Chapitre 8: Un secret

– J'ai mal... Aidez-moi j'ai mal!!! Enlevez cette douleur, peu importe le prix.
– Mon pauvre Sky! Ne devrais-tu pas endurer cela plus longtemps?
– Aidez moi pitié!!
– Mais qu'as-tu fait aux personnes que tu possédais pour le plaisir?
– Je suis désolé! Pardonnez-moi, je vous en supplie. Je le regrette sincèrement! Mais épargnez-moi!
– Non, je ne te pardonne pas. Souffre le plus longtemps possible, enfant démoniaque...

Impossible de me calmer, la douleur était trop intense. Je tremblais. J'étais agité. Le dialogue entre moi et cette voix grave qui partait en écho se répétait sans cesse dans ma tête. Je ne savais pas à qui je parlais. Je ne savais pas qui avait le pouvoir de m'épargner. En tout cas, il n'était pas prêt à le faire.
– Skyser! Skyser! Réveille-toi!!

Me réveiller? Oui, je devais ouvrir les yeux. Mais pourquoi était-ce si difficile? Pourquoi je n'y arrivais pas?

– Skyser! Je t'assure que ce n'est pas de ma faute!!

Je ne te crois pas. Qui d'autre aurait pu me faire ça?

– Je t'ai promis que je te protégerai!

Oui c'est vrai. Alors pourquoi je suis dans ce piteux état? Pourquoi je suis affaibli de la sorte?

– Skyser... Ne doute pas de moi!!

Ces dernières paroles résonnèrent dans ma tête. Faire confiance... Une expression qui ne me disait rien de bon. La confiance se mérite, pourtant, j'avais l'impression d'avoir offert ma confiance à plusieurs personnes qui m'ont trahi. Oh tiens... La trahison. Un terme qui me parlait beaucoup plus. Je voyais plusieurs visages féminins défiler tour à tour. Beaucoup de femmes m'avaient trahi alors! Mais qui étaient-elles?

Je me levai en sursaut avant de me retrouver dans cette pièce immaculé de blanc. J'étais trempé dans la sueur, je suffoquais. Je sortis du drap avant de me trouver torse nu, en bermuda vert pâle. Ça m'avait étonné car je ne me souvenais pas d'avoir vêtis ce vêtement. Je j'avançais vers le miroir pour contempler le bandage qui m'avait été fait. Soudainement, un frisson me parcourut. Je vis alors le reflet de Mirène Ghoster en arrière qui me fixait en passant son index sur la lèvre inférieure. Elle était assise sur son tabouret, les jambes croisées. Cette fois-ci, elle avait un pantalon moulant noir en cuir et des talons compensés. Elle avait opté pour un petit haut blanc qui laissait son nombril et ses épaules à l'air. Il était délimité par des petits froufrous. Les bretelles de son haut retombait sur ses épaules. Elle frotta alors ses bras nus en baillant.
– Ah, il fait froid ici!
– Tu n'as qu'à te couvrir plus vieille peau! rétorquai-je en grimaçant.

L'infirmière arqua un sourcil. Elle se leva et s'approcha dangereusement de moi. Elle balança ses long cheveux blonds lisses se terminant par des boucles vers l'arrière.
– Mon petit Skyser. Pourquoi tu me parles comme ça? Moi qui ai pris soin de toi toute cette semaine...
– Quoi?
– Je t'ai même changé...
– Épargne moi les détails!!!

Elle recula de quelques pas et pris soudainement un air sérieux.
– Sky, je te déteste plus que tout! commença-t-elle. J'ai manqué plusieurs occasions de te tuer malheureusement.

Elle se dirigea vers sa blouse blanche pour sortir de sa poche un briquet. Elle s'amusait à allumer et éteindre le feu; la lueur de la flamme apparaissait et disparaissait dans ses yeux.

– Mais j'ai participé au pacte avec Mériclev et cette gamine à problème.
– Jade?
– Qui d'autre?

Elle soupira et posa son briquet sur la table. Elle vêtit sa blouse et pris un stylo.

– Je suis obligée de te soigner... De soigner un démon..., elle soupira. Mais quelle horreur.
– Je croyais que j'étais un humain à l'origine...
– Qui t'a dit ça? s'étonna-t-elle.
– C'est ce que Jade a dit...
– Alors c'est ça qu'ils essayaient de me cacher, marmonna-t-elle avec un sourire moqueur. Ils vont m'entendre.

Elle s'en alla en claquant la porte. Je décidai de la suivre oubliant ma tenue. Les filles du lycées ne me quittaient pas des yeux. Je ne me rendis compte que plus tard. Mais il était trop tard pour reculer.
– Madame...
– C'est mademoiselle!
– Ça n'existe plus dans le dico ce mot, sifflai-je en arquant un sourcil.

Elle m'envoya son stylo que j'évitai de justesse. Celui-ci se planta dans le mur tel une flèche. Le plus impressionnant était l'impact que l'attaque avait laissé: plusieurs fissures plus ou moins profondes qui se joignaient en un trou. Les élèves restèrent sous le choc.
– Hé! Vous me soignez pour me blesser encore!? m'écriai-je.
– À qui la faute? Je voulais dire: "Oups! Mon stylo a glissé!"
Les dernières paroles paraissaient si ironique. Elle avait même couvert sa bouche de sa main pour ironiser plus la chose. Je n'ajoutai rien à sa remarque et la regardai partir.
– Quelle technique d'approche Skyser! ricana Willy. Je n'aurais pas fait mieux. Surtout après une semaine d'absence dans le monde des vivants.
– Salut! dis-je en soupirant.
– Skyser, bienvenue parmi nous! me salua Charlene en me faisant un clin d'œil.
– Merci... Mais que s'est-il passé en fait?
– On a fait une pétition pour le renvoi de Jade. Mais le directeur semble refuser notre proposition.
– Oh je vois. Mais vous avez des manières étranges pour traiter de la sorte une élue, rétorquai-je surpris par la nouvelle.
– Elle n'est pas comme nous, intervint Ines d'un ton froid en claquant la porte de son casier. J'aurais préféré que tu ne te réveilles pas mon vieux.

Elle me lança un regard noir avant de s'éloigner avec Jimmy.
– Merci de ton accueil chaleureux, dis-je ironiquement.

Elle ne se retourna pas. Elle leva juste sa main pour faire le "v" en fermant tous ses doigts à part l'index et le majeur — peut-être sa manière de saluer — mais baissa très vite son index.
– Un doigt d'honneur... Je ne sais pas si je dois être honoré ou offensé, soupirai-je.

Charlene ria amusée par ma remarque.
– Tu es bête!
– C'est un compliment? essayai-je de deviner.

Elle me donna une frappe à l'épaule.
– Mais oui mais oui. Skyser, tu as beaucoup de choses à rattraper.
– J'imagine.
– Alors, tes problèmes de mémoires?

J'avais complètement oublié. Quoi que l'oubli est constant chez moi.

– Je ne sais pas. Je me suis rappelé de quelques visages mais je n'arrive pas à leur donner des noms.
– Ah je vois.
– Je peux te poser une question?
Elle me regarda pour me monter que j'avais toute son attention.
– Pourquoi Ines me déteste à ce point?

Elle sourit, comme si elle se doutait déjà que j'allais lui poser la question.
– Elle est comme ça de nature. Ne te soucie pas de ce qu'elle dit. Je suis sûre qu'elle t'appréciera plus tard.
– Je suis sûr que cela a un lien avec le serpent Charlene. Donc dis-moi la vérité.

Elle inspira un bon coup avant de me prendre la main et de m'emmener à l'extérieur sous les regards curieux des autres. Nous nous installâmes sur un banc à côté d'un jardin.
– Je suis sûre que personne ne nous entendra ici. Garde le pour toi. Je te fais confiance Skyser.

Confiance? Pourquoi?

– Je suis certaine que tu ne me trahiras pas! affirma-t-elle.

Comment tu peux croire ça?

– Ines a perdu sa famille face à une horde de démons qui les ont attaqué un soir d'hiver. Elle n'avait même pas encore la dizaine, mais elle se rappelle de tous les détails concernant le massacre. C'était tellement choquant que parfois, elle revit cette scène chaque nuit. Elle se détestait car elle n'avait rien pu faire à part pleurer. En une nuit, elle avait tout perdu. Elle vivait dehors, sans rien à se mettre sous la dent. L'hiver se faisait plus froid, tandis qu'elle était mal couverte. Et un jour, une vieille femme s'est assise à côté d'elle et lui a pris sa main. Elle lui a déclaré qu'elle pourrait retrouver les fautifs de son malheur. Le premier sera celui qui sera choisi par le serpent. Le deuxième sera celui pour lequel son coeur battra. Peut-être que c'est la même personne d'après cette vieille femme. Le problème, c'est que tu présentes la première caractéristique. Mais tu n'es pas un démon, tu es un exorciste. Elle qui a tant cru à ces paroles, pendant tant d'années a vu son monde s'écrouler lorsque l'animal t'a choisi. Dis-toi qu'elle a survécu jusque là grâce à sa soif de vengeance. Là, elle n'a plus de raisons de vivre.

Je me levai sous le choc. Aurais-je fait du mal à sa famille par le passé? Pour quelles raisons?

Une seule: le plaisir de voir ces gens souffrir.

Cette voix résonna dans ma tête. Le vrai moi? Était-ce cela? J'aimais faire souffrir les autres? Pourquoi?

– Skyser, ça va? s'étonna la déléguée.

Je basculai en arrière en glissant sur une branche. Je me retrouvais au sol, n'arrivant pas à réaliser la nouvelle.
– Skyser!? Ça va?
– Je dois vérifier quelque chose..., bredouillai-je.
Je partis en courant vers le bureau du directeur. Alors que je voulais ouvrir la porte, j'entendis:
– Oui, c'est vrai! Je l'ai effacé la mémoire. 
– Jade, tu te rends compte de ta bêtise!?
– Au contraire je vous sauve la mise John! rétorqua-t-elle. Et vous savez pourquoi? Parce que sa douleur est trop grande, trop grande qu'il pourrait tout ravager!
– N'importe quoi Jade. Ce que tu dis ne tiens pas la route.
– Au contraire Mirène! Tu sais ce que j'ai dû endurer pour réprimer ma haine envers vous?

Un silence s'installa. Vu la réaction des adultes présents, l'adolescente avait sûrement montré quelque chose.

– À ce point?
– Hum, je ne t'ai jamais pardonné John! J'ai juste supprimé ma haine en me sacrifiant. J'ai donné la partie gauche de mon corps au démon avec lequel j'ai fait un pacte. Vous savez, le moment où j'étais encore une sorcière...

J'ouvris brusquement la porte et fis sursauter ceux qui se trouvaient dans la pièce.
– Jade... Tu es une sorcière?
Elle ne répondit pas, et fixa tour à tour les deux adultes qui avaient baissé les yeux.
– J'aurais préféré que tu ne le saches jamais! déclara-t-elle en sortant du bureau.

Je restai quelques instants sur place, puis partis rejoindre la sorcière.
– Avec qui tu as fait ce pacte!? m'écriai-je.
– Personne...
– Dis moi! Avec qui!?
Je l'avais dépassé dans ma course et j'étais à présent devant elle. Les couloirs étaient étrangement déserts. Personne ne pouvait observer ou entendre. Il n'y avait qu'elle et moi. Elle ne pouvait pas fuir.
– Si je ne te dis rien, c'est qu'il y a une raison. Tu ne peux pas me faire confiance?
– Te faire confiance? En restant une nuit avec toi je suis sorti avec une blessure profonde!!

Elle grimaça.
– Oui, j'avoue, bredouilla-t-elle. Mais tu ne sais pas ce qui s'est passé, donc tu ne peux pas me juger...
– T'en es sûre? rétorquai-je. Pour moi tu fuis pour ne pas dire la vérité! Tu dois te sentir coupable pour je ne sais quelles raisons.
– C'est pas vrai!
– C'est tout ce que tu trouves à dire?

Elle baissa la tête, pour cacher ses larmes.
– Je t'ai dit que je te protégerai, tu ne me crois pas?
– Je ne sais pas, avouai-je. Mais dis-moi, je suis curieux à propos d'une chose.
– Je t'écoute.
– Ce sont aussi les paroles que tu as sorti à Alexis, n'est-ce pas? Comment il a fini dis-moi?

Elle écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à une telle question de ma part. Elle tremblait. Non pas parce qu'elle avait peur non, à cause de la colère qui bouillait en elle.
– Ne parle pas comme si tu savais tout.

Elle me donna un coup d'épaule en s'éloignant rapidement. Ce n'est qu'après que je m'étais rendu compte que j'avais oublié la raison de ma venue au bureau.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top

Tags: