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ᴍᴀɪ 𝟷𝟾𝟿𝟾
Bien que considérant la bibliothèque comme son habitat naturel, Albus n'y a jamais passé autant de temps que depuis ces dernières semaines. Plusieurs heures avant le début des cours et plusieurs heures après s'il veut finir à temps la montagne de devoirs qu'on lui donne et être prêt pour les A.S.P.I.C. Mais même si ce rythme l'épuise, il trouve toujours un moment pour retrouver Gellert. L'amour est un bon remède contre le sommeil, il faut croire.
Elphias est endormi sur son livre de potion quand un violent coup sur la table le réveille et sort Albus de ces révisions. Il n'a même pas besoin de lever la tête pour deviner qui est la seule personne capable de l'engueuler à six heures du matin dans une bibliothèque scolaire, juste la semaine qui succède à la fin des vacances. Le garçon en question a des sourcils froncés et la bouche tordue de colère.
« Je devais réviser. marmonne Albus à Aberforth.
- Tu devais réviser !? s'emporte ce dernier. Et bien moi aussi, figure toi ! Je passe mes B.U.S.E dans un mois. Mais ça ne m'a pas empêché de passer les vacances avec ma mère qui se démène pour me faire vivre et ma petite soeur malade. J'ai passé chaque seconde durant lesquelles je n'étais pas avec elles à travailler. Pendant que tu te la coulais douce dans la petite vie parfaite que tu t'es construite loin de ta famille de misérables !
- Je travaillais !
- Me prends pas pour un con ! Tu n'as aucune intention louable malgré ce que tu veux te faire croire. Tu es juste lâche !
Albus encaisse le coup. Elphias regarde le spectacle en tentant de tirer son ami de là et d'apaiser le frère de celui-ci, mais on lui fait signe de ne pas s'en mêler.
- Je travaille dur pour avoir la meilleure note possible et que maman soit fière de moi.
- Tu travailles dur pour assurer tes arrières. Avoir de l'argent pour te tirer de la maison le plus tôt possible et devenir un sorcier célèbre sans ta famille sur le dos. Tu as honte de nous, tu te sent tellement différent et supérieur.
- Non ! proteste Albus. C'est faux. Vous êtes ma famille et je vous aime. Je ne sais juste pas comment vous apporter quoi que ce soit. Je suis nul pour les tâches domestiques, m'occuper des autres... je ne sais pas faire ça. Mais je suis bon à l'école, alors j'essaye de vous aider avec ce que je sais faire.
- Personne n'a de talent inné pour les tâches domestiques ou pour prendre soins de autres, abruti. Ce sont des choses qui s'apprennent en les vivants et c'est tout. Il y a pas de grimoire pour ça. Mais tu as tellement peut essayé que ça ne m'étonnes pas que tu ne sache pas comment faire. Ou alors c'est seulement que tu ne le veux pas vraiment.
- Je fais de mon mieux.
- Ha bon ? Et qu'est-ce que tu fais, au juste ? À part te pavaner avec ton petit-ami mage noir ?
- Je passe mes journées et mes nuits dans cette bibliothèque pour être le meilleur possible ! » répond Albus, les poings serrés. La mention de Gellert ne fait que titiller sa rage encore plus.
Ils continueraient bien de monter le ton si un vieux livre ne les faisait pas tous sursauter à se moment là en rouspétant :
« Par la barbe de Merlin ! Vous ne pouvez pas vous disputer ailleurs ? Il y en a qui essaye de dormir !
- Désolé. » s'excuse froidement Aberforth avec l'air de moins désolé du monde avant de se diriger vers la sortie.
Tout cela a jeté un froid sur la pièce. Le livre lui-même peine à retrouver son attitude originelle.
« Il exagère, tu sais. Chuchote Elphias une fois le plus jeune disparu. Je trouve que tu te donne beaucoup de mal.
- J'ai besoin de prendre l'air. » répond seulement l'autre.
Il attrape ses livres - et quelques uns de ceux de son ami par erreur, les range dans son sac et s'enfuit jusqu'au lac noir.
L'endroit est devenu l'un de ses repères car peu de personnes pensent à l'y chercher et qu'il lui fait penser à Gellert.
Une fois là bas il sent sa magie lui échapper tant il est en colère et triste. Rien de bien méchant, ses émotions font seulement voler quelques feuilles, mais ça fait du bien. Pour faire fuir les mauvaises idées il répète le sort qui permet de voir l'intérieur de l'eau.
Ça ne suffit pas.
Il n'y a que la vérité qui blesse.
Il ferme les yeux un moment, se rend compte que les noeuds dans son coeur et son cerveau persistent puis comprend qu'il a besoin de Gellert. Que c'est le seul qui peut comprendre sans qu'il n'ai à parler. L'idée de braver sa fatigue pour parcourir le chemin qui le sépare de lui est cependant surréaliste. Surtout qu'il doit dormir à cette heure-ci. Il est encore si tôt le matin...
Une fillette marche sur une poutre improvisée comme une funambule non loin de là. Elle tente d'en parcourir toute la longueur sans abimer la robe noire de son uniforme qui lui arrive jusqu'en haut des chevilles. Ses chaussures vernies sont déjà pleine de gadoue, mais elle garde espoir pour ses jupons.
« Hé, petite ! interpelle Albus.
Elle lève les yeux et son visage se couvre d'un voile d'anxiété.
- Je sais que je devrai dormir, crie-t-elle depuis là où elle est. Mais je n'ai pas une seconde pour explorer l'école en dehors de la nuit, ne dites rien s'il vous plait.
Il pourrait se vexer du vouvoiement - il n'a que cinq ou six ans de plus qu'elle, par Merlin ! Mais c'est le fait qu'elle le prenne pour un délateur qui le touche en premier. Pourquoi ont-iels une telle image de lui ? Est-ce vraiment ce qu'il revoit ?
- Je n'allais rien dire. Tu pourrais juste me rendre un service ?
- Pourquoi pas. J'ai rien d'autre à faire.
- Mais... je n'ai rien à te donner en échange. Préviens-t-il.
- C'est pas grave.
- Merci. »
« Tu pourrais aller jusqu'au cachot et demander à Gellert Grindelwald de me rejoindre ? »
Elle hausse les épaules et prends la direction du château, abandonnant l'idée de préserver sa robe.
Mais aussitôt qu'elle est partie, Albus regrette. Il ne devrait pas déranger Gellert comme ça. Il ne sait même pas ce qu'il pourra bien lui dire quand il arrivera, quelle idée ! Il se sent stupide un moment, se penche vers le lac noir pour observer les vies qui s'y déroulent.
À peine le temps d'angoisser d'avantage qu'il s'aperçoit que Gellert est arrivé. La petite fille, elle, n'est plus là.
Il ne lui fait pas le moindre reproche, ne lui pose pas de questions. En fait il ne parle même pas. Il se contente d'observer le lac avec lui et de lui prendre la main. Mais c'est amplement suffisant.
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