11.1
Il ne fait pas encore jour lorsque plusieurs silhouettes se retrouvent à l'entrée du camp. Raven, Finn, Clarke et Bellamy sont parmi elles, le reste étant quelques gars du campement dont je ne me rappelle pas les noms. Les bras croisés, je les observe se préparer. Ils faut sûrement une demie-journée de marche pour aller jusqu'à l'emplacement où s'est écrasé le vaisseau, et ils préfèrent se mettre en route le plus tôt possible. Je m'approche de Clarke, et pose doucement une main sur son épaules. "Ça va aller ?" lui demandé-je timidement. Voir et comprendre la souffrance de quelqu'un est une chose difficile à supporter, parce que même si on sait qu'elle est là, il n'est pas aisé de la faire disparaître. Et je ne suis pas sûr d'être un modèle en terme de soutien moral. Clarke hoche la tête, et son regard voilé se pose sur moi. "Tu es sûr que tu ne veux pas que je vienne ?" essayé-je de nouveau, souhaitant réellement pouvoir l'accompagner. Il fait un petit non de la tête. "Il faut quelqu'un pour surveiller le camp." me dit-elle en baissant la tête. Je fronce les sourcils. "Finn peut prendre ma place, et moi la sienne..." tenté-je, mais de nouveau, elle fait non de la tête. "Je t'ai déjà dit que je voulais quelqu'un de confiance..." crache alors Bellamy en apparaissant derrière nous.
Je lève les yeux vers lui alors qu'il s'avance, un fusil à la main. Il annonce à tout le monde que tout est prêt et qu'il est l'heure de se mettre en marche. C'est vrai, il m'a demandé de rester sur le camp. Avec l'altercation avec les Grounders juste avant, il m'a avoué ne pas pouvoir laisser le camp sans surveillance. Ou tout du moins, sans la surveillance d'une personne de confiance. Clarke, après un dernier regard, me serre brièvement dans ses bras, et elle se dirige vers la sortie du camp. Bellamy m'attrape par le coude et me force à lui faire face. "Tu es la seule en qui j'ai confiance, Iso, surveille-les et protège-les s'il le faut." me dit-il à voix basse. Je fronce les sourcils. Il sait parfaitement que je suis très mauvaise en ce concerne protéger les gens, et, d'ailleurs, tout simplement, je n'aime pas ça. Je n'aime pas avoir une telle responsabilité. "Je croyais qu'on ne devait pas se faire confiance, tous les deux." je lui réponds en ricanant, un sourire ironique sur les lèvres. Le regard de Bellamy s'illumine et un sourire amusé étire ses lèvres. "On est au dessus de ça, maintenant, toi et moi." déclare Bellamy en passant un bras autour de mes épaules et en m'approchant contre lui. L'accolade est brève, tout comme elle l'a été avec Clarke, mais pourtant, elle dégage autre chose, et éveille un million de sensations chez moi. Rougissant presque, je me détache de lui, estimant humer un peu trop cette odeur, mélange de poudre à canon et feuillage, qu'est la sienne. "Fait attention à Clarke... Et fait attention à toi." me contenté-je de dire avant de faire demi-tour, gardant la tête baissée et ne lui laissant pas le temps de répondre. Sans un regard en arrière, je m'éloigne de la porte du camp, et je vais m'asseoir près du feu.
Au début, je pensais pouvoir rester tranquille, prostrée devant ce feu, mais il s'est vite avéré que ça n'allait pas être possible. Les 100 ont commencé à tous paniquer chacun leur tour au moindre son, et avec Octavia, on a décidé d'organiser des tours de garde. Allez savoir pourquoi, Octavia accepte encore de me parler, ce qui n'est pas le cas avec son frère, ou bien Clarke. Ou alors peut-être est-ce parce que nous étions d'accord sur ce coup-là, on a réussi à travailler en équipe. Enfin, tout ça pour dire qu'on a dû gérer une bande de gamins apeurés toute la journée, et que ça n'a pas été de tout repos. Sans parler de Jasper et son soudain gain de confiance en lui. Toute la journée, j'ai dû le supporter se vanter auprès des autres de son exploit de la veille. Alors je suis bien d'accord pour le défendre quand il se fait emmerder par les autres, mais je ne suis pas prête à le soutenir lorsqu'il joue les vantards. Voilà une autre raison qui a expliqué la possibilité de notre collaboration, à Octavia et moi, c'est que nous ne supportions plus de l'entendre parler. Avouons-le, il n'y a pas de quoi se vanter. Il nous a peut-être sauvé, mais il a arraché la vie à d'autres gens.
Et le voilà, auprès du feu, alors que la nuit est tombée depuis plusieurs longues heures déjà. Il trouve encore le moyen de parler. Postée à l'une des embouchures du mur qui permet de surveiller l'extérieur, je garde mon fusil à la main et les yeux rivés sur l'obscurité de la forêt. Monty est assis à côté de moi et observe lui aussi, plus distraitement cependant. Octavia arrive alors à notre niveau. "Toujours aucun signe des autres ou de ton frère ?" demande Monty en se tournant vers la nouvelle venue. Octavia garde les yeux fixés sur l'extérieur, comme si elle cherchait quelque chose. Baissant mon arme, je suis son regard. "Je m'en fiche." dit-elle, alors que ses yeux semblent discerner quelque chose. Je remarque alors une fleur placée sur arbre. Je me tourne vers elle, elle me jette un petit regard méfiant. "Tu peux y aller, tu sais, c'est pas moi qui vais te dicter ce que tu dois faire ou non." lui dis-je sur un ton neutre. C'est vrai, je ne suis pas son frère, et je pense qu'il la surprotège trop, d'où son besoin de liberté. Et j'ai vu comment elle regardait Lincoln, le Grounder, hier sur le pont. Il se passe quelque chose entre eux qui est sûrement assez fort pour tous nous faire réfléchir. Ils ont réussi à franchir les barrières qui les séparaient.
Octavia se tourne vers moi, elle va pour me remercier, je peux le lire dans ses yeux, mais la voix de Jasper, posté près du feu avec d'autres, nous parvient. Je lève les yeux au ciel, laissant échapper mon mécontentement par un juron. Une fille, Harper, je crois, et un garçon dont je ne me souviens pas le nom, semblent boire les paroles de Jasper, qui se vante que la peur n'est rien si tu ne la laisses pas avoir le dessus sur toi. "La peur est un problème si tu la laisses t'arrêter, non ?" déclare-t-il, ne cherchant même pas à cacher la fierté qu'il semble ressentir. Octavia secoue la tête imperceptiblement. "Ce n'est pas lui qui a dit ça, c'est Finn !" dit-elle, presque indignée. Je souffle, las, et me retourne de nouveau vers la forêt. Octavia veut s'interposer, mais Monty l'en empêche, lui expliquant que pour une fois, Jasper est vu comme un héros. C'est vrai qu'au début, la plupart voulait le tuer parce que le pauvre agonisait. Si seulement il se montrait un peu moins vaniteux, ça serait supportable.
Un bruit de métal s'entrechoquant parvient alors jusqu'à nous, et je me redresse immédiatement, le fusil entre les mains. "Quelqu'un a déclenché l'alarme !" s'exclame Miller, à quelques mètres de moi. Tout le monde s'est levé, et se tient sur le qui-vive. Nous avons, dans l'après-midi, étendu un fil tout autour du camp, à une dizaine de mètres du mur, le reliant à des morceaux de métal, nous permettant de savoir si quelqu'un cherche à s'approcher du camp. Derrière moi, les gens, inquiets, commencent légèrement à paniquer. Ils ont tous peur d'une chose, que ce soit les Grounders. J'inspecte minutieusement les bois, mais il fait trop noir. Là, d'un coup, un des 100 se met alors à tirer. "C'est pas vrai, mais arrête tout de suite !" je lui hurle en me tournant vers lui. Octavia lève les yeux vers moi. "Lincoln..." murmure-t-elle, inquiète. Je descends de mon perchoir, et pose une main sur son épaule. "Ok, tout le monde se calme. Connor, tu prends une torche, on va aller voir." dis-je à l'intention d'un des garçons. Il s'empare alors d'une torche postée à l'entrée du camp, pendant que d'autres nous ouvrent la porte.
L'arme à la main, je sors du camp, suivie de près par Octavia, et par Connor, beaucoup moins sûr de lui. Il nous demande de ralentir alors que nous marchons vers la forêt à grands pas. Octavia me tape alors sur l'épaule, me montrant une silhouette parmi les arbres, allongée sur le sol. L'arme braquée, je m'avance doucement. Je prends rapidement conscience que ce n'est pas un Grounder. Le corps est prostré, impassible, il est même impossible de voir s'il respire encore. Pendant que je continue de viser ce corps avec mon arme, Octavia s'en approche doucement. Au moment où elle va pour poser sa main sur lui, le corps bouge et se met subitement debout. Le doigt sur la gâchette, je braque mon arme sur lui. "Pas un geste !" dis-je, presque férocement, le cœur battant à l'idée que je ne doive me servir de mon arme. Le corps titube sur quelques mètres, reculant piteusement avant de retomber sur le sol. Je fronce les sourcils. Cette personne est totalement apeurée. Je laisse retomber l'arme contre ma hanche, et, le souffle court, je fais un pas en avant. "Murphy ?"
Nous avons amené Murphy à l'intérieur du vaisseau. Il est terriblement amoché, il ne peut qu'à peine marcher tout seul. Jamais je n'avais vu un corps aussi mortifié, il est à peine reconnaissable, des plaies sont ouvertes sur son visage, ses bras, il est littéralement recouvert de sang de la tête aux pieds. Beaucoup de personnes du camp se tiennent debout dans le vaisseau, à le fixer comme s'il était une bête de foire, alors que nous le posons contre le mur. "Ok, tout le monde dehors ! Amenez-nous les autres dès qu'ils rentrent !" ordonné-je d'une voix autoritaire, la plupart s'en vont sans rien ajouter. Il ne reste plus que Connor et Derek, un autre gars surveillant le pont, l'idiot qui a tiré, Octavia et moi. Je m'éloigne alors un peu, et Octavia vient me rejoindre, laissant les deux garçons surveiller Murphy. Je me passe une main sur le visage. La dernière fois que j'ai vu Murphy, c'était après le suicide de Charlotte, et Bellamy et Clarke l'ont banni. Pourquoi est-il revenu ?
Subitement, plusieurs bruits de pas nous parviennent, et rapidement, Bellamy, Clarke et Finn entrent dans le vaisseau. Bellamy, les yeux écarquillés, jauge le pauvre corps de Murphy, recroquevillé dans un coin. Les trois nouveaux venus sont choqués. Le regard de Bellamy parcourt alors la salle, et il tombe sur Octavia et moi. Je le vois souffler de soulagement, il a sûrement dû craindre que quelque chose arrive à sa sœur. Je m'approche alors des autres, et me tourne vers Clarke, l'interrogeant du regard pour savoir si elle va bien. Elle me fait un petit signe de tête en réponse. "On l'a surpris en train d'espionner autour du camp." dit alors Connor. Je me tourne subitement vers lui. "C'est faux !" je ne peux m'empêcher de le contredire. "On ne sait pas ce qu'il faisait là, mais il était quasiment mort !" continué-je, de la même façon dont j'ai pu prendre la défense de Jasper la veille. Bellamy me dévisage, sans vraiment comprendre où je veux en venir. Je sais la haine que vouent les gens du camp à Murphy, mais étant donné l'état dans lequel il est, il n'a pas besoin de subir de nouveau leur foudre. "C'est vrai, je n'espionnais pas, j'étais en train d'échapper aux Grounders." se défend Murphy, dans mon dos, alors que je m'étais imperceptiblement placée devant lui, le séparant des autres. "Quelqu'un a vu des Grounders ?" demande férocement Bellamy, et les deux garçons hochent négativement la tête. Je pose mes yeux sur Bellamy, lui demandant implicitement du regard de se calmer. Il tient Murphy responsable de la mort de Charlotte, et je sens tant de haine émaner de lui que ça me glace presque le sang.
"Dans ce cas, pousse-toi Iso..." dit froidement Bellamy en pointant son arme sur Murphy. J'écarquille les yeux, mais avant que je ne puisse esquisser un geste, Finn lui fait baisser son arme. "Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?" s'énerve alors Finn. Je sens du mouvement dans mon dos, Murphy se blottit encore plus contre la paroi du vaisseau, les traits tirés par la crainte. "On était clair sur ce qui arriverait s'il revenait..." répond Bellamy en braquant de nouveau son arme. Finn et moi nous mettons alors en travers de son chemin. "S'il était avec les Grounders, peut-être sait-il des choses qui peuvent nous aider..." essaye Finn, mais le visage de Bellamy reste fermé. Je m'approche alors doucement de lui, la main levée vers son arme en signe de paix. "Bell, s'il te plaît..." lui dis-je d'une petite voix, les yeux plantés dans les siens. "On l'a banni, il n'a rien à faire ici, on le tient maintenant, alors on le tue..." crache Bellamy, mais je vois bien à la lueur qui traverse ses yeux qu'il y a plus que de la haine en lui à ce moment.
Clarke avance alors soudainement jusqu'à Murphy et s'accroupit près de lui. "Clarke, pense à Charlotte !" dit Bellamy, en baissant son arme. "Je pense à elle, mais ce qui lui est arrivé est autant de notre faute que de la sienne..." se justifie alors Clarke en examinant les mains de Murphy. Les traits du visage de Bellamy s'affaissent alors, et je m'avance doucement vers lui. Mais il fait alors plusieurs pas en arrière, dépité. "Il ne ment pas." déclare Clarke dans notre dos. Je me tourne vers elle, elle tient entre ses mains l'une des mains maculée de sang de Murphy. "Ils lui ont arrachés les ongles, il a été torturé." s'exclame Clarke, levant les yeux vers Murphy. Un silence plane sur les personnes présentes dans le vaisseau. "Les terriens et toi devriez comparer vos notes." se moque alors Finn d'un ton ironique en s'adressant à Bellamy. "La ferme !" lui craché-je en lui jetant un regard noir. Je m'approche alors de Murphy, m'accroupissant à côté de lui. Je pose ma main sur son épaule doucement. "Ça va aller, on va te soigner, d'accord ?" lui dis-je d'une petite voix, en lançant un regard vers Clarke. Elle hoche la tête après un regard compréhensif vers Murphy. "Après que tu nous avoues ce que tu leur as dit sur nous !" s'énerve Bellamy en haussant le ton et en s'approchant de Murphy. "Tout..." répond simplement Murphy.
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Coucou tout le monde !
Olalala j'avais tellement hâte d'écrire ce chapitre que je me mets la pression toute seule en plus alors j'espère qu'il vous plaira, j'espère que je ne vais pas foirer le reste olalalala ahah
En tout cas, j'espère vraiment que ce chapitre vous a plu même si avouons-le, pour l'instant, l'action n'est pas encore clairement lancée ! Je ne sais pas du tout quoi penser de ce chapitre, alors j'aimerais vraiment savoir votre avis, et ce que vous imaginez pour la suite !
Enfin, voilà, je suis un peu énervée là, j'ai hâte d'écrire la suite, je ne sais pas si j'aurais le temps aujourd'hui cependant !
Merci pour tous vos commentaires sur le chapitre précédent, à partir de maintenant, je vais m'efforcer de répondre à chacun d'entre vous, parce qu'en fait, ça me fait super plaisir de discuter avec vous !
A bientôt !
PS : je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j'ai fait un crackship d'Iso et Murphy *.* ils sont choux, non ? héhé
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