Dansant doucement dans une pièce en feu
TW: ce texte peut contenir de la violence, vu qu'il porte sur le harcèlement. Je délimiterai le passage précis par ce signe " ❁ " si vous ne vous sentez pas à l'aise avec ce genre de sujet, je vous conseille de ne pas lire.
Bonne lecture :)
Nombre de mots : 2670.
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" Ce n'est pas juste un petit moment idiot. "
" Ce n'est pas la tempête avant le calme. "
" Personne ne viendra te sauver. "
Assise près de la fenêtre, Izar observe les petits astres lumineux brillant dans le ciel.
Cela fait déjà un moment depuis qu'elle c'est avachi sous cette petite fenêtre, tandis que des milliers de choses lui traversent l'esprit.
Ces choses, lui fait réfléchir, beaucoup réfléchir.
Elle aimerait, tant bien que mal, essayer de ne pas y penser mais comment ?
Toute seule, dans cette chambre d'hôpital, entre ces quatres murs blancs, et cette fenêtre par laquelle traverse la lumière naturelle, il n'y a qu'elle. Elle et ses souvenirs, elle et ses réflexions, elle et ses démons.
À présent, elle sait qu'ils sont tous parenté avec la solitude.
La solitude, n'est pas étrangère pour elle, loin de là ; elle est son amie, sa seule amie.
Malgré le fait qu'elle s'était faite violence de la pousser hors de son " cercle ", il s'avère que le monde essayait de faire le contraire.
Tant de fois essayé, mais tant de fois échoué, elle l'a laissé faire, elle l'a laissé pénétrer dans sa vie.
Izar la déteste, elle la hait autant qu'elle la redoute. Elle qui s'imisce complétement dans son esprit, s'entêtant à la ronger de l'intérieur, invitant avec elle des pensées noires, si noires qu'elles ne la rongent plus ; elles la détruisent.
Et cette solitude l'accablant, dans son silence, dans la clandestinité qu'elle offre, lui a bien laissé le temps de comprendre que c'est injuste ce qu'elle doit vivre chaque jour de son existence.
C'est injuste. Complétement injuste.
Injuste, de devoir tout les jours, faire des crises d'angoisse a chaque fois qu'elle doit passer le portail du lycée.
Injuste de devoir être moquée, pointée du doigt, humiliée sans savoir pourquoi.
Injuste de devoir être le souffre-douleur, le défouloir, de devoir encaisser tout les coups physiques ou morales comme si elle le mérite.
Injuste de toujours devoir vivre à l'écart des autres élèves, comme si elle a la varicelle.
Injuste de devoir être seule. Car : peut-on réussir à vivre seul, complétement seul ?
Des questions.
Des questions.
Des questions sans réponses.
Silence.
Ce silence, qui l'a laissé croire qu'en fait, le problème ne vient pas des autres mais d'elle.
Elle a commencé à se remettre en question car c'était la seule solution.
C'est parce qu'elle est différente peut-être ? Pas assez intéressante ? Ou alors, trop studieuse ?
Ou alors c'est à cause de son style ? Devrait-elle passez aux lentilles et oublier ses lunettes ? Ou peut être se teindre les cheveux ?
Elle ne le sait pas, ce qu'elle sait c'est que c'est de sa faute.
Et elle s'y est fait. Rentrer chaque soir, et retrouver sa famille heureuse, souriante, lui a toujours fait rapidement oublier, au moins pour un court instant cette vie douloureuse ; son harcèlement.
Et ses études, sont rapidement devenus sa seule source de distraction.
Mais ça n'a jamais arrêté la douleur : à chaque coup, à chaque remarque blessante, ses lèvre tremblent, les larmes remonte et son cœur... Son cœur lui, il saigne.
Une personne importante lui a rappelé une chose : " Ceux qui vivent sont ceux qui luttent. "
Et a cette phrase, elle a eu l'impression de revivre à nouveau. Elle a eu une montée d'adrénaline inexplicable, mais reflètant parfaitement son désespoir. Elle a compris qu'il était temps d'agir, qu'elle ne devait plus se laisser faire.
Eh bien, tout a laissé croire que sa technique pour se défendre n'avait pas été la bonne. Telle explique sa présence dans cet hôpital ce soir, se remettant en question plus qu'elle ne le fait déjà.
❁
C'était un mercredi matin, lorsqu'une rumeur, qui se révéla plus tard être vrai éclata au grand jour, retirant ensuite leur masque aux personnes les plus cruelle de ce lycée. Mais surtout à une personne en particulier : Angel.
Ce garçon portant un prénom ayant pour signification " ange " mais reflètant tout le contraire, avait en ce jour découvert ce que faisait d'être jugé, moqué et même détesté.
Ayant l'habitude d'être tout le contraire, c'est à dire : loué, envié, admiré de tous, Angel n'ayant vécu cela que pour une demie-journée, savait qu'il n'en pouvait plus et comme à son habitude, voulait faire payer quelq'un. Et cette personne c'était bien Izar.
La plus part du temps, il lui faisait payer des choses qui n'étaient en aucun cas de sa faute. Mais cette fois-ci, c'était différent ; Izar était bien à l'origine de tout ses problèmes en ce moment. Elle avait divulgué tout les secrets louches de son chère camarade sur internet, et en rajoutant ce qu'il lui faisait subir quotidiennement par dessus tout, tout cela en anonymat.
Oui parce que Angel, en public, se contentait de se moquer d'elle, parfois même en la ridiculisant. Mais pourquoi ne l'a défendait-on pas ? Et bien cela était ce que les adolescents trouvaient "drôle", sans ce soucier du ressenti de la personne. Avait-on déjà pensé à ce qu'on pouvait ressentir lorsqu'on nous ridiculise en public ? Peut-être que cela n'avait l'air pas offensant la première fois, mais lorsque cela était régulier ?
Hors du regard de tous le monde, Angel s'assurait qu' Izar se souvienne de lui durant le reste de la journée.
Pourquoi se défoulait-il autant sur elle ? Telle est la question.
Mais cette fois-ci, avait dit-il, c'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase, la cerise sur le gâteau, les bornes dépassées.
C'est pourquoi Izar se retrouvait cachée dans un placard à balais, guettant, mais surtout redoutant l'arrivée d'Angel et sa copine.
Il l'avait bien prévenue qu'à la fin des cours elle paierai, elle paierai tout ce qu'elle avait engendré. Elle avait bien pu voir dans le regard du lycéen, qu'il était très sérieux ; ce regard noir Et profond, reflètant toute sa haine ne présageait rien de bon.
« Espèce de salope, tu va le regretter si je te trouve.
- Profite bien du reste de ta misérable vie.
- Enfaite, t'auras pas le temps de regretter ; c'est la dernière fois.
Izar se bouchait les oreilles, ses pas se faisant de plus en plus proche de la porte. Son cœur battait la chamade, ses mains et ses lèvres tremblotaient et ses larmes remontaient. Elle avait peur. Vraiment peur. On ne l'avait jamais menacé de cette manière ; à l'instant, elle regrettait ses actions. Elle aurait pû très bien vivre comme ça, portant cette lourde charge qui la tuais à petit feu ; c'était peu être douloureux, mais ce n'était que pour un petit temps. Temps qui lui donnait l'impression de durer des années, des siècles.
- Nous avons trop souvent tiré des fausses alarmes.
- Fais tes prières.
Sa voix résonnait comme un écho dans son esprit. Elle appuyait plus sur ses oreilles, de sortes à ne plus l'écouter, mais cela servait à rien. Elle résidait déjà dans son esprit depuis bien longtemps.
Les pas se faisaient de moins en moins entendre ; on dirait qu'ils l'avaient passés. Izar se relevait en douceur et essayait de voir à travers la petite vitre de la porte. Il n'y avait plus rien plus personne, plus aucun bruit. Il n'y avait plus de temps à perdre, il fallait qu'elle s'enfuie. Elle ouvrait la porte très silencieusement, regardait de gauche à droite puis sortait sur la pointe des pieds. Elle arrivait au bout d'un couloir, et lorsqu'elle voulait en entamer un autre, elle entendait une voix derrière elle :
- Part là ! Elle s'enfuie !
C'était la copine de son harceleur Assa. Cette fille, en se fichant complètement de ce que son copain faisait subir à Izar, et en plus participants à toutes ses manigances méritait aussi d'être appelée harceleuse.
Qui se ressemblent, s'assemblent n'est-ce pas ?
Ils entamèrent une course endiablée. En tête ? Izar qui se ruait hors du bâtiment, suivie de près par Assa ; un peu plus loin, Angel et ses amis.
Toujours, toujours et toujours des renforts. Il n'avait jamais été capable de le faire seul, il y avait toujours ses esclaves qui lui apportait de l'aide.
Izar courait le plus vite qu'elle pouvait, haletante comme jamais. Ses adversaires ne semblaient le moins du monde être épuisés ce qui, était encore plus épuisant pour Izar.
Assa commençai peu à peu à la rattrapper et très vite, elle saisissait la capuche son sweet, ce qui la faisait perdre l'équilibre.
Izar tentant de s'enfuir, Assa se plaçait en califourchon sur elle pour la maintenir stable ; Izar se débattait comme elle le pouvait mais au fond d'elle, elle savait qu'il n'y avait plus d'issue possible.
Ils l'avaient eu.
Et peut être, était-ce la dernière fois ?
Angel arrivait, bousculait rapidement Assa - qui lui offrait ensuite un regard noir - puis, saisissait Izar tel un objet, avant de la balancer avec violence sur le grillage qui bordait le terrain de football.
Tout cela c'était passé tellement rapidement qu'Izar n'avait pas eu le temps de s'en rendre compte, qu'elle était déjà au sol, la partie gauche de sa tête tellement douloureuse qu'elle n'avait plus l'impression d'entendre de l'oreille gauche. Elle était paralysée.
- Vas pleurer à cause de ça, pourquoi ne le fais-tu pas ? Avançait Angel avec rage et d'un ton moqueur.
Tellement la douleur était intense, Izar s'accrochait à son sweet comme si sa vie en dépendait. Elle sentait un liquide chaud provenir de sa tête mais ses larmes eux, ne voulaient pas sortir. Elle n'avait pas la force de pleurer ; comme une rivière asséchée, comment la pluie pendant l'été.
Elle avait déjà tant pleuré.
Il s'abaissait à son niveau et la prenait par les cheveux.
- Tu as détruit ma vie, ma réputation, tout ce que j'ai pris du temps à reconstruire en une fraction de seconde, en un clique ! Et ce soir je te jure chérie, tu vas me le payer.
Il était vrai qu'il commençait à faire sombre. C'était surtout les nuages qui recouvraient le ciel qui rendaient tout sombre.
Il ricanait puis, continuait.
- Ce n'est pas juste un petit moment idiot, comme tout les autres, ce n'est pas la tempête avant le calme, non. C'est la fin. Et personne, je dis bien personne ne viendra te sauver.
Il se relevait et faisait signe a ses acolytes de la relever et la maintenir stable. Il levait son visage l'incitant à le regarder, remplaçait une mèche rebelle derrière son oreille, caressait sa joue, avant que cette dernière ne se fasse défoncer par un coup de poing.
Il envoyait les coups, et elle les recevait sur différentes parties de son corps.
Il se défoulait, elle encaissait.
Et cette fois, il se fichait du visage, il se fichait de tout.
Aujourd'hui, elle était son sac de boxe.
Il s'arrêtait, remuait ses poignets signe d'échauffement.
Après avoir repris son souffle, Izar lançait, crachait presque littéralement ce qu'elle avait sur le cœur, ignorant la douleur qu'elle ressentait, ignorant ce qu'on pouvait lui faire après.
Il blessait avec des poings, et elle, blessait avec des mots.
- Ne penses tu pas qu'on devrait le savoir à présent ? Ne penses tu pas qu'on aurait dû l'apprendre d'une façon ou d'une autre, hein ?
Angel et Assa - qui c'était retournée pour ne pas faire face à cette scène violente - se retournait presque simultanément, tout les deux une moue étonnée sur le visage.
Le concerné lançait un regard, plus incompréhensible que noir à la jeune lycéenne, mais cela ne l'empêchait pas de continuer.
- Tu essaie de me frapper pour me blesser... Elle reprenait son souffle la tête basse, pour me laisser, me sentant sale. Parce que tu ne comprends pas...
Elle relevait la tête et affrontait son regard, qui lui, devenait de plus en plus noir.
- Que c'est toi qui est sale, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur !
Angel n'était pas du genre à vouloir entendre les vérités, encore moins sur lui. Il était du genre à préférer se voiler la face. C'est pour cela qu'il avait détesté voir s'effondrer cette image de lui que les gens appréciaient tant.
Une lueur indescriptible, inconnue à Izar traversa ses yeux. On pouvait y percevoir de la colère, de la haine et le ciel, semblait concorder avec cette noirceur.
Il saisissait là première chose que sa main trouvait, et l'enfonçait sans y réfléchir à deux fois, dans le ventre de sa victime.
Celle-ci partait dans un cri de douleur, tellement fort que, quiconque, où qu'il soit pouvait l'entendre. Pris de court, Angel se rendait compte de ce qu'il venait de faire, et comprenait aussi qu'il ne devrait pas rester une seule seconde de plus si il ne voulait pas pourrir en prison.
- Tu n'aurai jamais dû me chercher...» lançait-il une dernière fois.
Lui et sa bande s'en fuyait, laissant Izar à terre, du sang gicler de son ventre. Des larmes coulaient, signe de la douleur qu'elle ressentait. Elle ne disait plus rien, plus un mot. Sa bouche entrouverte, et ses yeux fixant le ciel en colère, elle tentait bien que mal d'apercevoir une seule étoile. Et là elle compris ; elle ne rejoindrait pas maintenant.
Et le ciel lui, n'était plus en colère. Il pleurait, il pleurait de tristesse.
❁
Et en cette nouvelle nuit d'insomnie, Izar se noie dans la mer de ses peines, et souvenirs une nouvelle fois.
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C'est un mâtin légèrement ensoleillé. Il y a une léger vent qui circule lentement, et Izar a bien décidé d'en profiter.
Dans sa chambre d'hôpital aux fenêtres maintenant ouvertes, ce vent se fraie un chemin, pour faire valser dans tous les sens la belle chevelure noire d'Izar. Celle-ci, dansant doucement dans cette pièce vide, sans musique, sans rien, a un léger sourire sur son visage.
On eut cru qu'en ce moment, toute la souffrance qui peine en elle a disparue, s'est envolée comme ses cheveux. Elle tournoie tout doucement, sa robe de chambre s'envolant par la même occasion, oubliant tous ses tourments.
Mais en vrai, elle essaie juste d'être heureuse un instant, tout en oubliant.
La porte d'entrée, se referme signe que quelqu'un vient d'entrer, mais Izar ne s'arrête pas pour autant.
« Iza ? Mais qu'est-ce que tu fais debout, tu es blessée !
La sœur d'Izar - qui a pour habitude de l'appeler Iza - se précipite vers elle, et l'aide à se rasseoir sur son lit, une moue inquiète sur son visage.
- Qu'est ce que tu fais ? Lui demande Izar avec un sourire.
- Tu as des blessures, et tu te permets quand même de te lever et... J'ai l'impression que tous sauf toi, semblent se soucier de toi.
Son visage change pour une moue plus triste, ce qui fait perdre le sourire à Izar.
Elle lui prend les mains.
- Je sais... mais avec tout ce qui m'est arrivé, en ce moment je suis le cadet de mes soucis... Elle marque une pause. Je suis entrain de sombrer, et toi aussi tu peux le voir.
Les yeux de la plus grande brillent d'humidité, elle aurait aimé mieux protéger sa sœur.
- J'aurais aimé te protéger de ces idiots, pourquoi ne m'as tu rien dit ? À cause d'eux je suis sur le point de perdre ma petite sœur...
Très vite, Izar la prend dans ses bras, lui offrant une étreinte réconfortante. Réconfort qu'elle aurait voulu avoir lorsqu'elle était dans le même état. Elle aurait aimé se sentir rassuré rien qu'avec un geste, et sans un bruit.
Sa sœur la serre, comme si c'était la dernière fois qu'elle le faisait.
- J'ai l'impression de ne pas pouvoir t'étreindre comme j'en aurais envie... Pourque que je puisse te sentir dans mes bras...
Plusieurs minutes passent. Elle se retirent des bras de l'autre et cette fois, c'est la sœur d'Izar qui lui prend son visage entre les mains.
- Je ne te laisserais pas continuer à sombrer, je te sauverais.
Elle sourit, puis continue :
- Je tirerai le maximum de toute cette tristesse. Tu seras méchante parce que tu le peux.
Elles rigolent légèrement toute les deux, avant que l'aînée se lève et lui tende la main.
- Tu veux danser ? Doucement bien sûr, et sans un bruit. »
Elle lui sourit et lui prend la main, profitant d'être heureuse avec sa sœur, oubliant un instant le monde et ses problèmes.
Comme dancer doucement dans une pièce feu.
My dear, we're slow dancing in a Burning room.
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