26. Halloween, gladiateur et coq


NDA : bonzoir mes petites gélinottes des bois! voilà un nouveau chapitre pour vous distraire de cette situation bizarre!

j'espère qu'il vous plaira :)

ENJOY!



ZEDD.

Zedd voulait se frapper la tête contre un mur. Littéralement.

La fête battait son plein. La musique faisait vibrer les corps, le sol était collant d'alcool renversé, des cris fusaient de partout et la cuisine d'Oly ressemblait à un bar clandestin.

À chaque Halloween, Zedd et sa petite bande d'amis invitaient beaucoup plus de monde que juste leur petit cercle restrain d'amis proches. La maison grouillait de visages inconnus, de personnes que Zedd connaissait vaguement et encore d'autres gens que Zedd était vraiment content de revoir.

Mais pourtant, à travers cd mélange flous de corps indistincts, il n'avait d'yeux que pour le garçon aux bouclettes dorées, qui gloussait près du canapé avec Trisha et d'autres amis.

Gabriel était - Dieu, il était magnifique. Zedd avait pensé que ce serait une brillante idée de lui acheter un costume de chat - parce que vraiment, Gabriel en était un - mais il commençait sérieusement à revenir sur son avis. Pas parce que Gabriel était laid dedans, non, loin de là. C'était justement parce qu'il était si diablement beau que Zedd regrettait de lui avoir acheté ce costume.

Oly lui avait prêté un t-shirt noir et Gabriel avait simplement gardé son jean foncé et ses Converses. Mais il avait aussi un adorable noeud papillon noir autour du cou, des moustaches au khôl noir sur les joues que Trisha avait soigneusement ajouté à son maquillage et des stupides oreilles de chat qui dépassaient de ses boucles.

Des putain de stupides oreilles de chat.

Zedd mordilla le bord de son goblet en regardant Gabriel avaler une autre gorgée de sa bière. Ses joues étaient un peu rouges et Zedd savait que c'était parce qu'il était pompette, mais l'alcool le désinhibait et il souriait plus facilement, était plus ouvert et se laissait aller autour des gens plus que d'habitude.

Mais tout le monde le regardait. Zedd voyait les yeux qui glissaient sur le corps de Gabriel et sur ses adorables oreilles de chat. Il illuminait la pièce, doux comme un ange mais beau comme un diable. Zedd avait eu peur que Trisha le terrifie, mais il n'aurait pu être plus heureux de les avoir laissé ensemble après être rentré et avoir vu le visage de Gabriel.

Ses paupières étaient recouvertes de fard à paupière violet et noir. Ses cils semblaient beaucoup plus longs que d'habitude mais également épais et noirs, cernant son regard de la meilleure des manières. Sa peau, qui semblait être faite de porcelaine, avait été réchauffée et ses pommettes semblaient plus tranchantes que jamais.

Et ses lèvres - ses putains de lèvres. Les lèvres de Gabriel étaient charnues et épaisses, Zedd avait constamment envie de les embrasser. Mais là, il portait un rouge à lèvres rosé, plutôt discret, recouvert d'une couche de gloss et si Zedd voulait se frapper la tête contre un mur, c'était parce qu'il devait rassembler tout son self-control pour ne pas traverser la pièce et se jeter sur lui.

Gabriel était juste si beau. Il l'était tout le temps, bien-sûr qu'il l'était, mais il semblait plus libéré, comme s'il avait confiance en lui. Zedd adorait son visage sans maquillage, mais il l'adorait aussi avec. Pas parce qu'il aimait les garçons féminins en particulier, mais parce que Gabriel n'était jamais plus beau que quand il était juste lui-même, doux et mordant à la fois, brillant au centre de la pièce comme s'il était le bijou de cette soirée.

Zedd devait aussi se retenir de ne pas aller frapper tous les garçons qui posaient les yeux sur lui avec un regard lourd d'envie et de désir. Il essayait de se convaincre qu'il n'était pas jaloux, mais son suricate se moquait de lui chaque fois qu'il y faisait allusion et Zedd avait abandonné depuis longtemps l'idée que c'était juste un sentiment protecteur.

Ouais, il était carrément jaloux. Gabriel était son bijou.

-Zedd ? l'appela Nate.

-Hein ?

L'hispanique se retourna pour croiser le regard de son ami.

-Tu m'écoutais pas du tout en fait, rit Nate.

Zedd pinça ses lèvres, pris sur le fait.

C'était incroyable le nombre de fois où les gens le reprenaient parce qu'il n'écoutait pas et, à chaque fois, c'était parce qu'il regardait ou pensait à Gabriel.

-Désolé, j'étais distrait, s'excusa Zedd avec un petit sourire. Donc tu me racontais que Kristy ne venait pas ce soir, c'est ça ?

Nate explosa de rire avant de tirer une bouffée sur le joint entre ses doigts.

-Ah oui, tu ne m'écoutais pas du tout alors, déclara Nate en haussant les sourcils.

Confus, Zedd lui envoya un regard perplexe en fronçant les sourcils. Il était certain que Nate lui avait parlé du fait que sa nouvelle petite-amie ne pouvait pas venir à leur soirée.

-Quoi ?

-Je t'ai raconté ça y a au moins dix minutes, rit Nate. J'étais en train de te dire que Gabriel a du succès ce soir.

Merci, Nate, d'enfoncer le couteau dans la plaie, marmonna son suricate.

Si Zedd avait pu, il lui aurait serré la main.

-Ouais - ouais, j'ai vu, sourit maladroitement Zedd.

Il noya sa jalousie en finissant son verre d'une traite. L'alcool lui brûla la gorge, mais rien d'aussi intense que la façon dont Zedd avait envie d'arracher les yeux du garçon assis en face de Gabriel.

Il s'appelait Joachim, mais tout le monde l'appelait Joe, et Zedd le connaissait de son ancien lycée. À l'époque où l'hispanique avait fait sa première année, Joe était en terminale, et Zedd ne l'avait jamais vraiment apprécié. Pas parce qu'il était méchant ou quoi que ce soit, mais parce qu'il était l'exemple parfait du mec populaire avec un dossier exemplaire et un ticket pour les plus prestigieuses universités du pays, mais qui cachait une vanité et une indifférence au monde qui l'entourait.

Joe étudiait l'humanité et les sciences sociales dans un cursus combiné à l'université de Harvey Mudd, près de Los Angeles. Il revenait pendant les périodes de vacances scolaires pour voir sa famille et Oly en avait profité pour l'inviter à leur soirée d'Halloween. Zedd aurait préféré qu'il ne vienne pas.

Il savait très bien que Joe plaisait à tout le monde. Ses cheveux blonds, son corps parfait, son mètre quatre-vingt-dix et ses yeux bleus le rendait très attrayant. Mais il était aussi cultivé, intelligent et avait des projets d'avenir qui se concrétisaient avec l'aide de ses résultats parfaits.

En bref, Joe et lui étaient diamétralement opposés. Zedd n'était qu'un moins que rien à ses côtés.

Zedd enfonça légèrement ses ongles dans son gobelet lorsqu'il vit Gabriel rire à l'une de ses blagues. Le bouclé recoiffa aussi ses cheveux en battant des cils, un sourire timide courbant ses lèvres, et Zedd détestait le fait que Joe en soit celui à l'origine.

-J'reviens, marmonna-t-il à Nate.

Il ne prit même pas la peine d'écouter son ami et se dirigea directement vers le petit groupe installé autour de la table basse. Zedd ne se dérangea pour donner un coup de fesse à Trisha, s'asseyant pile entre elle et Gabriel et juste en face de Joe.

-Ça parle de quoi ici ? s'exclama-t-il.

Trisha lui envoya un regard confus, mais Zedd l'ignora, préférant regarder Joe droit dans les yeux. Il était vêtu d'un stupide déguisement de gladiateur, montrant ses bras parfaitement musclés et bronzés.

-Joachim nous racontait qu'il a visité le campus de Google avec son université, répondit Trisha.

Elle était en train de rouler un joint au milieu des innombrables gobelets et bouteilles sur la table basse.

-Ouais, Googleplex, confirma Joe. J'essaye de dégoter un stage là-bas pour l'année prochaine.

Zedd se retint de toutes ses forces de ne pas lever les yeux au ciel.

-C'est cool, déclara-t-il avec son sourire le plus hypocrite possible. Mais ça doit être compliqué d'avoir une place dans des bureaux aussi importants.

Joe s'apprêta à répondre, mais un Gabriel légèrement pompette pressa sa main contre l'avant-bras de Zedd.

-Mais non ! sourit-il. Il a de super bons résultats et apparement son père a des connaissances là-bas. Oh et - Joachim ! Raconte-lui la fois où tu as rencontré Sergey Brin !

Zedd essaya de ne pas devenir fou au seul contact de Gabriel.

-Qui est Sergey - j'sais pas quoi ? demanda-t-il.

-Sergey Brin - l'un des cofondateurs de Google, répondit Joe. J'ai assisté à l'une de ses conférences et j'ai eu l'occasion de lui parler quelques minutes.

Il sourit timidement, mais Zedd savait qu'il aimait se vanter de ça. Il savait qui était Joe et il savait qu'il aimait être adulé et raconter toutes ces histoires sur sa folle vie de gosse de riches. Il jouait les garçons timides, mais c'était un affamé de reconnaissance sociale.

Zedd serra légèrement la mâchoire.

-Et devine qui il a rencontré d'autre ? s'exclama joyeusement Gabriel.

Si l'hispanique n'avait pas été aussi énervé, il l'aurait probablement trouvé mignon. Il regarda Trisha, du coin de l'oeil, qui était en train d'allumer son joint et l'espace d'un instant, il regretta de ne pas en avoir un entre les mains aussi. Il avait vraiment besoin de se détendre.

Ou de l'éteindre sur le biceps parfait de Joe.

-J'en sais rien, Brad Pitt ? grommela-t-il.

Joe rit légèrement.

-James Ellroy, rectifia-t-il.

Zedd hocha lentement la tête. Il ne savait pas du tout qui c'était, mais il avait l'espoir que Gabriel ne le prenait pour un demeuré.

-Tu ne vois pas qui c'est, n'est-ce pas ? sourit Joe.

Bah merci, connard, de m'afficher devant le seul gars que j'ai envie d'impressionner.

Zedd dût enfoncer ses ongles dans ses paumes pour se retenir de lui hurler ça. À la place, il arracha presque le joint des mains de Trisha.

-Hé ! protesta-t-elle.

Zedd aspira une longue bouffée sur le joint en se laissant tomber contre le dossier du canapé. Trisha sembla comprendre d'elle-même que Zedd était vraiment tendu et se contenta de soupirer en se laissant tomber à ses côtés.

-Bien-sûr que je vois pas qui c'est, rétorqua-t-il.

Joe gloussa en pointant Gabriel.

-C'est l'écrivain préféré de Gaby, expliqua-t-il. C'est étonnant que tu ne le saches pas, vous passez beaucoup de temps ensemble, non ?

Il l'appelait - putain, il l'appelait Gaby et en plus il le narguait ? Zedd était à deux doigts de perdre son sang froid.

-Désolé de pas être aussi cultivé que toi, Joachim.

-Ce n'est vraiment rien d'important, assura Gabriel.

Mais Joe n'avait visiblement pas fini tout son spectacle pour Gabriel.

-Bien-sûr que ça l'est, Gabriel, sourit Joachim en tendant une main vers lui.

Zedd regarda ses doigts se poser sur le genou de Gabriel avec des milliers de sirènes d'alerte sonnant dans sa tête.

-Tu es super intéressant, c'est dommage que les gens ne prennent pas plus le temps de te connaître.

Gabriel rougit en baissant les yeux, un sourire timide courbant ses lèvres.

Un rire amer déborda des lèvres de Zedd.

-Me dis pas que tu crois à son baratin là ? s'exclama Zedd.

Il se leva en se tournant vers Joachim, sa colère commençant à être trop lourde à supporter.

-Et toi, ose me regarder dans les yeux et me dire que tu t'intéresses à autre chose qu'à son cul.

Trisha, encore assise derrière lui, s'enfonça dans les coussins lorsque Joachim se leva à son tour.

-Deux vrais coqs, marmonna-t-elle.

Mais Zedd l'ignora, défiant Joachim du regard. Il était peut-être plus grand, mais l'hispanique ne se démonta pas.

-Parce que tu t'intéresses à autre chose toi peut-être ? rétorqua Joe, la mâchoire serrée.

-Je suis là pour l'aider dans son quotidien, crétin, pas pour le baiser.

Joe croisa les bras sur sa poitrine avec un sourire.

-Donc tu vas me dire que tout ton jeu de jalousie là, c'est juste parce que tu joues les femmes de ménage ?

Zedd enfonça d'autant plus ses ongles dans ses paumes et il entendit Gabriel l'appeler derrière lui, mais sa colère devenait incontrôlable. Ses derniers vestiges de sang froid s'envolèrent avec la soudaine envie de frapper le visage parfait Joe.

-Mais tu crois que je suis jaloux d'un mec comme toi ? Laisse-moi rire.

Zedd remarqua soudainement à quel point la maison était devenue silencieuse, hormis la musique faisant toujours battre les enceintes. Mais tous les regards étaient braqués sur eux.

-Gabriel aurait de la chance de sortir avec un mec comme moi, répliqua Joe.

-Un gosse de riches qui profitent des thunes et des connaissances de ses parents pour se faire une place dans ce monde ? le confronta Zedd en faisant un pas de plus vers lui.

Il vit une colère formidable brûler dans le fond de ses prunelles et Zedd se dit qu'il n'était pas le seul en train d'être poussé à bout.

-Au moins je fais quelque chose de ma vie à la place de passer mes journées en prison, cracha Joe.

Zedd sentit tous les muscles de son corps se tendre.

De vifs flash de lui frappant violemment le visage parfait de Joe fusèrent devant ses yeux. Il pouvait presque entendre les sons lointains des os de Joe se brisant sous ses doigts qui résonnait dans ses oreilles. Zedd ferma les yeux.

Il imaginait les cris autour de lui, le bruit des éclats de verres se fracassants sur le sol lorsque Joe tomberait à la renverse sur la table basse. Il imaginait le sang tâcher ses vêtements et peut-être que Joe le frapperait aussi. Un lointain souvenir du goût métallique du sang glissa sur sa langue et Zedd enfonça un peu plus ses ongles dans ses paumes.

Ne le frappe pas.

L'hispanique ouvrit les yeux pour tomber dans les prunelles océans de Joe. Son visage était intacte, libre de tout le sang que Zedd avait imaginé dégouliner contre son épiderme embrassé par la soleil exotique. La salle était silencieuse, aucuns cris ne perturbaient les basses vibrant dans les enceintes comme ceux que Zedd avait imaginé résonner dans ses oreilles.

La poitrine de Zedd se souleva lourdement lorsqu'il inspira profondément.

-Tu n'as rien de mieux que ça ? commença Zedd, d'une voix calme, mais sèche. Ce n'est pas très étonnant, tu n'as sûrement rien de mieux à utiliser contre moi que mes deux ans en centre correctionnel. Mais est-ce que tu sais pourquoi j'y suis allé ?

Joe ne répondit pas, se contentant de défier Zedd du regard.

L'hispanique fit un pas de plus vers lui, rompant les murs invisibles qui se dressaient entre eux. Plus près que jamais, Zedd pouvait voir la colère brûler dans les yeux de Joe.

-Parce qu'il y a des gens qui ne sont pas nés dans tes chaussures, mec, continua Zedd. On n'est pas tous nés dans une famille de riches, avec de l'argent de poche tous les mois, des stages à Google ou encore des putain de conférences de merde avec je sais pas qui d'important. Il y a un vrai monde, là, dehors, avec des vrais gens, qui ont de vrais boulots et qui galèrent. Parce que la vie, elle est putain de dure et moi je me suis battu pour me protéger. Et ouais - ouais, peut-être que j'ai fait deux ou trois conneries en passant, mais moi au moins-

Zedd rit amèrement.

-Moi je me cache derrière rien ni personne. Ni derrière l'argent, ni derrière mon père.

Il pointa Gabriel à côté d'eux.

-Et Gabriel mérite beaucoup mieux qu'un hypocrite et un menteur.

Un sifflement s'éleva derrière lui et Zedd soupçonna Oly - son éternel supporter.

La mâchoire de Joe tiqua légèrement et l'hispanique jubilait.

-Gabriel ? l'appela Joachim sans même détourner son regard de celui de Zedd. Tu voudrais venir à un date avec moi vendredi ?

Joe le cherchait vraiment, mais Zedd avait confiance en Gabriel. Il savait que le bouclé n'accepterait pas.

Enfin, c'est ce qu'il croyait.

-Hum - je- hum-

Zedd fusilla Gabriel du regard avant même qu'il ait fini de parler. Si Joe était en train de réveiller ses pires colères, Gabriel faisait réapparaître des lointains souvenirs de trahison et déception.

Il sentit son coeur se serrer face à l'hésitation de Gabriel. Il était censé juste répondre non. Zedd sentit sa colère se décupler avec la tristesse arrivant comme une vague ravageuse. Il avait à la fois envie de taper dans quelque chose et se rouler en boule dans son lit.

Zedd ne prit même pas la peine d'attendre plus d'explication et s'échappa du salon sans un regard vers Joe, la voix de Gabriel hélant son prénom derrière lui.

La maison d'Oly n'avait plus de secret pour lui, il trouva la chambre de son frère, Austin, au bout du couloir, et claqua la porte derrière lui. Austin avait quitté la maison plusieurs années auparavant, mais sa chambre était toujours la même. Des draps bleus, des murs recouverts de posters de groupes de musique, une guitare près de la penderie.

Mais Zedd n'avait pas le temps de se replonger dans le passé. Il ferma les yeux en passant ses mains dans ses cheveux, tentant de canaliser toute la colère qui semblait pousser douloureusement contre sa poitrine.

Bien-sûr que Gabriel allait hésiter. Bien-sûr que Gabriel voulait Joe et tout ce qui allait avec. Bien-sûr que Gabriel préférait un garçon intelligent, exemplaire, cultivé plutôt qu'un raté dans son genre.

Bien-sûr que-

-Putain ! hurla-t-il.

Son poing s'écrasa contre le mur à côté de la porte. Une douleur fulgurante battit dans ses phalanges alors que sa main tremblait. Zedd fut durement ramené à la réalité lorsqu'il regarda ses jointures ouvertes, du sang coulant lentement entre ses doigts.

-Putain, répéta-t-il.

La douleur secouait sa main, mais ce n'était rien de comparable à celle qui étreignait son coeur. Zedd passa une nouvelle fois ses doigts dans ses cheveux en regardant son autre main.

Zedd pensa à Tobias, à ce qu'il avait dit concernant ses problèmes de colère et la manière dont tout ça était relié aux années qu'il avait passées à accumuler sa tristesse sans jamais la laisser sortir. Et peut-être qu'il avait raison, peut-être que Zedd avait vraiment des problèmes de colère, mais il n'arrivait pas à canaliser tout ce qu'il ressentait autrement qu'en la laissant parler, qu'en frappant des murs et en s'en prenant à des personnes innocentes.

-Zedd ?

La douce voix de Gabriel pénétra l'air lourd de la petite chambre d'Austin. Zedd ne le regarda même pas, se contentant de se tourner dos à lui pour que Gabriel ne voit pas sa main ensanglantée.

-Pas maintenant, Gabriel, souffla-t-il.

Zedd n'était pas sûr que toute sa colère se soit évaporée et il avait peur de faire quelque chose qu'il regretterait si Gabriel restait autour de lui.

Il entendit la porte de la chambre se fermer et les cliquetis réguliers du fauteuil de Gabriel se rapprocher de lui.

-Zedd, répéta Gabriel. Regarde-moi, s'il te plaît.

L'hispanique ferma les yeux en entourant ses doigts autour de sa main meurtrie.

-J'ai dit pas maintenant, Gaby.

-Tu es stupide si tu penses que je veux sortir avec lui, Zedd, murmura-t-il.

-Tu aurais peut-être dû le faire savoir un peu plus explicitement alors, rétorqua-t-il.

Il entendit Gabriel soupirer derrière lui.

-Zedd, s'il te plaît, regarde-moi, supplia-t-il encore.

L'hispanique se tourna lentement vers lui. Gabriel se tenait là, les joues encore un peu rouges, mais son sourire n'illuminait plus son visage.

-Tu es stupide si tu penses que je veux quelqu'un d'autre que toi, chuchota-t-il.

-Pourquoi tu continues de faire ça ?

Zedd se sentait piégé dans un tourbillon de sentiments qui semblaient soudainement trop lourds à supporter. Bien-sûr qu'il en voulait à Gabriel d'avoir ne serait-ce qu'hésiter à accepter l'offre de Joe, mais une part de lui, terrée dans ses côtés les plus sombres, ne lui en voulait pas. Gabriel méritait quelqu'un comme Joe et pas un criminel comme lui.

Zedd fut ramené vingt-quatre heures en arrière, lorsqu'il était tombé dans le lit de Jackson alors que Gabriel attendait désespérément un appel de sa part. Peut-être que ce serait mieux si Gabriel tombait amoureux de quelqu'un d'autre.

Zedd n'aurait jamais dû aller le voir le jour de son anniversaire. Gabriel aurait simplement attendu que ses sentiments s'estompent et il aurait trouvé quelqu'un d'autre - quelqu'un comme Joe.

-Pourquoi je continue de faire quoi ? demanda finalement Gabriel. Je ne comprends pas ce que - Zedd ! Qu'est-ce qui s'est passé avec ta main ?

Gabriel s'approcha et tenta de saisir la main de Zedd, mais l'hispanique recula en renâclant. Un rire nerveux échappa sa poitrine, c'était peut-être une manière dont sa tristesse s'exprimait.

-Arrête, Gabriel, souffla-t-il. Arrête d'essayer.

-Essayer quoi ? demanda le bouclé.

-Essayer que ça marche ! tempêta Zedd. Tu continues, encore et encore, à vouloir que ça marche entre nous alors que tu sais aussi bien que moi qu'on est trop différents.

Zedd vit un éclair de douleur passer dans les prunelles de Gabriel. Ses yeux brillaient, mais ce n'était plus de joie. Ils semblaient baigner dans les larmes.

-On n'est pas si différents que ça, Zedd, rétorqua Gabriel, sa voix tremblant légèrement.

-Cite-moi une seule chose qu'on a en commun.

Zedd ancra son regard dans le sien et Gabriel entrouvrit les lèvres, prêt à répondre, mais rien n'en sortit. Parce qu'ils n'avaient rien en commun et Gabriel le savait aussi bien que lui.

Cette fois-ci, ce fut un rire amer qui déborda de ses lèvres.

-Tu vois ? s'exclama-t-il. On est trop différents.

Il baissa la tête en humectant ses lèvres, regardant sa main toujours aussi douloureuse. Mais ce n'était rien de comparable à la façon dont son coeur cognait dans sa poitrine.

-Alors quoi ? Tu vas me quitter ?

Une larme perla sur la joue de Gabriel, créant un sillon noir à cause du maquillage.

-Je ne te quitte pas, Gaby. On n'a jamais rien commencé.

Le bouclé détourna le regard, comme s'il ne voulait pas que Zedd le voit pleurer, ou peut-être parce que le regarder devenait trop dur à supporter.

-Pourquoi est-ce que toi tu continues de faire ça, hein ? Pourquoi est-ce que tu continues de me repousser ?

Zedd ne répondit pas. Il avait trop honte d'admettre qu'il ne voulait pas le repousser, mais ça semblait être la chose juste à faire. Gabriel passa une main dans ses boucles.

-Il flirtait, Zedd, et tu sais aussi bien que moi que je n'aurais jamais accepté ce rendez-vous avec lui. Je n'ai pas passé deux mois à te désirer pour te rejeter à la minute où autre gars veut de moi.

L'hispanique haussa les épaules.

-Peut-être que tu devrais, souffla-t-il. Peut-être que tu serais mieux avec lui.

-Mais c'est avec toi que je veux être, crétin ! rétorqua Gabriel.

-Eh bien c'est débile de vouloir ça ! tempêta Zedd en plantant son regard dans le sien. Putain, tu comprends pas qu'on n'est pas fait pour être ensemble ? On vient pas du même monde, Gabriel, et tu sais que je ne suis pas aussi bien que Joe.

Gabriel fronça les sourcils, les joues humides et son maquillage ruiné par les larmes.

-Mais de quoi tu parles ? rétorqua-t-il.

Zedd enfonça ses ongles dans ses paumes pour se retenir de taper une nouvelle fois dans le mur.

-Tu sais de quoi je parle, Gaby. Tu sais que je n'ai jamais été assez bien pour toi.

-Mais je ne te demande pas d'être assez bien pour moi ! hurla Gabriel. Je te demande d'être Zedd !

Leurs regards se croisèrent à travers la tension électrique se déplaçant entre eux. Il y avait tellement de douleur dans les yeux de Gabriel et Zedd était sûr qu'on pouvait lire la même chose dans le siens.

Et c'était peut-être ça qui le fit basculer, l'idée qu'ils avaient quelque chose en commun. Ils étaient attachés l'un à l'autre et Zedd réalisa qu'il n'était pas le seul à avoir peur de l'abandon.

L'espace d'un instant, il déconnecta tout, se déconnecta de lui-même. Il oublia le monde qui les entourait et se précipita vers Gabriel. Il agrippa ses cuisses et le souleva sans même le prévenir. Gabriel lâcha un hoquet de surprise qui mourut bientôt contre la bouche de Zedd.

C'était brusque et brouillon, plein de colère et de douleur, mais Zedd en oublia Joe, à quelques mètres d'eux. Tout ce qu'il sentait, c'étaient les lèvres désespérées de Gabriel contre les siennes et ses mains contre sa nuque.

Zedd pressa Gabriel contre la petite commode près du bureau, le maintenant pour ne pas qu'il tombe, mais ne se séparant jamais de lui. Chaque mouvement faisait battre la douleur un peu plus fort dans ses phalanges blessées, mais embrasser Gabriel semblait assez pour le distraire de ses maux.

Il entendit des livres tomber par terre, mais Gabriel pressait sa langue contre la sienne et Zedd n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose. Ses dents s'enfoncèrent dans la lèvre inférieure du bouclé, peut-être un peu violemment, mais Gabriel gémit et c'était assez pour rendre Zedd complètement dingue.

Ses mains étaient partout sur lui, dévalant son corps à travers ses couches de vêtements, tandis que les doigts de Gabriel glissaient dans ses cheveux, les tirant légèrement. Zedd grogna contre ses lèvres et l'embrassa plus fort.

C'était de la colère et de la tristesse brutes, un baiser rythmé par leurs coeurs cognants de douleur à l'unisson. Zedd réalisa que Gabriel le comprenait comme personne ne l'avait jamais compris et c'était - ils n'étaient pas juste deux garçons qui aimaient s'embrasser sous les couvertures et se taquiner à longueur de journée. Ils étaient deux garçons qui, à travers le brouillard qu'était leurs vies, avaient trouvé un soutien chez l'autre.

Ils se comprenaient.

-Zedd, haleta Gabriel alors que les lèvres de l'hispanique glissaient contre son cou.

Il respirait lourdement contre sa peau, cherchant à s'envelopper dans cette douce odeur qui n'appartenait qu'à Gabriel. Il embrassa doucement son épaule, contrastant avec leur baiser presque sauvage, avant de fermer les yeux un instant.

Les doigts de Gabriel se délièrent de ses mèches et lentement, il se mit à caresser sa nuque à la place.

-Je te demande d'être le garçon chiant et curieux et incroyablement bien foutu que j'ai connu il y a deux mois, chuchota Gabriel contre son oreille. Je te demande d'être le garçon qui m'a rejoint cette nuit à quatre heures du matin, qui me laisse dessiner sur son corps pendant qu'il dort encore, qui sait préparer des lasagnes comme personne d'autre.

L'hispanique voulait être ce garçon-là. Il le voulait vraiment. Mais ses côtés les plus sombres hurlaient que ce ne serait jamais assez pour Gabriel.

-Je m'en fous de Joe, souffla le bouclé. Je m'en fous qu'il ait de super bons résultats ou de qui il a rencontré ou encore qu'il connaisse mon auteur favoris.

Lorsque Zedd disait que Gabriel le comprenait, c'était exactement pour cette raison. Gabriel comprenait sa colère et savait exactement comment apaiser la tempête qui rugissait dans ses os.

-Parce qu'il ne me connaît pas comme tu me connais, Zedd, continua Gabriel. Il ne sait pas que j'aime avoir des papouilles dans le dos avant de dormir. Il ne sait pas que je n'aime pas quand mes toasts sont trop grillés. Il ne sait pas me faire rire comme tu me fais rire. Il ne sait pas que j'aime dessiner.

Gabriel recula pour rencontrer son regard. Il y avait encore des larmes dans ses yeux et Zedd sentit son coeur se serrer parce qu'il savait qu'il en était à l'origine.

-Que j'aime te dessiner.

Zedd soupira. Il voulait vraiment se laissait aller et dire à Gabriel qu'il le voulait pour toujours, mais il n'y arrivait pas. Une force invisible le retenait d'entraîner Gabriel dans son monde où les ténèbres s'étendaient jusque dans son coeur.

-On est notre propre système solaire, tu te souviens ? continua Gabriel. Notre univers ne sera plus jamais le même si tu le quittes.

C'était idiot. C'était vraiment idiot car à travers toutes les choses que Gabriel avait dites, ce fut ça qui le fit basculer, qui le fit trembler. C'était peut-être parce que son coeur n'avait jamais pulsé aussi fort que le jour où Gabriel lui avait dit qu'il se sentait vivant autour de lui.

-Tu m'as moi et je t'ai toi et c'est le plus important, chuchota Zedd.

Un sourire grandit lentement sur les lèvres de Gabriel. Il pleurait encore un peu et peut-être que les gens pouvaient penser qu'il ressemblait à un bordel ambulant, mais Zedd le trouvait toujours aussi magnifique.

-Ce serait triste s'il n'y avait que ma lune dans ce système solaire, souffla Gabriel.

-Je pourrais me contenter de juste ta lune, rétorqua-t-il en haussant les épaules.

Le bouclé leva les yeux au ciel, mais son sourire ne fit que s'agrandir.

-Je ne suis pas sûr qu'on parle de la même lune.

-Eh bien je parle de l'objet celeste qui gravite autour de la Terre, pas toi ? rit Zedd.

Gabriel le poussa gentiment par l'épaule.

-T'es vraiment un gros crétin.

Zedd sourit en se penchant en avant, effleurant les lèvres de Gabriel des siennes.

-Et tu es vraiment parfait, souffla-t-il.

Il vit le sourire de Gabriel courber ses lèvres avant de l'embrasser.

Et Joe pouvait aller se faire foutre.











NDA : ouuuh petit séisme dans le nouveau ship gabedd? ou zabriel? ou gedd?

bref, en tout cas, ils se sont vite réconciliés!

j'espère que ça vous plu! si c'est le cas, n'hésitez pas à voter et commenter!

lots of love :)

monopoly & sausage party, N. ❤️

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