaurant et qui ne m'a même pas encore dit félicitations pour mes fiançailles ? Celui qui est sorti du centre et qui a déménagé au bout de deux jours pour aller niquer avec son nouveau copain sur roulettes ?

Zedd enfonça ses ongles dans ses paumes, sentant une soudaine ruée de colère saturer son corps.

-T'as vraiment énormément de culot pour me reprocher ça.

Un rire moqueur déborda de la poitrine de Mike et Sandy se faisait toute petite à côté de lui.

-Du culot ? répéta Mike. Moi j'ai du culot ? T'es pas très bien placé pour dire ça, Zedd, t'as pas vraiment été le fils exemplaire.

Il pointa un doigt vers lui et Zedd était en train de déborder. Mike le regardait comme s'il était le plus grand des demeurés et Zedd n'allait certainement pas se laisser faire comme ça.

-Mais tu veux qu'on parle de toi ? tempêta Zedd. Tu me reproches d'ignorer tes appels alors que tu m'as ignoré toute ma putain de vie, bordel ! Tu m'as ignoré pendant les deux plus sombres années de ma vie et tu oses - putain, tu oses me reprocher que j'ai ignoré trois de tes appels ? Et bordel, j'aurais préféré taper une plus grosse crise encore dans ton putain de resto de merde, juste pour que tu me donnes une claque devant tous tes clients et qu'ils réalisent quelle putain de pourriture tu es !

Zedd vit Mike enfoncer ses ongles dans ses paumes également alors que son regard s'enflammait de plus en plus.

-Les garçons, s'il vous plaît, souffla Sandy.

Elle fut royalement ignorée.

-Et si je t'ai pas félicité pour tes putains de fiançailles de merde, c'est peut-être parce que tu me l'avais même pas dit ! continua encore Zedd. Je l'ai appris en sortant du centre, plus de six mois après que vous vous soyez fiancés bordel ! Alors merde, j'ai tous les droits de m'énerver !

-T'es tellement ingrat ! rétorqua Mike.

Sa voix vibrait avec la colère et Zedd sut que son père avait basculé dans le côté obscure.

-Tu penses que j'ai envie de partager des choses avec toi alors que t'as passé vingt ans de ta vie à me décevoir ? Est-ce que tu m'as remercié une seule fois pour être venu te chercher au commissariat quand tu merdais encore et encore ?

-Crois-moi, c'est toi qui me remerciait en me cassant la gueule chaque fois qu'on rentrait ! hurla Zedd, déchaîné.

C'était le moment que Zedd avait attendu toute sa vie. Il avait confronté son père un milliard de fois depuis qu'il était sorti du centre, mais cette fois-ci, il n'y avait plus de retenue. Zedd bouillait de colère et il était hors de question qu'il laisse son père s'en tirer cette fois-ci.

-C'est pas pour autant que ça t'as remis les idées en place, visiblement ! répliqua Mike.

-Mais j'avais pas besoin que tu me remettes les idées en place, j'avais besoin que tu sois pour moi !

Zedd pouvait sentir ses veines battre dans son cou alors que sa vision devenait floue avec la colère.

-Merde, tu m'as privé de ma mère pendant ses derniers jours et j'ai même pas eu la chance de lui dire au revoir ! Assume tes putains de responsabilités à la place de te défouler sur ton gosse ! J'avais huit ans, merde, et t'étais même pas capable de voir que je voulais juste attirer ton attention !

-Je n'ai pas eu la chance de lui dire au revoir non plus, Zedd, tu n'étais pas le seul à souffrir !

-Mais tu baisais ta putain de secrétaire pendant que ta femme était en train d'agoniser toute seule dans un lit de merde à l'hôpital ! Toute seule !

-Ce n'est pas à toi de me dire ce que je dois faire ou non ! Je suis l'adulte, Zedd, pas toi !

Zedd n'en croyait pas ses oreilles. Mike était encore dans le déni le plus total de ce qu'il avait fait après plus de dix ans.

Un rire déborda de sa poitrine, un rire plein de folie, de colère et d'amertume.

-Tu es l'adulte ? tempêta Zedd. Sérieusement ? Tu n'es même pas la moitié de l'homme que je suis ! Putain, moi au moins je porte mes couilles quand il le faut ! Toi tu n'es qu'un lâche qui prétend être quelqu'un qu'il n'est pas ! Tu fais croire à tout le monde que tu es ce père parfait et ce businessman incroyable alors que moi je sais qui tu es, papa ! Je sais que t'es qu'un enfant qui a peur chaque fois qu'un petit problème débarque dans sa vie et qui va se réfugier dans les jupes d'autres femmes pour pleurer parce que t'es même pas capable d'assumer tes responsabilités !

Zedd ne vit pas la claque venir. La main de Mike s'écrasa sur sa joue avant qu'il ne puisse réaliser ce qu'il se passait. Sandy lâcha un cri de surprise alors que Zedd trébuchait sur ses pieds sous le coup de l'impact, butant contre le bord du lit.

-Mike ! s'exclama Sandy.

Zedd pressa une main contre sa joue. Une désagréable sensation de picotements s'étendit sous sa peau alors qu'elle chauffait sous ses doigts, mais la douleur contre son visage n'était même pas comparable à la douleur dans sa poitrine.

Il leva lentement les yeux vers son père, à la fois stupéfait et ravagé par la colère.

Mike se tenait devant lui, Sandy attachée à son bras comme si elle essayait de le retenir de s'approcher plus près encore de Zedd. Ses yeux étaient plein de peur, mais aussi d'inquiétude, et bien que Zedd la détestait, il se sentait sincèrement mal qu'elle assiste à ça.

Mike lui, ne semblait même pas désolé, mais juste complètement submergé par la rage. Son visage était déformé par la colère, ses joues rougies et les veines se dessinaient sous sa peau, pulsants contre son cou comme si elles s'apprêtaient à exploser. Ses yeux étaient effrayants, sombres et brûlants.

-Fais gaffe à ce que tu dis, l'avertit Mike.

Sa voix était calme, mais sèche. Zedd pouvait entendre toute la colère qu'il retenait de sortir.

Zedd, lui, n'allait certainement pas se retenir.

-Mais t'es un grand malade !

-Tu le méritais.

-Pardon ? s'exclama Zedd. Je mérite de me prendre une claque parce que j'ose dire ce que tu ne t'avoues même pas ?

Mike fit un mouvement d'épaule, comme s'il voulait de nouveau s'élancer sur Zedd, mais Sandy le retint.

-Mike, arrête, le supplia-t-elle. S'il vous plaît, arrêtez ça et discutez-en calmement.

Zedd crut qu'il allait littéralement exploser de colère.

-Mais c'est toi la putain de flic, merde ! Tu devrais pas être en train de lui mettre les menottes à ce stade-là ?

Mike émit un rire plein de venin, regardant Zedd comme s'il était le putain de roi du monde.

-Putain, qu'est-ce que t'aimerais qu'on me passe les menottes, hein ? Pour toutes les fois où j'ai frappé ton cul de PD jusqu'à ce que tu pleures comme une fillette.

Il se lécha les lèvres.

Zedd sentit son coeur entier se briser dans sa poitrine. S'il y avait bien une chose que Zedd avait toujours aimé chez son père, c'était son ouverture d'esprit sur son homosexualité. Lorsque Zedd lui avait révélé qu'il était gay, Mike n'avait rien fait d'autre que lui dire « ok, très bien, tu veux plus de lasagnes ? »

Tout le mythe sembla s'effondrer devant lui. Le corps entier de Zedd vibra avec la douleur qui s'étendait jusqu'au bout de ses orteils. Sa vue devint plus floue encore et il avait l'impression qu'il ne pouvait plus respirer.

-Mike, ça suffit, souffla Sandy. Va prendre l'air, il faut que tu te calmes.

-MAIS PUTAIN, T'ES CONNE OU QUOI ?

La voix de Zedd fit vibrer les murs. Du sang coulait entre ses doigts tellement il enfonçait ses ongles dans ses paumes. Sandy planta son regard dans le sien et même s'il y avait une peur incroyable au fond de ses prunelles, Zedd ne décoléra pas.

-En l'espace de même pas dix minutes, t'as appris qu'il m'avait tabassé quand j'étais gosse, tu l'as vu me donner une claque et maintenant, il m'insulte, et tout ce que tu trouves à dire c'est « il faut que tu te calmes » ? C'est vraiment le genre de père que tu veux pour Thomas ?

-Ne ramène pas Thomas dans la discussion, il n'a rien à voir là-dedans, rétorqua Mike.

Zedd émit un nouveau rire amer, complètement délirant. Il ne savait pas s'il devenait fou ou si le monde entier autour de lui avait perdu la tête.

-Alors quand c'est ton fils, tu le déglingues, mais quand c'est le fils d'une autre nana, tu le protèges ?

-Je n'ai pas choisi d'être coincé avec toi, Zedd.

-Mais c'est quoi le putain de rapport ? s'exclama Zedd. Tu crois que moi j'ai choisi d'être coincé avec toi ?

-J'ai pas choisi d'être coincé avec un merdeux dans ton genre, ok ? rétorqua Mike. J'ai pas choisi d'avoir un putain de gosse de merde qui ne fait que s'attirer et m'attirer des problèmes et qui n'a jamais rien réussi dans sa vie ! T'arrives même pas à braquer une putain d'épicerie ou même une maison vide sans te faire choper ! T'es un incapable, Zedd, une putain de pourriture qui n'a jamais mérité de m'avoir comme père ! Et j'ai de la chance de pouvoir retenter ma chance avec Thomas !

-Tu l'as pas choisi, mais c'était ta responsabilité ! cracha Zedd, essayant de refouler toute la douleur qui creusait sa poitrine après avoir entendu les mots de Mike. T'es mon père, merde, tu peux pas te dégonfler parce que ça devient dur et me jeter la faute dessus parce que ma mère est morte !

-Ce n'était pas ma responsabilité !

La voix de Mike monta d'une octave et Zedd n'avait jamais entendu cette voix-là. Il n'avait jamais vu son père aussi énervé, le visage rouge et les yeux injectés de sang. Si Sandy ne le retenait pas, Zedd était persuadé qu'il serait déjà au sol en train d'encaisser les coups de son père.

-Bien sûr que c'était ta responsabilité, connard ! T'avais qu'à pas faire un fils si tu n'en voulais pas !

-MAIS JE N'EN VOULAIS PAS !

La respiration de Zedd se coinça à l'arrière de sa gorge. Il vit la poitrine de Mike se soulever lourdement et Sandy pressa ses doigts plus profondément encore dans la chair de son biceps. Un éclair de panique passa dans le regard de Sandy et Zedd était soudainement confus quant à ce que tout ça voulait dire.

Était-il un accident ? Est-ce que c'était pour ça que Mike ne voulait pas de lui ?

-Mike, c'est pas le moment, chuchota Sandy.

Zedd fronça les sourcils.

-Le moment pour quoi ?

-Je devrais lui dire, rétorqua Mike, ignorant Zedd tout en gardant son regard fixé sur lui.

-Mike, je t'en supplie, c'est le réveillon de Noël et c'est l'anniversaire de sa mère demain, tu ne peux pas lui faire ça maintenant.

Ils parlaient comme si Zedd n'était même pas dans la pièce. Un milliard de scénarios différents passaient dans son esprit et il avait l'impression de se noyer, de se perdre dans un océan d'incertitudes.

Son père le regardait toujours aussi intensément, comme un animal en cage qui attendait de lui sauter dessus. Zedd était à la fois effrayé, complètement brisé et terriblement en colère, il ne savait pas quel sentiment était le plus fort.

-Me faire quoi, bordel ? s'exclama Zedd.

Son genou se mettait à gigoter avec le stress et lorsqu'il baissa brièvement les yeux, il vit des gouttes de sang sur la moquette beige qui s'écoulait depuis ses paumes ouvertes. Zedd n'arrêta pas pour autant d'enfoncer ses ongles dans sa chair, essayant de se distraire de la terrible douleur dans sa poitrine qui creusait un trou aussi grand que sa confusion.

Un sourire se dessina sur le visage de Mike, mais c'était l'un de ces sourires qui le laissait paraître complètement fou et dérangé, instable psychologiquement. Il avait l'air dangereux.

-J'ai attendu des années entières, Zedd - des putains d'années entières pour qu'arrive enfin ce jour.

Il fit un pas vers Zedd et Sandy tenta désespérément de le retenir, mais Mike se dégagea violemment de l'emprise sur son bras et elle trébucha en lâchant un petit cri.

-Non, Mike, s'il te plaît, plaida-t-elle en se redressant.

Elle agrippa son pull, mais Mike la poussa de nouveau.

Soudain, Zedd était un peu inquiet pour sa vie.

-Tu sais quoi, Zedd ? Je regrette pas toutes les fois où je t'ai botté le cul. J'ai pris soin de toi, pendant des années, et tu ne m'as jamais remercié pour tout ce que j'ai fait pour toi.

-Mais tu veux une médaille ou quoi ? rétorqua l'hispanique. Tu veux que je te dise que je suis fier de toi parce que tu m'as pas abandonné après que maman soit morte ? Putain, mais t'es vraiment un malade ! T'es mon père, bordel, c'était ton rôle de prendre soin de moi ! Et tu sais quoi ? Tu ne l'as jamais fait !

Zedd regretta ce qu'il venait de dire lorsqu'il entendit son père émettre un nouveau rire moqueur.

-Mais tu n'as toujours pas compris ? demanda Mike avec ce même sourire qui lui vaudrait un allé sans retour dans un hôpital psychiatrique.

Zedd fronça les sourcils et s'apprêta à rétorquer qu'il ne voyait même pas ce qu'il avait à comprendre, mais Mike le devança.

-Tu n'es pas mon fils, Zedd. Tu ne l'as jamais été et tu ne le seras jamais.

La pièce entière fut silencieuse pendant quelques secondes. Zedd n'eut même pas le temps d'ingérer l'information que son père s'approchait encore de lui. Par réflexe, il recula, et il sentit son souffle se bloquer quelque part à l'arrière de sa gorge lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de dire.

-Pourquoi est-ce que tu penses qu'après la mort de ta mère, j'avais envie de te casser la gueule chaque fois que je te voyais ? continua Mike. Pourquoi est-ce que tu penses que quand tu t'es enfin barré en prison, je t'ai complètement oublié pour me concentrer sur les choses qui m'importaient vraiment ? Pourquoi est-ce que tu penses que j'ai passé chaque seconde de ta vie à te détester au plus profond de moi-même, Zedd ?

Zedd eut l'impression de se faire frapper par un ouragan, quelque chose de fort, bruyant et dangereux, sans aucun avertissement.

-Parce que tu es le fils de quelqu'un d'autre et tu n'étais qu'une putain d'anomalie accrochée à moi quand ta mère est morte. Tu me dois tellement pour tout ce que j'ai fait pour toi, mais tu n'as rien fait d'autre que détruire ma vie. Alors casse-toi, Zedd. Je n'ai jamais voulu de toi.

Un ouragan qui portait le nom de Mike et qui venait de chambouler toute son existence.











NDA : alors.... surprise... ?

déjà... désolé parce que je vous lâche sur un fin comme ça, mais je suis aussi désolé parce que je ne peux pas encore vous expliquer les raisons de ce choix. je vous laisserai découvrir la suite des événements dans les prochains chapitres et lorsque j'aurai fini cette histoire, je vous expliquerai la raison de tous mes choix

mais du coup, qu'est-ce que vous en pensez? vous vous y étiez attendus? déjà des théories sur qui est le vrai père de zedd? vous pensez qu'il va se passer quoi dans les prochains chapitres?

en tout cas, j'espère que vous avez aimé ce chapitre! n'hésitez pas à voter et commenter!

le prochain sera posté ce week-end (normalement...)

stay home and stay safe

pamplemousse & la guerre des clans, N. ❤️

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