5.1
Clarke se trouve agenouillée près de la tombe de Wells, que nous avons découvert mort il y a de ça quelques heures à peine. Je regarde les autres tombes qui ont été creusées par Wells, et maintenant, nous en avons creusé une pour lui. Les morts s'enchaînent, et ça pèse sur tout le camp, même moi, qui n'ai jamais été proche de qui que ce soit à part Clarke. Clarke ne pleure pas, elle reste simplement là, devant l'amas de terre sur le sol. Je ne sais pas quoi faire, je n'ai jamais été très douée pour soutenir quelqu'un ou le rassurer. Des bruits de pas émanent derrière nous, et alors que je me contente de sursauter, Clarke passe un bras devant moi pour me protéger et pointe un couteau en direction du nouveau venu.
Finn et moi sommes tout aussi surpris. J'attrape le bras de Clarke pour essayer de la détendre, et elle se tourne vers moi, un peu ébranlée, mais le regard toujours empli d'une certaine détermination qui me donne froid dans le dos. Clarke se lève et je fais de même. Finn nous observe attentivement, ou tout du moins, Clarke. "Vous ne devriez pas rester ici toutes seules. Et si il y avait des Grounders qui trainaient ?" Clarke souffle et lève les yeux au ciel. Je me sens un peu de trop. Nous ne sommes pas seules, nous sommes deux. Je jette un petit regard à Finn, puis à Clarke. "Je vais vous laisser." dis-je en faisant un pas sur le côté. "Ils ont eu Wells à l'intérieur du mur, vous devriez vraiment faire attention." rajoute Finn en me regardant d'un air désapprobateur. Je peux comprendre qu'il soit inquiet pour Clarke, mais ce n'est pas une raison pour devenir lourd. "Et donc, celui qui dit ça passe sa nuit en dehors du camp..." lui assène Clarke avec une pointe de méchanceté dans la voix, sûrement à cause de la peine d'avoir perdu Wells. Je décide qu'il est réellement temps pour moi de quitter les lieux, et je les laisse donc à leur petite discussion.
A vrai dire, je ne sais même pas où aller. Je marche jusqu'au camp, les mains dans les poches de ma veste. Mon poignet me fait toujours mal, mais je l'ignore, à vrai dire, l'ambiance de mort sur le camp m'écrase tellement que j'en oublie beaucoup de choses. Mis à part peut-être le fait qu'hier, j'ai tué quelqu'un. Encore. Le camp est actif, cependant, tout le monde met la main à la patte pour bâtir un mur. Je n'ai pas l'impression que ça nous gardera de quoi que ce soit. Peut-être est-ce que je devrais aider ? Comme ça, je m'occuperais l'esprit. Je regarde autour de moi, on dirait une fourmilière. Je ne sais pas vraiment par quoi commencer. J'aperçois, légèrement en hauteur pour dominer les travailleurs, Bellamy et Murphy. Le regard de Bellamy, qui parcourt la foule, finit par tomber sur moi, et je détourne les yeux. J'ai réussi à ne pas croiser Octavia, depuis hier, je l'évite, je suis lâche. Je continue de marcher, en regardant ce que font les gens autour de moi, histoire de trouver une occupation qui rentre dans mes cordes.
Mais alors, quelqu'un pose sa main sur mon épaule, et je sursaute. Je regrette de ne pas avoir gardé un couteau sur moi, comme l'a fait Clarke, parce que là, je crois que je l'aurai moi-aussi pointé vers la personne arrivée subitement derrière moi. Oh oui, et j'aurais fait en sorte de ne pas manquer ma cible, pour sûr. Bellamy. "Tu t'ennuies ?" me demande-t-il froidement en me scrutant avec ce regard autoritaire que je déteste tant. "Pas vraiment." je lui réponds en détournant le regarde et en observant un garçon près de nous qui essaye tant bien que mal de couper un tronc avec une hache de fortune. Bellamy pose les mains sur ses hanches, comme pour se donner encore plus de contenance. Il m'énerve à jouer les petits chefs, tout ce que je veux c'est qu'il me laisse tranquille. Dès que je le vois, je me revois en train de tuer Atom. Il s'approche de moi, et je lève les yeux subitement, l'air de lui demander ce qu'il fait, mais il se penche vers moi. "Est-ce que ça va ?" murmure-t-il de façon à peine audible que même moi j'ai bien du mal à l'entendre. Et il regarde autour de lui, comme pour s'assurer que personne ne nous écoute. Je hausse un sourcil. "Bien sûr que ça va." je m'exclame bien fortement, et plusieurs têtes se tournent vers nous. Bellamy se redresse brusquement, comme si je l'avais trahi. Il voulait sûrement se montrer discret et faire en sorte que personne ne remarque qu'il me demande comment je vais. "Dans ce cas, tu ferais mieux d'aider les autres." finit-il, une pointe de venin dans la voix, avant de faire demi-tour et de retourner à son poste de surveillance/feignantise près de Murphy.
Je lui fais une petite grimace dans son dos en l'imitant jouer les vieux rabat-joie, ce qui entraine quelques ricanements moqueurs des personnes autour de moi. Ces personnes me sourient d'ailleurs alors que je fais volte-face à mon tour, et je ne peux que leur sourire en retour. Qui aurait cru que se moquer de Bellamy serait une bonne thérapie ?
Les heures défilent, et j'ai fini par laisser tomber le blouson. Porter des arbres d'un point à un autre est lassant, c'est vrai, mais le travail m'occupe l'esprit et c'est agréable. Seulement, il ne peut pas se passer une demie journée sans qu'il n'y ait un problème avec les 100. Je porte un tronc sur mon épaule droite, et derrière moi, le garçon s'arrête. Je pose donc l'avant du tronc au sol. "Ça va ?" je questionne le garçon à la peau foncée qui s'est agenouillé sur le sol, apparemment fatigué. "Tu penses que les Grounders vont juste s'asseoir et attendre que le mur soit batti ?" assène Murphy en s'approchant de nous. Je lève les yeux au ciel. "Peut-être qu'on devrait laisser la gamine faire le travail à ta place ?" continue Murphy en désignant Charlotte qui se trouve à quelques pas de nous, en train d'attacher deux arbres ensemble. "Murphy, tu sais quoi, la ferme, ok ?" je lui crache à la figure en m'approchant de lui. La tension monte immédiatement entre nous. Il me dévisage en me reluquant de bas en haut. "J'ai juste besoin d'eau, ok ? Et après, ça ira." nous coupe le garçon agenouillé par terre, comme pour essayer de détendre l'atmosphère. C'est à ce point évident qu'on va finir par se jeter l'un sur l'autre, avec Murphy ? "Donne-lui de l'eau, Murphy." dit Bellamy en arrivant derrière lui. Super, il ne manquait plus que lui... Cependant, cette fois, pas un regard pour moi. Tant mieux, non ? Oui. Tant mieux.
"Hé, tu t'occupes de ça ?" demande-t-il à Charlotte. Sans rien dire, elle s'approche du tronc. Je dois avouer que je reste sceptique, je ne sais pas si elle arrivera à porter ce tronc, et ça veut dire que ce sera à moi de combler le manque de force... Bellamy se penche alors vers elle. "Je plaisante." lui dit-il en souriant. Wouha, monsieur sait faire des blagues. J'observe Murphy qui s'éloigne, sûrement pour aller chercher de l'eau pour le garçon. Bellamy attrape alors l'arrière de l'arbre avec une facilité déconcertante. "Allez, on y va." m'ordonne-t-il, le ton glacial. Sans un mot, j'attrape l'avant du tronc et le place sur mon épaule et nous nous éloignons pour l'amener vers une partie du mur en construction. Derrière nous, quelques cris émanent, et je ne peux m'empêcher de m'arrêter et d'essayer de regarder derrière moi.
"Tu fais quoi ?" me demande Bellamy en s'impatientant. Je le dévisage par dessus mon épaule. Je distingue légèrement Murphy en train d'uriner, oui c'est ça, il est en train d'uriner sur mon ancien partenaire de travail. Bellamy lui aussi l'a vu puisqu'il s'est tourné furtivement. Un semblant de bagarre commence alors, et quelques gars retiennent le garçon sur qui Murphy a uriné sans gêne. "Non mais tu déconnes, tu ne vas rien faire ?" je m'exclame, indignée. Bellamy me scrute froidement. "Continue d'avancer." se contente-t-il de me répondre. Je serre les dents et le fusille du regard avant de recommencer à marcher à une vitesse plus élevée qu'auparavant. Je sens que Bellamy me suit tant bien que mal parce que l'arbre derrière moi tangue dangereusement. Dès que nous arrivons à l'endroit où nous devons déposer l'arbre, je lâche l'avant du tronc subitement, sans prévenir, et je fais demi-tour sans un mot. Bellamy, entrainé par le poids du tronc, manque de se casser la figure tête la première. Et alors que je m'éloigne, je l'entends m'insulter copieusement, mais je décide de l'ignorer royalement. Je ne comprends pas comment il peut laisser Murphy faire sa loi de tyran sans rien lui dire. D'accord, Bellamy est un tyran lui aussi, mais il est moins méchant que Murphy, c'est un fait indéniable.
Alors que je marche autour du camp, sans but possible, en essayant de calmer mon indignation, Clarke arrive près de moi en courant. "Il faut que tu viennes avec moi. J'ai besoin de toi, Iso." m'intime-t-elle en m'attrapant par le bras et en m'entrainant par sa suite. "Qu'est-ce qui se passe ?" je lui demande, mais je n'obtiens malheureusement pas de réponse. Je crains le pire. Nous nous dirigeons vers l'une des tentes et elle me fait entrer à l'intérieur. Là sont rassemblés Jasper, Octavia et Bellamy autour d'une table. Octavia me jette un petit regard, et je détourne immédiatement les yeux. Quand je disais qu'il ne pouvait pas se passer un laps de temps raisonnable sans qu'il y ait un malheur qui arrive... Bellamy a l'air soucieux et pensif, les bras croisés sur sa poitrine, et le regard fixé sur la table. Je suis son regard et découvre, en plein centre de la table, un couteau et deux doigts coupés. Des doigts. Super. Je comprends facilement que ce sont ceux de Wells. "Ce couteau a été fait avec un bout de métal provenant de la navette." nous explique Clarke calmement. Je passe une main dans mes cheveux puis sur mon visage. Eh bien, nous étions bien loin du compte. "Qu'est-ce que tu veux dire ?" demande Jasper, qui n'a pas encore fait le rapprochement.
"Qui d'autre est au courant ?" questionne Bellamy d'une voix posée. Les facettes de Bellamy sont infinies, on dirait. Le voilà sérieux et calme. "Personne. On l'a amené tout de suite." lui réponds Octavia. "Donc, ce n'est pas les Grounders qui ont tué Wells, mais l'un des nôtres ?" je commence en tournant le dos à mes camarades. Je souffle en posant les mains sur mes hanches. "C'est pas possible, il ne peut pas se passer une journée sans que l'un de nous ne fasse une connerie ?" je murmure, plus pour moi-même. Je me retourne et croise le regard de Clarke, elle ne parait pas surprise, ni même horrifiée, seulement, je peux lire sur son visage qu'elle est déjà en train de chercher une solution. "Donc, on a un meurtrier dans le camp ?" dit naïvement Jasper. Bellamy me jette un coup d'œil, et je vois pointer une lueur glaciale dans ses yeux. "Il n'y a pas qu'un meurtrier dans ce camp." dit-il en détournant les yeux. Est-il en train de me pointer du doigt ? Octavia me regarde à son tour et baisse les yeux, comme si une pensée triste venait de la traverser. Je remercie Bellamy d'un regard particulièrement mauvais. Et il enchaine alors : "C'est pas nouveau, on doit garder cette information secrète."
Clarke commence alors à se diriger vers la sortie de la tente. Je la regarde passer devant moi, mais Bellamy l'arrête dans son élan. "Pousse-toi de mon chemin, Bellamy." lui ordonne-t-elle de cette voix qui me fait froid dans le dos. Mais comme à son habitude, Bellamy n'écoute personne. "Réfléchis un peu à ça. Regarde tout ce que nous avons accompli. Le mur, les patrouilles... Que ça te plaise ou non, penser que les Grounders ont tué Wells est bon pour nous." lui explique Bellamy calmement. Dans un sens, il a raison, mais ce n'est pas pour ça que je ne dis rien à cet instant. Si on part du principe que tuer quelqu'un du camp nous rend condamnable, que puis-je dire ? J'ai tué Atom. Moi-même j'ai tué quelqu'un de ce camp. Alors je ne sais pas où me placer. Moi-même je devrais être punie, non ? "Bon pour toi, tu veux dire." lui crache Clarke au visage. "Tu veux garder les gens effrayés pour qu'ils travaillent pour toi ? C'est ça ?"
"Oui, c'est ça. C'est bon pour nous tous." dit Bellamy sans même hausser la voix. "Et puis tu comptes faire quoi, sortir et demander qui a tué Wells ?" se moque Bellamy en fixant Clarke droit dans les yeux, l'esquisse d'un sourire sur le visage. "Tu ne sais même pas à qui est le couteau." Je croise les bras sur ma poitrine, et un frisson me gagne. Je n'ai pas récupéré ma veste depuis tout à l'heure, et à ne plus travailler ni même bouger, je me suis refroidie. "Oh, vraiment ?" dit Clarke en haussant un sourcil. Quelque chose me dit que je ne vais même pas être surprise. "J.M. John Murphy."
Je regarde Clarke brandir le couteau avec les initiales de Murphy dessus. Bah tiens. Sans surprise. "Les gens ont le droit de savoir." proclame Clarke avant de sortir de la tente. Mon regard dérive sur toutes les personnes dans la pièce. Octavia et Jasper sortent à leur tour. Me voilà seule avec Bellamy. Je souffle en frottant mes mains contre mes bras pour me réchauffer. Je frisonne, mais j'ai bien peur qu'au final, ça ne soit pas dû au froid. Clarke va vouloir punir Murphy d'une manière ou d'un autre, le condamner, l'emprisonner, elle va trouver un moyen pour qu'il paye ce qu'il a fait, sur Terre. C'est vrai, personne ne devrait avoir le droit d'enlever la vie de qui que ce soit, où qu'il se trouve. Je l'avais déjà compris avec ma mère. Je savais très bien ce que j'allais ressentir une nouvelle fois avec Atom. La peine, la culpabilité. Je vais devoir subir une punition, moi aussi.
"Iso, tu n'es pas une meurtrière, d'accord ?" La voix de Bellamy me sort de mes pensées. Et, tout doucement, je relève mon visage fatigué vers lui. Son regard est posé sur moi, et il n'est plus froid. Il est plus doux. Comme lorsqu'il regardait Charlotte hier. Il ne faut pas que j'oublie que c'est Bellamy, et que ses paroles ne veulent rien dire. Il est prêt à tout pour diriger ce camp, il a soif de pouvoir, il fait souffrir les autres. Pourquoi me rassurerait-il d'une quelconque façon ? "Tu as aidé Atom, et peu importe ce qui se passera avec Murphy, il ne t'arrivera rien à toi." reprend-t-il d'une voix sereine, presque... Déterminée, comme si il me faisait une promesse. Il a pitié de moi, c'est ça ? Ou alors il a honte de ne pas avoir été capable de mettre fin aux souffrances d'Atom alors il pense m'être redevable. "J'en ai rien à faire, Bellamy." je me contente de lui répondre avant de sortir de la tente.
Une fois dehors, je pose ma main sur ma poitrine. Mon cœur bat plus vite que d'ordinaire, et ça me fait mal. C'est normal que je me montre méchante avec lui, étant donné son comportement sur le camp. Il laisse certain se faire martyriser sans rien dire, il est horrible, et je ne peux pas lui faire confiance. Mais alors pourquoi j'ai l'impression d'être la méchante dans cette histoire ?
------------------------------
Et voilà un nouveau chapitre ! Je suis désolée pour le temps que j'ai mis pour sortir cette nouvelle partie, en plus, je ne suis pas particulièrement fière de moi... J'espère qu'elle vous plaira quand même :/ N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez pour que je puisse l'améliorer si jamais quelque chose ne va pas !
N'hésitez pas également à aller voir mes autres fictions, j'en ai sorti une nouvelle qui mélange science-fiction, amour et mystère ! Si vous allez y faire un tour, je ne saurais comment vous remercier ! Vous aurez ma reconnaissance éternelle ! J'ai aussi ouvert un livre où je vous offre mes services pour vous faire des couvertures pour vos fictions, n'hésitez pas à venir me voir si vous êtes dans le besoin :D
Encore merci à vous, mes chers lecteurs, je ne saurais pas ce que je ferai sans vous, vous me motivez énormément !
Je vous propose également de voter pour le nom du ship entre Bellamy et Iso ahah ! Amusons-nous, nous aussi ! Je remercie chocolatandcookie pour m'avoir donné d'autres noms de ship ! Je vous laisse deux semaines pour voter, et donc jusqu'au 6 Juillet ! C'est simple, choisissez dans la liste le nom du ship que vous préférez et dîtes-le moi en commentaire :D Vous avez donc le choix entre :
- Isamy (3 votes pour l'instant)
- Belliso
- Isobell (1 vote pour l'instant)
- Sobell
Pour ma part, ça sera Isamy :D A votre tour !
A bientôt, et encore merci à vous tous d'être là !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top