Gazinth d'Estinahl
Slad eut à peine le temps d'esquisser une réponse qu'un vortex d'énergie vint balayer la ruelle dans un grondement étourdissant. Une forte odeur fétide se répandit immédiatement dans l'air.
— La vesse du Gahzinth ! s'écria Zed dans un bref moment de panique qui lui rappela les seuls de son enfance, lorsque sa tante lui annonçait qu'il y aurait des kooks d'Ougneths au repas du soir ! Et s'il y a bien une chose qui l'effraie dans ces trois mondes, c'est bien les kooks suintantes et putrides de ces infâmes et poilus bestiaux anencéphales que sont les Ougneths. Et cette sempiternelle remontrance de sa tante qui lui revient sans cesse en mémoire :
— Tu vas manger ces kooks ou niet ! Tu n'auras rien d'autre !
Elle lui rappelait sans cesse la vertu des kooks contre la sénescence.
— Tu vivras plus longtemps lui rappelait-elle constamment.
Mais pour lui, les seules kooks que ses yeux et son palais pouvaient supporter était celles des Ratschâa, ces animaux sauvages vivant dans les forêts laitières proches du golfe d'Oran. Eux aussi on les chassait pour leurs kooks, dont la réputation égalait presque celles des Ougneths. Mais le problème de Zed était que les kooks à Ratschâa était bien plus chères car ces animaux se faisaient de plus en plus rares. Par ailleurs, leur polymorphie les rendait très difficile à capturer, d'où le coût bien supérieur de ces animaux et de leurs kooks sur les étales des marchands de la ville.
En attendant, Zed et Julian n'avaient pas affaire à un simple Ratschâa, mais à une créature bien plus démoniaque et dangereuse, ne s'aventurant que rarement hors des rocheuses d'Estinahl, à l'ouest de la ville.
— Ne restons pas là, cria Julian qui venait subitement de perdre son sourire narquois
— C'est pas possible, lâcha Zed, dans une inquiétude qu'il peinait à dissimuler. Comment ce monstre est-il arrivé jusqu'ici ? Il n'a pas pu s'égarer ! Pas ici ! On ne fait pas le poids face à sa vesse pétrifiante !
— Ce qui est sûr, répliqua Julian, c'est que ce Gahzinth d'Estinahl aura notre peau si on respire sa vesse, alors c'est pas le moment de moisir ici !
L'hideuse créature, haute comme dix fois nos hommes, avançait sûrement à travers le nuage de gaz qu'elle venait de lâcher, en faisant claquer ses grosses pinces devant sa gueule, qui ressemblent fort à des mandibules géantes. Ses énormes pattes rougeâtres défonçaient le sol au fur et à mesure qu'elle avançait, tout comme sa queue reptilienne qui venait frapper les murs des habitations en torchis de chaque côté de la ruelle.
Slad, restait quant à lui immobile derrière les deux garçons, les yeux exorbités par une telle vision, inhabituelle dans la ville.
— Viens avec nous, lui cria Julian. Si tu restes là, tu finiras pétrifié en décoration des jardins princiers !
— Attention, hurla Zed, elle va déglutir !!!
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