Chapitre 9 - Five things you didn't know about her
« La honte n'a pas pour fondement une faute que nous aurions commise, mais la sensation insupportable que cette humiliation est visible par tous » - Milan Kundera.
Morgane était encore éveillée quelques heures après sa discussion avec ses deux complices. Il était près de 23h30, et elle n'avait toujours pas lâché le journal.
Elena en a écrit des choses !
Jusqu'ici, elle n'avait trouvé que des trucs communs à ce que vivent certains adolescents. Mais elle avait conscience que même si, en gros, ça arrivait à la plupart d'entre eux, ils se moqueraient tous d'elle en prétendant qu'ils étaient parfaits comparés à elle.
Elle avait noté plusieurs petites choses qui étaient susceptibles d'au moins provoquer un micro rire chez chacun d'entre eux. Mais ils ne riraient sans doute pas si elle leur divulguait la chose impardonnable que cette fille avait faite. Mais bien sûr, la dénoncer à tout Rosewood serait « le bouquet final », autrement dit, c'était une chose à faire plus tard. Après s'être amusés un peu.
Après avoir atteint cinq choses compromettantes sur sa liste, elle décida d'aller se coucher.
Le lendemain matin, Katherine était encore dans son lit quand elle reçut un message sur son téléphone. Elle s'assit et cliqua sur le bouton « lecture ».
C'est prêt. Rendez-vous au même endroit que d'habitude dans trente minutes.
C'était Morgane. Apparemment elle avait fini sa petite mission.
Elle n'était pas vraiment convaincue. Elle espérait qu'Elena souffre. Mais peut-être que Morgane avait raison, peut-être que ça ferait mal à Elena.
Elle se dépêcha de se lever et de se préparer.
Toby était arrivé le premier au lieu de rendez-vous. Il avait reçu la même indication. Quand il vit les deux jeunes filles arriver, il prit la parole.
- Alors ?
-Tout est là.
Morgane brandit une feuille pliée en deux.
- Donne-la moi, dit-il. Comme ça, il n'y aura aucun risque qu'on remonte à vous deux.
Il regarda Katherine.
- Tu es sûr ?
- Tu m'as demandé de l'aide, c'est ce que je fais, répondit-il simplement.
- Mais si Elena remonte à toi ?
Il haussa les épaules.
- On trouvera quoi faire.
Katherine avait assez peur à l'idée d'improviser face à elle. Et elle ne voulait pas que Toby soit la cible d'Elena. Elle était sûrement capable de vouloir s'en prendre à lui, même si au final, il ne s'agissait que d'une simple « blague ».
- Ok, vas-y, se résigna-t-elle.
C'est alors ainsi que, comme prévu, ils se séparèrent et prirent des chemins différents jusqu'au lycée. C'est là que Toby est entré pour la première fois dans la petite classe ou se retrouvaient les quelques membres du club de journalisme – un club crée par un professeur qui, apprenait à ses membres à mieux s'exprimer et par la même occasion, publier toutes sortes d'annonces et articles concernant le Rosewood High.
Seulement certains d'entre eux étaient là – ils préparaient visiblement les journaux du jour avant les cours, afin de les distribuer un peu plus tard dans la journée. Il les dévisagea un par un, mais encore une fois, il ne reconnut personne.
Il se rappela alors les descriptions plutôt bien détaillées des filles. Comment était la fille à qui il fallait parler, et celle qu'il fallait éviter. Par chance, la supposée Anna était déjà là, mais pas d'Emma en vue. Tout ce qu'il eu à faire, c'était s'avancer vers la fameuse Anna et lui expliquer qu'il voulait publier pour le lendemain ce qui était inscrit dans le bout de papier qu'il tenait dans sa main, et ce, anonymement.
Dans la rubrique « Quoi d'neuf ? », Anna publiait des anecdotes à propos de quelques élèves. Certains d'entre eux (ou plutôt la plupart) venaient en leurs noms, et partageaient des choses sur leurs vies. Ils aimaient beaucoup parler d'eux, et ça, Anna l'avait compris. C'était bien pour ça que sa rubrique marchait, et qu'elle ne se retrouvait jamais vide. Et puis, d'autres choisissent de lancer des blagues, des rumeurs. D'ailleurs, plusieurs élèves concernés étaient venus se plaindre, mais Anna ne pouvait rien faire, c'était le but de sa rubrique de connaitre la vie des gens.
Elle expliqua au jeune homme qu'elle avait déjà beaucoup d'annonces à publier pour le jour suivant, mais lui promit quand même de publier son message après qu'il lui ait expliqué que c'était « urgent ».
Bien, Toby avait fini. Il jeta un coup d'œil autour de lui, dans l'espoir qu'Emma ne soit pas dans les parages. Il ne savait pas si c'était de la chance, le hasard, ou quoi que ce soit d'autre, mais Emma n'était pas encore arrivée, comme – il l'imaginait – d'autres membres du club, puisqu'ils n'étaient que quatre.
Il ressortit vite et alerta Katherine d'un simple message que c'était fait. Celle-ci lui répondit d'un grand « bravoooooo ! » qui se voulait ironique – il le savait – ce qui le fit sourire. Il ne lui restait plus qu'à rejoindre sa salle de classe pour une autre longue journée.
Le jour suivant, Elena prenait son petit-déjeuner devant la télé. Elle aimait bien ce petit moment de détente le matin, avant d'attaquer une nouvelle journée au lycée. Cependant, c'était le moment de se lever et de partir si elle voulait rester un peu avec ses amies avant le début des cours. Elles s'étaient mises d'accord pour se retrouver chaque matin dans un coin bien précis de la cour, pour passer un peu de temps ensemble, puisqu'en général, l'après-midi à la fin des cours, chacune avait ses occupations et ne pouvait pas forcément voir les autres.
Quand elle fut à la moitié du chemin, ses pensées se concentrèrent sur une seule chose. Rebecca. Elle revoyait encore son ex meilleure amie dans les couloirs du lycée, marchant nonchalamment à ses côtés. Elle revoyait son visage d'ange, qui souriait en permanence. D'un côté elle se sentait mal. Mais d'un autre...
Elle se ressaisit vite en apercevant le flot d'élèves qui était encore à l'extérieur. Cherchant du regard ses amies, elle croisa ceux des autres élèves. Elle fut étonnée en voyant l'air moqueur qu'ils arboraient, certains pouffaient de rire en la fixant, d'autres se contentaient de la dévisager. Quant à elle, elle continuait de les regarder, ne sachant pas du tout ce qui les prenait.
Qu'y a-t-il ?
Puis, elle vit que plusieurs groupes se tenaient penchés autours d'un journal, faisant la navette entre l'objet et elle-même. Décidée à comprendre ce qui se passait, elle en arracha un des mains d'une fille qui passait près d'elle, et se mit à détailler la page. Elle constata que c'était la fameuse rubrique « Quoi d'neuf ? », qu'elle-même aime bien lire avec ses amies à la cafétéria au moment du déjeuner, éclatant de rire à chaque fois qu'elle lisait une nouvelle humiliation. D'ailleurs, les élèves ayant été victimes de plaisanteries sur cette page du journal du Rosewood High l'avaient surnommée « Le mur de l'humiliation ».
Elena fut attirée par un titre qui clamait « Cinq choses que vous ne saviez pas sur elle ! ». Le titre attirait déjà assez l'attention, puisque juste après l'avoir lu, on se demande automatiquement qui est cette « elle ». Elle lut ce qui suivait : cinq lignes numérotées, qui commençaient toutes par « Elena Porter... ». Elle sentit son estomac se tordre et la menace de celui-ci de lui faire vomir tout ce qu'elle avait englouti quelques minutes plus tôt.
Cinq choses que vous ne saviez pas sur elle !
1. Elena Porter s'est fait larguée par son copain et non l'inverse.
2. Elena Porter se fait vomir pour rester mince.
3. Elena Porter a dragué son prof de maths pour avoir de bonnes notes.
4. Elena Porter menace des élèves pour qu'ils fassent ses devoirs à sa place.
5. Elena Porter a commis l'irréparable – une chose que vous n'oseriez même pas imaginer. Devinez!
- Signé {-.-}
Dès qu'elle eut fini sa lecture, Elena froissa le journal et le jeta par terre avec une grande colère. Qui avait osé faire ça ? Qui lui en voulait à ce point ? Elle n'arrivait pas à réfléchir. Sa colère était bien trop grande. Furieuse, elle quitta les lieux sous les yeux de ses camarades qui, avant la parution de ce fameux article, la regardaient avec admiration.
Arrivée devant l'une des grandes maisons de la rue qu'elle longeait, elle s'arrêta net. Elle fixa le sol, les yeux grands ouverts.
Je sais qui a fait ça...
En effet, une idée venait de fleurir dans son esprit. En quelques secondes, elle avait trouvé un suspect et son mobile.
Je vais te le faire payer, espèce de garce, pensa-t-elle, déterminée à mettre une croix sur son maître chanteur.
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