Chapitre huit

Il faisait nuit, un chien aboyait au-dehors, quelques voitures passaient encore dans la rue adjacente à notre immeuble. La couette relevée jusqu'au menton, mes yeux quant à eux étaient bel et bien ouverts. Cela faisait à présent deux heures que je me tournais et me retournais dans tous les sens, incapable de trouver le sommeil tant désiré. Du bout des doigts, je touchais mes lèvres. Le baiser que j'ai échangé avec HoSeok était encore présent, comme une emprunte éternelle qui ne s'efface pas avec l'usure du temps.

Quand nous étions rentrés, HoSeok discutait comme si de rien n'était. Même si nos mains étaient la plupart du temps liées. Et quand nous n'étions pas proches, HoSeok faisait tout pour s'approcher de moi innocemment. Son attitude était mignonne, mais je n'en restais pas pour le moins gênée. Avais-je l'habitude de côtoyer un homme de la sorte ? Non. Jamais je n'avais partagé mon univers, jamais je n'avais découvert ma vie aux yeux de quelqu'un d'autre, jamais je n'avais laissé, ni même attiré, un être tout bonnement intéressé par ma personne. Alors pourquoi avais-je permis à HoSeok de se frayer un chemin jusqu'à mon coeur et de se l'approprier ?

Je n'avais qu'une peur, c'est qu'il s'en serve à tort et à travers comme on utilise un objet dont on ne connaît pas les propriétés. Il y a certaines règles a respecter quand on possède le coeur de quelqu'un, la première étant de livrer son propre coeur en contre-partie. Les autres règles concernaient le respect de l'autre, le soutien dans n'importe quelle épreuve et le plus important... prouver chaque jour par des mots ou plus que ça, par des actions, que l'on mérite d'avoir volé le coeur de la personne qu'on aime. Cette dernière précision est très importante. Fondamentale, même.

-Hmm... Angèle...

-... Oui ?

-Tu ne dors pas ?

-Non, j'y arrive pas.

Je dormais dans mon lit, et lui dans le sien. C'est bizarre de se retrouver dans une pareille situation alors qu'on s'était embrassés un peu plus tôt. Mais il avait compris que je ne voulais pas aller trop vite, car je lui avais tourné le dos quand il était venu se coucher. Je ne voulais pas lui faire mal, mais j'avais besoin de protéger cette petite part fragile de moi tout de même.

-Tu... peux venir. Si tu veux.

J'hésitai, puis me levai après seulement quelques brèves secondes d'hésitation ironiquement intenses. Enveloppée dans la pénombre de la chambre, je réussis tout de même avec succès à ne pas me fracasser le genou contre le lit et rejoindre HoSeok, en bonne et dûe forme. Je sentis sa main passer dans mon dos, et l'autre soulever la couette. Je me glissai en-dessous en me risquant à venir près de lui, tout près de lui. Ses bras se refermèrent autour de mon frêle petit corps endolori par le manque de sommeil et son menton se posa doucement sur ma tête. J'étais bien, là.

Je me sentais comme protégée de tout le mal que les gens pouvaient me faire. C'est fou ce qu'une personne qu'on aime tellement peut nous rendre fort, presque invincible à tous les maux que l'être humain puisse connaître.

-HoSeok.

-Oui ?

-Est-ce que tu m'aimes ?

Il balbutia pendant un court instant, choisissant ce moment perdu pour se redresser sur un coude.

-Bien sûr, sinon je ne t'aurais pas embrassé, voyons ! Pourquoi tu me poses la question ?

-Je voulais t'entendre le dire.

-Oh. Et bien... je t'aime, mon petit ange.

-Arrête avec ce surnom ! C'est pourri, dis-je en étouffant mes paroles dans l'oreiller, plus pour cacher mes rougeurs invisibles dans la nuit.

-Mon petit sucre d'orge.

-C'est relou.

-Mon... étoile des neiges !

-Bah pourquoi ? demandai-je en relevant la tête, faisant face à HoSeok.

-Tu brilles faiblement mais tu brilles quand même, c'est une douce intensité que l'on peut voir en hiver. De plus, la neige est très belle mais elle est froide. Ton coeur glacé par les rudes expériences représente les rudes hivers qu'il a traversé jusqu'ici.

Je laissai couler une larme sur ma joue, attendrie par ces paroles poétiques. HoSeok alluma sa lampe de chevet et, constatant ma tristesse avec effroi, il s'empressa à me cajoler tendrement. Il s'en voulait oui, mais il ne devait pas.

-Je pleure parce que tout ce que tu dis et fais me réchauffe le coeur. Merci pour être toi, HoSeok.

-Je t'en prie, Angèle ! C'est tout à fait normal.

-Pourquoi ?

-Parce que je t'aime.

-... moi aussi je t'aime.

Mes sanglots redoublèrent encore et c'est complètement épuisée par toutes ces diverses émotions que je m'endormis dans les bras de mon aimé.

Le lendemain, j'allumai comme tous les matins mon ordinateur portable en quête d'un nouveau travail. HoSeok me rejoignit un petit instant plus tard, déposant un doux baiser sur mon épaule avant de se servir une tasse de café et de venir s'installer près de moi, un sourire béat sur les lèvres. J'étais concentrée comme jamais, rien ne pouvait entraver ma détermination à redresser ma vie professionnelle. Je ne devais en aucun cas être dépendante de HoSeok, je ne voulais pas être un poids pour lui.

-Tu as le temps, tu sais.

-J'ai besoin de retrouver mon appartement.

-Tu n'es pas bien ici ?

-C'est pas ce que je voulais dire ! Ce que je veux dire c'est que je ne veux pas...

-Tais-toi. Jamais tu ne seras un poids, d'accord ? Maintenant tu fermes cet ordinateur et...

-J'AI TROUVÉ ! HOSEOK, J'AI TROUVÉ !

En effet, une petite annonce pour un travail de serveuse venait fraîchement d'arriver sur le site d'embauches. Pendant un moment je sautais à côté de la table, sous les yeux surpris de HoSeok qui ne savait comment réagir. Je courus jusque dans la chambre pour prendre mes affaires puid dans la salle de bains pour me préparer. Je rassemblai ensuite les papiers nécessaires à un entretien d'embauche qui serait de qualité, je l'espérais. Ne voulant pas plus perdre de temps, je saluai brièvement mon amoureux et sortis de l'appartement en trombe. Je voulais à tout prix décrocher ce travail, parole d'Angèle.

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