Des Spoths !
Ils pénétrèrent dans la caverne, Zed en tête.
Après avoir progressé dans l'obscurité de ce labyrinthe naturel, ils finirent par gagner une grande salle voutée, dont les parois étaient constellées de petites lumières bleues et vertes.
- C'est des Spoths caverneux, expliqua Zed, anticipant la question qui brulait les lèvres de Slad.
- Oui, dans les cavernes, ca pousse sur la roche, comme l'acné sur la gueule d'un ado, ajouta Julian.
Ce dernier s'approcha d'une paroi et extirpa un des Spoth. Celui ci de détacha dans un horrible bruit de succion glaireuse, laissant au passage un grand trou dans la roche à l'endroit ou il se tenait.
Les remugles qui émanaient de cette aspérité béante, étaient insupportables et Slad fut secoué par des spasmes nauséeux.
- Mais t'es malade parvint-il à articuler d'une voix étouffée par sa main. Pourquoi t'a chipé cette foutue bestiole ?
- J'avais envie de te voir crever dans ta gerbe ! Julian ria à gorge déployée.
- Et encore, si il avait été cruel, il aurait déchaussé, ajouta Zed le sourire aux lèvres.
Slad était au bord de la crise de nerfs et sentaient les larmes lui monter aux yeux. Il martela le sol de ses poings et hurla sa rage. L'écho de son cri déchirant se répercuta dans la caverne.
Julian allait le morigéner mais Zed intervint.
- Allez, allez calme toi ».
Le grand bonhomme avait parlé d'une voix calme et réconfortante.
- Me calmer ? Me CALMER ?
Slad avait à présent les yeux injectés de sang et était en proie à une rage incontrôlable.
- Mais vous me faites chier merde, je vous ai rien demandé moi...Putain, J'étais bien, tranquille quand j'éclatais des gueules de bouseux !
- Hohé, c'est bon c'était une blague, si on peut plus déconner... Julian avait cet air boudeur, qu'il n'affichait que lorsqu'il savait qu'il avait poussé le bouchon un peu trop loin.
- Surtout qu'à la base c'est pas pour te faire chier que j'ai pris ce Spoth »
- Ah bon ? C'est pour quoi alors ? Tu pensais peut-être arriver à dissimuler l'odeur nauséabonde sortant de ta bouche ? Slad ne parvenait pas à calmer sa colère et ajouta nerveusement :
- C'est ton odeur naturelle ou bien peut-être as-tu des problèmes de digestion de Thédêpam ? A moins que tu ne sois pourri de l'intérieur ! »
Dans sa rage, Slad en perdait presque toute lucidité. Ou bien étais-ce les émanations de l'aspérité béante qui lui montaient à la tête. Il ne mesurait plus l'impact que ses paroles pouvaient avoir sur Julian. S'il s'était contrôlé davantage, il aurait vite compris qu'il ne fallait pas irriter sa susceptibilité ; surtout lorsque Julian se situe à proximité, en possession d'un mollusque visqueux et répugnant.
Julian ne répondit pas.
Seul un rictus pervers se dessina sur ses lèvres charnues lorsqu'il jeta tout à coup le Spoth en direction de Slad.
- Tiens morveux ! Attrape !
Slad n'eut pas le temps de savourer les insultes qu'il venait de prononcer. Surpris, il fit un vif mouvement du bras droit mais ne put éviter la bestiole. Celle-ci vint se coller sur son avant bras.
- Aaahhh !! L'enfoiré ! Qu'est-ce que c'est que cette merde ?!! Slad éructait des injures tout en gesticulant tel un pantin désarticulé. Il agitait les bras avec force énergie. Son bras gauche venant frapper son avant bras droit. Slad semblait ne pas vouloir toucher le mollusque agrippé à son bras.
- Ca chauffe ! Cette saleté me pique le bras ! Enlevez-moi ça !
Julian s'écarta de lui, un sourire satisfait aux lèvres.
- Je ne voudrais pas te déranger avec ma mauvaise haleine !
Slad ne prêtait même plus attention à ses rires provocateurs. Il s'agitait en tout sens avec pour seul objectif de se débarrasser du Spoth qui semblait grossir au contact de sa peau.
Il essayait désormais de racler son avant bras contre une paroi vierge de Spoths, qu'il venait de repérer dans un coin de la caverne.
Mais rien n'y faisait.
Le Spoth restait fixé à son bras. Son corps mou et élastique s'étalait tout en perdant progressivement sa couleur verdâtre d'origine. Il prenait lentement une couleur violacée.
- Enlevez-moi ça ! Cette bestiole est en train de me bouffer le bras ! Ca me brûle ! Faîtes quelque chose !
Les cris de Slad trahissaient un désespoir et une rage qu'il ne contenait plus.
- Tu vas devoir t'en sortir seul mon garçon. » Zed était sorti de son silence. Il observait la scène, impassible, adossé à une paroi rocheuse à plusieurs mètres de l'événement.
Il avait détaché chaque mot pour faire comprendre à Slad qu'aucun d'eux ne lui viendrait en aide.
- Mais je ne peux pas ! Je ne sais pas ! hurlait Slad tout en courant vers lui en souhaitant une réaction du grand homme qui lui serait bénéfique.
Slad espérait qu'en se projetant avec force sur Zed, il parviendrait, par chance, à décrocher le Spoth lors du contact. Le garçon accourut vers lui. Il se prépara afin de frapper Zed de toutes ses forces. Mais lorsqu'il abattit son bras avec la force du désespoir, il sentit une onde de choc qui ébranla tout son corps, à commencer par sa main.
Zed avait disparu.
Ou plutôt non.
Il se trouvait juste à côté de Slad qui se roulait désormais au sol en hurlant de douleur.
- Je t'ai touché ! Parvenait-il à dire avec peine. Je t'ai frappé ! Aarrgh ! Je ne sens plus mon bras ! Comment as-tu fait ? Aarghh ! J'ai le bras explosé ! Fils de succube !!
Slad s'agitait convulsivement sur le sol calcaire de la caverne. Ses hurlements résonnaient dans le tunnel extérieur.
La douleur du choc, associée à la brûlure du Spoth commençait à le submerger.
L'animal se transformait . Il grandissait. Désormais, il recouvrait presque tout le bras droit de Slad jusqu'à l'épaule. Il s'étendait progressivement sous la manche de sa chemise.
Seul le rire enfantin de Julian faisait écho aux cris désespérés.
Tel un gosse jubilant du résultat de sa farce, il rigolait maintenant à gorge déployée.
- On peut dire qu'avec toi on ne s'ennuie pas ! Lança t-il hilare au garçon désemparé et affolé. Il fallait nous le dire, que tu voulais passer directement à l'entraînement martial à mains nues. On t'aurait préparé une planche de roches à fracasser ! ajouta t-il tout en décomposant le geste du bras que venait de faire Slad en direction de Zed. Julian imitait un combattant maîtrisant un art martial typique de la région.
- Ca doit faire mal non ? Tu ne veux pas essayer sur une roche friable pour commencer ? » Son rire reprenait de plus belle.
- Car là, pour un premier essai, c'est un peu présomptueux de ta part, le microbe ! C'est vrai, ajouta t-il comme pour enfoncer le couteau dans la plaie, on a oublié de te le dire : Ces roches caverneuses qui abritent les Spoths sont constituées d'une roche incassable. Un choc, aussi fort soit-il, ne leur ferait aucun dégât. Autant sucer les gonades d'un eunuque !
Slad ne semblait pas écouter les mots acerbes de son compagnon qui le toisait, hilare, à quelques pas de lui. Il avait des difficultés à respirer et à s'exprimer.
- Tu vas voir, espèce de sale furoncle purulent. Quand j'en aurait fini avec cette bestiole je.... Aarrgh !
Slad n'eut pas le temps de finir sa phrase. Une douleur atroce l'en empêcha.
Le Spoth avait désormais recouvert son bras droit et une partie de son torse. La couleur de l'animal virait au pourpre. Une couleur que connaissait bien Julian, qui continuait d'observer le spectacle.
- Tu disais ? Je n'ai pas bien entendu... Ce n'est pas bien d'insulter un ami qui t'a aidé en VERS et contre tout...
Julian éclata d'un rire autosatisfait, fier de sa blague.
- Je t'ai aidé tout à l'heure. Je ne vais pas t'aider à chaque fois, ajouta t-il. Je ne serais pas toujours là ! Et puis ce n'est pas en traitant un ami de gros cul et de furoncle purulent dans la même journée, qu'on peut s'attirer sa générosité. La jeunesse n'a plus aucune éducation de nos jours, ajouta t-il, en jetant un regard malicieux à Zed. Que t'as donc inculqué ta mère ?! Moi, quand j'...
- Je n'ai pas de mère, sale bouseux ! Slad avait crié difficilement, comme si cela lui demandait un effort.
- Ah ! Tu vois ? Qu'est-ce que je disais ! Tant d'amabilité dans une si minuscule personne... Et en plus tu sais couper la parole ? Bravo ! Félicitations !
- Garde tes forces. Ne t'agite pas comme ça, gamin. Ca ne sert à rien. Zed avait interrompu Julian. Garde tes forces, ajouta t-il. Concentre-toi et ne l'écoute pas. Il ne te reste plus beaucoup de temps.
Slad n'eut pas besoin de questionner Zed. Il sentait que le Spoth gagnait petit à petit du terrain sur sa peau, sous ses vêtements.
Il essayait de le retirer à l'aide de son bras encore mobile, mais rien n'y faisait. Le Spoth raffermissait sa prise à chaque instant, telle une énorme sangsue.
Slad sentait son corps chauffer. Ses membres perdaient de leur mobilité. Son bras droit était rigide et insensibilisé, entièrement recouvert par le Spoth qui laissait entendre par moments d'inquiétants bruits de succion étouffés. Le garçon commençait à perdre tout espoir, ne sachant comment lutter contre la bête. Mais la rage ne l'abandonnait pas ; accentuée par les moqueries de Julian qui le toisait, tout proche.
Ce dernier affichait béatement sa rangée de chicots noirâtres. Slad se demanda même, l'espace d'un court instant, ce qui l'effrayait le plus : ce mollusque nauséabond qui s'emparait de lui ou bien ce personnage abject de perversité, prenant un malin plaisir à le voir dans cette situation désespérée.
Il comprit qu'il n'arriverait à rien en gesticulant comme un forcené. Plus il s'agitait et dépensait son énergie, plus l'animal le recouvrait de ses organes visqueux.
- Si ta mère te voyait gémir comme une vierge qu'on viole dans un fourré ! Mais peut-être tiens-tu de ta mère ? Et !... Julian marqua une pose, étonné. Haha ! Et en plus tu t'es fait dessus !! Mais regarde-toi Slad ! Julian recula de quelques pas en mettant la main devant son nez. Je ne sais pas qui pue le plus ! Toi, ou le Spoth. Ca me rappelle de vieux souvenirs, pas vrai Zed ? demanda t-il tout en se retournant vers son acolyte.
Zed affichait une mine surprise.
- Quoi ? Ne me dis pas que tu ne te souviens pas de nos premiers entraînements. Je sais, ça remonte à loin. Slad ne devait être à l'époque qu'une démangeaison dans le pantalon de son père qu'on...
- Julian !!!
A peine Zed prononça t-il le nom de son compagnon que Slad avait bondi dans son dos pour l'étrangler de son bras gauche.
Ses jambes s'agrippèrent autour de celles de Julian qui perdit l'équilibre et tomba face contre terre, Slad sur son dos.
Le garçon semblait possédé.
Zed aperçut ses yeux injectés de sang, mais ne bougea pas. Il observait la scène avec étonnement. Passé le moment de surprise, il avait retrouvé son calme. Ses yeux brillaient désormais d'un vif intérêt pour la scène à la quelle il assistait.
- Tu as de l'énergie à revendre petit ! » s'exclama Julian. Une pointe de contrariété et d'agacement perçait dans sa voix.
Le jeune garçon frappait désormais Julian de toutes ses forces. Tous ses muscles étaient contractés. Il bouillonnait de fureur, ne prêtant plus attention à la douleur causée par le Spoth qui prenait une étrange couleur noire. Slad frappait même Julian de son bras droit immobilisé.
Julian tentait de se retourner sur le flanc puis sur le dos malgré la prise et le poids du gamin qui le chevauchait.
- Arrête morveux ! Ca suffit ! Va t'exciter sur la paroi indestructible là-bas ! Julian éclata d'un rire nerveux.
L'horrible personnage n'affichait plus son sourire narquois. Il tentait de parer les coups de Slad comme il pouvait dans une telle position. Mais il ne parvenait pas à dissimuler son agacement de s'être fait surprendre par un môme frénétique.
- Bâtard ! Pervers névropathe ! Je vais te le faire bouffer ce Spoth ! Je vais tellement te l'enfoncer dans ta sale face de fouine qu'il te laissera des marques jusqu'à la fin de ta misérable vie ! Ta gueule sera un vrai Spoth publicitaire !
Slad était comme fou. Un rire caverneux résonna dans la pièce. Il ne se contrôlait plus et tapait tant qu'il pouvait, sans trop savoir où. Il s'en moquait. Il risquait de toute façon de mourir dans peu de temps.
- Mais c'est qu'il ferait presque mal le gosse ! Julian s'exprimait autant pour Zed que pour lui-même. Mais, il parvint à se mettre sur le dos, puis à attraper le bras gauche de Slad.
- Ah, on fait moins le malin sans son bras valide ! ajouta t-il d'un ton moqueur.
Slad essayait de frapper Julian avec son bras qui ressemblait plus à un mollusque qu'à un membre humain. Mais il peinait à maîtriser son geste qui perdait de son efficacité. Sa colère envers lui-même ne faisait que décupler sa hargne pour Julian.
Immobilisé par son compagnon provocateur, Slad fut pris de convulsions.
Son corps devint brûlant ; son regard, fixe.
Sa main gauche se crispa.
Tous ses muscles se bandèrent.
Le Spoth, en partie visible sur son bras se solidifia, puis des craquelures apparurent à sa surface.
C'est alors qu'un cri puissant, qui semblait sortir des entrailles de Slad, résonna dans toute la grotte, lorsqu'il se défit de la prise de Julian avec force. Zed en sentit presque le sol vibrer. Il eut même l'impression que les Spoths s'étaient rétractés un instant dans leurs cavités humides, contre les parois rocheuses.
Slad projeta ses bras en arrière en faisant éclater la carapace rigide qu'était devenu le Spoth sur sa peau.
C'est cet instant que choisit Julian pour projeter le garçon par-dessus sa tête, à l'aide de ses bras et de son bassin. Puis il se releva d'un bond et s'éloigna de Slad. Tout cela avant que ce dernier ne soit retombé au sol.
Zed n'avait rien manqué du spectacle.
Il observa legarçon chuter lourdement quelques mètres plus loin
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