5 - Bugs
Tandis que nous nous éloignions de Bellal par un sentier tracé et éclairé, Shaïn consultait des choses dans son menu, trifouillant toutes sortes de boutons, allant sur toutes sortes d'applications. En même temps, il marchait droit et nous instruisait de notions élémentaires sur le fonctionnement et l'histoire de Skyline Emrys.
— Bon, vous savez qu'il existe neuf mondes et qu'il faut tous les finir pour arriver à la fin du jeu, botter les fesses des Nornes et délivrer la déesse Emrys. Je ne vous apprends rien, commença Shaïn. Mais est-ce que vous savez que chaque monde est composé de monstres différents, de niveaux différents ?
— Qu'est-ce que tu veux dire ? s'enquit Aramise en se tournant vers lui avec surprise.
Notre guide s'arrêta et ouvrit son menu si rapidement que je n'eus pas le temps de découvrir comment il s'y était pris. L'écran apparut devant lui aussitôt, se déplaçant suivant ses mouvements afin de toujours figurer face à lui. Il fit défiler le menu et appuya sur l'onglet carte. Je jetai un coup d'œil à Aramise. Elle me fixait aussi avec le même air concentré et entendu. Il existait bel et bien une carte !
Shaïn nous montra la sienne. Trois points figuraient côte à côte dessus, l'un vert fluo, les deux autres verts clair. Au-dessus s'affichait nos trois noms.
— Incroyable, murmurais-je.
Le jeune homme haussa les épaules.
— Ça, tu le trouves dans tous les jeux dignes de ce nom. Regardez plutôt ça.
Il fit une manipulation, faisant un énorme zoom en arrière. Malgré tout, nos trois points étaient toujours visibles, même si à présent nous avions une vue d'ensemble sur l'arbre cosmique d'Yggdrasil et les fameux neuf mondes qui le composaient.
— Regardez ça, dit-il en tendant le doigt sur nos points qui se trouvaient sur la sphère portant le nom de Midgard. Ici, c'est notre point de départ, Midgard, le monde des Hommes. Vous y trouverez des monstres et des quêtes allant du niveau 1 au niveau 30, alors faites attention quand vous changez de zone. Ce qui nous amène à ta question, Aramise : qu'arrive-t-il si l'on meurt ?
Il zooma à nouveau sur nous, légèrement plus large pour que nous ayons une vue d'ensemble de la zone. On voyait la ville de Bellal, la clairière où nous avions débuté, et quelques autres symboles qui, pour moi, n'avaient aucun sens.
Il nous désigna une clé de vie égyptienne.
— Ça, c'est un sanctuaire de résurrection. Vous trouvez trois à quatre de ces temples par zones, pour vous éviter de repartir de la dernière ville que vous avez visitée. Mais il vous faut les activer personnellement pour pouvoir vous y téléporter après votre mort. Si cela arrive trop souvent, vous aurez un malus de santé qui ne disparaîtra que si vous enchainez suffisamment de victoires, si vous gagnez un niveau, si vous achetez un « antidote » dans une ville ou si vous vous déconnectez. La meilleure solution restant tout simplement de ne pas mourir.
Il nous fit un clin d'œil et, à cette évocation, je songeais soudain à un détail qui ne m'avait absolument pas effleuré lorsque, compulsivement, j'avais décidé d'acheter ce jeu et d'y jouer dès mon retour, sans même un regard pour la notice explicative et les pages interminables d'avertissements et de mises en garde.
— Et... on ressent la douleur, aussi ? De la même façon ?
Aramise se tourna vers Shaïn, très intéressée par la réponse, légèrement inquiète. Shaïn fit une grimace peu encourageante.
— Oui. L'aiguille de l'Infinity Drive est plantée dans le système cérébral et sait très bien stimuler la douleur, même virtuellement. D'où l'intérêt encore plus évident de ne pas mourir. A mon avis, la douleur est minorée grandement, mais lorsque l'on est blessé ou tué, bien sûr que ça fait mal ! C'est aussi pour ça que je traîne autour de Bellal : j'essaye de former les nouveaux et en même temps je prends des galons, des niveaux, qui me permettront de passer à la ville suivante plus tranquillement.
Je déglutis. Sa stratégie était plutôt bien réfléchie. Je risquais de faire de même. L'idée de mourir ne me plaisait pas plus que cela, même si je savais que je pourrais ressusciter.
Shaïn revint à sa carte de l'arbre cosmique d'Yggdrasil. Il nous désigna les différents mondes, un à un.
— Après Midgard, sur la même couronne, dans les cinq mondes du milieu, vous avez Niflheim, le monde des glaces et de la brume. Ce n'est pas pour rien qu'il faut attendre d'être niveau 30 sur Midgard pour changer de monde, car Nifleim commence au niveau 30. Après, il y a Muspelheim, le monde du feu, puis Jötunheim, le monde des géants des glaces et enfin Vanaheim, le monde des dieux mineurs, les Vanes.
Il désigna ensuite un niveau inférieur où gravitaient deux mondes, l'un sous l'autre.
— Svartalfheim, royaume des nains et des elfes noirs, et en-dessous, le plus instable des neuf mondes, le plus lointain, le plus sombre et le plus difficile des mondes, Helheim, le monde des Morts gardé par la déesse Hel. Ensuite on remonte sur la couronne supérieure avec Alfheim, le monde des elfes de la lumière et au-dessus, Asgard, le monde des dieux, les Ases.
Mais il fit brusquement tout disparaître, trop vite encore pour que je ne voie quoi que ce soit, et reprit son chemin. Il en savait tant qu'il semblait avoir déjà joué un temps considérable. Alors pourquoi n'était-il que niveau 5 ? Etait-ce si dur de progresser ? Ou bien avait-il tellement peur de la douleur de la mort qu'il prenait d'énormes précautions, quitte à monter de niveau plus lentement que la moyenne ?
Il se tourna, face à nous, avec un grand sourire, en se frottant les mains.
— Bref, d'ici à ce que vous quittiez Midgard, vous avez du chemin et du temps devant vous. Si vous êtes assidus, d'ici un an et demi vous devriez pouvoir atteindre le prochain monde.
Je ne pus contenir ma surprise et mes yeux s'écarquillèrent de perplexité. Avais-je mal entendu ? Etait-ce un bug soudain dans le jeu ? Avait-il vraiment dit qu'en jouant comme des geeks il nous faudrait un an et demi pour atteindre le niveau 30 ?!
— Qu'est-ce que tu racontes ? demanda Aramise en fronçant les sourcils.
Shaïn laissa son sourire faner légèrement.
— J'ai découvert que monter de niveau prenait un temps monstrueux. Si l'on veut éviter de mourir dès que l'on fait dix pas. J'y ai déjà passé une semaine entière, mes journées, une partie de mes nuits.
Il désigna les statistiques que nous pouvions voir au-dessus de sa tête, son niveau surtout.
— Eh bien, je suis niveau 5.
— J'y crois pas..., murmura Aramise. Mais, et les gâteaux avec 10% d'XP en plus ?
— Ils n'accordent trois fois rien, et malgré tout, ils coûtent, au bout d'un moment. Et ce n'est pas dans cette zone que l'on devient riche, en gagnant tout juste deux à trois pièces de cuivre par monstre tombé.
Aramise et moi devions faire la même tête. C'était presque décourageant. Si je n'étais pas à ce point désespéré, oui, j'aurai été découragé. Mais le fait que Shaïn venait de nous prouver que ce jeu nécessitait de s'investir à fond, cela me donnait encore plus envie d'y jouer.
Il fallait que je remotive tout le monde.
— Eh bien alors, qu'attendons-nous ? Passons à l'attaque !
Je brandis mon épée comme les héros de films que nous voyions toujours à la télévision. Elle était plus lourde que ce que je le croyais, cette épée...
Shaïn leva aussitôt les bras, les mains bien en évidence, comme pour me rassurer et me prouver qu'il n'était pas une menace.
— Oh, cow-boy, on se calme ! Si vous êtes de vrais bleus, ça veut dire que vous ne savez même pas comment vous servir de ça ! Rengaine, tu vas blesser quelqu'un !
— Oups !
— C'est possible ? s'enquit Aramise, les yeux écarquillés.
Shaïn sourit largement.
— Non. Mais évitez de faire des conneries quand même.
Nous reprîmes le sentier qui serpentait au milieu de nulle part, semblait-il.
Il y avait quelques joueurs, des PNJ dont la marche lente et calme était apaisante. Des lucioles apparaissaient dans les champs et la lumière de la lune suffisait à éclairer notre chemin. Ici, il faisait plus clair que dans la nuit réelle. D'ailleurs, quelle heure était-il ? Je ne pouvais pas le savoir tant que je ne saurais pas ouvrir mon menu, et je ne voulais pas non plus le découvrir de si tôt.
Shaïn reprit ses instructions juste avant de franchir un pont de bois qui enjambait une rivière à l'eau claire. C'était la porte invisible pour sortir d'une zone, très vraisemblablement, puisque le muret de pierres que nous suivions depuis un moment s'achevait juste là.
— Dans les mondes aussi il y a des zones avec des niveaux délimités, d'accord ? Jusqu'ici, nous sommes dans la zone administrée par Bellal, il est donc impossible de rencontrer un monstre qui pourrait vous attaquer. Là, nous allons entrer dans une zone entre 1 et 5. Certains vont vous attaquer, ceux qui ont une barre rouge. Les autres, en jaune, ne vous feront aucun mal... sauf si vous les attaquez en premiers ! Quant aux verts, et bien, ce sont nos alliés.
Il se gratta la tête en réfléchissant.
— Pour l'épée, étant donné votre niveau, vous ne devez pas avoir grand-chose en compétences. Contentez-vous de donner des coups au hasard, pour le moment. Ceux-là ne sont pas très méchants. La technique viendra avec l'expérience. En avant !
Aramise poussa un cri de guerre similaire, de nouveau pleine de vie et de volonté combative. C'était maintenant que le jeu commençait ! Alors que Shaïn traversait le pont, la jeune fille sur ses talons, je leur emboîtais le pas aussitôt. Ça y était. J'allais vraiment devenir ce « Lyall », un incroyable guerrier de Midgard, un futur héros de Skyline Emrys.
De l'autre côté du pont il y avait des vergers, des collines, des prés et des prairies, de petits villages fermiers. Bref, une illusion parfaite de campagne d'il y avait plus d'un demi-millénaire. On se croyait débarqués au milieu d'un film médiéval. Les décors étaient sublimes et hauts en couleur.
— Là ! s'exclama Aramise en désignant le sous-bois que nous longions en suivant un sentier de daims. Un sanglier ! Sa jauge est jaune. Il est niveau 2. Je peux l'attaquer ?
Shaïn acquiesça.
— Vas-y, ce sera ton trophée pour ta première chasse. On sera juste derrière toi en cas de besoin.
Encouragée de savoir que nous étions là pour l'épauler, elle sauta par-dessus la barrière de bois qui délimitait un champ et se rapprocha de sa proie. Elle saisit son épée et fut elle aussi surprise par son poids. Mais elle ne se laissa pas abattre et y mit les deux mains, pour avoir plus de force. Puis, elle leva son arme au-dessus de sa tête et frappa.
Avec émerveillement, elle vit la jauge du sanglier baisser un peu... et le jaune passer au rouge.
— Oups...
— Ne t'arrête pas ! l'encouragea Shaïn. Ne t'arrête jamais avant d'avoir achevé l'ennemi !
Alors que le sanglier, furieux, la chargeait, elle leva à nouveau son arme et frappa avant qu'il ne la renverse. La jauge baissa encore. Il chargea de nouveau. Cependant, cette fois, elle ne put pas porter de coup. Le sanglier eut comme une super-accélération et la percuta de plein fouet, la renversant, et faisant baisser sa jauge.
Instinctivement, je mis une main sur la barrière, m'apprêtant à sauter par-dessus pour me porter à son secours. Mais notre guide me retint. Il avait une mine sérieuse et grave, mais il semblait avoir confiance en elle. Il était convaincu qu'elle pouvait le faire.
— Concentre-toi, Aramise. Concentre ton attaque dans ton épée comme si tu lui donnais du pouvoir. Allez, relève-toi !
La jeune fille obtempéra en grognant.
— Punaise, ils reproduisent un peu trop bien à mon goût les douleurs et les chutes. Par contre, je n'ai jamais été renversée par un sanglier et je ne suis pas prête à vouloir réexpérimenter ça !
— Concentre-toi ! la morigéna Shaïn. Il lui faudra du temps pour recharger son attaque. En attendant, tu as toutes tes chances de le vaincre. Mets-y du tien.
Elle grogna mais s'attaqua de nouveau à son sanglier en concentrant son attaque, comme il le lui avait dit. Cette fois, elle fit mouche. Il ne lui restait qu'une petite barre à abattre et elle aurait son trophée.
Pourtant, quand je vis le sanglier, sans pouvoir expliquer, je sus qu'il allait se produire quelque chose et qu'elle ne l'aurait pas si facilement. Le sanglier chargea brutalement, à nouveau, la faisant voler au loin, encore une fois. Elle frotta l'herbe sur trois mètres et se releva difficilement. Son visage, ses mains, son coude étaient égratignés à présent. Sa jauge avait descendu plus que tout à l'heure. Il ne lui restait plus que la moitié de ses PV.
Je voulus de nouveau intervenir. De nouveau, Shaïn me retint, sans me regarder. Il fixait la scène avec intérêt, concentré, comme s'il se passait quelque chose qui n'aurait pas dû se produire. L'attaque du sanglier s'était-elle rechargée plus vite qu'il ne l'avait prévu ?
Aramise tenta de se défendre contre l'animal. A présent, elle n'attaquait plus, elle voulait seulement se défendre. Elle semblait à deux doigts de craquer, de pleurer en s'enfuyant en courant. Ce qui était compréhensible. Elle faisait là l'expérience pleine et cruelle de la réalité virtuelle absolue à travers une attaque de sanglier. Ce qu'elle n'aurait jamais subi dans la réalité.
Tout ce que je pus faire, ce fut de l'encourager.
— Courage, Aramise, tu peux le faire ! Comment veux-tu atteindre Asgard si tu te fais piétiner par un sanglier niveau 2 sur Midgard ?!
Elle se concentra à nouveau pour attaquer en reprenant courage. Et elle attaqua. La fin de la jauge aurait dû disparaître enfin, pourtant, quasiment rien ne changea. Cette découverte désarçonna notre coéquipière.
Shaïn plissa les yeux comme si quelque chose d'impossible se produisait.
Le sanglier attaqua de nouveau. Cette fois, Aramise esquiva comme elle put. Elle fut seulement bousculée mais sa jauge baissa encore. Elle eut tout juste le temps de reprendre son équilibre qu'il chargea encore. Elle n'eut même pas le temps de se protéger. Son épée pendait mollement dans sa main, inutile. Je ne vis que ses yeux écarquillés de stupeur.
N'y tenant plus, je franchis la barrière. Cette fois, Shaïn ne me retint pas. Il fit exactement la même chose. Ensemble, nous accourûmes pour nous poster devant Aramise et harceler le sanglier. Mais même à deux, avec Shaïn niveau 5, il nous fallut une dizaine de coups pour l'achever enfin.
Un écran s'afficha devant chacun de nous en spécifiant le nombre d'XP gagné, l'argent et les objets récoltés. Cela fit sourciller Shaïn. Moi, j'étais déjà agenouillé à côté d'Aramise. Elle était assise contre un tronc d'arbre et semblait avoir du mal à croire ce qui venait de lui arriver.
— C'est comme ça que ça se passe ? murmura-t-elle, sous le choc.
Shaïn ferma son menu et nous rejoignit, préoccupé.
— Non, pas du tout. Il y a dû avoir un bug avec ce sanglier. Sa résistance, le cumul de ses attaques, même la récompense, tout était décalé.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? m'enquis-je.
Il ouvrit son inventaire et me désigna un objet qu'il venait de gagner.
— Un morceau de viande de sanglier. C'est une denrée de qualité très recherchée par les joueurs qui montent un métier de cuisinier.
— Monter un métier de cuisinier... attends, je ne comprends plus rien, là !
Il s'assit dans l'herbe avec nous et fixa Aramise qui semblait souffrir, comme sa jauge de PV avait sérieusement baissé.
— Ça va, assura-t-elle. Je me sens déjà mieux.
Notre ami opina. C'était le système d'auto-récupération qui s'enclenchait à la fin d'un combat, si un autre combat n'était pas réengagé tout de suite après. Doucement, les blessures au visage et aux bras s'estompèrent et sa jauge fut remplie de nouveau. Elle retrouva son sourire bien qu'il se soit terni depuis notre rencontre dans la clairière.
— Je ne sais pas si ce jeu est fait pour moi, finalement...
Shaïn secoua la tête.
— Ne prend pas ce qui s'est passé pour une généralité, c'était une erreur.
Il se tourna vers moi.
— Quant à tes interrogations, sache qu'il est possible d'avoir un métier, dans ce jeu. Tu peux choisir une profession qui te permettra de confectionner toi-même certains objets. Des armes, des armures, des soins, de la nourriture... De tout. Et comme pour ton personnage, tu as des niveaux à gravir. In Game, on dit « monter » un métier, « monter » un personnage. C'est-à-dire, gagner des niveaux.
— Compris, acquiesçais-je. Et toi, qu'as-tu décidé de faire ?
— D'attendre !
Il se frotta le menton, songeur. Je devinais que cette histoire de bug l'intriguait encore. Il avait récupéré cette viande de sanglier, dix pièces de cuivres et plus d'XP qu'il n'aurait dû. Comme si le sanglier niveau 2 qu'Aramise avait attaqué était en réalité d'un niveau bien supérieur.
— Et vous, qu'est-ce que vous avez gagné ? s'enquit-il.
Aramise et moi échangeâmes un regard. J'avais fermé la fenêtre de mes récompenses aussitôt qu'elle était apparue, davantage préoccupé par son état de santé que par le résultat de cette aventure ratée. Elle aussi avait clos la fenêtre sans se poser de questions, cherchant plutôt à comprendre ce qui venait de lui arriver.
— Euh... Shaïn, intervins-je en toussant, mal à l'aise. Tu pourrais... tu pourrais nous dire comment on...
— ... comment on accède au menu, acheva Aramise sans flancher, en le regardant droit dans les yeux.
Il nous fixa tour à tour, perplexe, comme si nous lui faisions une blague. Cependant, il comprit rapidement que ce n'était pas une plaisanterie.
Il soupira.
— Ce n'est pas une quête que je vais devoir partager avec vous, c'est le jeu en entier !
Je grimaçais, un peu honteux et un peu agacé qu'il dise à voix haute que nous ne nous y connaissions pas du tout en matière de jeu vidéo, et que nous étions de véritables assistés.
— Regardez bien.
Il tendit la main droite devant lui, l'index levé, à mi-hauteur. Puis, il rabaissa son doigt comme s'il suivait une ligne droite verticale, sur une vingtaine de centimètres. Son menu s'ouvrit, comme par magie, lui donnant accès à ses paramètres, son inventaire, sa carte, son équipement, ses compétences, ses caractéristiques, le métier qu'il n'avait pas encore choisi...
Avec empressement, je l'imitais. Mon menu s'afficha, à ma plus grande joie. Je consultais aussitôt mon inventaire et découvris que je n'avais pas gagné d'objet. En revanche, j'avais gagné vingt pièces de cuivre d'un coup, ce qui était beaucoup pour un monstre de ce niveau, selon Shaïn. Et j'avais gagné de l'expérience. Ma jauge de XP, signalée en jaune, s'était légèrement remplie, juste de quoi me faire sourire et m'encourager à continuer.
J'étais perdu dans mes découvertes de tout ce que nous pouvions faire grâce au menu lorsqu'Aramise intervint et nous tira de nos réflexions. Ce fut avant tout le ton de sa voix qui m'interpella. A croire que les concepteurs du jeu avaient également modélisé les différents tons que pouvait prendre une personne en fonction de ses humeurs et de ses émotions lorsqu'elle parlait. Or, la voix d'Aramise était tremblante de peur.
— Pourquoi je ne peux pas me déconnecter ?
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