14.3
Alors que je pose un pied en dehors du vaisseau, je suis frappée par l'activité qui règne à l'intérieur du camp. Tous les cents sont en train de courir à droite et à gauche, portant des sacs de munitions ou des armes. Sans plus attendre, j'attrape un fusil qui traîne quelque part et le soupèse pour jauger la douleur dans mon poignet. Elle est minime. Avec un peu de chance, je pourrai me servir de ce fusil sans craindre à ma vie ou celle d'un autre. Alors que je marche un peu aléatoirement dans le camp, à la recherche de quelque chose vraiment d'utile à faire, je remarque la silhouette de Bellamy qui s'agite plus loin, remplissant son chargeur de balles, tout en marchant et en donnant des ordres aux gens autour de lui. D'ailleurs, il marche vers moi sans même me reconnaître, et je décide de ne pas l'interpeller. Mais alors qu'il m'a déjà dépassée de plusieurs pas, il fait demi-tour et m'attrape le bras, me forçant à lui faire face. "Qu'est-ce que tu fais là ?" me demande-t-il, réprobateur. J'agite mon arme sous ses yeux, mais son regard se fait toujours aussi dur qu'avant. "Je veux me battre, moi aussi et..." commencé-je calmement, mais il me coupe la parole : "C'est hors de question, tu es malade, retourne dans le vaisseau."
Je reste un petit moment sans rien dire et observe les traits marqués de son visage. Ses cheveux presque noirs lui tombent devant les yeux, assombrissant un peu plus encore son regard si souvent difficile à percer. Sa mâchoire carrée et ses joues striées par la fatigue et l'inquiétude. Je tends alors la main et passe doucement mes doigts sur sa clavicule, puis jusqu'à son cou pour finir dans sa nuque. Mes doigts caressent la base de ses cheveux, et je vois une pointe de douceur envahir ses yeux sombres. "Bell, je veux pouvoir vous sauver. Je veux être là si une des personnes que j'aime est sur le point de mourir, et empêcher une telle chose d'arriver. Et si j'ai à mourir moi-même, je veux m'assurer que tout ira bien pour toi, pour Clarke, et pour tous les autres." Bellamy ferme les yeux alors qu'il approche son front du mien. Je me sens comme emplie d'une aura bienfaitrice. Ici, dans ce petit espace que représente nos deux corps enlacés, nous sommes chez nous. Nous sommes en sécurité, et rien ne peut nous atteindre. "Je ne peux pas te regarder mourir sans mourir à mon tour..." murmure Bellamy tout en passant ses mains dans mon dos pour approcher un peu plus encore mon corps près du sien. "Ne joue pas au plus malin avec moi, Bellamy Blake, tu sais que tu perdras toujours." dis-je dans un sourire alors que ses lèvres effleurent les miennes. Je n'ai pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il a souri lui-aussi. "Si jamais il t'arrive quelque chose, sache que je serai juste derrière toi. Je ne te laisserai pas partir seule, Iso, je te rejoindrai vite." souffle Bellamy alors que je ferme les yeux. Les larmes ne peuvent s'empêcher de monter jusqu'à mes yeux, parce que je ne supporterai jamais de vivre dans un monde sans Bellamy, tout comme je m'en voudrai toute l'éternité à l'idée de ne pas le savoir vivant. Pourtant, je sais que je suis capable de lui faire la même promesse. "Alors, c'est tout ou rien." dis-je simplement en déposant de nouveau mes lèvres au coin des siennes, comme si j'ouvrais une nouvelle parenthèse, une nouvelle vie, et elle commence ici. "Tout ou rien." répète Bellamy en m'embrassant à son tour au coin de mes lèvres.
Un bruit de tambours nous force à nous reculer, et nous nous dévisageons, bien trop conscients de ce que cela veut dire. Autour de nous, les murmures grandissent dans le camp, et l'inquiétude devient aussi présente que l'air autour de nous. Bellamy attrape ma main et commence à courir, allant par delà les murs du camps, jusqu'aux petites cachettes dans les buissons qui ont été construites, afin de pouvoir voir arriver les Grounders. Dès que nous arrivons près de Miller, nous nous accroupissons derrière un gros tronc si épais qu'il cache presque notre corps entier. Bellamy et moi braquons notre arme vers la forêt, nous servant du tronc comme d'un socle. Je garde les yeux fixés sur la nuit noire qui nous entoure et les branches qui bougent au gré du vent. "Où est Octavia ?" demande Bellamy, la voix légèrement tremblante. "Elle est partie il y a cinq minutes, elle n'a pas dit où elle allait... Elle se prend pour un putain de samouraï..." déclare alors Miller en levant les yeux au ciel. Je jette un regard à Bellamy, dont le visage s'est clairement durci. Monroe, qui se trouve sur ma gauche, a les mains qui tremblent sur son pistolet, et je me surprends à vouloir dire quelque pour la rassurer, mais rien ne me vient. Car même l'espoir est difficilement trouvable à l'heure qu'il est.
"Tu vois quelque chose ?" me questionne Bellamy alors que je me concentre de nouveau sur le néant devant nous. "Non..." soufflé-je en me concentrant sur mon doigt sur la détente de mon arme. "Qu'est-ce qu'ils attendent ?" s'impatiente Monroe, alors que le bruit métallique de son arme semble envahir la forêt. "Plus longtemps ils attendent, mieux c'est. C'est plus de temps pour Raven." lui répond Bellamy. C'est vrai, pour préparer ses fichus fusées qui sont notre seul moyen de nous en sortir. Bien sûr, je sais reconnaître que c'est le meilleur plan que nous ayons, mais j'ai du mal à croire que nous réussirons tous à nous en sortir. Et malheureusement, plus ils attendent, plus ce sera la panique dans nos rangs. Il faut garder les idées claires.
"Je les vois bouger !" s'exclame alors quelqu'un dans un talkie, et nous nous arrêtons tous de respirer. "J'en compte deux, trois... Non, attendez, beaucoup plus ! Ils sont trop nombreux !". Les grésillements du talkie résonnent dans toute la forêt et font écho aux battements de nos cœurs. Je ferme les yeux et inspire longuement, essayant de visualiser ce qu'il va se passer, espérant pouvoir m'y préparer. Des coups de feu me ramènent à la réalité, ils sont lointains mais rebondissent dans toute la forêt. "Ça vient de la tranchée sud." explique Miller tandis que Bellamy attrape le talkie. "Tranchée Sud, répondez !" ordonne-t-il tout en me regardant, les yeux brûlants d'une inquiétude non dissimulée. Mais d'autres tirs lui répondent. Je prends une grande inspiration tout en me concentrant de nouveau sur la forêt. "Nous allons bien. Ils n'ont pas attaquer, c'est comme... Comme tirer sur des fantômes..." dit la voix au travers du talkie. Je fronce les sourcils. Il fait déjà tellement sombre dans cette forêt que je ne suis même pas sûr de pouvoir distinguer un fantôme entre les arbres. Mais du mouvement attire mon regard, et je retiens alors mon souffle. Avant que je ne puisse identifier réellement ce que c'est, Monroe s'écrie : "Ici ! Je le vois !" et elle se met à tirer. Miller la suit alors de ce pas, mais la voix de Bellamy les rappelle à l'ordre. "Stop ! Cessez le feu !"
Je me redresse légèrement, et plisse les yeux afin de distinguer le plus possible ce qu'il se passe, une dizaine de mètres plus loin. Je pense bien que c'était une silhouette humaine, mais elle se contentait de courir parallèlement à nous. A côté de moi, Miller et Monroe ont vidé leurs chargeurs sans même s'en rendre compte. "Ils veulent que nous utilisions nos munitions..."marmonné-je, ne pouvant m'empêcher d'être impressionnée et vexée également. Vexée que ces deux idiots aient tiré inutilement. Bellamy souffle longuement avant de jeter un regard désapprobateur à Miller. "Rechargez." leur dit-il d'un ton sans appel. Mais Miller, les yeux baissés, se contente de poser son arme près de lui. "C'était nos dernières cartouches." confie-t-il d'une petite voix. "C'est pas vrai..." laissé-je échapper, dépitée.
"On... On devrait reculer..." bégaye alors Monroe, la voix tremblante à cause de la peur. "On ne peut pas, si cette position tombe, ils iront droit sur la porte principale du camp..." explique Bellamy en jetant un regard autour de lui. Je passe une main sur mon front trempé de sueur, et je tends à Monroe une cartouche de munitions que j'avais amené avec moi. Je vois bien que Bellamy se tend à mes côtés, parce qu'il ne me reste plus que les balles dans mon chargeur, et d'ailleurs, je ne sais même pas combien. Je n'ai pas vérifié mon arme avant de partir sur le front.
Les minutes défilent, et les tirs commencent à fuser tout autour du camp. A un moment donné, plusieurs grosses explosions retentissent, et Jasper s'exclame soudainement dans le talkie que les mines ont fonctionné. J'entends Bellamy pousser un soupir de soulagement, mais il ne se détend pas pour autant. Nous restons les yeux rivés sur l'immensité de la forêt, et évitons de tirer à moins de nous sentir en danger direct. Clarke demande alors à Jasper de la rejoindre au vaisseau, mais Bellamy n'est pas d'accord. Cependant, Clarke lui explique qu'elle a besoin de lui pour souder la commande permettant de faire exploser les fusées, et comme la tranchée ouest est remplie de mines, ça devrait aller. Bellamy rappelle alors à tout le monde de ne pas tirer si les Grounders se déplacent latéralement, et même si quelques tirs se font entendre de temps en temps, le silence reprend ses droits. La tension est cependant toujours bien là, et alors qu'un moment de calme, comme une bénédiction, se fait sentir, Bellamy glisse sa mains jusqu'à la mienne, emprisonnant mes doigts dans l'étau des siens.
Mais des cris percent alors les environs, et nous voyons soudainement de nombreuses silhouettes se diriger droit sur nous. Ils brandissent leurs armes dans les airs tout en courant entre les arbres. La main de Bellamy lâche la mienne et un vide difficile à supporter me coupe le souffle. Cependant, je ne me laisse pas le temps d'y réfléchir et attrape mon arme à deux mains. Nous commençons à tirer sur eux, visant leurs épaisses silhouettes qui se déplacent en courant vers nous. Mais alors qu'un homme s'effondre après avoir pris une de mes balles, je sens du mouvement à côté de moi. Monroe fuit en courant, retournant vers le camp. Miller l'appelle en lui disant de revenir, mais l'écho de sa voix se perd dans les cris de nos assaillants. J'attrape alors de ma main valide l'arme de Monroe qu'elle a laissé là, et je la lance du côté de Miller. Il la récupère et commence à tirer à son tour. Cependant, ils sont tellement nombreux que même en tirant et en touchant notre cible, ils arrivent rapidement très près de nous. Bellamy se lève, et attrape le col de ma veste pour me forcer à reculer à mon tour. Nous tirons presque à l'unissons sur deux corps qui se jetaient sur nous, mais nous n'avons pas le temps de voir le troisième qui les suivait.
La silhouette du Grounder apparaît alors devant nous, recouverte d'une épaisse fourrure, et le visage peinturluré. Il saute par dessus le tronc qui nous servait de parapet et se rue sur Bellamy. Miller et moi appelons notre ami d'une même voix, tandis que le Grounder donne un coup dans le ventre de Miller avec le manche de sa lance. Je lève mon arme tandis que le Grounder attrape Bellamy et le plaque lourdement au sol, une main agrippée à sa gorge. J'appuie sur la détente de mon arme, paniquée, la sueur piquant mes yeux, mais seul un cliquetis me répond. Je n'ai plus de munitions. Des sanglots s'étouffent dans ma gorge alors que je vois ce monstre tenter de tuer l'homme que j'aime.
Une ombre surgit alors de nulle part et s'écrase sur le Grounder, lui plantant une lame dans le crâne. Mes deux mains viennent se plaquer devant ma bouche alors que le corps inerte du Grounder s'écroule sur le sol et que je reconnais les cheveux sauvages d'Octavia.
Bellamy, essoufflé, regarde sa sœur comme si elle était la huitième merveille du monde, et à ce moment précis, je ne peux qu'être d'accord avec lui. "Admet-le, tu en veux un." dit simplement Octavia en montrant son sabre. Bellamy sourit, et moi aussi d'ailleurs, avant qu'une nuée de flèches transpercent les airs. Je me couvre le visage tout en me laissant tomber sur sol, et je vois la silhouette d'Octavia s'écrouler dans les bras de son frère. Bellamy ordonne à Miller de retourner au camp alors que les flèches ont cessé de pleuvoir, et je m'approche rapidement de Bellamy et Octavia. Ce dernier essaye de la soutenir tant bien que mal alors que son corps vacille de droite à gauche. "Tu peux marcher ?" demande vivement Bellamy à sa sœur, mais cette dernière ne peut lui répondre tellement elle respire fort. Je passe alors un bras sous son épaule et incite Bellamy du regard à faire de même. "Ramenons-la derrière les murs."
Octavia a de plus en plus de mal à se tenir debout alors que les minutes défilent et que nous piétinons afin de revenir vers le camp. Des cris percent tout autour de nous, et alors qu'une lumière étrange attire mon regard vers le ciel, je vois que les cieux sont striés par des flammes. Aucun de nous ne parle, mais nous sachons que c'est l'Arche qui est train s'écraser sur la Terre. Le temps que Bellamy et moi échangeons un regard, Octavia se laisse tomber sur le sol, m'entraînant avec elle. Nous la postons contre un arbre, et j'empoigne mon arme alors que je ne sais même pas par où la pointer, tellement il y a de bruits autour de nous. Des corps s'entrechoquent un plus bas, pourtant, ce ne sont pas contre les nôtres que se battent les Grounders. Je me place contre un arbre, intimant à Bellamy et Octavia de ne pas faire de bruit.
"Nous devons continuer..." dit Bellamy en se tournant vers Octavia. "On ne va jamais y arriver." répond-t-elle, et je sais malheureusement qu'elle n'a pas tord. Impossible de courir, de se déplacer discrètement et de contourner ce champ de bataille sans se faire remarquer et embrocher. "Laissez-moi, je trouverai un autre moyen." continue Octavia tout en me regardant à mon tour. Je vois bien qu'elle essaye de me convaincre principalement, parce qu'elle sait que son frère ne l'abandonnera jamais. "Je ne vais nulle part sans toi..." reprend rapidement Bellamy de sa voix autoritaire.
"Octavia !" cette nouvelle voix nous fait tous sursauter alors qu'un corps débarque à nos côtés. J'ai comme réflexe de lever mon arme, mais je reconnais rapidement Lincoln, qui vient s'accroupir près d'Octavia. Il colle son front au sien, tandis qu'Octavia passe ses bras autour de sa nuque. Octavia s'accroche alors aux bras de Lincoln comme à une bouée de sauvetage et je ne peux que comprendre ce qu'elle ressent. Le regard de Bellamy navigue entre les corps enlacés de sa sœur et de Lincoln avant de se diriger vers moi. Il prend une profonde inspiration avant de donner un coup de menton vers les hommes qui se battent entre eux derrière nous. "C'est toi qui as fait ça ?" lui demande-t-il. "Avec Finn, ce sont des Faucheurs. Ils ne pensent qu'à se nourrir." répond Lincoln en regardant la blessure d'Octavia. "C'est profond, je peux t'aider, mais tu dois venir avec moi maintenant." dit précipitamment Lincoln en regardant autour de lui, avant de fixer son regard dans celui de Bellamy. "Allez-y." souffle Bellamy.
Octavia se tourne alors vers son frère, prête à le contredire, mais je m'approche alors, et pose une main sur l'épaule de Bellamy. "C'est trop dangereux, tu ne peux pas marcher, et on arrivera jamais à retourner au vaisseau..." soufflé-je en serrant un peu plus l'épaule de Bellamy, que je sens trembler contre ma peau. "Elle a raison..." conclut Lincoln, alors que le visage d'Octavia se déforme sous la douleur. "O, écoute-moi." commence Bellamy en se penchant vers elle et en posant sa main sur son genoux. "Je t'ai dit que ma vie s'est terminée le jour où tu es née. En vérité, elle n'a jamais commencé avant." dit Bellamy, la voix tremblante et les yeux brillants. "Va avec lui, j'ai besoin que tu vives." finit Bellamy, alors que les larmes montent aux yeux de sa sœur. Octavia, une larme roulant sa joue, prend son frère dans ses bras. "Je t'aime, grand frère." dit-elle en reculant. Bellamy hoche la tête, l'ombre d'un sourire au coin de sa joue. "Nous nous reverrons." souffle-t-il, et Octavia répète ses mots. Bellamy l'aide alors à se remettre debout, et Lincoln la prend dans ses bras. Octavia s'accroche au cou de Lincoln sans jamais quitter son frère du regard. "Garde-la en vie." dit-il à Lincoln, et ce dernier hoche la tête, une promesse tacite se faisant alors entre les deux garçons. Il s'enfuit alors entre les arbres, et Bellamy se tourne vers moi.
La tristesse que je lis dans son regard manque de me déchirer en deux, et je lève la main vers son visage pour essuyer une larme coulant sur sa joue. "Tout ira bien pour elle, elle est vivante..." murmuré-je, retenant mes propres larmes. Bellamy prend ma main dans la sienne et la serre un peu plus contre son visage. "Tout ou rien." souffle-t-il avant que les cris des hommes autour de nous ne nous ramènent à la réalité, et nous nous mettons à courir en direction du camp.
Alors que nous arrivons près du camp, Bellamy relève son arme, la seule qu'il nous reste, et me cache derrière lui, marchant à petits pas. Les silhouettes s'entrechoquent autour de nous, mais c'est difficile de dire si elles sont amies ou ennemies. "Iso !!" la voix de Clarke m'interpelle, et je remarque qu'elle est juste devant la porte du vaisseau, et qu'elle nous fait signe de venir vers elle. "Courez !!" nous crie-t-elle, le visage déformé par la crainte. Bellamy fait plusieurs pas en avant, mais une silhouette se détache de celles des autres. Elle paraît plus grande, plus imposante, et elle avance vers nous. Bellamy me pousse alors brutalement sur le côté et pointe son arme sur le corps qui s'approche de nous. Il appuie sur la détente, mais l'arme s'enraille et l'homme est déjà sur lui. Bellamy se sert de son arme comme d'un bouclier contre le coup de machette de l'homme, mais celui-ci le repousse facilement. Clarke ne cesse de me hurler dessus pour que je cours vers le vaisseau, mais j'en suis incapable. L'homme que j'aime se fait battre à mort sous mes yeux.
Tout ou rien.
C'est tout ou rien.
Sans plus réfléchir, je me jette contre le corps massif de l'homme qui frappe Bellamy du poing, et j'ai juste assez de force pour le faire reculer de quelques pas. Les voix de Bellamy et Clarke se mélangent à mes oreilles alors que la main de l'homme se lève et s'abat contre ma tempe, me propulsant la joue dans la terre. Je suffoque, une douleur fulgurante me faisant battre des paupières, et alors que je me bats pour me remettre debout, mes doigts s'enfonçant dans la terre, j'aperçois la silhouette floue de Bellamy se battre toujours contre ce Grounder. Un coup de feu résonne à mon oreille comme si celle-ci était collée contre l'arme, et Finn se rue alors à son tour sur ce Grounder, aidant Bellamy à le mettre à terre.
Autour de nous, c'est l'anarchie totale. Je vois un Grounder plus loin, planté une lame dans l'abdomen d'un des nôtres, et celui-ci crache alors un épais filet de sang. La joue toujours contre le sol boueux, je perçois la cavalcade de centaines de pieds qui martèlent le sol en entrant dans le camp. C'est trop tard. Tout est fini.
Me servant de mes coudes pour me redresser, je croise le regard de Clarke, dont le visage est ravagé par les larmes. Elle me supplie, en silence, de la rejoindre, mais je me contente de hocher la tête. C'est le moment. Les Grounders sont en train d'assez se rapprocher pour tous les éliminer. Les fusées embraseront chaque corps qui aura eu le malheur de se trouver sur notre camp. Clarke secoue la tête, elle comprend ce que je veux lui dire, mais elle refuse. Miller apparaît derrière elle et la force à rejoindre le vaisseau.
Une silhouette vient d'attraper Finn fortement, et le frappe au visage. Il lui donne alors un coup de pied, le forçant à rouler sur le sol. Je pousse un grognement, afin de me remettre debout, mais mon souffle se bloque dans ma poitrine. Je dois trouver Bellamy. Voilà la seule chose à laquelle je suis capable de penser. Je dois le trouver et le serrer dans mes bras, ainsi, nous resterons comme ça pour l'éternité. Je l'appelle d'une voix tremblante, ma vue se faisant floue alors que j'essaye de reprendre ma respiration. Les Grounders arrivent par dizaine dans mon dos, je ne vois plus Finn, et impossible de trouver Bellamy. Je me mets à regarder les corps inertes, sur le sol, priant pour ne pas y trouver celui de Bellamy. Pas tout de suite, pas maintenant, nous devons partir ensemble. Je vois les portes du vaisseau se refermer alors qu'une silhouette s'y glisse avec agilité. Ils vont bientôt faire exploser les fusées, ce n'est plus qu'une question de secondes. J'appelle de nouveau Bellamy, ma voix masquée par les sanglots. J'ai beau me répéter que je ne dois pas craquer, je n'y arrive pas, les larmes dévalent mes joues.
Mais quand enfin je le vois, alors qu'il est là, devant moi, plantant sa hache dans la poitrine d'un corps au sol, je suis sur le point de m'effondrer. Il est vivant. Je l'appelle de nouveau, les secondes défilent au ralenti, j'ai comme un compte à rebours qui hurle dans ma tête. Il se tourne vers moi, et son visage s'illumine de soulagement. Mais alors, un bruit rauque s'élève derrière moi et une force me frappe de plein fouet, répendant une douleur sourde dans tout mon être. Mon cri s'éteint dans ma gorge alors que mes yeux se ferment d'eux-mêmes.
Tout ou rien.
Il ne reste plus rien.
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